Christiane Taubira, ancienne Garde des Sceaux, Ministre de la Justice dans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault I et II, puis de Manuel Valls I et II, est l’invitée sur France-Inter du Grand Entretien de Nicolas Demorand et Léa Salamé.
Elle déclare :
« Il y a des vertus éthiques au confinement, à titre personnel et collectif…Ce qui me paraît important, c’est d’avoir conscience des autres, d’avoir constamment à l’esprit qu’il y a d’autres qui subissent les mêmes contraintes, les mêmes interdits, les mêmes renoncements, dans des conditions différentes et très inégalitaires. Ce qu’il y a de puissant dans ce moment, c’est la présence des autres : surtout quand elle n’est pas là physiquement, elle est là. »
Que pense-t-elle du vocabulaire très guerrier d’Emmanuel Macron depuis le début de cette crise ?
« Je n’ai pas envie de sombrer dans la facilité en disant que le président s’est trompé de registre. Il a probablement intentionnellement voulu bousculer les consciences et les comportements. Je pense sincèrement que des femmes dans des positions d’autorité ou de pouvoir auraient abordé les choses différemment. Plutôt que d’avoir recours à ce corpus viril, martial, elles auraient vu plus facilement que ce qui fait tenir la société, c’est d’abord une bande de femmes : elles sont majoritaires dans les équipes soignantes, même si nous soignons aussi avec autant de gratitude les hommes ; elles sont majoritaires aux caisses des supermarchés, dans les équipes qui nettoient les établissements qui travaillent encore… Tout ce qui tient la société, qui nous permet d’inscrire une temporalité dans nos têtes, de nous projeter, ce sont les femmes qui le font.

Comment se laver régulièrement les mains, comment assurer l’hygiène, la sienne, celle de sa famille et de son domicile, comment rendre décent et supportable le confinement lorsque l’eau ne coule plus au robinet, qu’il est recommandé de se laver régulièrement les mains en un « geste-barrière » responsable et citoyen ? S’il en était besoin, la fiction nous rappellerait combien l’eau est le principe de toute vie, individuelle et collective. Combien elle est nécessaire, en tout temps, mais plus encore en ces jours sombres que nous vivons : nous avons pu revoir récemment à la télévision les films « Jean de Florette » et « Manon des Sources », inspirés de l’œuvre de Marcel Pagnol, où l’on nous montre comment le manque d’eau peut être mortel, et comme le tarissement des fontaines peut vite engendrer la colère et la panique de tout un village…
Plutôt que d’encourir une amende, assez salée ma foi, pour avoir contrevenu aux obligations du confinement ((2025 contraventions déjà, dressées pour non-respect du confinement en Martinique), faites de votre salon un petit cinéma temporaire — en attendant de pouvoir vous retrouver tous devant le grand écran de vos salles préférées !
Parce qu’il est toujours bon d’écouter tous ceux qui sont concernés… Voici quelques extraits de la presse antillaise de ces derniers temps.
Grâce à une prise de conscience précoce du danger et à la discipline de la population, le pays déplore quarante fois moins de morts que son voisin espagnol.
Pour que la vie continue, la culture de chez nous entre chez nous, généreusement offerte par ses divers acteurs, par ses diverses structures…
Covid-19, révélateur de notre dépendance : la Banque Postale assiégée
Ce matin 6 avril, la « Lettre d’Intérieur », lue sur France Inter par Augustin Trapenard, était celle de Christiane Taubira.

C’est une grande dame qui a oeuvré pour le cinéma ultramarin qui vient de s’éteindre. La journaliste Osange Silou-Kieffer, née en Guadeloupe, est morte mercredi 1er avril, à Paris. Elle avait 73 ans.
Edouard Philippe et Olivier Véran s’expliquent devant l’Assemblée cet après-midi (LCI – Le Figaro)

« Le Masque et la Plume », fidèle sur France-Inter au rendez-vous du dimanche soir, fidèle depuis plus de soixante ans à ses auditeurs, fidèle et précieux en cette période où nous sommes, par la méchanceté d’un méchant virus, interdits de cinémas, de théâtres et de librairies, « Le Masque et la Plume » émission diffusée sous l’égide de Jérôme Garcin depuis 1989, a eu l’heureuse idée de nous parler aujourd’hui littérature.
En ces temps si tragiques, où chacun enfermé dans sa cellule s’efforce de raison garder, les écrits fleurissent, tant il s’avère qu’ écrire peut être un remède à l’angoisse, à la solitude, à la peur qui, sournoise, s’insinue et ronge… On entend, on lit, on reçoit — et plus encore si l’on fréquente les réseaux sociaux —, tout et n’importe quoi. Du « journal de confinement » assez indécent rédigé par l’écrivaine Leïla Slimani depuis sa chaumière normande et que publie le journal Le Monde, à la lettre si belle de l’actrice engagée Ariane Ascaride lue ce matin sur France Inter chez et par Augustin Trapenard, en passant par ces épanchements anonymes qui courent… sur Facebook par exemple. Voici deux de ces textes, que j’ai d’abord envie de mettre en regard l’un de l’autre, tels qu’ils me sont parvenus, tandis qu’une citation de Michel Onfray viendra clore provisoirement le débat…
Voici venu le temps… des interdictions… Ce week-end est une injonction contradictoire : restez chez-vous mais sortez voter !
La réalisatrice franco-américaine Tonie Marshall, est morte jeudi 12 mars à l’âge de 68 ans, « des suites d’une longue maladie », a annoncé son agente Elisabeth Tanner.
Le comédien et metteur en scène Didier Bezace, cofondateur du Théâtre de l’Aquarium et ex-directeur du théâtre de La Commune d’Aubervilliers, est mort à 74 ans des suites d’une longue maladie « qu’il a combattue avec vigueur et courage », a annoncé jeudi 12 mars son attachée de presse.
Pour la cinquième année, de concert en concert accrochant sa partition singulière au paysage musical de l’île, le sextuor Jane Tonix trace avec bonheur son chemin de ritournelles. Un chemin qui l’a mené, ce samedi 29 février — date exceptionnelle s’il en fut — jusqu’au théâtre Aimé Césaire, devant une salle comble et bientôt conquise ! Cinq filles et un garçon, que l’on pressent liés par une belle complicité. Et les regards de connivence échangés ne nous démentiront pas ! Assorties au costume du garçon, cinq petites robes déclinant dans cinq coupes différentes la couleur noire, élégance féminine à la Coco Chanel. Sur scène, un plateau légèrement surélevé, estrade où se tenir, où monter, d’où descendre au devant du public ou vers un espace réservé côté jardin : là attendent sur un guéridon six verres et une carafe ; le groupe parfois s’y tiendra, dans un instant de repos, pour s’y rafraîchir d’eau, et comme dans un bistro s’y rencontrer. Car pour ceux qui connaissent par avance Jane Tonix, la surprise est bien dans la forme nouvelle donnée au concert par Guillaume Malasné, metteur en scène talentueux de L’autre Bord Compagnie.
Si les printemps arabes sont restés des bourgeons mal éclos, si l’on peut dire, parodiant François de Malherbe, que les fruits n’ont pas passé la promesse des fleurs, nul ne peut nier que le cinéma en provenance du Maghreb en a gardé le parfum.
Ce pourrait être une histoire somme toute assez banale : ils se rencontrent, ils se découvrent, ils s’aiment et se haïssent tour à tour… Est-ce qu’ils vont se séparer, et qui, d’Elle ou de Lui, qui donc abandonnerait l’autre ? Mais voilà, derrière l’ordinaire des jours, et si l’on déchire le rideau des apparences, tant de choses essentielles mûrissent et se disent, ou avortent et se taisent, au sein du couple !
Bruit de couloir
De façon régulière Steve Zebina, pour nourrir notre soif de cinéma, nous propose un « focus sur », soit de porter notre regard sur un réalisateur, ou sur un pays, ou sur un continent particulier — de même que le photographe fixe son objectif sur les choses qu’il veut mettre en valeur. Février verra donc sur les écrans de Madiana, dans leur version originale sous-titrée, se succéder quatre films récents en provenance du Maghreb.
Avant même les Rencontres Cinéma Martinique de mars, comme en un riche prélude, Steve Zebina nous a concocté en ce mois de février une programmation variée, combinant les séances à Madiana, à la Case à Vent et à la salle Frantz Fanon de Tropiques-Atrium, alliant les nouveautés aux œuvres plus anciennes. Bien sûr, ceci oblige à des choix, parfois douloureux pour ceux qui sont en activité ! Pour les bienheureux fidèles, cinéphiles enragés et bénéficiant d’une retraite méritée — mais hélas mise en péril pour les jeunes générations —, la journée du mardi 4 février fut bien belle à Tropiques-Atrium.