Mois : juillet 2017

Quand j’étais petit je voterai

— Par Michèle Bigot —
Texte de Boris Le Roy, M.E.S. Emilie Capliez
Que nous réserve cette création de la Comédie de Saint-Etienne ? Et que nous réserve ce chamboulement des temporalités annoncé par le titre ? Assurément on est dans une esthétique du déplacement, du pas de côté. Et c’est raison quand il s’agit d’aborder au théâtre des questions aussi lourdes que l’exercice de la démocratie et l’apprentissage de la citoyenneté. Alors le décalage comique est de mise. Voter, un exercice qui soulève les passions quand il ne génère pas l’indifférence !
Et les ados, comment ils voient les choses ? Ils n’ont pas l’âge de voter dans les élections nationales, mais l’élection d’un délégué de classe peut s’avérer un pur exercice électoral : se présenter comme candidat, faire campagne, argumenter, développer un programme, tout cela c’est déjà la vie politique, celle d’un citoyen, quand bien même on n’en comprend pas tous les enjeux. Le pari est réussi. Il est de l’ordre de la métaphore généralisée : c’est drôle et c’est parfaitement pertinent. Deux acteurs de belle envergure soutiennent la gageure. Lui, surnommé Anar, interprété avec drôlerie et finesse par Simon Pineau, elle, surnommée Lune, jouée avec une malicieuse ingénuité par Elsa Verdon.

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Assises de l’Outremer : vers un nouveau modèle de développement ?

— Par Jean-Marie Nol —

Avec les assises de l’outre-mer envisagées par le gouvernement , s’achemine -t-on vers un nouveau type de modèle économique et social de développement ?

En 2017/2018, les assises des outre-mer seront à l’agenda du gouvernement. Ces assises des outre-mer, vont être lancées fin septembre 2017 et devraient durer un peu moins d’un an pour une restitution et une synthèse au deuxième trimestre 2018 et qui seront consignées dans un « livre bleu ». Les assises seront organisées dans chaque territoire ultramarin et mettront autour de la table l’Etat et ses administrations, les élus, les syndicats, les professionnels, les associations, les citoyens et les médias. Mais pourquoi des assises après des états généraux des outre-mer, comme ceux organisés en 2009 par Nicolas Sarkozy et qui avaient débouché sur… pas grand-chose. Tout simplement parce que les territoires d’outre – mer à l’instar des Français doutent !

Aujourd’hui, les Français d’outre- mer doutent.

Ils doutent de leur capacité à surmonter la crise actuelle, ils doutent du retour de la croissance après 7 ans de stagnation et ce depuis la crise sociale de 2009, voire même pour certains de son bien fondé.

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Qu’est-ce que la culture aujourd’hui ?

— Par Roland Tell —

Il est de plus en plus évident que l’école ne constitue plus le lieu unique de la référence culturelle. Car la culture, ce sont des connaissances, certes, mais ce sont aussi les réseaux capables d’organiser celles-ci, de les intégrer dans un système donné de références. Les réseaux conceptuels donnent à ces connaissances une structure. C’est pourquoi on peut avancer qu’un homme cultivé est un homme intégrateur, un homme qui intègre donc à un réseau consistant, préexistant en lui, les éléments nouveaux, que lui apporte l’expérience.
Autrefois, l’école traditionnelle fournissait les connaissances, en même temps que les réseaux. Aujourd’hui, il n’en est plus de même ! En ce qui concerne les connaissances, l’école est dépassée, de toutes parts, par le foisonnement, par la démultiplication de ce que le cybernéticien Abraham MOLES a appelé des culturèmes, c’est-à-dire des petits éléments de culture, dispersés et reçus, de manière aléatoire, par les micro-climats humains, en provenance des médias, des émissions de télévisions, des films, d’internet, des réseaux sociaux, etc.. N’est-ce pas là ce qu’on appelle l’école parallèle ? Ne fournit-elle pas, elle aussi, des éléments intégrateurs, notamment à la jeunesse actuelle ?

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La RDLM ne doit pas être le J.O. de la CTM !

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il est salutaire que la presse relève la défaillance incontestable qui a conduit à l’abandon d’archives scolaires dans les locaux à détruire du Lycée Schoelcher. Mais il n’est pas normal qu’elle laisse dire ou suggérer que la Collectivité territoriale de Martinique puisse en porter la responsabilité. En effet, il est impossible à tout esprit averti d’ignorer que les auteurs d’une telle faute ne peuvent être recherchés qu’au sein de l’administration du lycée. Même si la Martinique était indépendante c’est cette administration qui serait responsable.
En revanche, la RLDM est la radio d’un parti politique, laquelle porte donc une parole militante. Il n’est pas normal que ce vecteur partisan soit considéré comme le journal officiel de la Martinique qui, chaque samedi, porterait la parole de la collectivité. Le président de la CTM s’honorerait en prenant congé de la radio de son parti durant sa mandature, sauf en période électorale. D’ailleurs, une décision de ce genre aurait de la gueule. De même, les alliés du MIM, du Gran Sanblé et de Ba péyi-a an chans, que la parole et le comportement du président engagent, feraient preuve de responsabilité et de non-complicité en invitant ce dernier de se remettre sur les rails de la démocratie au nom de laquelle ils ont été élus.

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Avignon 2017 (1) « Adieu Monsieur Haffmann », « Das Leben des Herrn de Moliere »

— Par Selim Lander —

Adieu Monsieur Haffmann de Jean-Philippe Daguerre

On ne saurait rêver de mieux découvrir cette nouvelle édition du festival d’Avignon que par la pièce de Jean-Philippe Daguerre, véritable bijou de théâtre. Et c’est  le cas de le dire puisque Adieu Monsieur Haffmann se déroule dans une bijouterie, plus précisément tantôt dans l’appartement des propriétaires, au-dessus, tantôt à la cave, au-dessous. L’argument peut paraître quelque peu scabreux. Pendant la deuxième guerre mondiale, un bijoutier juif, Joseph Haffmann, échange les rôles avec son employé, Pierre Vigneau. L’entreprise apparaîtra ainsi officiellement aryanisée tandis que son propriétaire se cachera à la cave. L’employé, cependant, pose une condition : comme, atteint de stérilité, il est dans l’incapacité de donner à sa femme l’enfant qu’elle désire, il demande à son ex-patron, déjà père de deux enfants (réfugiés en Suisse avec leur mère) de mettre sa femme enceinte !

On imagine aisément ce que certains amuseurs professionnels feraient d’un sujet pareil. La pièce de J.-Ph. Daguerre est tout le contraire : aucune vulgarité, des sentiments pleins de pudeur et de délicatesse, ce qui n’empêche pas aux douleurs de s’exprimer.

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« Quartier de femmes » : une pièce de théâtre sous haute surveillance !

17 & 18 juillet 2017  19 h Centre Culturel Aliker à FdF

— Par Aïnos —

Où étiez-vous ce mardi 4 juillet 2017 ? Vous ne vous en souvenez plus ?
Eh bien, je ne risque pas d’oublier, parce que moi j’ai passé une soirée mémorable. Pour la première fois de ma vie, j’ai foulé le sol de la petite salle de spectacle du Centre culturel Gérard Nouvet de Coridon, un quartier de Fort-de-France. Petite mais tellement chaleureuse.
Aux aurores, j’ai reçu le message d’une amie, appelons-la Denise. Mais en fait elle interprétera le rôle de Mauricette dans la pièce.
Elle m’a invitée à l’avant-première d’une pièce de théâtre, écrite et mise en scène par José Alpha. Pour ceux qui ne connaissent pas ce monsieur, sachez qu’il est né à Fort-de-France, qu’il est comédien, dramaturge, metteur en scène, directeur d’acteurs et formateur.

Lire aussi : Au Festival de Fort-de-France : « Quartier de femmes sous haute surveillance » par Janine Bailly

19 H 30. Le public invité à l’avant-première s’est installé sur les quelques chaises mises à sa disposition et attend, le cœur haletant.

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Et dans le trou de mon cœur, le monde entier

— Par Michèle Bigot —
De Stanislas Cotton
M.E.S. Bruno Bonjean
Festival d’Avignon Off, 11 Gilgamesh Belleville 6=>28/07 2017
Le dispositif scénique annonce la couleur : trois échafaudages imbriqués, ils forment passerelle, plateau, support d’acrobaties. Quand on entre, sept jeunes comédiens (trois garçons, quatre filles) tournent déjà autour du plateau. Le sol est jonché de morceaux d’étoffe, des débris, des morceaux d’écorce, allez savoir ! quelques fripes sont accrochées aux barres du praticable. Les acteurs se préparent, ils s’échauffent, s’étirent. La musique monte en puissance, l’échauffement s’organise en chorégraphie. Une logique chorale se met en place. Des corps jeunes, nerveux et souples. Impatients d’en découdre.
Surgit alors la parole : c’est timide, au début, c’est un dialogue qui s’instaure en front de scène entre deux filles, Dorothy et Minou. Elles sont devant une décharge : Dorothy rêve de balancer le « pater »  et la « « mater dans la fosse à ordures. Délire d’ado. Et puis elle a envie d’un burger. Son plan, c’est d’entraîner Minou au BurgerPalace. Mais voilà, Minou elle n’en veut plus des burgers. Elle a mal au ventre. Elle s’est fait violer par un copain qui puait le burger, alors elle, le burger…
Le ton est donné : c’est la balade de trois couples de gamins qui se cherchent, se provoquent, rêvent et tirent à boulet rouge sur une société qui leur réserve la guerre, la précarité, l’ennui et/ou la violence.

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Tout entière. Vivian Maier, qui êtes-vous ?

— Par Michèle Bigot —

Création 2016 Le Préau CDN Normandie-Vire
Commande d’écriture et de mise en scène Guillaume Poix,
Interprété par Aurélie Edeline
Festival d’Avignon, 11. Gilgamesh Belleville, 6>28/07 2017

Étrange femme que cette Vivian Maier ! Quelque peu inquiétante, une héroïne digne de Leïla Slimani. Mais magnifique, aussi : photographe de rue qui ne développe jamais ses clichés, collectionneuse compulsive, un « grand œil » comme d’autres sont de « grandes oreilles », et gouvernante à ses heures pour gagner son pain. Témoin de son temps, elle photographie avec son Rolleiflex de manière systématique, fixant sur sa pellicule le spectacle de la rue dans les métropoles américaines des années cinquante. 150 000 clichés jamais tirés et qu’on retrouvera dans des caisses en 2007. Que du noir et blanc, à l’image de sa vie, dont on sait peu de choses. Une femme qui s’efface derrière le gigantesque édifice des photos qu’elle-même n’a jamais vues, c’est un prodige et un formidable mystère !
Il y a de quoi mener une enquête. Vivian, on ne la connaît qu’à travers ses enregistrements, ses autoportraits, ses films super 8 et les milliers d’objets et de coupures de journaux qu’elle a collectionnés.

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J’ai bien fait ?

—Par Michèle Bigot —

Texte et M.E.S. Pauline Salles
Festival d’Avignon Off, 11. Gilgamesh Belleville, du 6 au 28/07/2017

Question sur une question : conviendra-t-il de supprimer au titre son point d’interrogation ? Comme si deux questions valaient une affirmation. A moins qu’elles ne renforcent l’interrogation, qu’elles ne laissent libre cours à la perplexité, comme le soutient la forme théâtrale !
Perplexe, l’auteur, face à la montée des périls : p(c)crise de conscience d’une femme, faillite de la démocratie, bide de l’éducation, fiasco dans l’accueil des migrants, débâcle dans la création artistique, malaise dans la famille, marasme dans le couple, ça fait beaucoup pour une seule femme, même avec un profil le mère courage et de hussard (on ne connaît pas de féminin à « hussard » !) de la république. Voici venir le temps du chamboule-tout. Et du jeu de « qui perd gagne » encore appelé « perdant-perdant ». On est loin des euphories électorales !
C’est l’histoire de Valentine, une femme en convulsion : elle a la quarantaine, elle débarque, hagarde, chez Paul, son frère avec qui elle est plutôt en froid. Elle a le sentiment d’avoir fait une grosse bêtise, mais ça la rend euphorique, électrique.

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Soutien au CPIOF

— Par Culture Egalité —

L’association Culture Egalité est très inquiète de la situation dans laquelle se trouve le CPIOF (Centre de planification d’information et d’orientation familiales (CPIOF) ex Association Martiniquaise pour l’Information et l’Orientation Familiale (Amiof)) et affirme sa
solidarité avec le personnel en lutte.

Des femmes se sont battues pour imposer la reconnaissance et le respect de leur droit sexuels et reproductifs. Leurs filles et petites-filles n’accepteront pas que des restrictions budgétaires viennent aujourd’hui entraver ce droit fondamental.

Aussi nous interpellons les pouvoirs publics afin que soient octroyés les moyens indispensables au fonctionnement de cette institution,
fruit, encore une fois, des luttes des femmes et base nécessaire de leur liberté et de leur épanouissement.

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Air France et le mépris des passagers caribéens ?

— Par A3C —
L’avion d’Air France pour lequel l’enregistrement initial été prévu vendredi 7 juillet à 17h30 au plus tard a finalement vu son départ repoussé pour la fin de soirée, puis la toute fin de soirée et finalement annulé.

Finalement pour au moins certains passagers dont Mme X, le vol est prévu pour un départ à 21h15… le dimanche 9 juillet 2017 ! Deux jours plus tard !

Mme X perd donc la somme versé pour la chambre d’hôtel prévue à son arrivée dans l’attente d’une correspondance le dimanche 9 juillet au matin. Elle perd également le vol qu’elle avait réservé – avec Air France pour se rendre à Dublin où elle était attendue pour un séminaire débutant tôt lundi 10 au matin. Or un départ le dimanche place l’arrivée le lundi à 11h à Paris vue l’heure tardive de départ ! Une arrivée à Dublin risque fort de se passer au mieux dans l’après-midi ….s’il y a des places dans l’avion !

L’Association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe élève une virulente protestation contre la manière dont les choses se sont passées.

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(In)visibilité ostentatoire : exposition collective

Du 7 juillet au 30 août 2017. Fondation Clément

Panorama de la création contemporaine d’Haïti et de sa diaspora l’exposition (In)visibilité Ostentatoire, en référence aux silences assourdissants de l’Histoire, présente le travail d’une dizaine d’artistes qui explorent les non-dits sur des faits d’hier et d’aujourd’hui ou des événements que la mémoire a oublié ou choisi d’oublier. En relatant certains faits historiques passés sous silence à leur époque, elle évoque les mécanismes à l’oeuvre, les amnésies collectives ou les tabous sociaux qui influencent nos choix et nos silences. (In)visibilité Ostentatoire donne aussi à voir le travail de certains artistes qui puisent leur inspiration dans le monde Invisible, celui des «mistè» (esprits) qui semblent tirer les ficelles de la réalité haïtienne. Ce monde invisible et son cohorte de croyances populaires est, pour nombre d’entre eux, une source d’inspiration. L’exposition explore « l’invisibilité ostentatoire » d’Haïti lors des grands rendez-vous internationaux, en insistant sur la visibilité de ce qui aurait dû être évident.

GISCARD BOUCHOTTE
Giscard Bouchotte est un commissaire d’exposition indépendant, critique et entrepreneur social. En 2011, il est le commissaire du Premier Pavillon de la République d’Haïti à la Biennale de Venise avec l’exposition «Haïti Royaume de ce monde» (France, Italie, USA, Martinique, Haïti).

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Chlordécone : Gestion de crise dans le cas d’une pollution chronique: sol pollué et santé humaine

« Crisis Management of Chronic Pollution: Contaminated Soil and Human Health,CRC-Press 2016 »

Magalie LESUEUR JANNOYER, Philippe CATTAN, Thierry WOIGNIER, Florence CLOSTRE

Cet ouvrage recense les travaux réalisés par les équipes d’experts qui se sont impliquées depuis plus d’une dizaine d’années sur la question de la gestion de la pollution des sols par la chlordécone aux Antilles.

En 1999, les Antillais découvrent par le biais d’analyses de captage d’eau potable réalisées par l’ARS qu’ils ont consommé de l’eau polluée par la chlordécone, un pesticide organochloré utilisé dans les bananeraies une dizaine d’année auparavant. Ces résultats ont marqué le début d’une crise environnementale majeure aux Antilles françaises qui a abouti à des impacts sanitaires, sociaux, économiques et agronomiques majeurs. Cet ouvrage retrace comment une réponse collective a émergé avec la caractérisation de la pollution, le développement de nouvelles connaissances sur ce polluant et ses effets sur la santé et l’environnement, et l’organisation de la gestion de la pollution. Enfin, il met en perspective notre capacité à gérer de futurs problèmes environnementaux générés par les activités anthropiques.

Cet ouvrage est destiné à appuyer les étudiants, les chercheurs et les décideurs confrontés à l’évaluation et à la gestion de situations de pollution chronique persistante similaires.

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Légende de la forêt de Bwa Kannon

— Par Annick Justin-Joseph —

En ouverture du spectacle… et parce que la cour ne dort pas… une relance à la parole dite : parole à vivre en l’intime précision du jeu des corps et des rythmes… Le saxo de John Mathieu Antoine, prenant le relais du yééééééééééé krik, impose une exceptionnelle qualité d’écoute… laquelle se maintient tout au long de la soirée en la complicité de Léandre SERRALINE (Ti bwa, chant lead), Daniel VALLEJO et Maurice JUSTAND (Tanbou bèlè, percussions et chant), Hugh CHARLEC (guitare, chant lead).

Les danseurs quant à eux intègrent un espace scénographié par René LOUISE et dont Hervé BEUZE signe la réalisation technique : en toile de fond, bousculant toute tentation d‘inertie, et comme une invite à accueillir la vie dans ses résonances tant matérielles que spirituelles, l’épure minimale d’un cercle que circonscrit un carré.

L’énergie de l’eau, puissance cataclystique, mais aussi moteur de purification dans sa dimension symbolique, d’entrée de jeu charrie tout sur son passage. La vie dont nous savons qu’elle bouge en permanence, tente ainsi de formuler à travers ses manifestations parfois cruelles, la nécessité pour nous autres de rompre avec l’égoïsme, l’ignorance, l’avidité… autant de poisons qui polluent les cœurs… !

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Au Festival de Fort-de-France : « Quartier de femmes sous haute surveillance »

— par Janine Bailly —

Une cellule du dépôt du tribunal, en Martinique. Trois femmes qui attendent, d’être jugées ou auditionnées par un juge. On les a pour cela extraites de leur prison, et selon la loi, on peut les retenir là jusqu’à vingt heures d’affilée. Sur la scène, deux simples bancs dos à dos, unique point d’ancrage de la scénographie, et qui symbolisent l’attente autant qu’ils figurent le lieu. Nul besoin d’aucun autre artifice, le décor est planté, et les premières répliques ne laisseront aucun doute, ces femmes sont bien appelées à rendre compte devant la justice des hommes. Le ton est d’emblée empreint d’une agressivité qui cache la souffrance intime, les voix font dans la démesure, et la tension inhérente à ce genre d’endroit n’en est que plus palpable. Déjà l’on pressent que l’issue pourrait bien se trouver dans un inévitable débordement de violence.

Ainsi commence Quartier de femmes sous haute surveillance, la pièce conçue et mise en scène, pour le Festival de Fort-de-France 2017, par Jean-José Alpha — assisté de Yva Gaubron — qui a trouvé son sujet en 2004, dans la session de la Cour d’Assises, où il a exercé ce rôle de juré auquel tout citoyen peut un jour être appelé.

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Le fabuleux et triste destin d’Ivan et Ivana – Maryse Condé –

Maryse Condé et le djihadiste antillais

« Une date s’impose. Quand ils eurent cinq ans, Simone leur donna un grand bain, les revêtit de leurs meilleurs habits, deux justaucorps de toile écrue, brodés au point de croix et les emmena se faire photographier au studio Catani. (…) Le portrait d’Ivan et Ivana figure à la page quinze du premier volume sous la rubrique : Les Petits Amoureux. On y voit deux enfants se tenant par la main et souriant à l’objectif. »
Ivan et Ivana naissent à Dos d’Ane, une bourgade de la Côte sous le vent en Guadeloupe. Autour d’eux ne se pressent que des femmes : leur mère Simone, leur grand-mère Maeva, des belles-tantes, des belles-cousines et autour le souvenir de leur père musicien qui les a quittés.
Mais Ivan aime trop sa sœur et un jour un acte de violence enclenche la marche du destin. La famille quitte les îles pour le Mali. La colère et la dérive d’Ivan vont s’amplifier, la douceur d’Ivana se transformer en poison.
Jusqu’au jour du grand affrontement où ils comprendront qu’ils ne sont pas seulement frère et sœur et jumeaux : ils sont les héritiers d’une longue histoire, ils sont le bien et le mal et ils sont capables du plus grand amour comme de la haine la plus farouche.

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Rebondissements dans le procès de Mumia Abu Jamal!

Informations importantes communiquées par le Comité « Libérons Mumia »

Le Bureau du procureur de Philadelphie, Seith Williams, s’obstine toujours – et pour cause – à ne pas fournir tous les documents prouvant l’implication permanente du juge Castille dans les procédures judiciaires ayant abouti à la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.

Le 28 avril le juge Tucker de la Cour de Common Pleas de Philadelphie a ordonné au Bureau du procureur de Philadelphie de fournir tous les documents sur l’ancien procureur de Philadelphie Ron Castille prouvant ses implications dans la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.

Le 30 mai dernier le Bureau du procureur n’avait toujours pas obtempéré à l’injonction du juge, ne fournissant que des documents déjà rendus publics.

Ce jugement fait suite à une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis faisant jurisprudence (Williams v. Pennsylvania) qui statue qu’un juge doit se démettre des dossiers dans lesquels il a précédemment été partie prenante. Ronald Castille était l’adjoint du procureur lors du procès d’Abu-Jamal en 1982 et procureur de Philadelphie quand ses appels ont été rejetés en 1988.

Les avocats d’Abu-Jamal ont par deux fois déjà demandé à Castille de se récuser quand les recours d’Abu-Jamal ont été déposés en appel.

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Touw siklis Matnik (Ba Alfred Defontis)

 

— Par Daniel M. Berté —

Matériel astitjé, lé misk bien friksionné
Tout kourè konsantré, létap ka’y démaré
Ofisièl aligné, direktè kous paré
Vwatur suivèz kòné, lé moto ka fonsé
Karava’n za chapé, pou fè piblisité
Kado ka’y distribié, ba lé jenn kon lé vié

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik balansé

Pédal za ka tonbé, ti-mal chanjé braké
Chofè frennen souplé, le ploton ka rivé
Lé pwen-cho ka konté, ni dé prim a trapé
Ba’y kout chenn an monté, la désant déboulé
Fopla yo ka valé, an lin dwèt pa palé
Taktik étjip pozé, estratéji filé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka pasé

Le piblik bien chofé, an solèy ka brilé
Bòd larout chak koté, i ka ankourajé
Epi dlo ka rouzé, lé siklis si yo lé
Fanatik bien rodé, lé radio ka djélé
Lé portab ka filmé, ayen fo pa mantjé
Kòmantè ka tonbé, tout moun spésializé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka woulé

An chenn ki ka soté, an dérayè blotjé
An né-dèyè krévé, mékanisien rivé
Etjipié atardé, fo atann-li mésié
Bénévòl ka baré, lè lé boug ka pwenté
Ravitayman souplé, ouvè lésé pasé
Komisè énervé, vansé boujé woulé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka rivé

Lé zòm ka transpiré, ni adan ki mantjé
Pèsonn palé ladjé, pa moli lé koursié
Men lé pli kourajé, pran douvan ka alé
Mi la lin-darivé, an sakré sprint lansé
Kronométrè mélé, foto-finich yo lé
Sa ki rivé prèmié, mandé vwatur balé

Ba yo chenn, pédalé
Touw siklis Matnik ka briyé

Daniel M.

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« Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme » de Françoise Vergès

Dans les années 1960-1970, l’État français encourage l’avortement et la contraception dans les départements d’outre-mer alors même qu’il les interdit en France métropolitaine.
Comment expliquer de telles disparités ?
Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l’État français prône le contrôle des naissances et l’organisation de l’émigration ; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l’espace de la République, provoquant un repli progressif sur l’Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient.
Françoise Vergès s’interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s’appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l’auteure entend faire la lumière sur l’histoire mutilée de ces femmes d’outre-mer, héritage douloureux d’un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd’hui.

 

Interview de Françoise Vergès :

L’historienne réunionnaise Françoise Vergès publie « Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme », un essai passionnant sur la gestion politique de la natalité dans les Outre-mer et ses conséquences dans les années 60 et 70, à partir du cas emblématique de La Réunion.

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À la galerie 14°N 61°W, « Shadow Projector »

— par Janine Bailly —

Après nous avoir fait redécouvrir Louisa Marajo, talentueuse enfant du pays présentement “exilée” en Europe, la petite galerie 14°N 61°W — petite par la taille, mais non par l’action — ouvre son espace immaculé à l’ici et à l’ailleurs, à l’au-delà des mers, par la présence sur l’île d’une exposition collaborative intitulée Shadow Projector, exposition de Ariane Müller et Martin Ebner, tous deux artistes autrichiens basés à Berlin.

S’il porte un nom fait des coordonnées géographiques de la Martinique, cet espace d’art contemporain, abrité à l’étage de l’espace Camille Darsières après avoir été initié par Caryl Ivrisse-Crochemar dans une sorte de hangar aménagé de plaisante façon à Dillon, cet espace se veut bien une plateforme d’échanges, en ce sens qu’il peut à la fois « envoyer d’ici à l’extérieur, et recevoir à l’intérieur ce qui vient de l’extérieur », l’art ayant pour fonction première de voyager de par le monde, et de s’offrir à tous, sous tous les cieux. La galerie 14°N 61°W replace donc l’île dans le monde, la faisant participer aux grands courants artistiques qui traversent l’époque, comme aussi elle se donne mission de raviver notre patrimoine cinématographique : en effet, si quatre expositions dans l’année s’avèrent être à la pointe de la modernité, le lieu se consacre par ailleurs à la projection intimiste d’œuvres atypiques, mais emblématiques, et que l’on pourrait difficilement montrer en d’autres salles des Antilles.

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Affaire Bellamy : une victoire pour l’UFM

— Par l’UFM —

L’Union des Femmes de Martinique se réjouit de la décision rendue en appel dans l’affaire qui l’oppose au colonel Bellamy : Il est débouté de toutes ses demandes, et condamné à verser à l’UFM 3000€ en application des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile. Ce verdict est donc une victoire pour nous. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui nous ont montré leur soutien tout au long de ces années : Cette solidarité, qui nous a fait chaud au coeur, montre que le travail fait par l’UFM depuis 73 ans est reconnu et apprécié de la population. Nous espérons que c’est la fin d’une affaire qui dure depuis 2011, et que nous pourrons désormais continuer en toute quiétude notre action, en particulier celle d’aider les femmes qui ne peuvent toujours pas vivre en toute liberté et dignité, à sortir de leur situation de souffrance.

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Hommage à une combattante

— Par Rita Bonheur pour l’Union des Femmes de Martinique —

L’Union des Femmes de Martinique salue la mémoire de Simone Veil, qui a su faire avancer considérablement les droits des femmes par la loi sur l’IVG.
Malgré la forte adversité et l’opposition de l’opinion publique de l’époque, elle a su avec opiniâtreté et courage répondre aux besoins des femmes dans leur combat pour le choix de leur maternité.
Quand on sait dans quelles conditions les femmes avortaient clandestinement au péril de leur vie, ou en allant étant obligées d’aller à l’étranger, dans la honte, cette loi a représenté une avancée considérable.
Elle répondait aux revendications et actions des féministes et des démocrates depuis de longues années.
Nous saluons la femme de combat et de conviction, même si nous ne partagions pas toutes ses idées.
Aujourd’hui ce combat n’est pas terminé, puisque l’IVG est toujours remise en cause par des mouvements réactionnaires, et par des conditions financières insuffisantes pour sa mise en oeuvre.
Mais nous savons aussi que ce sont les conditions de vie, d’autonomie et d’estime d’elles-mêmes qui permettront de diminuer notamment le taux d’IVG chez nous, 3 fois plus important qu’en France.

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Grand deuil sur la poésie haïtienne et québécoise

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Quelques jours après le décès de notre ami le poète Claude Pierre qui nous a laissés sans voix et les yeux rouillés d’une « brûlante salinité de l’absence » (Anthony Phelps), la disparition à Montréal, le 30 juin 2017, de l’un des plus grands poètes surréalistes haïtiens du XXe siècle, Serge Legagneur, plonge la poésie haïtienne et québécoise dans un grand deuil.

Né le 10 janvier 1937 à Jérémie, ville que l’on assure être celle des poètes, Serge Legagneur est l’un des membres fondateurs, au début des années 1960, du groupe Haïti littéraire aux côtés de Davertige, Roland Morisseau, Anthony Phelps, Auguste Thénor et René Philoctète. Pour se mettre à l’abri du terrorisme d’État institué par François Duvalier, il rejoint à Montréal, en 1965, ses amis poètes Émile Ollivier et Anthony Phelps qui ont dû eux aussi quitter l’île-prison duvaliérienne, liberticide et mortifère.

Avant son départ pour le Canada, Serge Legagneur a œuvré aux deux revues du groupe Haïti littéraire : d’abord « Prisme », revue sonore de radio Cacique fondée par Anthony Phelps. Radio Cacique animait, tous les dimanches, une chronique culturelle : trente minutes de poésie, un jeu radiophonique et une pièce de théâtre de trente minutes.

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« Nous sommes des nains sur les épaules d’un géant, Aimé Césaire »

— Par Édouard de Lépine —

« Nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants (les Anciens), de telle sorte que nous puissions voir plus de choses et de plus éloignées que n’en voyaient ces derniers. Et cela, non point parce que notre vue serait plus puissante ou notre taille avantageuse, mais parce que nous sommes portés et exhaussés par la haute stature des géants. » Bernard de Chartres

Ce texte devait paraître à la fin de l’année 1978 dans l’ouvrage d’Alain Brossat et Daniel Maragnès, Les Antilles dans l’impassei. C’est la suite de l’entretien que j’ai eu à l’époque avec Daniel Maragnès et qui n’a paru dans ce livre qu’en 1981ii. À partir d’une réflexion passablement pessimiste relevée dans la conclusion de mon livre, Questions sur l’Histoire Antillaise3, sur les « nations foutues » ou les « nations non historiques » d’Engels, cet entretien portait sur l’évolution de la situation politique à la Martinique.

Ce livre constituait une manière de réponse à l’ouvrage de Camille Darsières, secrétaire général du PPM, l’un des plus proches compagnons de Césaire, Des origines de la nation martiniquaise4.

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La démocratisation qualitative en Réseaux d’Éducation Prioritaire (R.E.P.)

— Par Roland Tell —

Le défi de l’exigence totale et inconditionnelle de démocratisation du système éducatif amène le nouveau Ministre de L’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, à considérer comme idéal pédagogique la chute de l’effectif des classes de CP en REP à 12 élèves. Car, selon lui, la démocratisation qualitative exige cette mutation générale, dès la prochaine rentrée scolaire, compte tenu de la persistance de ce que l’on appelle le handicap socio-culturel, susceptible de dénaturer, de façon profonde, le fonctionnement de l’orientation. A partir de là, on voit surgir l’importance de l’autorité ministérielle dans le domaine pédagogique, non seulement en matière de décision, ce qui est normal, mais également en matière de doctrine. D’où des modes de pensée nouveaux, des directives nouvelles, s’agissant, par exemple, des devoirs en classe, et surtout de l’appel à la technologie éducative, pour apprendre aux élèves à tirer parti des sources d’information, pour leur propre perfectionnement, et donc utiliser des outils numériques pour cette fin. Ce qui, en petit effectif, change complètement la structure de transmission des connaissances, et l’attitude pédagogique du professeur d’école. Voilà ce dernier, confronté davantage à la nécessaire continuité entre l’éducation scolaire et l’éducation familiale, sous l’angle des méthodes et des procédures, susceptibles de réussir dans le domaine extra-scolaire.

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