Mois : février 2015

« Les estivants » : l’ampleur d’une fresque sociale

Gérard Desarthe signe une mise en scène remarquablement aboutie du chef d’œuvre de Gorki.

les_estivants-400— Par Annie Chénieux —

Déjà, il y a le rideau. Pas n’importe lequel : signé Lucio Fanti, rouge, sur lequel on découvre des figures humaines. Quand il se lève, tous les personnages des Estivants sont assis, comme pétrifiés au milieu d’une forêt de bouleaux. Sur les troncs, des dessins estompés de têtes, encore. L’image, saisissante, n’est pas près de s’effacer. Elle augure de la qualité de ce qui va suivre. Là où beaucoup croient s’affranchir de la tradition en « actualisant » un classique, Gérard Desarthe assume le respect de la tradition et n’a pas peur de ce qui pourrait paraître conventionnel : la forêt de bouleaux, le samovar,… Situer l’action en lieu et date, pour mieux faire entendre ce chœur d’hommes et de femmes, à l’été 1904, c’est-à-dire un an avant la révolution. Et qui résonne encore aujourd’hui. Que dit-elle alors, l’âme russe ? « Mon pays est pauvre en hommes intrépides et pourtant l’heure vient où il aura besoin de héros », lançait alors Gorki devant une assemblée d’intellectuels pétersbourgeois.

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Les journalistes aussi sont remplacés par des robots

— Selon AFP —

robot_ecrivainDe l’écriture au choix des sujets, et aujourd’hui avec l’exemple de Yahoo! Québec jusqu’à la mise en scène de l’information, les algorithmes produisent instantanément du contenu très peu cher.

Evidemment, c’est par un simple email que la douzaine de journalistes de Yahoo! Québec a appris la nouvelle. Ce site d’informations francophone au Canada qui attire 1,4 millions de lecteurs chaque mois ne ferme pas, mais sera désormais quasi-intégralement automatisé. « Nous n’avons plus besoin de vos services. […] Merci pour vos contributions passées et bonne chance pour l’avenir » ont reçu les journalistes permanents et pigistes du site cette semaine dans leur boite professionnelle.
Le site de Yahoo! Québec sera donc automatisé. C’est-à-dire que l’agrégation du contenu, sa hiérarchie sur la page d’accueil du site et la mise en ligne des articles pourra être faite sans directe intervention humaine. Les rubriques actualités, divertissement, sport et économie seront vidés de leurs effectifs. Seule l’équipe commerciale n’est pour l’heure pas touchée, il faut bien vendre de la publicité. C’est une étape supplémentaire vers une automatisation de la presse.
Journalistes-robots et Google rédacteur en chef

Depuis quelques années, plusieurs titres de presse chargent des robots de rédiger des articles.

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On écoute ce qu’on est?

Selon certaines études, on pourrait déduire la personnalité de quelqu’un à partir de la musique qu’il écoute.

trombone_coulisseDites-moi ce que vous écoutez, je vous dirai qui vous êtes. Et avec qui vous pouvez vivre. Musique et personnalité sont liées dans l’inconscient collectif, au point que cela devienne un « et plus si affinités ». Après les sites de rencontres fondées sur les convictions politiques, religieuses ou encore la classe sociale, voici venue Louise. Cette application, qui se présente comme le « Tinder des mélomanes », part d’un principe simple : mieux vaut éviter de faire cohabiter Led Zeppelin et France Gall sur le même tourne-disque. Même idée chez Soundmeet, qui a tout de même installé une option « affinités contraires ». Pour l’exotisme d’un duo d’un soir…

Et parce que certaines âmes sœurs musicales sont parfois insoupçonnées. Une étude britannique dirigée par Adrian North, docteur en psychologie, avait ainsi montré en 2008 que les fans de metal et de musique classique se ressemblaient plus que ce que les idées reçues sur leurs préférences musicales pouvaient laisser penser. Des deux côtés, des gens « créatifs, doux, bien dans leur peau », concluait l’étude.

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Tragi-comédie ou théâtre d’ombres?

— Par Alain Limery —
peopleLe chômage est massif, les faillites d’entreprises se multiplient, la pauvreté s’aggrave…
Oui, mais qui sera tête de liste en Décembre ?
Le délitement de notre tissu social se poursuit, les souffrances au sein de la population génèrent les pires dérives…
Oui, mais qui sera tête de liste en décembre ?
Notre pays vit sous la menace de catastrophes liées au changement climatique…
Oui, mais qui sera tête de liste en décembre ?
Une réelle menace de guerre plane sur l’Europe…
Oui, mais qui sera tête de liste en décembre ?
Tragi-comédie ou théâtre d’ombres, le spectacle a de quoi désespérer car, quelles que soient les qualités individuelles des uns et des autres, polariser l’attention sur le choix de tête de liste a pour objectif, sinon pour conséquence, de jeter un voile opaque sur les véritables enjeux de l’échéance de décembre 2015.

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En République dominicaine, une campagne de haine contre les Haïtiens

— Par Jean-Michel Caroit —
pendaisonLe cadavre d’un jeune Haïtien a été retrouvé mercredi 11 février, pendu à un arbre du parc Ercilia Pepin à Santiago, la deuxième ville de la République dominicaine. La victime, un cireur de chaussures d’une vingtaine d’années, dont la police n’a pu obtenir que le surnom, « Tulile », a été roué de coups et poignardé avant d’être pendu, pieds et poings liés. Ce meurtre a été commis quelques heures après une manifestation anti-haïtienne dans le quartier de Los Ciruelitos, au nord de Santiago. Visage masqué, les manifestants ont brûlé un drapeau haïtien et exigé l’expulsion des migrants venus de la République voisine.

Dix jours plus tôt, quatre journalistes, parmi les plus connus de la télévision dominicaine, ont dénoncé les menaces de mort qu’ils ont reçues d’individus se présentant comme des « patriotes » qui les accusent d’être complices d’un supposé « plan de fusion de Haïti et de la République dominicaine fomenté par la communauté internationale ». Les quatre journalistes, Roberto Cavada, Amelia Deschamps, Juan Bolivar Diaz et Huchi Lora, ont été qualifiés de « traîtres à la patrie » par ces « nationalistes » pour avoir défendu le droit à la citoyenneté de dizaines de milliers de descendants de migrants haïtiens dépouillés de leur nationalité dominicaine par une sentence rétroactive et controversée du tribunal constitutionnel datant de septembre 2013.

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Tourisme : où en est-on du paradis ?

— Par Francis Carole —

toutouLe secteur touristique constitue l’un des hochets agités à longueur de propagande par le néo-PPM comme « preuve » que la Martinique avancerait. D’ailleurs, chacun se rappelle encore avec quel mépris l’équipe arrivée en 2010 à la tête de la Région avait traité le bilan de l’action de l’ancienne présidente du Comité Martiniquais du Tourisme, madame Madeleine de Grandmaison.

L’actuel président de région, en page 9 de son programme, promettait alors -à l’instar des « 5000 emplois en deux ans »- de « réussir dans le secteur touristique 9000 emplois en dix ans », d’atteindre « 400 000 à 500 000 touristes de croisière » ou encore de « mettre en place une stratégie de diversification des clientèles ».

Quant au projet de réforme du tourisme de Martinique, baptisé poliment Politique Unique du Tourisme et voté par le néo-PPM en 2011, il affichait la prétention d’attirer « 1 million de touristes par an d’ici 10 ans » et de faire «augmenter la dépense moyenne annuelle des touristes sur l’ensemble des segments. » À grands coups de « pipi-bef » publicitaires,  les Martiniquais se voyaient sommés de se muer en « bâtisseurs de paradis ».

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Christiane Taubira. Bâtir des prisons en Outre-mer, « une priorité »

prison_construireLa construction de prison dans les Outre-mer sera une priorité dans les prochains budgets a annoncé jeudi la ministre de la Justice Christiane Taubira.

Arrivée en début d’après midi en Martinique, la Garde des Sceaux s’est rendue à la prison de Ducos. Après un échange avec le directeur de l’établissement et le directeur interrégional des prisons, Christiane Taubira a entamé une visite au pas de course dans le quartier des hommes de la maison d’arrêt. « Sur le prochain triennal budgétaire, j’ai mis en priorité les Outre-mer », a déclaré la ministre de la justice lors d’un point de presse. « L’essentiel des constructions immobilières (de prisons ndrl) qui vont se faire seront dans les Outre-mer », a-t-elle précisé.
Un établissement de 500 places en Martinique

S’agissant de la prison de Ducos, la Garde des Sceaux a annoncé la construction d’un centre de semi-liberté de 25 places et, sur le prochain triennal, un établissement de 500 places pour la Martinique. Aujourd’hui, le centre pénitentiaire de Ducos compte 1 042 prisonniers pour une capacité théorique de 730 places. La surpopulation de cette maison d’arrêt et centre de détention est régulièrement mise à l’index.

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Soumission = Démission de l’intelligence = Bonheur.

— Par Dégé —
soumission C’est l’ami Bernard Maris qui dans son Houellebeck économiste1 m’a convaincue de refaire l’effort de lire ce pénible auteur. Et grâce à son regard bienveillant, cette fois le narrateur, malgré sa sexualité si obsédante et si typiquement masculine, paraît émouvant à plusieurs titres.
Au début du roman, François (Tiens ?) semble se débattre contre une sorte de vision autiste du monde qu’il n’arrive à percevoir, ainsi heureusement atténué, qu’à travers le filtre de l’œuvre de Huysmans dont il est devenu « le » spécialiste universitaire. Sa souffrance vient non seulement de ses relations difficiles avec les femmes, du déni de ses affections, mais du fait que son intelligence remarquable l’éloigne de la plupart des hommes. Ainsi, comme à contre courant, il devine que les équilibres politiques de la France vont être pulvérisés. De fait le leader de la Fraternité musulmane, Ben Abbès, gagne les élections.  L’enquête, comparable et parallèle à celle personnelle de Huysmans, mène François à interroger  des représentants politiques, des intellectuels, des religieux, et même un espion car l’humour n’est jamais loin… Il serait plus juste de parler de quête car, au-delà des valeurs temporelles, les intemporelles importent au point d’être une tentation.

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L e Carnaval : une performance sans manifeste

— Par Joëlle Ferly Artiste —

A l’absurdité de nos sociétés, à la mondialisation qui nous mène, à notre impossibilité de retrouver l’harmonie avec notre environnement, nous répondons: CARNAVAL!

Si l’usage du corps est ce qui définit, en art contemporain, la performance, alors la procession carnavalesque que nous connaissons sous nos latitudes, relève bien de cette nouvelle forme d’expression que l’art moderne nous a léguée.

Qu’il soit nu, vêtu, peint, poudré, recouvert de boue, de cendres ou autre, le corps devient pour le performeur, son matériau premier de travail.

Dès les années 1920, l’artiste cherche à mettre en scène son corps et l’institue en tant qu’œuvre d’art.
Entre le théâtre et la danse, la performance se situe à la lisière du terrain connu et la sphère de l’esthétique. Le projet de la performance n’étant pas de connaître à l’avance le résultat de l’expérience qui se va se décliner -selon un manifeste, postulat, ou bien encore processus de réalisation- ni de chercher à être plaisant aux sens, comme le définirait Kant.
D’abord ludiques, les performances des premières années sur siècle dernier, se réalisaient en Europe, entre artistes en besoin de rompre radicalement avec l’art académique, en cette période d’entre-deux guerres.

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RSF. Une « régression brutale » de la liberté de la presse

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Selon le classement annuel de Reporters sans frontières publié ce jeudi, l’organisation de l’Etat islamique et Boko Haram portent un coup fatal à la liberté de la presse.

« Il y a eu une détérioration globale de la liberté de la presse en 2014, liée à des facteurs très différents, avec l’existence de guerres de l’information, l’action de groupes non étatiques qui se comportent en despotes de  l’information », a déclaré, ce jeudi, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter sans frontières.

Livrant, ce jeudi, son bilan 2014, l’organisation a parlé d’une « régression brutale pour la liberté de l’information. Les 2/3 des 180 pays (classés par RSF, NDLR) faisant moins bien que dans l’édition précédente ».

Le Syrie en tête du triste classement

Pays jugé le plus dangereux du monde pour les journalistes par RSF, la Syrie stagne ainsi à la 177e place sur les 180 passés au crible -juste derrière la Chine (176e)-, devant le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l’Érythrée (180e), un quatuor inchangé depuis l’an dernier. Et les Etats africains, malgré la progression de la Côte d’Ivoire (86e, +15 places),  figurent toujours parmi les plus mal classés.

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Afropéa, un territoire culturel à inventer

le 20 février au Carreau du Temple

afropea-1Séminaire arts de la scène organisé par le laboratoire SeFeA de la Sorbonne Nouvelle
Conférences –projections-performances- lectures-tables rondes
14h-20h
Entrée libre sur réservation (sefeaparis3@gmail.com)
Cultures noires ? Cultures afropéennes ? Cultures métisses ? Cultures tout-monde ? Quels espaces de création en partage pour les Afrodescendants de France ? Quel territoire de reconnaissance, de visibilité et d’écoute ? Le laboratoire SeFeA que dirige Sylvie Chalaye au sein de l’Institut de Recherche en Etudes théâtrales de la Sorbonne Nouvelle invite chercheurs, sociologues, anthropologues et historiens, mais aussi artistes de la scène, réalisateurs et metteurs en scène, ainsi que directeurs de lieux à interroger les territoires culturels contemporains nés de l’histoire coloniale française et des migrations et leur enjeux artistiques et esthétiques, comme leurs enjeux socio-économiques. L’utopie du vivre-ensemble ne devrait-elle pas se construire d’abord au plan de l’art et de la culture ?

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The Haunting Melody : « on est ce qu’on écoute »

Horreur philosophique

the_haunting_melody— Par Anaïs Heluin —

A priori, le théâtre peut exprimer l’épouvante aussi bien que n’importe quelle action ou sentiment humain. Pourtant, il y a un type d’horreur qu’il s’abstient de dire et de montrer : celle où victimes et assassins se lancent dans des courses-poursuites souvent alambiquées, où le sang coule à flots plus denses que les paroles échangées par les protagonistes. Autrement dit, au théâtre, le film d’horreur n’a pas vraiment d’équivalent. Les spectacles adaptés de la comédie musicale the Rocky Horror Picture Show (1973), par la troupe des Sweet transvestites, au Studio Galande à Paris depuis quatorze ans, font figure d’exceptions et confirment l’appartenance de la terreur à coups d’hémoglobine au septième art. Avec The Haunting Melody, le metteur en scène et directeur du nouveau théâtre de Montreuil, Mathieu Bauer, offre au contraire au théâtre sa part d’épouvante. Mais il fait aussi bien plus : à mille lieues du mauvais goût des Sweet transvestites, il imagine une partition musicale et visuelle qui interroge notre rapport à l’environnement sonore.

Thomas Blanchard, dans le rôle d’un ingénieur du son bavard et prompt à théoriser sur tout ce qui lui passe dans l’oreille, plante d’emblée le décor.

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Derrida et la question juive

 

— Par Nicolas Dutent —

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Le Dernier des juifs,
de Jacques Derrida,
Editions Galilée, 144 pages, 22 euros.

«Tu vas rentrer chez toi, mon petit, tes parents recevront un mot. » Ce matin d’octobre 1942, sous le soleil trompeur d’Alger, les mots que Jackie reçoit du surveillant du lycée de Ben Aknoun ont l’effet d’un tremblement de terre. « Le pourcentage de juifs admis dans les classes algériennes vient d’être baissé de 14 à 7 % : une nouvelle fois, le zèle de l’administration a dépassé celui de Vichy », situe Benoît Peeters dans sa riche biographie (Derrida, Flammarion) consacrée à l’intellectuel des marges. L’étude du rapport que Jacques Derrida cultiva avec le thème de la judéité, entreprise qui fait l’objet d’un ouvrage audacieux aux éditions Galilée, est une belle aventure. Elle n’en demeure pas moins risquée tant les liens que le penseur entretient avec son éducation et sa culture juives – sans même statuer sur l’assignation incertaine à une essence – sont profonds et complexes⋅ Ce travail est indissociablement introspectif et conceptuel⋅ Il impose déjà, en vue d’atteindre ce que Sartre appelle la profondeur du vécu, de renouer avec une approche biographique sans laquelle une blessure, disons originelle, ne peut s’apprivoiser.

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Le retour de Romain Rolland

— Par François Eychart —

Romain Rolland revient en force. Les rééditions de ses livres se multiplient. C’est la conséquence du fait que, depuis janvier 2015, ses œuvres sont tombées dans le domaine public. L’an dernier avait paru, chez Bartillat, un important inédit, le Journal de Vézelay, en fait le journal que Romain Rolland a tenu pendant la Seconde Guerre mondiale. Sur l’intérêt et la complexité de l’image parfois détestable qu’il
donne de lui-même, le lecteur se reportera aux commentaires du numéro 116 des Lettres françaises. Il faut simplement préciser que Romain Rolland n’a pas toujours été ce que montre ce Journal, ce qui apparaît fort bien dans les quatre ouvrages qui viennent de paraître.
La Vie de Beethoven date de l’époque de l’amitié avec Péguy. Elle fut publiée pour la première fois en 1903 dans les Cahiers de la quinzaine et connut un succès de librairie inattendu. Il faut reconnaître qu’on dispose maintenant de biographies de Beethoven plus exhaustives, mais cet ouvrage est loin d’être négligeable, rehaussé qu’il est par divers textes de Beethoven, dont le testament d’Heiligenstadt et un choix de lettres.

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Billets d’avion : gare aux comparateurs de prix, avertit le gouvernement

— Par Philippe Brochen —

comparateur_prix«Les différences entre le prix affiché et ce que paie au final l’acheteur sont presque systématiques», a souligné la secrétaire d’Etat Carole Delga, à l’occasion de la remise du rapport annuel de la DGCCRF, gendarme de la consommation.

«Intervenir sur tout ce qui peut déréguler l’économie française.» Et, partant, préserver autant que restaurer la confiance des citoyens, consommateurs et entreprises du pays. Ce faisant, «avec pédagogie et fermeté». Telle est, présentée par Carole Delga, secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’Artisanat de la Consommation et de l’économie sociale et solidaire, la mission de la DGCCRF. Soit la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, organisme étatique qui présentait, ce mercredi au ministère de l’Economie, son rapport d’activité 2014, «dans un contexte économique difficile, où le pouvoir d’achat a baissé».

Résumer pareil exercice participe de l’arbitrage. Soit la citation de chiffres ou d’exemples de situations délictuelles. Choisissons de ne pas choisir. Et commençons par les pratiques phares relevées qui posent souci.
«Contrôles renforcés»

A commencer par les comparateurs de prix des billets d’avion, qui affichent très souvent des prix largement inférieurs à ceux effectivement payés par les clients.

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L’indécente lettre de Madame Ursull

— par Tony Albina —

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l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture on
pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer de
coups, le tuer – parfaitement le tuer – sans avoir de
compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à pré
senter à personne
un homme juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot
Aimé Césaire

Il y a une indécence sans fond dans la lettre de la citoyenne, Madame Joëlle Ursull.
Anecdotique aurait pu être cette sombre affaire si l’enjeu n’était rien d’autre qu’une certaine domiciliation d’un antisémitisme larvaire et rampant dans nos pays au nom de l’insoumission nègre.
C’est se tromper mille fois. Et s’obstiner à glisser dans ce que Serge Letchimy a appelé l’abîme. Car en effet, c’est s’y engouffrer que de dire, et nous nègres ! chaque fois que l’on entend Shoah. C’est précisément ce qu’a fait cette dame. D’où la grande indécence de sa missive. Indécence : manquer de correction prévient une définition. Autrement dit manquer de rectitude, c’est à dire refuser de conformer son action à une droite conduite.
Quelle est cette droite conduite à laquelle cette lettre fait défaut ?

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Discrimination sanitaire ?

— Par Florent Grabin —

ecophyto-2018Le 30 mai 2014, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, s’est vu confier par le Premier ministre une mission visant à établir des recommandations pour une nouvelle version du plan de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires, le plan Ecophyto.
En réponse à cette demande, Dominique Potier, a remis, aujourd’hui son rapport, au Premier ministre, Manuel Valls, en présence de Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt. La remise du rapport au Premier ministre a fait l’objet d’un Communiqué de presse le 23 décembre dernier. Dans ce document de 252 pages, il est fait état qu’au cours de l’année échue, un travail important de concertation et de réflexion a été mené par l’auteur qui a rencontré près de 90 organismes et environ 200 personnalités du monde professionnel agricole, de la société civile, de la recherche et de l’administration.
Pour des raisons que nous ignorons encore, aucun organisme, ni personnalité des départements français de l’Outre-mer n’ont été consultés par ce Parlementaire : en conséquence nous ne figurons pas dans ce rapport.

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50 Nuances de Grey et cinq raisons d’être frustré(e)

— Par Nathalie Simon —
cinquante_nuances-1L’adaptation du roman de E. L. James qui relate le coup de foudre entre Christian Grey (Jamie Dorman) et Anastasia (Dakota Johnson) manque de souffle et de souffre.
● Un film sans érotisme

Pas de quoi fouetter un chat, le film de la britannique Sam Taylor-Wood annoncé comme l’événement de la rentrée cinématographique s’avère aussi torride qu’un steak de soja. Le pic sado-maso de cette bluette tient en six coups de ceinture sur le dos de la belle donnés par l’éphèbe en jean et pieds nus. C’est la collection Harlequin avec l’option martinet. À se demander pourquoi il est interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis. La bande-annonce qui appâtait le public avec des scènes coquines, notamment l’héroïne harnachée et suspendue dans les airs, ne tient pas ses promesses. Les scènes plus «chaudes» ont été coupées. Suite au prochain épisode, déjà programmé.

● Un casting fade

Le couple ne nous fait pas rêver. Dakota Johnson est bien jolie, en chemisier et jupette ou dans le plus simple appareil, mais ne possède pas la sensualité de Sylvia Kristel dans Emmanuelle.

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Migration retour o péyi… et nécessité de retenir ceux qui y sont encore!

— Par Philippe Villard, Consultant en développement économique —

migrationL’amendement proposé par le président de Région Serge Letchimy lors de la plénière du 18 décembre, destiné à favoriser le retour des jeunes Martiniquais porteurs de projets vivant à l’étranger a remporté l’adhésion et les votes des élus régionaux à l’unanimité. A juste titre. Et chacun se félicite de cette heureuse initiative.
Tout juste peut-on souhaiter que les choix se fassent en faveur des projets les plus porteurs d’emplois (ou de perspectives d’emplois) et évitent les habituels effets d’aubaine propres à ce type de dispositifs. Mais ne devrait-on pas aussi se pencher sur les emplois existants et potentiellement menacés de disparition ? Evidemment, répondra-t-on…, et tout le monde y travaille! Pas si sûr.
Je voudrais juste témoigner à travers cet article des difficultés d’un secteur sur lequel j’interviens en Martinique depuis près de 20 ans, et dont on parle peu parce qu’il n’est pas structuré comme d’autres, mais qui pourtant pourrait potentiellement attirer nos jeunes Antillais diplômés : celui des études et du conseil (que l’on appelle de façon plus « branchée » , consulting, consultance, ingénierie).

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20 ans de « Recherches en Esthétique »

— Par Selim Lander —

ESTHETIQUE_20_pages_couv_BD1« Loin de la vitre du train, je pense à la parole électrique des flamboyants,
que les pilotes de loin croient encore des  nappes de sang
/ demeurées sur les touches du crime » (Edouard Glissant)[i].

La revue Recherches en Esthétique, créée et animée par Dominique Berthet, professeur à l’Université des Antilles en Martinique, fête son vingtième anniversaire. Cette revue de très bon aloi, qui paraît suivant un rythme annuel, s’organise autour de thèmes successifs. Par exemple « La critique » (n° 3), « L’audace » (n° 8), « Utopies » (n° 11), « Le trouble » (n° 17), « Art et engagement » (n° 19). Si la place principale revient aux arts plastiques, la littérature est également bien représentée. Tel est en particulier le cas dans le dernier numéro consacré aux « Créations insulaires » : les articles passant en revue les formes de l’art contemporain dans les îles de l’outremer français (les fameux « confettis de l’empire ») ainsi que dans les Grandes Antilles (Cuba, Haïti, Saint-Domingue) sont précédés par un dossier qui explore le concept d’insularité en faisant largement appel aux romanciers, aux philosophes et à Edouard Glissant, lequel se révèle une référence incontournable pour la plupart des contributeurs de ce numéro.

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Il est temps de mettre fin aux suppressions de postes

— Par Jocelyn Jaubert, CSTM-Education & Patrick Jean-Baptiste, UGTM-Education —

suppression_postesMadame la Ministre,

Vos déclarations, « l’origine sociale, l’environnement culturel et le niveau de vie des parents pèsent sur la réalité scolaire des enfants » – « …j’ai voulu que les critères sociaux et territoriaux soient désormais pris en compte l’attribution des moyens… » , soulignant l’impact des inégalités sociales sur les inégalités scolaires, comme nos syndicats l’affirment depuis plusieurs années, nous ont fait espérer un changement réel dans les moyens alloués à notre académie de Martinique.
Malheureusement, l’annonce de la suppression de 27 postes d’enseignant dans le 1er degré et de 44 dans le secondaire, sous le prétexte éculé de diminution des effectifs, portant ainsi à un millier le nombre total de suppressions de postes sur ces dix dernières années, vient contredire vos discours.
S’il est vrai que nous avons perdu de nombreux élèves ces dernières années, pour des raisons historiques sur lesquelles nous reviendrons, il n’est pas moins vrai que notre situation économique, sociale et éducative est catastrophique et aurait dû au moins entraîner l’arrêt de ces suppressions, voire même l’augmentation du nombre de postes pour faire face aux besoins réels et urgents de notre pays la Martinique (…).

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Prestations funéraires : pourquoi si chères ?

—Par Emmanuel Certain, Président du SGPFM de Martinique —
pompes_funebresLes familles endeuillées posent souvent la question du coût d’une prestation funéraire. Chaque année, nous sommes tributaires d’une augmentation de certaines prestations. Prestations incontournables lors de la perte d’un être cher.
1- Les avis de décès sur la radio locale RCI ont augmentés de 40% en moins de 2 ans, alors que les textes sont de plus en plus réduits.
Pour les deux radios : Martinique 1re et RCI, les associations, infirmières, médecins, maisons de retraite, familles d’accueil, noms des épouses des fils ne sont pas cités. Il est exigé 5 noms de famille.
Toute ligne supplémentaire est facturée sur RCI.
2- Les caveaux remplis d’eau doivent être asséchés. 90% de ceux de la ville de Fort-de-France sont à assécher. La décharge de Rivière Roche, lieu où étaient déversées les eaux des caveaux de Fort-de-France, est actuellement fermée. Aucune solution définitive avec les responsables de l’Odyssi, l’ODE et de la ville de Fort-de-France n’a pu être trouvée alors qu’il est interdit de rejeter ces eaux dans les allées des cimetières. Pour les autres communes, nous sommes également en attente d’une réponse des responsables de la Communauté d’agglomération de l’Espace Sud ainsi que celle de Cap Nord Martinique avec qui nous avons échangé.

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La télé? Plus elle montre, plus elle cache…

plus_elle_montre_plus_elle_Ce spectacle est le troisième solo de clown politique de Rafaële Arditti après Sarkophonie, dissection dyslexique du discours réactionnaire, Madame Laculture, spectacle qui reprend le jargon culturel pour en démonter la fatuité et l’élitisme. Rafaële Arditti continue de s’intéresser à ce qui sonne faux, ce qui marche de travers dans notre société, et surtout ce qui la met en colère ! Par exemple, à chaque fois qu’elle
allume la télévision… Et pour sortir de cette morosité du petit écran soit-disant brillant, la clowne partage avec nous la revanche qu’elle a mijotée : elle dézingue les vrais textes de la télé et nous venge en montrant que sous couvert de nous divertir, certaines émissions propagent des idées bien nauséabondes… Au point de nous influencer dans l’isoloir ?

Rafaële Arditti, dans une pièce loufoque, s’attaque sans complexe à 
ce médium en en grossissant les traits : « Nous, ça va, mais avec ce qu’on voit à la télé »… Jusqu’au 15 février au Local, 18, rue 
de l’Orillon, Paris 11e.
Nez rouge et allure délurée, Rafaële Arditti sait jouer avec le visuel. Mais derrière l’apparence légère, se cache un « solo » de clown politique devenu la marque de fabrique de cette comédienne.

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Lettre à Madame Joëlle Ursull

—Par Harry Nirelep —
lettres-2Madame,

J’ai lu, avec bonheur, votre lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la république.

On y trouve bien plus d’indignation que de colère, davantage d’affirmation d’une certaine identité que de ressentiment.

Qu’il se trouvât de beaux esprits, ici ou là, pour chercher à vous donner la réplique, et tenter de dénaturer le sens et d’amoindrir la portée de votre initiative épistolaire, ne saurait me surprendre.

Je ne sais si le lien éventuel entre vous et moi, est de la seule filiation qui nous ramène à nos grands-parents esclaves hier et émancipés depuis, ou/et à nos parents, aujourd’hui assimilés.

J’ai trouvé saugrenue une réponse qui, s’adressait très directement à vous, et dont l’auteur se piquait de connaitre l’histoire et la mémoire juives, tandis qu’il avouait benoitement, sa méconnaissance de l’histoire si particulière des nègres d’Amérique dont il se revendique.

Comment ne pas comprendre qu’une artiste guadeloupéenne s’offusque d’un propos du Présidents de tous les Français, et, si j’ai bien compris, un peu président de toute l’Humanité, propos lancés sans précaution d’aucune sorte, et proclamant que « la Shoah est le plus grand crime, le plus grand génocide, jamais commis ».

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La concurrence mémorielle : suite… sans fin

plume_tribuneA propos de la Lettre ouverte au Président de tous les Français et les débats qu’elle a suscités.

Les expressions concurrence des mémoires et concurrence mémorielle désignent le danger qu’encourt une société à ce que des groupes de personnes revendiquent, par compétition, des attentions particulières en invoquant les drames humains ayant touché par le passé leurs communautés d’origine. Le débat n’est pas nouveau : dès 1976, le chanteur français d’origine arménienne Charles Aznavour, confronté au problème, déclarait, en commentant sa chanson Ils sont tombés : « Qui ne fait siens tous les génocides, n’en fait sien aucun ».En 1997 l’expression « concurrence des victimes » apparaît sous la plume de Jean-Michel Chaumont, professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain, pour dénoncer les dangers de la « compétition de reconnaissance » des déportations et des génocides historiques, qu’ils soient juridiquement reconnus comme tels ou non.

Illustrant ce propos dans les années 2000, l' »humoriste » français Dieudonné fait scandale en passant de la mouvance multiculturaliste incarnée par le mouvement « Touche pas à mon pote » à l’antisionisme et à la théorie du lobby juif, en arguant de la concurrence des mémoires.

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