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Un dimanche au cachot, de Patrice Chamoiseau

Le marqueur de paroles et ses maîtres

— Par Guillaume PIGEARD de GURBERT —

Deux remarques préalables : d’abord, Un dimanche au cachot, je vais y revenir, ne se donne pas au lecteur comme un objet interrogeable de haut ni de loin depuis un observatoire critique, mais place bien plutôt d’emblée le lecteur lui-même au cœur même du livre en en faisant un simple personnage. En sorte que Chamoiseau frappe par avance, sinon d’impossible, du moins de ridicule toute lecture critique de son roman, lequel n’a pas de mots assez durs contre les « verbiages du lecteur. » Ensuite, une œuvre vit d’une infinité de lectures, non seulement de la multiplicité de lecteurs qui s’y exposent, mais de la multiplicité de lectures dont est capable un même lecteur à différents moments de son existence. Si bien que mon ambition sera ici de n’être pas tant Le lecteur d’Un dimanche au cachot qu’un simple patient de cette œuvre parmi une infinité d’autres possibles.

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« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

— Par Roland Sabra —

Edito du 29-XI-07

 


Suite de l’édito

Vincent Mac Doomr

 … Qu’un des plus grands économistes du 20 ème siècle ait été homosexuel n’ajoute ni n’enlève rien à son talent. A moins de considérer que son hétérodoxie théorique ne soit pas sans rapport avec ses penchants amoureux. C’est ce que la lecture de Freud laisse entendre. Mais l’homosexualité travaille aussi les corps constitués comme en témoignent les « scandales à répétition qui soulèvent régulièrement les églises (cf ci-dessous). Ce phénomène rémanent réduit la portée les « explications » du délégué interministériel Patrick Karam qui motive la mission contre l’homophobie qu’il confie à M Auerbach-Schiffrin en avançant : « Dans nos sociétés créoles traditionnelles et très catholiques il existe une homophobie du même type que celle que l’on trouvait dans la société française avant 1968« . C’est encore la vieille thèse du retard dans le développement que l’on nous sert dans sa resucée sociologique!

Vincent Mc Doom interviewé dans le supplément TV de France-Antilles le déclarait tout bonnement : « Ceux qui ne m’acceptent pas, ont des problèmes avec leur sexualité« .

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A l’Atrium « L’échange » : gagnant/gagnant

— Par Roland Sabra

 A l’Atrium de Fort-de-France

La compagnie de la Comédie Noire, dirigée par le guadeloupéen Jacques Martial, présentait, à Fort-de-France, les 08 & 09 novembre 2007, « L’échange » de Paul Claudel, dans une mise en scène de Sarah Sanders. La pièce existe dans deux versions, écrites à plus de 50 ans de distance.

La version retenue par Sarah Sanders est l’originale, la flamboyante, celle rédigée en 1893. C’est la plus jouée, la seconde, dans laquelle l’influence de Jena-Louis Barrault est sensible, semble imprégnée d’une lecture claudelienne de Teilhard de Chardin.

L’intrigue est connue. Deux couples se rencontrent sur une plage du Nouveau monde. L’un est au service de l’autre. Deux couples donc, l’un composé d’un homme d’affaire, Thomas Pollock Nageoire, immensément riche, figure prototypique de Citizen Kane et d’une actrice sur le retour, Lechy Elbernon, figure prémonitoire des stars hollyvoodiennes, l’autre d’un homme immensément pauvre, Louis Laine, de tout juste vingt ans,  toujours adolescent, forcément, projection rimbaldienne de Claudel lui-même, et d’une femme un peu plus âgée, peut-être un peu frustre mais servante du Seigneur et engagée dans sa parole.

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Kanel Brosi : le triomphe de la mètis ou comment l’œuvre recèle l’intelligence de la ruse

« Les Passeurs » à la Villa Chanteclerc

 — Par Roland Sabra —

« Tout est déjà là Le présent, Le demain Les torts et les raisons Tout est déjà là

les grandes vérités

les espérances vides

la voix qui ne sait pas

qui l’entendra. »

Gianmaria Testa, « La valse d’un jour »

 

.

 Au commencement était l’acte. L’acte de création. Elle ramasse des bois flottés, et elle y voit ce qu’aucun d’entre nous ne sait voir. Le sens est déjà là, dans les veines et la déveine de l’objet livré au sable. Kanel Brosi, en mobilisant la mètis des Grecs – ou intelligence de la ruse– engagée dans le devenir et l’acte de la création, trace un chemin de rencontres éblouissantes, au sens premier du terme, entre « Femmes » (titre de sa première exposition), et « Prophètes » (nom d’un projet en devenir). Dans cet entre-deux, elle nous offre les « Passeurs », si bien nommés, à la Villa Chanteclerc. Elle fait la « passe », comme l’écrit Lacan quand il s’agit de formaliser ce passage de l’analysant à l’analyste.

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Philippe Bourgade ou Comment photographier l’âme d’un peuple?

 — Par Roland Sabra —

Zaï mouillé.Elle lavait son linge et le voilà qui vient pour lui conter fleurette. Elle a sans doute cru qu’il était intéressé par ses talents de lavandière. Elle ne l’a pas très bien reçu.

Une superbe idée de cadeau : « L’Eau mémoire » de Philippe Bourgade

Il vous reçoit le jour de fermeture hebdomadaire de son exposition « Martinique des Mornes ». Il est venu pour vous parler de ce qui le tient debout, de ce qui lui donne sa verticalité, de son « objet petit a », si l’on peut en parler, dirait le psychanalyste. C’est d’une passion dont il est question, mais une passion tranquille, assurée, de celle qui donne sens à toute une vie, de celle qui donne l’impression de ne pas douter. Son chemin est celui-là, celui qui le fait gravir encore et encore les mornes de Martinique, de sa Martinique, à la recherche de ce qui serait son essence.

Il y a trois douzaines d’années de ça il est tombé amoureux d’un objet, un appareil photo. Le boîtier noir et son objectif, la densité de l’alliage du verre et du métal sous une forme compacte, le plaisir de le saisir, de l’avoir en main comme on a le plaisir d’avoir un vin en bouche, le poids de l’objet, l’impression de solidité et la fragilité des mécanismes qui le composent, l’objet comme un prolongement de soi, comme une pulsion, comme un concept à la limite du corps et de l’esprit.

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Manuel Césaire aux commandes

— Par Roland Sabra —

Poster-TabouEdito du 20/10/2007

  La rentrée des Mercredi-Cinéma de l’Atrium s’est faite sur les chapeaux de roues. Il y eu d’abord  » L’avenir est ailleurs« , déjà vu et puis l’admirable « Persépolis » d’après la B.D. de Marjane Satrapi. . Plusieurs projections avec débats sont prévues pour « Gouverneurs de la rosée » déjà vu lui aussi. Côté théâtre nous avons déjà évoqué « Manteca« , et nous attendons vivement « L’échange » de Paul Claudel (08 & 09-XI-07) et « L’amour » adaptation de José Pliya du roman « Amour, Colère et Folie » de Marie Vieux-Chauvet ». Monter Claudel est une gageure difficile à soutenir. On lira avec intérêt les propos de  Brigitte Salino, confirmés à postériori par le relatif échec de « L’échange » de Julie Brochen, cet été en Avignon , dont on  a constaté, avec regret, que la profondeur, indiscutable, de sa lecture avait été trahie par une distribution un peu faible.

« Circus baobab » nous a offert un numéro de cirque, convenu, sans surprise, qui a ravi de joie une bonne partie du public, nombreux.

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La Mort du Colibri Madère, de Claude-Michel PRIVAT

—Par Fernand Tiburce FORTUNE

 Roman

L’Harmattan

 

 

  par Fernand Tiburce FORTUNE, écrivain

 Le premier contact avec Claude-Michel Privat eut lieu sur les hauteurs du Carbet, au lieu-dit Morne aux boeufs, chez un ami commun en vacances au Pays, et qui m’avait déjà présenté l’ouvrage dans son appartement parisien. Il est toujours agréable de mettre un visage sur celui qui a été habité par l’écriture, de la première idée à la conclusion d’un livre, de celui qui a été tourmenté par la première page qui n’en finit pas d’aboutir, qui a été désespéré par le stylo qui n’avance plus, alors qu’il y a tant à dire, mais comment ? Car ce jour-là, rien ne va, les mots ne s’emboîtent pas les uns aux autres pour faire apparaître le miracle attendu du lecteur. Il est agréable de rencontrer celui qui a maintenant peur de cette œuvre qui ne lui appartient plus et qui va être l’objet de toutes les attentions favorables, comme défavorables, l’objet de critiques, d’approbation, d’émerveillement. Ou alors qui subira une indifférence courtoise ou agacée.

 Le problème de la première œuvre est celui aussi de l’anonymat.

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« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

Vincent Mac Doomr

— Par Roland Sabra —

   Les homosexuel(le)s sont-ils, sont-elles des pervers, des perverses? La connotation morale du terme est de peu d’utilité pour la question. Dans un pays où les filles se promènent  à moitié nues dans les rues, tout en ayant dans la tête des kilomètres de crinoline la question pourrait paraître surréaliste.  Ce numéro de la Lettre est consacré à la question de la perversion, à l’occasion du débat (enfin!) qui suivra la projection à Fort-de-France du film « Des hommes et des dieux« .

Qu’est-ce que la perversion? La réponse pourrait en dérouter plus d’un. Au delà  la question de l’homosexualité n’assiste-ton pas à une redéfinition du masculin et du féminin? ( lire le dossier) La propension, de plus en plus répandue,  à se déguiser en femme pendant Carnaval, le port ostentatoire  de bijoux féminin, la mode du piercing, les boucles d’oreilles, une homophobie prégnante mais un succès assuré pour les « Makoums », des rapports entre sexes marqués par la violence, tout cela ne relève-t-il pas d’une symptomatologie qui renvoie à une identité mal assurée?

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« Avé l’assent » (suite) : Ecrire est un art de rencontres

  par Marius Gottin

 

 

 

par Marius Gottin

 

 

Ecrire est un art de rencontres, tout à fait le genre d’évidences que rappelait le philosophe Alain (si ma mémoire restitue fidèlement ce que j’ai retenu de mes lectures d’avant mai 68, un petit livre de moins de 200 pages et qui devait s’appeler « Propos sur le bonheur ») et qui me permet d’écrire que passer des feux de la scène à l’abat jour d’une table d’écriture n’est point chose aisée. Même si l’on se dit que les comédiens sont les plus à même de bien écrire sur le théâtre voire même des pièces de théâtre, que les…cuisiniers par exemple. Rien n’est plus faux. Ecrire relève de la magie, de l’esbroufe, de la technique aussi et pour revenir aux cuisiniers, les meilleurs sont souvent des artistes et l’Art…

 

« La trilogie des cœurs plastiques » est un beau texte, une vraie pièce de théâtre, la première écrite par Frédéric Schulz Richard, comédien qui connaît la chanson du théâtre pour l’avoir interprétée avec talent et qu’il nous restitue en la circonstance avec une écriture en abîme où le vrai le dispute au faux à tous moments, avec questions dramatiques, résolutions de conflits et autre climax final, pour nous conter une énième histoire d’amour impossible, amour difficile qu’ils sont quatre à jouer sur la scène du Moulin de Goult, sous la direction savoureuse et tout en finesse de Petra.

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« Avé l’assent » (1), par Marius Gottin

Le Lubéron Sud


Le Luberon est l’une des quatre montagnes sacrées de l’arrière pays d’Avignon ; le Mont Ventoux en est la plus haute, j’ai oublié le nom des deux autres mais je sais que le Luberon étend entre Forcalquier et Cavaillon ses 100 kms de montagnes bleues, comme un lézard et que c’est bien parce que les parisiens n’arrivaient pas à prononcer correctement le « e » neutre de Luberon qu’ils ont à un moment de leur fréquentation rapprochée de la région, eu l’idée d’écrire « Lubéron ».

Le Luberon peut s’enorgueillir de ses cigales, de son vin rosé, de ses maisons de pierre, de ses ocres et de ses poteries qui donnent de délicates petites choses sur le marché d’Apt le samedi matin et puis quelque part vers l’aube de l’été, entre Gargas, Viens, Saignon, Bonnieux, le moulin de Goult, Roussillon pour sa seizième édition, Les Soirées d’été en Luberon.

Imaginez vous tout d’abord un couple qui s’aime d’amour tendre autant qu’ils aiment les mots de…René Char par exemple, cela se passe bien avant la célébration du centenaire de sa naissance, qui a une telle envie de donner à entendre sa poésie, à découvrir son monde qu’ils, lui c’est un fou furieux de théâtre, Michel Richard, elle plus douce mais tout aussi obstinée qu’elle est articulée dans sa démarche, Petra Schulz, décident de créer une manifestation qui fait qu’en 1992, le Théâtre Légendes à venir propose les soirées de Gargas.

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Un numéro d’ »Esprit » sur les Antilles

février 2007

Antilles : la République ignorée

Lire le sommaire détaillé de la revue

 

par Selim Lander

Le numéro de la revue Esprit de février 2007 consacre un dossier aux Antillais de France et d’outre-mer. Le titre : « Antilles : la République ignorée » est trompeur. On pourrait croire en effet que le dossier apporte des informations sur la manière dont le droit de la République est trop souvent bafoué aux Antilles, sur le paternalisme gouvernemental, sur les consignes passées aux préfets pour qu’ils ferment les yeux sur les pratiques des édiles locaux, sans parler de ce privilège hérité de l’époque coloniale qui fait que tous les fonctionnaires en poste dans les « DOM-TOM », donc en particulier aux Antilles, sont rémunérés davantage, pour un même travail, que leurs homologues métropolitains. Il n’en est rien. La plupart des contributions insistent plutôt sur les discriminations « négatives » dont les Antillais sont les victimes, à l’origine des revendications mémorielles qui se sont faites jour récemment et auxquelles a voulu rendre justice la loi du 21 mai 2001, dite loi Taubira, qualifiant l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’humanité.

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L’aventure ambiguë d’une certaine Créolité

— par  Rafael Lucas —

« La boulimie de reconnaissance littéraire a transformé les majors créoles en apprentis sorciers, ou en apprentis quimboiseurs. Et c’est dommage. On peut regretter que les réels talents littéraires des écrivains créolistes aient été pervertis par les liaisons dangereuses avec l’idéologie. »


Le mouvement de la Créolité, popularisé en France métropolitaine par un manifeste de trois auteurs martiniquais publié en 1989 (Éloge de la Créolité) (1) et par un large succès éditorial, prétend redéfinir l’identité créole et codifier une nouvelle démarche littéraire. Or, qu’il s’agisse du contenu du manifeste ou de la stratégie pratiquée, il est facile d’observer chez les défenseurs de ce courant un ensemble confus de contradictions et de simplifications, qui est dû à au moins trois facteurs : l’obsession de la reconnaissance littéraire de la métropole française dont ils dénoncent la politique d’assimilation coloniale, l’attitude totalitaire parfaitement visible derrière le discours culturel, et une manipulation hâtive du concept de métissage, phénomène dont les Antilles représenteraient le modèle idéal… Notre propos ici n’est pas de mettre en question l’énorme travail de création et de novation de ce mouvement, mais de montrer comment la créativité des écrivains et l’élaboration de leurs œuvres ont été perverties par les diktats idéologiques et par un certain galimatias, ou « manger-cochon », théorique.

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érotisme et engagement

par Manuel NORVAT

 

L’extase de Sainte-Thérèse, Le Bernin

Quels rapports se tissent dans la littérature caribéenne entre écriture militante et écriture érotique ? Autrement dit, quelles relations s’établissent dans cet espace de création entre désir et engagement ? Lorsque Suzanne Césaire parle de « littérature de pâmoison » dans Tropiques contre les productions littéraires doudouistes à la Daniel Thaly (« Je suis né dans une île amoureuse du vent où l’air à des odeurs de sucre et de vanille…) nous sommes hélas en présence d’un certain manichéisme faisant fit que la dite « littérature de  pâmoison » a participé à sa manière à un inventaire du réel, en l’occurrence antillais. Mais l’on pourrait insister aussi sur cette mise à distance quasi dédaigneuse de la pâmoison (métonymie du désir pour l’occasion) de la part de nombreux écrivains dits engagés — non pas au sens créole du terme lié à un pacte avec l’univers diabolique, mais pleinement dans l’acception politique du terme. La question se pose donc de savoir s’il faut brûler « la littérature de pâmoison » au bénéfice des révolutions ?

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« L’homme a remplacé Dieu comme facteur d’apocalypse »

— Par Aline Kiner —

Egypte ancienne, Mésopotamie, Proche-Orient, Asie…, la plupart des civilisations ont imaginé la fin des temps. Une vision qui évolue selon les lieux et les époques.
source : Sciences et Avenir le 01/01/2007 auteur :


fin_du_mondeLes Mayas avaient prédit la fin de leur civilisation. Sait-on depuis quand l’homme se pose la question de la fin des temps ?
Il est fort probable, mais pas certain, en l’absence d’écriture, qu’il y a quelques dizaines ou centaines de milliers d’années, l’homme ne devait pas se poser en priorité la question de la fin « des » temps. Il se posait plutôt la question de « son » temps. Le concept de fin des temps exige une réflexion collective sur un phénomène universel. Dans des civilisations où l’homme était mille ou dix mille fois plus rare qu’aujourd’hui (quelques dizaines de milliers en France), on voit mal comment cette réflexion aurait émergé. Seule quasi-certitude : les inhumations intentionnelles ont commencé il y a environ 100 000 ans(lire les Repères p. 54) .Si l’homme enterrait ses proches dans une position particulière, accompagnés d’objets précieux en ivoire puis en métal, de parures de coquillages, de pigments ocrés, etc.

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Serge Hélénon : une esthétique de l’inesthétique

— par Gerry L’Etang —

 

 Dans le beau livre, Hélénon Lieux de peinture, que nous offre Dominique Berthet, il est donné à voir une tendance essentielle de la démarche artistique de Serge Hélénon : une quête du beau à partir du dérisoire, une esthétique de l’inesthétique.

A partir de matériaux de récupération apparemment hétéroclites et improbables, Serge Hélénon s’attache à produire de l’harmonie, de l’émotion. D’abord en les associant, en les combinant, ensuite en les peignant.

Les éléments a partir desquels sont réalisés les assemblages : bois-caisse, clous, bouts de tissus, couvercles de boîtes de fer-blanc ou d’aluminium, poignées rouillées, etc., ne sont hétéroclites qu’en apparence. Car il y a un trait sémantique commun à tous ces objets : ce sont des éléments périphériques, généralement des contenants.

Ces œuvres trouvent leur modèle, leur référent, dans la construction bidonvillaire, d’où le concept “ d’expression-bidonville ” créé par l’artiste. La construction bidonvillaire est inspirée par la nécessité et par l’urgence, celle de se loger, de se construire un abri afin de résister aux intempéries, et aussi permettre la réunion, la survie de la famille, du foyer.

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« Histoire pour toi » d’Arlette Rosa-Lameynardie

par Pierre PINALIE —

Embarquement pour Cythère


« Histoire pour toi » d’Arlette Rosa-Lameynardie (Hatier – Monde Noir)


Il est très étonnant que ce livre, publié en 2002, n’ait pas vraiment bénéficié d’un accueil très positif dans le monde de la créolité. Et pourtant, l’ouvrage écrit par une judéo-droit-de-l’Hommiste est profondément créole, tant dans l’esprit que dans la forme. L’auteur qui est, en effet, ancrée sur la terre martiniquaise depuis 45 ans, ne semble pas penser à partir d’autres racines, et baigne au contraire dans le monde du conte vers lequel glisse en permanence le scénario qu’elle développe dans un style clair et simple à la manière de Marguerite Duras.

Le réel et le conte

Le héros de l’histoire est un petit garçon qui porte le nom très local de « Ti Boug », et ce n’est qu’une introduction à une belle onomastique traditionnelle, alors qu’on a sombré aujourd’hui dans une anglo-américanisation des prénoms. Il est préférable, par ailleurs, de connaître l’âme et les réactions d’un enfant pour accompagner le petit personnage dans ses actes, ses rêves et ses réactions.

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Moi, Corps…

 

La vie nous l’impose quotidiennement puisque c’est en lui et par lui que nous sentons, désirons, agissons, exprimons, créons. Bien plus, toute autre réalisation vivante ne s’offre à nous que dans les formes concrètes et singulières d’un corps mobile, attrayant ou non, rassurant ou menaçant. Vivre en ce sens n’est pour chacun d’entre nous qu’assumer la condition charnelle d’un organisme dont les structures, les fonctions et les pouvoirs nous donnent accès au monde, nous ouvrent à la présence corporelle d’autrui.

Michel Bernard, Le corps, éditions du Seuil, Paris 1972, introduction, p.7
Isabelle de Maison Rouge, Mythologies personnelles, l’Art contemporain et l’intime, Editions Scala

 


Le corps à la première personne

Le corps féminin, objet du désir masculin, devient pour les femmes artistes objet d’attention et de réflexion. Elles s’interrogent sur leur identité culturelle, sexuelle, sociale ; elles doivent se positionner par rapport aux artistes masculins d’où le double questionnement de femme et d’artiste.

Trois générations de femmes se succèdent dans un travail sur la nature féminine. La première génération inaugure un travail plus violent sur le corps désexualisé et personnel au point de procéder parfois à des automutilations ou à des mises en scène de leur corps souffrant.

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« Madin’Voices »

CONCERT DE MUSIQUE SACREE


Œuvres Sacrées de Pergolèse, Mozart, Vivaldi, César Franck, Palestrina, Grandados
Par l’ensemble « Madin’Voices »


Samedi 30 avril 2005 à la Chapelle du Centre Emma Ventura.

En « avant première » de manifestations à venir dans le cadre d’un partenariat avec le C.H.U. LA Meynard.

Etonnant voyage que celui auquel invite la chapelle du Centre Emma Ventura dans son décor simple d’encens, pétri de cœur et d’espérance. C’est une «alcôve » offerte à une musique sacrée volontairement sacrifiée sur la paroi christique, pour que seule l’harmonie nous revienne en thème musical onirique. Son iconographie est pieuse et sensuelle à la fois. On traverse avec une grâce fragile un univers poignant ou le déterminisme religieux n’altère en rien les rythmes, les mouvements, les circulations d’une écriture vocale éclairée par le haut. Au contraire cette idée sacerdotale crée le besoin d’une attention particulière, une concentration maximale, pour que passe l’éloquence d’une musique souveraine, épanouie, en quasi lévitation. Il y a de l’amour là-dessous.

Du Réis Glorius » de Guiraud de Bornehl, aux « Stabat mater » de Pergolèse et Vivaldi.

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Propos sobres sur une supposée « nouvelle économie » du psychisme et de la sexualité

 

— par Pierre-Henri Castel —

(version de travail d’un article publié dans Comprendre (2004) n°6)

            J’aborderai le thème de ce colloque avec un mélange de perplexités et d’inquiétudes qui risquent de prendre ici plus de poids que son objet lui-même : la sexualité. Il ne me semble pas, en effet, que la sexualité puisse devenir un problème, y compris en psychanalyse, sans que deviennent en même temps problématiques les données scientifiques, les concepts, les arguments, les stratégies rhétoriques, les idéologies, les usages politiques et sociaux des notions savantes ou informelles qui isolent la « sexualité » comme telle. La sophistication des discours qu’on tient dessus n’y change rien ; c’est comme imaginer qu’avant qu’on l’examine sous le microscope, telle cellule s’était développée naturellement sur une lame de verre, en baignant par miracle dans le bon colorant.

Il en va de même avec l’approche clinique en psychanalyse.

            Or ces dernières années, d’importants représentants de la communauté analytique ont multiplié les déclarations sur la question sexuelle, surtout réactionnaires, mais pas toujours (je dirai plus loin pourquoi je ne suis pas plus convaincu par le foucaldo-lacanisme qui campe la position symétrique et inverse).

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« Tristissimes » : Chorégraphie tonique de corps et de mots

 —Par Marius Gottin —

Je vais au théâtre. Cela implique que j‘accepte de réintégrer provisoirement le tumulte et le tracas, fussent ils atténués en ce début de soirée, de la Ville. Mais là je ne suis pas vraiment en ville mais dans sa périphérie proche, à Bellevue. Une scène m’attend que je découvre au bout de tentures noires qu’éclaire la lampe bizarre que l’on m’a remise à l’entrée, avec conditions d’utilisation et tout…
De la sciure de bois, deux femmes immobiles vêtues de noir assise, agenouillée, une manière de tombolo au milieu de tout cela et « Quelques histoires d’amour très très tristes » du cubain Ulises Cala, la dernière création du Théâtre Si, s’anime…
Deux heures plus tard, on en sort baffé, pris à la gorge et aux yeux et au coeur par cette débauche de mots et de gestuelle où tournent devant nous, dans une sommation sans équivoque, Dieu omniprésent,(bizarrerie à mes yeux de ce Cuba de la fin du siècle dernier mais n’est ce pas une des étrangetés, et de l’auteur et du metteur en scène, deux rebelles ?)

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« Tristissimes » de Ulises CALA : « Irritissimes »

—Par Roland Sabra —

Mise en scène de Yoshvani Médina

Ulises Cala est un dramaturge des mélanges. Dans sa dernière pièce, mise en scène par Yoshvani Medina, traduite par Pierre Pinalie sous l’intitulé « Quelques histoires d’amour très très tristes » ou « Tristissimes », c’est comme on veut, il fait montre d’un talent pour re-visiter de façon iconoclaste quelques uns des mythes fondateurs de l’Occident, qu’il s’agisse de l’épopée troyenne, des fables bibliques ou des contes de belles endormies au fond des bois, et il le fait en choisissant comme méthode d’exposition la structure du théâtre Nô dans laquelle les pièces sont classées en cinq groupes. Le premier , Waki Nô, est celui consacré aux dieux et aux rapports compliqués qu’ils entretiennent avec les hommes, ici une femme implore le retour à la vie de son amant. Le second, Shura Mono, évoque les fantômes de grands guerriers morts durant la bataille et qui sont en enfer. Presque toujours ils appartiennent au camp des vaincus. Andromaque peut-elle tomber en amour devant celui qu’elle a vu assassiner Hector? Le troisième, Katsura Mono, est le plus prisé il y est question de très belles femmes.

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Monique Mirabel : à corps et en corps

Les saisons de la vie

Les saisons de la vie Les poètes, les écrivains ont su magnifier les différents cycles de la vie. Mais comment les artistes plasticiens ont-ils pu les représenter ou les évoquer ? Ghirlandaio, dans son tableau Portrait d’un vieillard et d’un jeune homme, montre la jeunesse et la vieillesse. Rembrandt, lui, ponctue chaque moment essentiel de sa vie par des autoportraits et nous voyons dérouler, sous nos yeux, les changements effectués par le temps.

Gauguin nous donne une réponse au problème de la destinée en montrant côte à côte les différents âges de la vie, de l’enfant à la vieille femme dans D’où venons nous ? Que sommes nous ? Où allons nous ?

  • Cependant, Picasso, vieillissant, affrontant cet état nouveau, se représente soit dans des scènes burlesques et ironiques entouré de modèles – scènes déjà visibles dans ses dessins de jeunesse – soit accentuant ses défauts physiques. Bien différente est l’attitude d’Opalka qui, à chaque toile, joint une photographie témoignant de son vieillissement progressif, ainsi qu’un enregistrement de sa voix énumérant les chiffres qu’il peint.

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Rapport d’information sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides aux Antilles

pesticides

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N° 2430

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

DOUZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 30 juin 2005.

RAPPORT D’INFORMATION

DÉPOSÉ

en application de l’article 145 du Règlement

PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TERRITOIRE

sur l’utilisation du chlordécone et des autres pesticides dans l’agriculture martiniquaise et guadeloupéenne,

ET PRÉSENTÉ

PAR M. Joël BEAUGENDRE,

Rapporteur

en conclusion des travaux d’une mission d’information présidée par

PAR M. Philippe Edmond-Mariette,

et composée en outre de

MM. Jacques Le Guen, Louis-Joseph Manscour,

François Sauvadet, Jean-Sébastien Vialatte,

Députés.

INTRODUCTION 9

PREMIÈRE PARTIE : UTILISÉ ENTRE 1981 ET 1993, LE CHLORDÉCONE NE POURRAIT PLUS ÊTRE HOMOLOGUÉ AUJOURD’HUI 15

I.- UN ORGANOCHLORÉ UTILISÉ AU DÉBUT DES ANNÉES 1980 AFIN DE FAIRE FACE À DES CONDITIONS CLIMATIQUES EXCEPTIONNELLES 15

A.- LA LÉGISLATION ENTOURANT L’UTILISATION DES PESTICIDES DATE, DANS SES PRINCIPES ESSENTIELS, DE PLUS DE CINQUANTE ANS 15

1. La définition des pesticides 15

2. Le cadre juridique en vigueur lors de l’homologation du chlordécone : un cadre exclusivement national et reposant sur des principes datant de 1943 16

B.- L’HOMOLOGATION DU CURLONE 19

1. Un

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Le chlordécone aux Antilles Françaises

 

 

Aux Antilles, l’utilisation du chlordécone, pesticide organochloré, a été interdite en septembre 1993, en raison des risques potentiels qu’il présentait pour la santé humaine. Cet insecticide organochloré, que l’on pourrait qualifier de pesticide de « première génération » puisque sa synthèse remonte au début des années 1950, fut d’abord produit aux Etats-Unis, avant d’être homologué en France au début des années 1980, pour lutter contre le charançon du bananier.

Compte tenu de sa rémanence dans l’environnement, les autorités administratives de Guadeloupe et de Martinique, en application du principe de précaution, ont pris différentes mesures, depuis plusieurs années, afin de limiter l’exposition des personnes. Ceci s’est traduit par la mise en œuvre de plans d’actions visant la protection des ressources en eaux, la surveillance de la teneur en résidus des aliments, l’élimination des derniers stocks de pesticides non utilisés et l’évolution rapide des pratiques agricoles. Par ailleurs, en 2003, dans les deux départements, la réalisation d’analyses de sols préalables à la plantation de cultures vivrières a été imposée par arrêté préfectoral.

Afin de compléter ces mesures, le Gouvernement a demandé à l’AFSSA d’évaluer le risque de l’exposition alimentaire de la population antillaise au chlordécone et de proposer des limites maximales de résidus pour les aliments les plus contaminés.

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Femmes, je vous aime. A propos de Kanel Brosi et Brigitte Lamure

— Par Pierre Pinalie —
kanel_brosi_sculpturesC’est une profonde émotion que d’entrer dans la très belle et très lumineuse Galerie « Arts Pluriels », et d’y serpenter entre les saisissantes pièces réalisées par Kanel Brosi et Brigitte Lamure. Et c’est vrai qu’il est surprenant d’admirer, dans une permanente tension érotique, la ronde quasiment ininterrompue des formes joliment dessinées et des chairs élégamment façonnées des corps féminins, par deux femmes artistes. Dans les bois et les couleurs, à travers les protubérances et les cavités, c’est effectivement la femme qui est chantée, représentée et encensée par les mains magiques des deux sculptrices qui ont su, en récupérant de belles matières nobles comme le bois et en y ajoutant des pigments, nous offrir des symboles de beauté dans un émouvant ballet de statuettes, qui semblent danser dans le brun et l’amarante, dans le noir et dans l’incarnat.

Sources de Vie
Qu’elles soient dressées ou allongées, tendues ou offertes, les créatures qui se présentent à nos yeux comme elles tournoient dans nos phantasmes, nous offrent toutes les courbes enchanteresses dans les positions les plus voluptueusement variées.

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