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La réponse du berger à la bergère : un congrès qui fait pschitt !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il est un comportement des partis politiques martiniquais dits indépendantistes, autonomistes, bref évolutionnistes, qui n’a pas changé depuis que la question institutionnelle se pose concrètement. Bien entendu, cette attitude est venue s’ajouter à la pratique électoraliste traditionnelle qui a toujours consisté à mettre son drapeau dans sa poche chaque fois que s’annonçait une élection de maire, de conseiller général ou de député. Cette liberté prise à l’égard de supposés convictions a permis à leurs auteurs de se faire élire et de conserver leurs mandats, pour certains pendant près d’un demi-siècle.

Par commodité de l’analyse, fixons le début de cette période d’appel à la responsabilité à 2003, année de la première consultation populaire. Le PPM avait décrit celle-ci comme une entourloupe ; c’est le mot qui semble le mieux traduire l’expression utilisée alors par le secrétaire général du PPM, Camille Darsières : « Chatt-en-sac ». En effet, pour le PPM la consultation avait un défaut originel : elle avait été initiée par Alfred Marie-Jeanne. Au lieu de sauter sur l’occasion de ce petit bout d’autonomie et se débarrasser du moratoire, l’important avait surtout été de ne pas offrir un cadeau politique à l’adversaire.

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Les cinq « républiques » de la Cinquième

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il est stupéfiant que lorsque Jean-Luc Mélenchon réclame une 6ème république, qu’aucun journaliste ne lui demande s’il prévoit de supprimer le vote du président de la République au suffrage universel, ce qui constitue la clé de voûte de la 5ème République. Or sans la suppression de ce mode d’élection, pourrait-on vraiment parler de changement de la constitution ?

Tandis que dans les démocraties comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis la règle fondamentale est la même depuis plusieurs siècles, celle-ci a changé en France à cinq reprises. La Vème République a supplanté la IIIème dans la longévité sans qu’on puisse parler pour autant de stabilité. Car depuis sa création, le monde politique n’a pas cessé d’y apporter des modifications et des ajouts dont certaines sont à ce point importantes qu’on pourrait presque parler de changements de la constitution.

La période de 1958 à 1962, n’était-ce pas en réalité une période de transition entre la IVème et la Vème République, comme l’avait été le gouvernement provisoire, en 1944 ? En effet, c’était celle de l’Homme providentiel qui termina la guerre d’Algérie et fit usage de l’article 16 de la constitution lui accordant des pouvoirs exorbitants.

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Un continuum de vraies-fausses incohérences

Par Yves-Léopold Monthieux

Le dernier épisode de dégradation de monuments aux morts, à la veille du 14 juillet 2023, me rappelle la contre-chronique parue ici à la suite de l’incendie criminelle de trois restaurants au Carbet et à Ste Luce : La main invisible du désordre, un mouvement désordonné et un mouvement ordonné.

Le mouvement désordonné qui affecte tour à tour en Martinique les activités commerciales, les symboles religieux, les monuments aux morts ou les radars routiers, s’accompagne donc d’un mouvement ordonné fait de moments et de gestes significatifs comme la suppression des items et de la sémantique (métropole, outre-mer et leurs variantes) rappelant la colonisation, la prééminence des signes de rupture institutionnelle sur les marques d’appartenance à l’ensemble français, les demandes de compétences accrues ou l’élection d’indépendantistes aux élections nationales.

Certes, face au mutisme kremlinesque des élus de la CTM et à l’indifférence glaciale de la population, il est possible de considérer comme absurde chacun de ces comportements, pris séparément. En effet, les équipées des activistes dans les supermarchés ont pu paraître contre-productives ; la destruction des statuts de l’impératrice Joséphine de Beauharnais et de Schoelcher, historiquement injustifiée ; l’incendie de restaurants, fermée à toute perspective positive ; l’adoption officielle du drapeau rouge-vert-noir ou de la langue créole, étrangère au vœu des Martiniquais ; la distinction de président de Martinique, contraire au statut de la Collectivité.

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Une colonie sans les mots pour le dire.

—Par Yves-Léopold Monthieux —

De l’art d’être Martiniquais à part entière et citoyen français à part entière dans une société de perroquets. Il en va ainsi de la pensée unique qui submerge la vie politique et intellectuelle martiniquaise. Il est aujourd’hui tendance, de bon aloi et de bonne convenance politique d’éviter tous les mots et expressions qui rappellent la réalité des territoires situés loin de l’Europe et rattachés, d’une manière ou d’une autre, à la France … et à l’Europe. Bref, la Martinique n’est pas la France. Sachant qu’à l’inverse, il est toujours de saison de sortir les armes de la continuité territoriale et du Français à part entière. Miracle, la Martinique est la France !

S’agissant de nos députés, indépendantistes, il semble désormais convenu, lorsqu’ils ne peuvent pas éviter le vocable outre-mer, de le faire par la formule : « qu’on dit » ou « qu’on appelle ». C’est ainsi qu’on entend de plus en plus dans la bouche de ceux de nos élus qui s’expriment, la formule département ou collectivité « qu’on dit d’outre-mer ». Ainsi donc, même si la Martinique est regardée comme une colonie, elle n’est, pour la doxa, l’outre-mer de personne ni la colonie d’aucun colonisateur.

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Le Rassemblement national, l’adversaire utile des « présidentiables »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Prévu par la constitution de 1958 modifiée, le mode de scrutin de l’élection présidentielle, – suffrage universel à 2 tours, le second réservé au 2 candidats arrivés en tête au premier – avait conduit à un faux two party system et au renforcement du président de la République. Reste qu’aucun président n’a jamais été élu au premier tour qui, en réalité, fait fonction de « primaire » pour le second. Le vainqueur n’en a pas moins toujours été, suivant la formule consacrée, le président de tous les Français.

Désormais, il est dénié au président, réputé comptable des seuls suffrages du premier tour, la possibilité de mettre en œuvre ses objectifs de campagne électorale. Ainsi donc, les 27% de voix obtenus au premier tour par Emmanuel Macron ne l’autoriseraient pas à prendre des décisions pour tous les Français. C’est aussi ce que semble corroborer, en creux, l’ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, qui affirme avec un cynisme confondant qu’avec les maigres sondages qui lui sont favorables, le président « contente son électorat ». Ainsi, au moment où le monde s’enflamme, la France retombe dans les jeux de la 4ème République avec la compréhension du fils du Père de la constitution.

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Le drapeau RVN des minorités nationalistes

— Par Yves-Léopold Monthieux  —

Ainsi donc, une décision essentielle appelée à s’inscrire dans l’histoire martiniquaise sera écrite par la volonté et le pouvoir d’un homme. Après qu’il aura eu le premier mot, le président de la collectivité aura le dernier mot : d’abord, « je suis pour le drapeau rouge-vert-noir », ensuite, « le président du conseil exécutif procédera librement au choix final ». Dès le départ, le président avait dit sa préférence, il a écrit la règle du jeu qui devra l’y conduire et prononcera la sanction finale. Dans plusieurs tribunes j’ai tenté de démontrer combien, en Martinique, le politique tient la main de l’historien. Le choix et le modus operandi du patron de la CTM en est la flagrante illustration.

Le drapeau n’intéresse pas les Martiniquais, dit-on. Il demeure que les Martiniquais l’auront, ce drapeau, avec l’expression de la conscience politique qu’il véhicule : la rupture institutionnelle. Ceux qui se battent pour ce drapeau ne sont pas des malades mentaux. Ils aiment certainement la Martinique autant que chacun d’entre nous. Or dans l’ordre de priorité des urgences martiniquaises, ils placent le drapeau et l’hymne nationaux au premier rang de leurs préoccupations, avant les soucis quotidiens des Martiniquais.

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Au temps de Pelé : c’était la belle époque du football martiniquais!

— Par Yves-Léopold Monthieux  —

L’ancien arbitre était parmi ces privilégiés qui avaient pu assister à la rencontre historique entre le Santos F.C et la sélection de la Martinique. Plusieurs points avaient retenu son attention, qu’il essaiera de restituer sommairement sur ce papier.

La visite de Pelé arrivait à un des moments les plus fastes du football martiniquais, les années 1960 – 1980, mais aussi les plus agités par les mouvements d’extrême-gauche, qui faisaient feu de tout bois. Je ne citerai pas tous les talents restés en Martinique alors qu’ils auraient pu faire carrière en France et en vivre. L’absence du championnat de la Martinique des Cayol, Lutbert, Eugénie et de bien d’autres ou d’Aurélia et Chomet qui ont longtemps brillé en sélection avant de rejoindre l’Hexagone, ne serait pas sans conséquence sur le niveau de nos clubs et la qualité du spectacle donné tous les week-ends. Un autre club brésilien d’excellent niveau, l’America Football Club, avait permis de mettre en évidence Laurent Eugénie, sans doute le plus grand gardien de but martiniquais qui, pour le coup, reçut la proposition de rejoindre le Brésil pour y faire carrière.

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Décembre 1959 : un incident de ville de garnison qui a dégénéré.

— Par Yves-Léopold Monthieux  —

« Décembre 1959, témoignage d’un lycéen », c’est le titre de l’opuscule que votre serviteur publiera prochainement. Il démontrera la légèreté de la relation qu’en font les historiens des faits et dénoncera l’instrumentalisation politique de ceux-ci. Présent lors du premier jet de pierres, vers 18 heures, sur la place de la Savane de Fort-de-France, il a quitté les lieux à 19 heures 30, montre en main, après qu’un caillou destiné à l’hôtel L’Impératrice est venu terminer sa course à ses pieds, au bas de la rue Lamartine.

Ainsi donc, les jours prochains on assistera à la resucée habituelle de la présentation révolutionnaire des évènements des 20, 21 et 22 décembre 1959. C’est vrai, une simple bagarre dont les appelés du contingent seraient à l’origine ne serait pas conforme à l’esprit du récit national né du « 22 mai 1848 », date redécouverte et reconfigurée par l’historien communiste Armand Nicolas. Aussi, l’un de ses disciples en mission est allé jusqu’à affirmer que les soldats se promenaient en civil sur la Savane, faisant fi des témoignages contenus dans son propre livre d’historien.

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Les élus martiniquais veulent faire peuple en zappant le peuple

— Par Yves-Léopold Monthieux  —

Le 16 juillet dernier(1) j’écrivais qu’ « au vu de la faiblesse des forces politiques, la décision du président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de Martinique (CTM) de réunir tout le monde sous son large manteau ne manque pas d’habileté ». Et de fait, à l’image de Kylian Mbappé pour le Paris-St Germain, le manteau du Président(2) est bien plus grand que celui de l’institution qu’il préside. Bien qu’il tienne la présidence d’une seule voix de majorité, le pouvoir politique est plus « grand » que l’institution elle-même. En raison des maigres performances électorales de la classe politique, « aucun élu, comme je l’écrivais encore, ne devrait, sans risquer de se tirer une balle dans le pied, bouder son invitation » à s’affronter à la question institutionnelle de la Martinique. Et de fait, dans un élan œcuménique sans précédent, une forte délégation d’élus s’est rendue sous la houlette du Président auprès de deux ministres français. Leur engouement n’a d’égales que les sarcasmes visant ces ministres au moment de leur installation, il y a moins de six mois.

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« Un BUMIDOM à l’envers » pour l’attractivité de la Martinique : farce ou projet ?

Par Yves-Léopold Monthieux 

Ingénieurs ou ouvriers, chercheurs ou main d’œuvre, que manque-t-il le plus à la Martinique ? C’est la question qu’on peut se poser après l’émission du 12 octobre 2022 sur Martinique-la-1ère à propos du chômage et de la difficulté de trouver en Martinique des travailleurs dont elle a besoin. Me revient en écho la confession que me faisait un vieil ami entrepreneur du BTP, il y a plus de 30 ans. Il m’indiquait déjà à cette date qu’avait disparu la vieille pratique selon laquelle chaque fois qu’il ouvrait un chantier en commune, des volontaires du coin se pressaient pour se faire embaucher. L’époque active des années 1970 – 1980 était déjà donc terminée, où les ouvriers du bâtiment manifestaient dans les rues de Fort-de-France pendant un ou deux jours dans l’année, parfois plus, alors que la Fête du Travail réunissait, la CGT et Victor Lamon en tête, des milliers de travailleurs martiniquais. Ils ne luttaient pas seulement contre le chômage mais aussi pour des augmentations de salaires.

Ainsi donc, il a été fait état une fois de plus de l’impossibilité pour les entreprises de recruter des ouvriers martiniquais à peu près dans tous les secteurs d’activité.

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Se dire de gauche, d’extrême-gauche et/ou nationaliste, quel délice !

Pitié pour les véritables hommes de gauche martiniquais ! S’il y en a, yo ra kon zé kochon.

Par Yves-Léopold Monthieux

Ce n’est pas en citant Césaire matin midi et soir, en évoquant Fanon urbi et orbi sans suivre ses préceptes, en invoquant les mânes de Mandela sans que ne s’exerce en Martinique la moindre once de mandélisme, qu’on peut, sans être convaincu de forfaiture, se dire un homme de progrès. Ce n’est pas non plus en se référant jusqu’à plus soif à un Congrès du Morne-Rouge qui a été l’un des plus grands bides du mouvement communiste martiniquais, qui s’était voulu anticolonialiste et qui s’est finalement installé dans un assimilationniste toujours insatisfait. Ce papier vient en commentaire de commentaires parus sur le sujet. On se contentera sans doute de dire que c’est « courageux » et de faire le dos rond. Mais son auteur est prêt à croiser le fer avec qui le veut, comme disait sur sa télé Michel Branchi, pour ce qui le concerne. Une seconde fois, je lui dis « chiche ! »

Un lecteur affirme qu’« Aimé Césaire a bien dénoncé un “génocide par substitution” mais à l’occasion d’un projet concernant la Guyane, qui finalement ne se fera pas ».

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Désintox : le fantasme du génocide par substitution.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ou sont passés tous ces Blancs qui ont été accusés de « génocider » le peuple martiniquais depuis plus d’un demi-siècle ? On ne les voit pas dans les statistiques, on ne les voit pas non plus dans des cimetières dédiés. Le phénomène est pourtant inscrit dans le marbre de la conscience martiniquaise. Ainsi, chaque fois qu’est abordée la question de la baisse de la population en Martinique, chacun, de Ti Sonson au député du coin, y va de son couplet sur le « génocide par substitution ». La locution d’Aimé Césaire la plus répétée depuis 40 ans. Pendant tout ce temps, l’expression magique a suffi pour barrer la route à toute réflexion intelligente sur la fuite de la jeunesse martiniquaise et des conditions à réaliser pour éviter l’exode. Ainsi, l’un des objectifs majeurs du président de la collectivité de Martinique est la mise en œuvre par … Létafransé d’un « BUMIDOM à l’envers ». Alors que la Martinique est en quête de pouvoirs nouveaux, ses élus attendent de l’Etat régalien que celui-ci lui refasse une image attractive.

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La lente agonie de la Martinique sous l’idée fixe d’autonomie est-elle réversible !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Quelle société résisterait à une politique dont l’objectif d’évolution institutionnelle a constitué l’alpha et l’oméga de tous les partis politiques qui ont détenu le pouvoir depuis 1983 ? D’autant plus que pendant ces 40 ans toutes les intelligences littéraires, artistiques, religieuses et médiatiques se sont alignées en quête d’un Graal auquel le peuple se refuse avec la même constance. L’échec ne les a jamais assagis, refusant avec obstination de tirer leçon de la volonté du peuple qu’ils ont entrepris de contourner par tous les subterfuges possibles. Pour le plus connu, le recours à des consultations populaires illisibles et ouvertes à toutes les interprétations.

La Martinique est très certainement la seule démocratie au monde où, pendant toute cette longue période, tous les partis politiques autonomistes ou indépendantistes, y compris groupusculaires, ont participé aux majorités de ses assemblées locales. Seuls des luttes de pouvoir ont conduit les principaux leaders de sembler se renier. Pour empêcher de se laisser piquer par Alfred Marie-Jeanne la mise en œuvre de tout début d’autonomie, le Parti progressiste martiniquais a levé le pied pendant de longues années, mais il n’a jamais tiré le frein à main.

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Le président Serge Letchimy reprend la main et prend date.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Lorsqu’à la fin des années 1990 l’incertitude planait sur l’avenir du PPM, le parti de Césaire détenait outre la ville de Fort-de-France qui comprend le quart de l’électorat martiniquais, le conseil régional, un sénateur, un député et trois autres municipalités, Le Robert, Le Carbet et Le Marin. Seule la personnalité hors normes d’Alfred Marie-Jeanne disputait au PPM la présidence du conseil régional, mais Chaben n’avait rien derrière, comme on dit chez nous. Les difficultés du parti étaient d’ordre interne, l’animosité entre deux hommes : le secrétaire général Camille Darsières et celui qui était alors au firmament des sondages, le président du conseil général Claude Lise. Dès lors, l’annonce de la déroute du PPM au départ de Césaire m’avait paru d’une grande légèreté. Et de fait, la suite allait faire bon marché des supputations et tout indique qu’en l’absence de Serge Letchimy, Claude Lise aurait été élu maire de Fort-de-France.

A nouveau, le faible score réalisé aux dernières élections législatives par les candidats soutenus par le PPM a été vu comme le présage de jours difficiles pour ce parti.

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« Les Métropolitains à la Martinique… » : réflexions d’avant-lire.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je viens d’ouvrir l’épais ouvrage co-écrit par Patrick Bruneteaux et Olivier Pulvar Les Métropolitains à la Martinique, une migration de confort. Dès la lecture du titre on peut se dire : tiens, voilà encore du grain à moudre pour les pointilleux de la sémantique révolutionnaire. On se serait attendu de la part d’universitaires à une approche décoloniale du titre. En effet, le mot métropolitain fait généralement bondir ceux que les grands esprits ont convaincus qu’il ne serait pas conforme à la réalité des rapports entre la France et la Martinique. Ainsi donc, cette dernière serait colonisée mais ne dépendrait pas d’une métropole ; c’est plutôt singulier. On a un colonisateur, il est la cible de nos critiques, on ne le lâche donc pas. Mais on refuse de s’encombrer du vocable « métropole » auquel il est corrélé et qui rappelle trop l’insupportable dépendance. Mais la lecture du livre devrait éclairer sur le choix sémantique des auteurs. C’est à se demander jusqu’où peut se nicher la fierté nationale martiniquaise.

Dès la page 9 de l’ouvrage, dans un « avertissement «  qui ne dépasse pas 40 lignes, plus de la moitié du texte est consacrée aux deux « marronniers » qui meublent de façon systématique le moindre essai écrit sur la Martinique : l’expression saisissante d’Aimé Césaire, génocide par substitution, et la fameuse Lettre de Pierre Messmer à son secrétaire d’Etat à l’Outre-Mer.

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C’est pourtant A.M.J. qui a mis fin au moratoire de Césaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Par sa forte personnalité et sa capacité de convaincre, au vu de la durée de son magistère et des moyens à sa disposition, Alfred Marie-Jeanne (AMJ) pouvait faire des grandes choses pour la Martinique. Parvenu au bout du chemin, cet homme de pouvoir sans partage ne transmet ni doctrine ni théorie et ne laisse ni successeur ni disciple ni, peut-être, un vrai parti politique. Je ne m’étendrai pas sur les méandres de son long parcours politique que j’ai résumé dans le livre Alfred Marie-Jeanne a bouclé sa révolution, sinon rappeler que son talent exceptionnel était d’abord au service de sa personne. Cependant les critiques négatives qui ont pu lui être faites sur son bilan politique doivent être relativisées.

Lorsqu’au début de la campagne des législatives de juin 1981, Aimé Césaire fit adopter par le PPM la suspension de la revendication autonomiste, le troisième grand moment de sa vie politique active après la départementalisation et sa démission du parti communiste, les deux seuls adversaires notoires de cette décision furent Guy Cabort-Masson et Alfred Marie-Jeanne. Le premier l’exprima dans sa « lettre à Aimé Césaire », le second par une tonitruante dénonciation qu’il formulera plus calmement à la mort de Nelson Mandela par une assertion, à mon avis discutable : « Mandela n’était pas un homme de moratoire ».

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L’inertie créatrice des nationalistes martiniquais.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Les nationalistes n’ayant pas eu la faveur du peuple, leur vieux slogan « élection piège à cons » s’était avéré inefficace, il a disparu. C’était aux temps de la démocratie triomphante où l’abstention aux élections était au plus bas. Aujourd’hui que les citoyens boudent les urnes, il est tentant pour les révolutionnaires d’y voir la réponse tardive à leurs vœux d’antan. C’est ce qui ressort de la production récente d’un militant nationaliste martiniquais.

Ainsi, par ces temps difficiles de la démocratie, l’abstention galopante leur apparaît comme une aubaine qu’il suffit pour s’en approprier de la déclarer « méritoire », militante, nationaliste, révolutionnaire, bref, vertueuse : des bons mots qui ne mangent pas de pain. Ils regrettent simplement que l’abstention-aubaine ne soit pas plus grande encore, faute pour les ennemis de la révolution que sont les « grands médias [de donner] la parole aux forces appelant à ne pas voter ». La bataille devrait donc se poursuivre en dormant par des révolutionnaires qui peuvent ainsi s’économiser un « maquis dans les Pitons du Carbet », comme le suggère un rebelle du nationalisme martiniquais.

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La déconstruction du citoyen martiniquais a conduit la Martinique dans l’impasse.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

On est tous inquiets de l’avenir économique, celui de notre jeunesse, celui de la Martinique dans la France et dans son environnement. Beaucoup de questions peu de réponses : c’est l’impasse. Les contradictions permanentes selon lesquelles les autonomistes ne veulent pas de l’autonomie, les indépendantistes ne sont pas pour l’indépendance, les députés refusent d’être ministres, les antiassimilationnistes proclamés se révèlent être de parfaits assimilationnistes -, ont eu pour résultat la déconstruction du citoyen martiniquais. Aucun élu ne veut se dire Français mais tous veulent voter la loi française et parfois la dicter : pléthore de candidats pour un électorat qui s’est auto-asséché. Ainsi depuis 1981, en 40 années d’ouverture de la part de l’Etat et de mandatures parlementaires, les mots « autonomie » et « indépendance » n’ont pas été prononcés une seule fois dans les palais nationaux.

Par ailleurs, depuis le moratoire le principal parti autonomiste a voté à deux reprises contre l’augmentation des compétences. A force, ces paradoxes ont anesthésié la volonté populaire et formé les électeurs à désigner des élus qui portent des discours totalement opposés à leurs comportements d’élus.

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Martinique : la non-participation au gouvernement n’est pas une opinion, c’est un fait politique.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

«  Les renseignements que je possède sur l’état de l’armée sont tels que les événements risquent d’aller mal. Il faut vous préparer au pouvoir pour constituer un cabinet et faire la guerre « . Ainsi, dans le plus grand secret, alors qu’il était ambassadeur de France en Espagne, le maréchal Pétain se faisait convaincre par un sénateur français d’accepter de se porter à la direction du gouvernement. Devant ses hésitations, le parlementaire assura le vieil homme qu’il pourrait lui préparer un ministère et lui suggéra quelques noms dont celui de Pierre Laval. Ce sénateur s’appelait Henry Lémery, il était martiniquais. Finalement, il fut nommé ministre des Colonies du premier gouvernement Pétain. Il fut le dernier martiniquais à occuper la fonction de ministre en France. On est en 1939 !

Par la suite, si de nombreux ministres d’origine africaine ont été nommés sous la 4ème République, certains d’entre eux y ayant fait leur apprentissage de chefs d’Etat, il n’en fut pas de même jusqu’à l’arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, pour les départements et territoires d’Outremer.

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Ce pouvoir d’achat qui nous éloigne des autres caribéens.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Alors que le pouvoir d’achat et le plus d’Etat envahissent les ondes et la campagne législative, je vous soumets une réflexion, non dénuée de dérision, parue le 16 janvier 2008 et intitulée : « Le vouloir d’achat peut rendre fou (Contrechroniques) ». Notons qu’en ce moment électoral où le populisme règne plus que jamais en maître, les mots autonomie et indépendance sont couverts d’un voile sémantique impénétrable verrouillé par les coups de menton en provenance, notamment, du bouillant parti communiste martiniquais. Mais pas que… Un jour « la responsabilité martiniquaise avance », huit jours plus tard, elle est « expressément exigée » … pour tout l’Outre-Mer français, comme pour se rappeler que l’idéal du défunt communisme avait eu vocation à être international. Le même langage utilisé post-mortem que celui du temps de la prospérité du PCM qui put diriger l’ex-conseil régional avec seulement trois élus.

Voilà donc, avant de conclure, ce vouloir d’achat qui peut rendre fou.

« L’un des principaux débats de ce début d’année est celui de la baisse du pouvoir d’achat.

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Selon Pap N’Diaye : racisme dans l’État et non racisme d’État en France.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La nomination de Pap N’Diaye comme ministre de l’Education ne devrait pas conduire à des réactions binaires sur la solidarité de couleur. Certes, un Noir à cette fonction est en soi un élément de fierté pour les Noirs. De même, eu égard l’importance du département ministériel concerné, la notoriété de chercheur sur « la condition noire » de son nouveau titulaire justifie que les Noirs attendent de lui des progrès dans leur rapport à la société. Mais le ministre noir n’est pas le ministre des Noirs, il est un ministre français chargé d’appliquer la politique du gouvernement même si sa sensibilité idéologique a été prise en considération pour sa nomination.

Il serait donc présomptueux de tenter de disserter sur les subtilités de la pensée de cet intellectuel de haut niveau et juger de la pertinence de sa promotion. Cependant, deux idées énoncées par N’Diaye me rappellent ma tribune du 29 novembre 2020 après la bavure policière dont avait été victime à Paris le martiniquais Michel Zécler. Suite à un débat télévisé tenu à propos de cet incident, j’écrivais : « Quand sur un plateau de télévision, le journaliste animateur déclare une demi-douzaine de fois qu’il ne comprend pas pourquoi Michel Zécler a été traité de la sorte par les policiers, que tout le monde, et sans doute le journaliste lui-même, tient la réponse au bout de la langue … et que personne ne répond : « parce qu’il est noir », je le regrette, ce silence est raciste ».

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Le monde de la sobriété approche, les règles de la société ne seront plus les mêmes.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Lorsque les inégalités sociales sont internes aux démocraties, elles conduisent à des exigences et des mouvements sociaux tels qu’ils pourraient, en France, faire un enfer du second quinquennat d’Emmanuel Macron. Alors que l’heure serait à l’effort et au renoncement, notre démocratie n’a cure de circonstances exceptionnelles. Le « pouvoir d’achat », le « toujours plus » et « le mieux-être » avant la pandémie du Covid 19 et ses suites, la situation économique précaire du pays et les incertitudes de la guerre en Ukraine. Les fluctuations de ces valeurs sont en occident ce que la gêne, la faim ou le risque de mourir sont dans les pays de l’Est, d’Afrique ou d’Amérique du Sud : un sujet de troubles, voire d’émeutes. C’est peu dire que dans leur quête, l’instituteur français, le soignant, l’ouvrier ou même le tributaire de l’assistance publique sont loin de se préoccuper de leurs collègues, parfois cent fois plus malheureux, de l’Inde ou de Chine, de Dominique ou d’Haïti. C’est l’illustration de l’égoïsme des peuples : le toujours plus chez soi avant la solidarité avec l’autre.

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Quand les égoïsmes s’additionnent

— Par Marie-Laurence Delor —

Les électeurs de l’hexagone avaient tout autant de griefs contre le Président-candidat MACRON que les Guadeloupéens, les Guyanais et les Martiniquais. La fréquence, la multiplicité et l’intensité de la contestation sociale pendant toute la mandature (1), de même le taux élevé d’abstention (2) et de bulletins blancs (3)aussi bien que le score au premier tour de Marine Le PEN et de Jean-Luc MELENCHON (4) en attestent. Il n’empêche que ceux qui se sont rendu aux urnes ont voulu lui donner une avance nette face à Madame Le PEN : 58,55% contre 41,45% (source : Ministère de l’intérieur). Les français de l’hexagone refusaient ainsi le risque du « nationalisme identitaire ». Nous désignons ainsi toute mouvance fondée sur une vision ethnique, « racialiste » ou « ethno-différencialiste »de l’engagement politique.

Les antillais et les guyanais ont préféré placé très largement en tête la leader du Rassemblement National (RN) : 69,60% en Guadeloupe, 60,70% en Guyane et 60,87% en Martinique (source : Ministère de l’intérieur). C’est un choix politique lourd de sens…Et voilà le chœur des bien-pensants, intellectuels de cabinet, personnalités hors-sol et politiciens de carrières ‘ingéniant à le banaliser : il s’agirait d’un vote sanction, de l’expression d’une exaspération et rien d’autre affirment-ils en ressortant les sempiternels arguments du chlordécone, du Covid 19 et de la vie chère censés tout expliquer et tout justifier sur fond de victimisation (le traumatisme de la traite négrière et de l’esclavage).

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La boucle du « Le Pen déwò » est-elle bouclée ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Plusieurs manifestations avaient été prévues pour perturber le séjour de Jean-Marie Le Pen en Martinique au cours de l’année précédant l’élection présidentielle de 1988. Le comité d’accueil de l’intéressé à l’aéroport du Lamentin avait pour objectif un remake de l’accueil réservé, une dizaine d’années plus tôt, à Paul Dijoud, secrétaire d’Etat de l’Outre-Mer par les fonctionnaires : l’empêcher de rejoindre son hôtel par la route. La perspective de la possible suppression des 40% des fonctionnaires avait fait grand bruit et suffi à mobiliser bien au-delà des syndicats, de sorte que l’ampleur de la manifestation avait obligé le ministre à rejoindre par hélicoptère la résidence préfectorale. En ce qui concerne Jean-Marie Le Pen, il n’avait pas été question, sauf quelques initiatives isolées et marginales, d’empêcher l’avion d’atterrir. Mais les choses se sont produites presque naturellement.

En l’absence de service d’ordre adéquat, les manifestants ont traversé comme dans du beurre la ligne de contrôle des passagers. Des militants connus en témoignent encore aujourd’hui : ce n’était pas l’attaque du Moncada. Entourés de la foule dense des accompagnateurs des passagers arrivant et partant, enfants compris, les manifestants se sont retrouvés sans vraiment sans rendre compte sur le tarmac qui était devenu inapte à l’atterrissage de l’avion.

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L’assimilationnisme d’extrême-gauche : nouvelle réalité ou révélation ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi apparaît pour la première fois sous la plume de Raphaël Confiant, du moins à ma connaissance, l’expression d’un assimilationnisme d’extrême-gauche naissant en Martinique. Depuis l’avènement du statut départemental d’outre-mer, l’histoire politique martiniquaise est celle de l’opposition supposée entre les assimilationnistes de droite et de gauche dans un assimilationnisme global assumé par tous. En effet, les oppositions sont de méthodes, de visées électorales et ne concernent jamais la remise en question de l’assimilation.

La lutte pour le pouvoir n’a pas occulté l’ambition commune même si le vocable « assimilation » a été accolé à la droite. Utilisée comme pour se défaire d’une tare supposée, l’expression « droite assimilationniste » est amusante dans la bouche des communistes qui ont inspiré la loi d’assimilation de 1946 puis l’ont ardemment défendue avec l’aide de la courroie de transmission du parti, le syndicat CGT. Fer de lance de l’application à la Martinique des lois sociales et aiguillon de la droite, l’objectif était de faire en sorte que la Martinique soit le plus possible un « département à part entière », souci partagé par Césaire lui-même, qui l’a formellement exprimé et traduit en plusieurs actes dont le moratoire.

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