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Une nuit d’été avec Mozart

— Par Michèle Bigot—

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L’Orchestre Régional d’Avignon Provence nous a invité à partager avec lui la douceur d’une nuit d’été dans un des plus beaux villages de la Provence, Buis les Baronnies, hier soir samedi 28 juin.
Et ce fut un enchantement de retrouver pour ce programme Mozart une formation parfaitement adaptée. Le chef Samuel Jean, lui-même pianiste, Premier Chef Invité de l’Orchestre Régional Avignon-Provence, qui dirige régulièrement, entre autres, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et l’Orchestre National d’Île-de-France a eu l’idée lumineuse de créer une tension en préparant ce sommet par l’ouverture de Don Giovanni, dont on sait ce qu’elle recèle de mouvements passionnés. Lui-même, dynamique et précis, non moins pédagogue que soutien sans faille de sa formation, a su communiquer sa conviction à son orchestre.

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« Macbeth » de William Shakespeare,

— Par Michèle Bigot —

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Jusqu’au 13 juillet puis de nouveau à partir du 8 octobre 2014, mise en scène Ariane Mnouchkine, musique de Jean-Jacques Lemêtre, Théâtre du soleil, Cartoucherie de Vincennes

Le texte de Macbeth est joué dans la traduction d’Ariane Mnouchkine, coédité avec les Éditions théâtrales. Il s’agit donc non seulement d’une nouvelle traduction, mais d’une véritable relecture. ,Et pour fêter le cinquantenaire de la troupe du soleil, auront lieu, les 26, 27 et 28 septembre 2014 : trois représentations exceptionnelles du King Lear de Shakespeare, joué – seul en scène – par Wu-Hsing Kuo, acteur de Taïwan⋅
La tradition littéraire fait de Macbeth un drame où se mêlent les accents métaphysiques et la note poétique⋅
Certes la note tragique n’est pas perdue ; voici comment Hélène Cixous appréhende Macbeth (Ayaï ! Le cri de la littérature)) « Done, en anglais, le participe passé du verbe to do, faire, c’est fait⋅ C’est : c’est fait, c’est fini⋅ I am done, je suis fait⋅ Je suis cuit⋅ Foutu⋅J’en ai terminé⋅Done c’est le coup de glas, le tocsin mental de Macbeth⋅ What is done is done⋅ It cannot be undone⋅ Peut-on défaire ce qui est fait, peut-on dé-mourir, « désachever », dé-défaire ⋅ Non⋅Mais si⋅ La littérature peut refaire de la vie avec des cendres⋅ De la vie autre⋅ De la vie suivie, poursuivie⋅
L’inéluctable , inscrit dans la vie nourrit la veine de la tragédie, non moins que le deuil et toutes les pertes ; et pourtant, le tumulte de la vie, avec sa part de pragmatisme, d’ambitions, de désirs, sages ou débridés réclame ses droits dans cette lecture.

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« La Veuve et le lettré » de Zeng Jingping

— Par Michèle Bigot —

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Le théâtre de Liyuan, venu de Quanzhou, ville portuaire jadis décrite par Marco Polo, est un genre , vieux d’une tradition pluriséculaire. Il s’agit d’une forme théâtrale reposant sur des chants, des évolutions chorégraphiques et un récitatif qui déroule une histoire. Le spectateur occidental, habitué à marier théâtre et dialogue, est tout étonné devant cette quasi absence de répliques, et découvre, non sans stupeur qu’une intrigue peut être menée sans dialogue, reposant pour l’essentiel sur des monologues de personnages qui décrivent leur action et leurs sentiments tout en la mimant par des danses, une gestuelle et une évolution dans l’espace soulignée par la musique délicate du Nanyin.
Mêlant le code issu de cette tradition théâtrale et les innovations dignes de la création contemporaine, la troupe, brillamment menée par l’actrice vedette de Chine, Zeng Jingping réussit un véritable renouvellement du genre : miraculeusement épargné par le révolution culturelle, cet art ancestral revit dans un répertoire revisité et dans une forme sublimée par des lumières et une disposition scénique remarquables. L’auteur de cette Veuve et le lettré, Wang Renjie, considéré aujourd’hui comme l’un des auteurs du théâtre chanté (Xiqu) les plus en vue, écrit pour le style du Liyuna tout en lui apportant le souffle d’une modernité : il en modifie profondément la morale, retourne les idées reçues et se fait l’apôtre de l’émancipation féminine.

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« Frères de sang », création de la compagnie Dos à deux

 Artur Ribeiro , André Curti, Présence Pasteur, Avignon off, du 9 au 31 juillet

— Par Michèle Bigot—

 freres_de_sang-2Frères de sang est un spectacle théâtral total dans lequel la pantomime la danse, et plus largement la gestualité, accompagnées et rehaussées par le jeu des lumières, des mouvements des déplacements constituent un système de significations des plus denses.

Sans le secours d’aucune parole, les personnages installent peu à peu tout le jeu des relations complexes qui unissent et divisent les familles.

Toute la charge affective qui irrigue la fratrie, dans sa relation orageuse avec la mère est rendue sensible dans une série de scènes archétypiques de la vie familiale. Tout commence avec les retrouvailles des frères : le père vient de mourir, les frères se chargent de la toilette mortuaire.

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Hotel Paradiso, création collective de la troupe Familie Flöz

Théâtre du Chêne noir, Avignon, du 6 au 28 juillet

— Par Michèle Bigot —

hotel_paradisoFamilie Flôz est un collectif allemand de renommée internationale. Il présente ici une fantaisie burlesque sans paroles, reposant exclusivement sur un jeu de danses et de pantomimes masquées. L’ensemble est tout à fait réjouissant, témoignant d’une drôlerie mâtinée d’une bonne dose de noirceur (les masques des personnages sont tous emprunts de tristesse). Familie Flöz retrouve ici une tradition séculaire de farce pigmentée de macabre.
Sans le secours d’aucune parole, la construction dramatique repose un fil narratif manifeste :  la vie quotidienne telle qu’elle se déroule dans un hôtel familial, qu’on devine situé dans une quelconque station de vacances en montagne. Deux  générations se succèdent  à la direction de l’hôtel. Chacun investit le personnage correspondant à  son emploi avec justesse et drôlerie. Par son physique, son rythme propre,  sa gestuelle, chaque personnage  incarne un  type humain .

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« Le début de quelque chose », mise en scène de Myriam Marzouki

 D’après un texte de Hughes Jallon

— Par Michèle Bigot —

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L’intention est belle ; cette idée de touristes occidentaux isolés du monde dans un village de vacances pour CSP+, et n’ayant d’autre objectif que de tenir à distance le stress, la fatigue et les ennuis du monde moderne, pendant qu’à la porte de l’hôtel gronde la révolution a de quoi enchanter. Le soleil, la détente, le « lâcher-prise », et toute une organisation visant à vider les esprits et à laisser vivre les corps dans leur plus entière sensualité ; on sent bien que tout cela prête à une satire féroce des poncifs d’aujourd’hui qui préconisent le bonheur, quand l’heure est justement aux grandes inquiétudes, quand menace la panique et les bouleversements de l’ordre établi.

En somme, il y a de quoi refaire  La noce chez les petits bourgeois.

Alors pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas ? Il faut croire que la magie du théâtre (comme le bonheur) se manifeste surtout quand elle s’en va.

Le drame s’ouvre et se clôt sur une scène de chasse apocalyptique, rendue par une image vidéo d’ombres et de couleurs en furie, pendant qu’une voix off, soutenue par un son saturé suggère la poursuite et la mise à mort des bêtes sauvages, des hommes sauvages ?

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« Projet Luciole », Nicolas Truong, Chapelle des Pénitents blancs

 

—Par Michèle Bigot —-

projet_lucioleExpérimenté sous forme réduite en 2012 à Avignon, Projet Luciole revient cette année en grand format.

En 1975, Pier Paolo Pasolini écrit pour la presse italienne un texte dans lequel il dénonce la disparition des lucioles ; autant dire que pour lui, l’embrigadement de masse engendré par l’industrie culturelle et la télévision tue dans l’œuf toute lueur de contre-pouvoir ; un nouveau fascisme, pire que le précédent tue toute pensée. La grosse lumière du consensus télévisuel aveugle et paralyse la pensée. En cela il fait suite à W.Benjamin qui stigmatisait déjà cette forme irréversible de destruction.

A ces penseurs du pessimisme moderne, G. Didi-Huberman répond en 2009 (Survivance des lucioles) qu’on peut « organiser le pessimisme » et qu’il faut pour cela associer modernité et archaïsme, briser le consensus en fracturant le langage.

Et c’est à une telle entreprise que se livre Nicolas Truong dans sa création théâtrale, soulevé par un enthousiasme communicatif, une énergie de la pensée, qui font de son pessimisme la plus acérée des armes pour envisager l’avenir. La parole des philosophes d’aujourd’hui se mêle heureusement à celle des penseurs d’hier.

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Recension du roman de Yann Garvoz :Plantation Massa-Lanmaux

 

par Michèle Bigot*,

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Flagellation d’une femme esclave. Surinam. 1770

–Plantation Massa-Lanmaux est le premier roman d’un jeune écrivain qui ne manque pas de verve. La dimension romanesque de cet ouvrage le dispute à sa fibre poétique et à sa force réaliste.

L’originalité de l’ouvrage consiste avant tout dans le contexte qu’il met en place ; l’univers est celui d’une plantation dans une des îles de Guadeloupe à la veille de la révolution. Dans ce cadre propice à tous les débordements, vont s’affronter les idéologies progressiste et conservatrice autour des enjeux moraux et matériels spécifiques de l’exploitation des esclaves dans une économie de plantation. Chacun de ces courants de pensée est incarné par les deux protagonistes, père et fils, M de Massa et son fils Donatien. Celui-ci est le digne héritier du divin marquis dont il porte le prénom, épigone aussi ambigu que son maître, comme lui philosophe des lumières, anticlérical, athée, porteur des idées de progrès et comme lui porteur d’un érotisme associé à des actes impunis de violence et de cruauté (fustigations, tortures, meurtres, incestes, viols, etc.). Celui-là incarne une figure de maître débonnaire et hypocrite, surtout versé dans un scientisme mathématique (nouveau d’Alembert exploitant les données du calcul infinitésimal) qui fait bon ménage avec le clergé tant que celui-ci protège ses intérêts d’esclavagiste.

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« Plantation Massa-Lanmaux », de Yann Garvoz

par MAURICE MOURIER —

 3 mars  2011

 YANN GARVOZ, PLANTATION MASSA-LANMAUX Maurice Nadeau, 312 p., 24 €

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Au XVIIIe siècle, le jeune fils d’un planteur des « colonies », après des études en France qui l’ont mis au contact des idées philanthropiques des Lumières, rentre au pays. La plantation de canne à sucre de son père fonctionne, selon l’ancien système éprouvé, sur la soumission absolue des esclaves au maître. Imprégné d’utopie rousseauiste, Donatien, qui porte le prénom du Divin Marquis, va essayer de moderniser et d’humaniser le domaine. Ce livre étrange, aux deux tiers réussi, raconte son échec.

Voyons d’abord les éléments de la réussite littéraire, qui est souvent très notable. S’agissant d’un texte et non d’une étude historico- sociologique, cette réussite repose, comme il fallait s’y attendre, sur le style. Yann Garvoz, qui est clairement perfectionniste, s’est proposé une gageure : travailler la pâte verbale, abondante et riche, de son livre, en imitant, transposant, pastichant à la fois l’oeuvre sadienne et la prose précise de l’Encyclopédie, de La Nouvelle Héloïse ou (parfois) de Bernardin de Saint- Pierre. Mais cela n’est rien.

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Ne croyez pas que je ne l’aime pas cet enfant

17, 18, 19, 20 mais 2017 au T.A.C. 19h 30

Textes : Joël Pommerat, Thomas Vinterberg, Mogens Rukov
Adaptation et Mise en scène : Guillaume Malasné
Adaptation et Assistance à la mise en scène : Caroline Savard
Lumière : Viviane Vermignon
Décor : Dominique Guesdon

L’Autre Bord a choisi d’adapter et de réunir deux textes :

Cet Enfant de Joël Pommerat et Festen du danois Thomas Vinterberg.

Lire la critique de M. Bigot de Cet enfant

A l’origine de Cet enfant, il y a eu des rencontres avec des femmes de Normandie vivant en cité. C’était en 2002. Le projet avait été demandé par la Caisse d’Allocations Familiales du Calvados et le Centre Dramatique National – Comédie de Caen. Plusieurs jours durant, ces femmes, Joël Pommerat et nous, l’équipe de comédiens, nous avons échangé et réagi ensemble sur le thème de la parentalité. Suite à ces rencontres, Joël Pommerat a écrit, à sa façon, sans jamais retranscrire une histoire directement racontée, mais plutôt en rêvant les déchirements de tous. Cet enfant est une suite de séquences imaginées de confrontations familiales, qui étirent à leur maximum les tensions ordinaires du lien parent-enfant.

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Appel : le théâtre paie sa dette à la Grèce !

theatre_grecAristophane, Eschyle, Euripide, Sophocle : Nous proposons de payer notre dette poélitique à la Grèce par une “Agora des mots et des idées“ où les artistes et les citoyens pourront dire à leur manière les mots d’hier et d’aujourd’hui le Jeudi 16 Juillet à 20h30 à la place du Petit Palais d’Avignon.
Nous, hommes et femmes dont le théâtre est une part de notre vie, devons tant à la Grèce.
Notre dette est immense.
Le théâtre et la démocratie sont nés en même temps, et au même endroit, sur l’Agora d’Athènes. Ils ont grandi au cœur de notre continent et du monde. Nous ne perdons pas la mémoire.
Nous croyons en l’Europe, celle du savoir et de l’imaginaire partagé. Nous croyons en l’Europe démocratique, celle où chaque citoyen compte pour un. Nous croyons que la crise actuelle sera demain un levier pour bâtir cette Europe-là, celle qui sera au service d’une mondialité de l’échange et du co-développement.
Nous sommes solidaires des Grecs, nous sommes à leurs côtés. Ils sont notre meilleur soutien pour chasser l’austérité de notre continent et remettre l’être humain et la solidarité au cœur de notre projet commun.

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« La vie de Galilée » à Foyal : du rire à la réflexion

— Par Roland Sabra —

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Dans sa dernière mouture cette pièce de Bertolt Brecht dure 4 heures et mobilise quatre dizaines de comédiens. Elle a donc été peu jouée. La Compagnie du Grand Soir, un nom bretchtien en soi, fait le pari de la présenter dans une version raccourcie à 1 heure et vingt minutes, avec en tout et pour tout cinq comédiens qui endossent quatre à cinq rôles différents, à l’exception du rôle titre tenu avec force par Régis Viachos. Le fil conducteur est donc la vie de Gallilée que l’on suit depuis ses premières découvertes à Padoue jusqu’à Florence où sa puissance de conviction se heurte à un mur, celui des intérêts de l’Église qui ne veut en rien céder sur le géocentrisme, qui place la terre et par conséquence la papauté au centre de l’Univers. Galilée devra abjurer devant le tribunal de l’Inquisition. Brecht inscrit Galilée dans la lignée de savants, tel Giordano Bruno ou Copernic qui se sont heurtés au caractère borné de la Curie, de ses philosophes et autres penseurs officiels. Les compagnons de route du florentin apparaissent comme des naïfs ayant à son égard le même comportement que les dévots à l’égard des papistes.

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