— Par Sabine Prokhoris —
Psychanalyste et philosophe, elle est l’auteur notamment de Au bon plaisir des « docteurs graves » – À Propos de Judith Butler (Puf, 2017)
Sabine Prokhoris revient sur la polémique qui a opposé des psychanalystes sur la pensée « décoloniale ». Pour elle, cette mouvance mène à une impasse identitaire.
Une vive controverse a opposé ces dernières semaines, par tribunes interposées, un collectif de psychanalystes, et « plus de 150 psys et intellectuels » au sujet de la mouvance intellectuelle dite « décoloniale », et des formes d’analyse militantes qui se revendiquent de l’intersectionnalité. Ces dernières, qui ambitionnent de décrire « l’intersection de genre, de culture, d’ethnicité, de classe », et d’examiner « le croisement des rapports de domination sans les hiérarchiser » (selon l’argument du colloque « Psychanalyse, études de genre, études postcoloniales » organisé en décembre 2018 à Paris VII par certains des signataires de la réponse au collectif psy), semblent néanmoins subordonner l’ensemble de ces rapports à la question de la « colonialité ». Cela à travers une attaque en règle de « l’universalisme abstrait » , dont le dessein hégémonique doit être « déconstruit » – et combattu.

— Tribune. —
Michel Eyquem de Montaigne fut sans doute le premier penseur à ébranler l’ethnocentrisme spontané des cultures humaines à travers la remise en cause du concept de barbarie. Raison pour laquelle il est plus que légitime de voir son nom accolé à celui d’une université. Mais sans doute l’homme des Essais, le sceptique horrifié par les guerres de religion, serait-il effaré de voir le spectacle qui s’est joué le jeudi 24 octobre à l’université Montaigne de Bordeaux. Ou plutôt qui ne s’est pas joué, puisque la conférence prévue autour de la « reproductibilité technique » de l’être humain a été annulée au motif que des groupuscules avaient promis d’empêcher sa tenue « par tous les moyens ». Le syndicat «Solidaires étudiant-e-s Bordeaux», les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! sont, certes, des organisations croupions, mais il se trouve que leurs menaces font peser un risque tel que la direction de l’Université ne s’est pas considérée en mesure « d’assurer pleinement la sécurité des biens et des personnes ».
Statuette inspirée de la Calavera de la Catrina, une création figurant dans le mural Sueño de una tarde dominical en la Alameda central (1948) de Diego Rivera, est l’un des personnages devenus traditionnels du Jour des morts célébré tous les ans au Mexique.
Du Ghana à l’Indonésie, en passant par le Tibet ou le Japon, on ne traite pas la mort et les défunts de la même manière. Festifs, codifiés, extravagants voire carrément surprenants, voici cinq rituels funéraires encore suivis dans le monde.
Assurance chômage, retraites complémentaires, allocation aux adultes handicapés, complémentaire santé solidaire, trêve hivernale… Ce qu’il faut savoir sur l’actualité administrative de novembre 2019.
La mort fait partie de la vie, mais on n’en parle pas. Ou rarement et difficilement. Patrick Ben Soussan, psychiatre, responsable du département de psychologie clinique à l’Institut Paoli-Calmettes, à Marseille, nous explique pourquoi nous sommes tellement dans le déni face à notre propre mortalité.
L’esclavage moderne affecte 35,8 millions de personnes sur la planète, selon une ONG. A peu près l’équivalent de la population du Canada ou de l’Algérie.
Bayard, collection « Constellations », 2017, 258 p., 21,90 €
La défiance à l’égard des femmes voilées exprime moins une montée de l’islamophobie en France que la crainte de voir régresser le droit des femmes, estime, dans une tribune au « Monde », le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration.
Aujourd’hui, les deepfakes, vidéos truquées hyper-réalistes, mentent mieux que jamais. Décryptage d’un phénomène aussi bluffant qu’alarmant.
Il a suffi qu’
L’association « Tous Créoles ! » dont le fondement est de « faire de nos différences une oeuvre collective » s’insurge avec force contre la violente campagne de dénigrement qui se déroule en ce moment à l’encontre d’une des composantes de la population martiniquaise.
Les indignations exprimées après l’humiliation d’une mère voilée au conseil régional de Bourgogne-France-Comté ne devraient pas empêcher tout questionnement sur le port du voile, souligne, dans une tribune au « Monde », le sociologue Manuel Boucher.
Les mots Noirs, Blancs, de Couleur sont entrés dans le monde linguistique médiatique en France et à la Martinique et ne sont pas près d’en sortir, tant ils satisfont les Noirs, les Blancs et les Autres. Ce concept s’inspirant d’une facilité de langage qui flatte, rassure et d’une réalité pourtant condamnable car peu fraternelle : Youpin, Négro, Bicot…Noms enchanteurs ?
Jean-Michel Martial, comédien et metteur en scène d’origine guadeloupéenne est décédé des suites d’une longue maladie. Depuis septembre 2016, il était également président du Conseil représentatif des Français d’outre-mer. Il était aussi le frère aîné de l’acteur Jacques Martial, président du Mémorial ACTe.
En partenariat avec la Société des Amis des Archives, les Archives départementales ont le plaisir de vous convier à leur prochaine conférence :
Cette étude traite de la place de l’islam et des musulmans aujourd’hui, au regard de leurs représentations nées entre le XIXe siècle et la guerre d’Algérie par le biais des élites intellectuelles françaises. L’auteur montre comment la diffusion de stéréotypes présentant les musulmans comme dangereux et rétifs au progrès affecte encore le présent et l’islamophobie actuelle.
Il n’est pas anodin de constater que le récent ouvrage d’André Lucrèce soit dédié à René Ménil, un des fondateurs, avec Suzanne Césaire et Aimé Césaire, de la revue « Tropiques » pour son esprit critique et sans complaisance de la mystification coloniale à la Martinique, ses contributions efficientes de la démystification de l’idéologie assimilationniste, et sa défense ardente d’une authentique culture martiniquaise, comme en témoigne Lucrèce lui-même dans son livre « Conversation avec ceux de Tropiques » paru en 2013. Aujourd’hui « Antilles, les paroles, les visages et les masques » s’inscrivent dans la même lignée, tout en élargissant la réflexion singulièrement à la Guadeloupe et à Haïti, composantes de ce champ d’îles formant ce que Jean Benoist a appelé « l’archipel inachevé », et dont on peut penser avec le poète barbadien Edward Kamau Brathwaite, qu’il constitue « une unité caribéenne sous-marine ».
Comme le mot « race », les « Blancs » sont entrés par la petite porte dans le monde académique. Déni, tabou ou désaccord plus frontal : longtemps on n’a pas pensé les Blancs en France, où être « une personne de couleur » c’est surtout être Noir ou Arabe. Ça change, notamment grâce au concept de blanchité.
Fake news, « bots » ou « trolls » : les techniques de propagande numérique sont de plus en plus exploitées par les partis politiques et les gouvernements, selon une étude de l’Université d’Oxford. Au moins 70 pays ont été touchés au cours des dernières années, avec Facebook comme canal privilégié.
La cantatrice Jessye Norman, icône américaine de l’opéra, est décédée d’une septicémie lundi à New York à l’âge de 74 ans. Sa voix remarquable a inspiré le monde entier, notamment l’Europe où elle s’est installée à la fin des années 1960.
Le « racisme anti-Blancs » est une construction idéologique destinée à relativiser le racisme systémique, social et culturel, subi en France par les Noirs et les Arabes. Son ascension dans le débat public témoigne de l’aveuglement français à la question coloniale, à sa longue durée comme à sa persistante actualité.
« Le complotisme a partie liée avec nos passions tristes : égocentrisme, misanthropie, paresse, lâcheté, peur, jalousie, ressentiment. Qu’il vienne panser une blessure narcissique toujours ouverte, qu’il mette en récit ce que l’on n’arrive pas à comprendre, qu’il serve à blesser ou diffamer des ennemis, son expansion n’est pas seulement le symptôme d’une crise de la démocratie libérale, elle en est aussi un facteur d’aggravation à part entière. Sur le marché noir des idées douteuses, les théories du complot s’échangent avec la même frénésie que les superstitions, les pseudo-sciences, les nouvelles spiritualités et les idéologies radicales.