— Par André Lucrèce —
Ne demeure en France aujourd’hui que les ombres de la mémoire et les flatulences de l’inconscience. Sinon, qu’y a-t-il d’autre ? Quelques voix qui s’élèvent lucides en conscience, mais dont les férules commencent à s’user à force de rappels.
D’abord l’insoutenable
La campagne présidentielle française a montré, dès le début, son degré de tolérance vis-à-vis de l’indignité. La droite l’a payé au prix fort de son élimination, quand toutes les promesses se tournaient vers elle. Saura-t-elle en tirer quelque leçon ?
Car, tout de même, s’obstiner à soutenir un candidat portant à ce point la charge de ses propres turpitudes et de ses multiples errements, penser qu’il pourrait s’en tirer à bon compte, c’est avoir peu d’estime pour les citoyens, c’est ne pas entendre ce qu’ils disent avec obstination depuis quelques décennies : à savoir que les élus bénéficient d’avantages en tous genres, quand ces mêmes avantages se refusent à eux.
Or, voilà un élu, qui non seulement fait travailler femme et enfants, mais qui en plus se fait rétrocéder l’argent public sur son propre compte bancaire.

L’appel lancé le 25 avril à Genève par le secrétaire général de l’ONU pour trouver des fonds afin de venir en aide aux millions de personnes victimes de la famine en Afrique n’a guère trouvé d’écho cette semaine dans les médias français. Alors que des millions de tonnes de céréales dorment dans les silos, seuls 15% des fonds attendus par l’ONU depuis son appel de février dernier ont été collectés pour venir en aide à 30 millions d’Africains dont la vie est mise en danger par le manque de nourriture.
Que Marine Le Pen puisse disposer chez nous d’un nombre de voix aussi considérable relève du cauchemar. Cette aberration ne fait pas que nous interpeller : elle signale une carence majeure qui nous concerne tous : politiques, parents, enseignants, éducateurs, responsables de toutes sortes… ! 
Alors que le second tour de l’élection présidentielle française approche, rester muet nous semble impossible.
( Compte tenu du vote du premier tour des Présidentielles, s’agissant notamment du penchant de certains citoyens pour le racisme et la xénophobie, à l’instar de Marine Le Pen, il convient de se demander s’ils sont encore des captifs rêvant de liberté. Pour les libérer, et pour les purifier, il importe de leur rappeler à la fois leurs origines et leur vocation. )
Le score réalisé, en Martinique, par Marine Le Pen (10,94 %) à l’occasion du premier tour de cette élection présidentielle, le 22 avril 2017, interpelle même si ses chiffres sont, en valeur absolue, plutôt faibles car l’abstention réellement forte (60,02 %) !
En 2018, la Cinquième république aura rattrapé en longévité la Troisième, 70 ans. Sans doute, a-t-il fallu apporter des ajustements à la constitution de 1958. A ce titre, la classe politique eut parfois la main lourde, notamment lors de l’instauration du quinquennat. Ainsi, depuis une trentaine d’années, à la veille de chaque élection présidentielle, des projets de changement de république sont annoncés. Et pourtant, née dans la crise de l’Algérie, la loi fondamentale a montré l’étendue de ses ressources à faire face aux crises politiques. Cette revendication récurrente sert souvent aux candidats à masquer leurs insuffisances. Mais jamais les contours d’une nouvelle constitution n’ont jamais été vraiment esquissés. 
Depuis quelques temps, le rôle de bouc émissaire de tous nos maux est de plus en plus attribué non plus à un groupe social, religieux ou national, mais à une étrange entité, qu’on appelle « le système » « .
Le plus affligeant pour ceux qui croient en la France, aujourd’hui devenue « un grand vaisseau en perdition », c’est d’admettre que le choix de la majorité des médias de service, l’a emporté sur le sens moral de ceux qui pensaient possible la victoire de la Transparence et de la Fraternité sur tous les médiocres intérêts de l’idéologie droitière ou ultra fasciste encore régnante en France et naissante, en « excellente santé ! », arrogante et sournoise chez nous. Indécent ! Oui. Il y a matière à préoccupation. Plus. A désarroi ! Mais attention. Une victoire de Le Pen n’amènerait pas le Racisme, l’exploitation, le népotisme idéologique comme nos « Gwanzong », « Gadé Zafè » !! s’évertuent à nous le faire croire. Toutes ces menaces, péril aujourd’hui universel, existaient déjà dans la France actuelle. La Martinique n’est pas en reste. Une grande partie des Français, composée de Démocrates antiracistes, humanistes, vrais socialistes, communistes, progressistes, est minoritaire dans son propre pays, gangrenée par l’idéologie malfaisante du Front National allié au Capital. Insidieusement, s’installent dans la vision d’une majorité bien classifiée et centralisée, des besoins concrétisant le droit d’être « civilisé » sans pour cela prétendre à la Responsabilité.
Au premier constat du taux d’abstention de 60% en Guadeloupe, on aurait pu penser que le premier tour des élections Présidentielles s’est déroulé dans une grande indifférence. Toutefois, indifférence de l’électorat ne signifie pas insouciance de l’opinion
Les sociétés de journalistes de 34 médias protestent dans un communiqué contre la décision du Front national de « choisir les médias autorisés à suivre Marine Le Pen ».
Femmes et hommes féministes, nous avons initié et soutenu la mobilisation « Sexisme, pas notre genre ! ». Au premier tour de l’élection présidentielle, nous avons voté pour différents candidats. Aujourd’hui, nous appelons à faire obstacle à l’extrême droite et à voter pour le seul candidat qui peut mener le combat pour l’égalité: Emmanuel Macron.
CNews a décidé de suspendre d’antenne sa présentatrice Audrey Pulvar pour avoir signé
Le SNUEP FSU Martinique appelle à voter contre Marine LE PEN et à faire barrage par tous les moyens possibles au front national.
Psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie à l’université d’Aix-Marseille, cofondateur de l’Appel des appels, il a récemment publié
Le premier tour de l’élection présidentielle révèle un paysage électoral fracturé qui oppose les grandes villes et les territoires ruraux, les plus jeunes et les plus âgés, les périphéries et les centres urbains…
Observant les récentes positions du comité « Marine déwo », je posais dernièrement la question de savoir ce qu’avaient prévu les partis politiques et leurs dirigeants dans l’hypothèse de la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Et ce qu’ils comptaient entreprendre pour combattre la candidate du Front national. Mais personne n’attend vraiment de réponse à ce genre d’interrogations, ce qui atteste du manque d’intérêt pour un sujet qui ne compte pas pour la réélection des élus.
Comment des écrivains, privilégiés par la renommée, parviennent-ils à cet évanouissement dans l’indifférence, s’agissant des souffrances du peuple martiniquais ? Au milieu de l’inertie politique générale, du déséquilibre de la vie humaine, au milieu aussi de circonstances particulières et contingentes, tels que la détresse mortifère des jeunes sans travail, la fuite continue des cerveaux, le cri des travailleurs en grève, la violence endémique, causée par l’alcool et les drogues, la spiritualité du profit immédiat chez les privilégiés, pourquoi donc ceux qui sont censés posséder un savoir-chef sur tout, une densité intellectuelle indépendante, se murent-ils dans le silence, froids comme des morts ? Y-a-t-il collusion systématique avec la gouvernance locale, quelle qu’elle soit ?
Le Front National qui jusqu’ici peinait à s’installer sur nos territoires ultramarins réalise des scores inédits.