Pon disou pa pèd

Au premier constat du taux d’abstention de 60% en Guadeloupe, on aurait pu penser que le premier tour des élections Présidentielles s’est déroulé dans une grande indifférence. Toutefois, indifférence de l’électorat ne signifie pas insouciance de l’opinion

Tout d’abord, le score trop important du Parti raciste de Marine Le Pen chez nous (15 000 voix), aussi bien que dans les autres colonies, a provoqué une inquiétude très perceptible. Ensuite, chacun a vu se tourner une page de notre histoire politique avec l’effondrement des officines locales des partis gouvernementaux français de la droite (LR) et de la gauche (PS). En troisième lieu est venu le fait de la percée du mouvement la France Insoumise. Sans donner à ce dernier une importance exagérée on ne peut pour autant le minimiser : sans implantation locale en termes d’organisation, c’est un discours et une pensée qui ont provoqué un tel écho dans l’ensemble des colonies. C’est un signe, au moins une manière de refus de la soumission. Tout cela étant vu d’ici, du point de vue d’un peuple qui a déjà maintes fois prouvé qu’il n’est pas à genoux.

Le mouvement de 2009 a montré les solides ressorts de la dignité et de la capacité de mobilisation que recèle la Guadeloupe. Le récent mouvement du peuple Guyanais voisin est venu traduire cette réalité partagée, avec des enseignements encore plus précieux pour ceux qui veulent, dans l’unité la plus large, changer le cours des choses et forger son propre destin collectif. C’est bien de ce point de vue que le KSG (Kolèktif pou Sové Gwadloup) entend se placer. Notre peuple, très majoritairement, aux élections régionales de Décembre 2015 a pris le parti et le pari de « Changer d’avenir ». Cette idée n’appartient en privé à quiconque, fût-il président ou chef de parti. Elle appartient collectivement et solidairement à la majorité du peuple qui s’est prononcée ce jour-là.

Aujourd’hui, de petites ambitions personnelles brisent ce pacte en donnant à ce qu’on croyait être un avenir différent le visage du passé. Cette démarche ne représente que ceux-là même qui la font, avec leur rêve individuel d’être adoubé par le nouveau chef de l’État français. Ils se vantent sans honte d’avoir permis à la Guadeloupe d’être la Région d’Outremer la plus dévouée à l’ambition macroniste.

Cela pour mériter quelle récompense ? Ce comportement n’est pas nouveau, on le subissait pas plus tard qu’hier à la Région, avec les ministères destinés à récompenser les nègres de service.

On s’était dit : plus jamais ça !

Rêvions-nous ? Y aurait-il une malédiction qui condamnerait de toute éternité nos élus à la servilité, tournant le dos à leurs engagements de Guadeloupéens en n’étant jamais comptable de leurs actes ?

Nous ne le croyons pas.

C’est pourquoi nous disons avec force : PON DISOU PA PÈD ! La Guadeloupe peut changer d’avenir.

C’est absolument certain. De même qu’elle doit cesser d’être un lieu de soumission et de courbettes, de même, elle ne saurait devenir une friche politique facilitant l’implantation des idées racistes et rétrogrades du Front National.

Dans tous les cas, l’heure est de se ressaisir, lè pou nou woupwan sans :

Faire en sorte que LIBERTÉ et RESPONSABILITÉ soient les valeurs les mieux partagées par le plus grand nombre

Réaliser l’unité la plus large possible de toutes les composantes du peuple qui en expriment le désir et montrent la capacité de construire une autre Guadeloupe, responsable de son destin

OSONS PRENDRE CETTE VOIE, ELLE EST DÉSORMAIS LIBRE !

Le 28 avril 2017