Catégorie : Politiques

Marcellin Nadeau comme Christian Ursulet : deux démissions, un même motif ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Deux années d’expériences sont peut-être le délai raisonnable préalable à une démission politique. Deux ans, c’est le temps d’expérience qu’il avait fallu à Christian Ursulet avant de quitter le Parti progressiste martiniquais. Il avait rejoint le PPM au terme d’une brillante carrière professionnelle dans l’administration de la Santé, et d’une activité syndicale préalable de premier ordre sur le plan local. Deux années, ce fut la période d’inaction suffisante du conseiller territorial Marcellin Nadeau pour justifier l’abandon de la commission dont la présidence lui avait été confiée à la collectivité territoriale de Martinique (CTM). Par son emphase, la dénomination de cette commission pouvait flatter celui qui en serait le président. Citons : commission chargée de la Transition écologique, énergétique, de la pollution et des mutations climatiques. A l’épreuve, le député Nadeau déplore que les pouvoirs que pouvait suggérer ce titre prometteur sont inversement proportionnels au contenu réel du titre.

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Sein flétri la Mère-Patrie cherchant ‘trapper pitance

FrançAfrique & FrançOutremer : une  communauté de destin?

— Par Mireille Jean-Gilles, écrivain —

Pendant des décennies, dans les discours officiels, l’échec économique de la départementalisation des Antilles, de la Guyane et de la Réunion était attribué à une trop forte croissance démographique, au point que les allocations familiales y ont été réduites afin de financer le planning familial.

Idem pour les pays d’Afrique noire aujourd’hui, en particulier le Niger ( 7 enfants par femme) : «Des pays ont encore sept à huit enfants par femme. Vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien». Cette déclaration d’Emmanuel Macron en 2017, évoquant également l’origine « civilisationnelle » de la pauvreté en Afrique, avait provoqué un tollé. Le mot «racisme» a même été lâché.

Dans les DOM, ce discours a perduré jusqu’à ce que les Antilles n’enclenchent une trajectoire de déclin démographique à partir des années 2000.

Aujourd’hui, s’agissant des difficultés de ces territoires, la cause évoquée par l’Etat français serait la « mauvaise gestion locale ». Dans les deux cas cités, les difficultés des DOM seraient toujours « locales »(idem pour l’Afrique noire).

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Le colosse africain ébranle le monde

— Communiqué du CNCP —

Décidément, les journalistes occidentaux, éditorialistes, politologues et autres  analystes de tout acabit, n’arrivent pas à se défaire de la vision paternaliste et arrogante qu’ils ont concernant les peuples Africains ! Des « Coups d‘état » secouent le Mali, La Guinée, le Burkina Faso, le Niger, le Gabon ? Pour eux, il ne s’agit que de pauvres retardés qui font difficilement l’apprentissage du modèle démocratique qu’ils ont pourtant eu tant de peine à leur enseigner. Pire ces ingrats se détournent de la France, qui leur a tant apporté, pour se laisser benoîtement manipuler par Poutine ou Xi Jinping !

Aveuglés par leur suprématisme, les défenseurs de l’impérialisme français sont totalement incapables de réaliser ce qui se passe aujourd’hui dans le monde. Ils sont incapables de comprendre que la domination qu’ils exerçaient sans partage dans le domaine de l’information et de la propagande a pris fin avec l’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC). Pendant qu’ils se complaisaient dans leur bulle de désinformation, la lutte idéologique menée par les militants à travers les réseaux sociaux et sur le terrain déconstruisait toutes les bases de leur propagande.

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Quand le président du PPM prive la ville de Fort-de-France et le pays Martinique d’un Équipement culturel majeur!

— Par Pierre-Alex Marie-Anne —

Il faut rendre cette justice à la précédente mandature de la Collectivité Territoriale de Martinique d’avoir compris, sous la houlette du Président Alfred MARIE-JEANNE, l’importance de la création artistique, en particulier dans le domaine des arts plastiques, pour l’édification et l’approfondissement identitaire et culturelle d’un peuple. le projet de musée d’art contemporain de Martinique, en abrégé MACMA, répond à cette exigence : il permet à une communauté, si petite soit-elle, de témoigner par les représentations picturales de ses créateurs de talent de la singularité de son existence au monde. Le regard qu’ils portent sur les gens et les choses, sur la nature et sur l’histoire, contribue à nous définir et à faire de nous des partenaires actifs dans le vaste dialogue des cultures à travers les océans.

Sa conception originale et pragmatique prend appui sur trois sites complémentaires mais dont la réalisation peut être échelonnée dans le temps : l’élément central est situé dans l’enceinte de l’ex-Palais de justice de Fort -de-France,inscrit à l’inventaire des monuments historiques et doté d’un forte valeur patrimoniale; cet espace muséal, voué à l’exposition des œuvres-maîtresses des collections provenant principalement de la production martiniquaise, dont celle de l’ex- FRAC, mais aussi de la Caraïbe et du reste du monde, permettra l’organisation d’évènements d’ampleur internationale de nature à renforcer l’attractivité urbaine et touristique de “la ville-capitale” et du pays tout entier;

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L’abaya divise la gauche

L’annonce récente de l’interdiction du port de l’abaya dans les établissements scolaires français a déclenché un débat passionné, mettant en lumière une série de perspectives divergentes et reflétant les divisions profondes au sein du paysage politique de gauche. Cette mesure, qui a été présentée par le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, comme un effort visant à renforcer la laïcité à l’école, a suscité un large éventail de réactions, soulignant ainsi les tensions préexistantes liées à la religion et à la culture dans le contexte éducatif.

Certains observateurs ont interprété cette décision comme une manœuvre politique stratégique. Ils considèrent que le ministre cherche peut-être à détourner l’attention des problèmes structurels auxquels l’éducation française est confrontée, notamment les pénuries d’enseignants et les lacunes dans le financement éducatif. Ils accusent le ministre de créer délibérément une polémique afin d’obtenir une visibilité médiatique immédiate et de capitaliser sur des gains politiques à court terme.

Toutefois, l’annonce de l’interdiction a également révélé les profondes divisions au sein du spectre politique de gauche en France. Des partis tels que les écologistes et les insoumis ont vivement critiqué cette mesure, la qualifiant de manœuvre politique calculée et d’outil de division de la société autour de questions religieuses.

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Un Père de la Nation qui se dessine

Par Yves-Léopold Monthieux

Un ami de la nomenclatura foyalaise me disait hier que jamais Péyi-a et ce qui reste du MIM ne laisseront Serge Letchimy donner son nom à une Martinique autonome ou indépendante. D’autres exemples pourraient confirmer que le sort de la Martinique est étroitement lié à une compétition de ses leaders devant le l’histoire.

Ce phénomène me rappelle le bref entretien que j’avais volé à Alfred Marie-Jeanne dans un couloir d’ATV. « Voudriez-vous connaître le destin de ces hommes qui ont donné leur nom à leur pays comme Simon Bolivar, Jose Marti ou Fidel Castro ? Aimeriez-vous que la Martinique s’identifie à votre nom, lui demandai-je, quelles que soient les conséquences positives ou négatives, y compris pour votre propre famille ». Son accord empressé à ces éventualités était sans ambiguïté. Deux circonstances ont paru faire écho à cette réponse, d’abord, au lendemain du moratoire, la répétition de sa propre sentence : « Césaire est voué aux poubelles de l’histoire ». Ensuite, l’opposition de Chaben, qui s’est avérée vaine, à la dénomination de l’aéroport du Lamentin du patronyme d’Aimé Césaire.

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Fè mwen ped lang mwen sé fè mwen ped fil mwen

— Par Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique —

Monsieur le Préfet, L’instinct de liberté que m’offre ma langue, la langue créole, nourrit toutes les puissances de ma personnalité, affermit ma capacité à être au monde et fortifie, solidifie ma construction en tant qu’être.

Me contraindre à l’oublier, à l’ignorer ou même à la minorer, c’est mésestimer ce qu’il y a de plus précieux en moi, mon identité.

Souhaiter m’imposer de l’ensevelir, c’est me presser de m’ignorer moi-même dans le saignement de la part universelle de mon droit à l’existence, celle que j’hérite de mes souffrances et des beautés immédiates de ma personnalité, nées d’une résilience aux épreuves de la vie et de l’histoire qui m’ont été infligées.

À tout jamais pour moi et pour nous, la langue créole, cet impensé pour certains, « nous dessine, nous définit, nous attache à un lieu et à un moment, petitement ou largement circonscrit ».

Cette volonté de juguler ma langue, par une assimilation mécanique et un traitement inéquitable, n’est assimilable, à mes yeux, qu’à un reniement du traitement de la cause humaine contraire à l’esprit de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui inscrivait, dans le marbre autant que chez les individus, le caractère inaliénable et indissociable de la liberté et des droits de l’Homme.

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Sébastien Carrière, Haïti et la pensée blanche

— Par Roromme Chantal —

Journaliste et ancien fonctionnaire de l’ONU en Haïti, Roromme Chantal est professeur de science politique à l’École des hautes études publiques de l’Université de Moncton au Canada

La nouvelle n’a pas fait grand bruit en Haïti, mais elle est loin d’être anodine. En entrevue sur la radio privée haïtienne Magik9 récemment, l’ambassadeur du Canada au pays, Sébastien Carrière, a proposé une explication pour le moins troublante des sanctions imposées au cours des derniers mois par les gouvernements américain et canadien à des personnalités politiques et hommes d’affaires haïtiens influents, « en raison de leurs liens avec la corruption et la criminalité » en Haïti.

Selon le diplomate, et de manière fort surprenante, ces mesures viseraient surtout à prévenir la répétition des manifestations populaires du genre « peyi lòk » (fermeture du pays), une contestation sociale inédite qui avait paralysé Haïti entre 2018 et 2021 par une série de manifestations populaires gigantesques contre la cherté de la vie, la corruption généralisée, la dilapidation des fonds du programme social vénézuélien Petrocaribe et les graves dérives autoritaires constatées au cours de la dernière décennie en Haïti.

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Le candidat anti-corruption Bernardo Arevalo a remporté la présidentielle au Guatemala

L’information n’a peut-être pas été suffisament mise en évidence mais le Guatemala a été le théâtre d’une élection présidentielle marquante, où le candidat anti-corruption de centre-gauche, Bernardo Arevalo, a créé la surprise en remportant le second tour avec une solide majorité de 59 % des voix. Cette victoire est le résultat d’une campagne électorale mouvementée et controversée.

Dans un contexte politique où la corruption, la pauvreté et la violence sont endémiques, Arevalo a axé sa campagne sur la promesse de mettre fin à la corruption, un fléau qui a sapé la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. Il a su mobiliser les jeunes, représentant 16 % des inscrits, en se positionnant comme une alternative crédible à la classe politique traditionnelle.

Arevalo, un ancien diplomate et sociologue âgé de 64 ans, est le fils du premier président démocratiquement élu du pays. Sa victoire marque un tournant vers la gauche pour le Guatemala, alors qu’il s’engage à rompre avec les pratiques de longue date qui ont favorisé la corruption et l’injustice.

L’élection a été précédée par des tentatives de disqualification du parti d’Arevalo, le mouvement « Semilla », pour des irrégularités présumées remontant à sa création en 2017.

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Haïti: instrumentaliser la violence des gangs pour justifier une occupation militaire

— Par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’Occupation d’Haïti (REHMONCO) —

Nous dénonçons et condamnons avec véhémence une fois de plus les attaques répétées des gangs armés contre les habitants des quartiers de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et de plusieurs communes du département de l’Artibonite1. Ces raids et massacres ont déjà fait plus d’un millier de morts au cours du premier semestre de l’année 20232.

Depuis le début du mois d’aout de cette année, le quartier populaire de Carrefour-Feuille est de nouveau la cible des attaques continues des malfrats du gang Gran Ravin. Au moment où nous écrivons cette note, ces attaques s’intensifient avec une extrême violence. Il n’est pas possible d’établir un bilan exhaustif mais les survivants et survivantes ont fait état de plusieurs blessés et de morts. De surcroit, plusieurs milliers de personnes sont obligées d’abandonner leur maison pour éviter de tomber sous les balles des bandits. Tous ces crimes crapuleux sont commis dans la plus grande indifférence de la police nationale et du gouvernement de facto d’Ariel Henri.

Livrés à eux-mêmes, les résidents de Carrefour–feuilles ont investi massivement les rues de la capitale, Port-au-Prince, le lundi 14 aout 2023 pour exiger une intervention des autorités de l’État pour assurer la sécurité du quartier3.

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« Qui a peur d’Angela Davis ? », une série documentaire de Sébastien Thème

Angela Davis, née en 1944 en Alabama, est une figure majeure des combats pour la justice sociale et l’égalité. Devenue une militante communiste et une intellectuelle renommée, elle met en lumière les formes de domination, de racisme et d’injustice. Son engagement politique s’est développé dès son enfance, influencé par le racisme et l’injustice qu’elle a constatés dans son environnement.

Elle est connue pour sa pensée radicale, recherchant les racines des inégalités et des discriminations. Ses écrits, tels que « Femmes, race et classe » et « Blues et féminisme noir », explorent les enjeux de race, de genre et de classe aux États-Unis et dans le monde. Elle prône un changement global du système, critiquant le capitalisme et l’impérialisme comme sources d’oppression.

Angela Davis a été confrontée à des défis majeurs, notamment son implication présumée dans une prise d’otages à la prison de Marin County, ce qui l’a conduite à une incarcération. Cependant, elle a été acquittée en 1972 et est devenue une icône de la lutte pour les droits civils et la justice.

En France, son nom a suscité des débats politiques.

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Revers cinglant, la suspension de la dissolution des soulèvements de la terre fragilise le gouvernement français

La décision récente du Conseil d’État de suspendre la dissolution du mouvement écologiste « Les Soulèvements de la Terre » (SLT) représente un revers majeur pour le gouvernement français. Cette décision marque une étape significative dans une bataille judiciaire qui met en lumière les tensions entre les politiques de sécurité nationale et les droits civils fondamentaux.
L’origine de cette affaire remonte à juin 2023, lorsque le gouvernement a pris la décision de dissoudre les SLT par le biais d’un décret en Conseil des ministres. Cette dissolution a été justifiée par des accusations de provocation à la violence et de sabotage, des allégations qui ont suscité un tollé parmi les défenseurs des droits de l’homme et les groupes écologistes. Les SLT ont immédiatement contesté cette décision et ont saisi le Conseil d’État en référé, dans l’espoir de suspendre la dissolution en attendant une décision définitive.
La décision du Conseil d’État de suspendre la dissolution est une défaite cuisante pour le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et le gouvernement dans son ensemble. Le Conseil d’État a remis en question les preuves et les justifications avancées par le gouvernement pour soutenir la dissolution.

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Quelle est la politique culturelle de l’actuelle CTM ?

L’état de dégradation de l’ancien palais de justice de For-de-France nous amène à poser la question

— Tribune de Marie-Hélène Léotin (Ancienne Conseillère Exécutive en charge de la Culture et du Patrimoine) —

Un reportage a été fait, par plusieurs médias, sur l’état du bâtiment de l’ancien Palais de Justice de Fort-de-France, bâtiment qui a subi une forte dégradation depuis le départ de l’administration judiciaire au début des années 2000. Ce bâtiment abrite pourtant des ateliers artistiques qui accueillent de jeunes enfants. Mais les différents reportages ne disent à aucun moment qui est le propriétaire du bâtiment et qui est donc responsable des travaux. Ils ne parlent que de l’occupant, ce qui peut laisser perplexe le téléspectateur.

La CTM, sous la présidence d’Alfred Marie-Jeanne, projetait d’installer le MACMA (Musée d’Art Contemporain de la Martinique) sur le site de l’ancien Palais de Justice. L’actuelle CTM, en partenariat avec la ville de Fort-de-France, a aussi le projet d’installer sur ces lieux un centre des arts et des littératures afro-caribéennes dédié à Aimé Césaire, ainsi qu’un musée des arts contemporains. Au moins, les deux Présidents, Alfred Marie-Jeanne et Serge Letchimy, sont d’accord pour faire de ce lieu un site culturel.

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En Haïti, la vie de plus de 100 000 enfants menacée par la malnutrition aiguë

La violence des gangs qui ravage Haïti a provoqué une augmentation de 30% en un an de la malnutrition aiguë sévère chez les enfants, a déploré jeudi l’Unicef, qui estime que la vie de plus de 100 000 enfants est ainsi menacée.

«La violence armée a augmenté le nombre d’enfants en Haïti souffrant de malnutrition aiguë sévère, également appelée émaciation sévère, qui a grimpé en flèche de 30% dans le pays par rapport à 2022», s’est inquiétée l’agence onusienne dans un communiqué.

L’Unicef estime que 115 600 enfants vont souffrir en 2023 de cette forme de dénutrition la plus mortelle qui représente l’une des principales menaces pour la survie des enfants, contre 87 500 en 2022.

«En Haïti, de plus en plus de mères et de pères n’ont plus les moyens d’apporter soins et alimentation appropriés à leurs enfants, et les parents ne peuvent pas les emmener dans les centres de santé en raison de l’augmentation terrible des violences des groupes armés», a dénoncé le responsable de l’Unicef dans le pays, Bruno Maes.

«Combiné avec l’épidémie de choléra en cours, de plus en plus d’enfants souffrent d’émaciation sévère plus rapidement et vont mourir si des mesures urgentes ne sont pas prises», a-t-il insisté.

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Combat politique et querelles politiciennes (suite)

— Le n° 311 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Rectificatif :

  Nous présentons nos excuses pour une malencontreuse omission dans le dernier article sur le « congrès des élus ». En évoquant le vote à l’unanimité de ce congrès, nous n’avons pas signalé que les élu·e·s du Gran Sanblé et de Peyi-a avaient boycotté la séance avec des explications fortes. Une déclaration préalable de Daniel Marie-Sainte, des écrits de Francis Carole, entre autres, ont mis l’accent sur le caractère bâclé de la préparation de ce congrès, sur l’absence de volonté d’associer la minorité aux débats, sur l’oubli des maires dans l’essentiel de la démarche, sur la priorité accordée aux discussions avec le pouvoir à travers le C IOM. On ne peut que partager cette critique d’une stratégie majoritaire qui, au fond, table sur la sagesse introuvable du pouvoir colonial.


ALLER PLUS LOIN

Nous pensons néanmoins qu’il faut aller plus loin. La constitution d’un bloc d’élu-e-s comprenant tous les partisans d’un changement institutionnel, faisant suite à une large consultation de la « société civile », serait certes supérieure au cafouillage actuel.

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Albert Camus : éditorial de Combat *, 8 août 1945.

Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux et les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se répandent en dissertations élégantes sur l’avenir, le passé, les inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe atomique. Nous nous résumerons en une phrase : la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques.

En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles.

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Ce que l’on tait dans “La Camiona”

Texte d’un jeune écrivain haïtien- vivant à Santo Domingo et qui a été arrêté de façon illégale, injuste, et maltraité pendant sa détention. Madinin’Art publie son texte sous un pseudonyme afin de le protéger.

La patrouille de police s’arrête à côté de toi. L’un des trois agents te demande de t’arrêter. Tu obéis. Tu t’efforces de contrôler tes mains qui tremblent car, bien que tu sois en règle, tu sais qu’être noir et haïtien en République Dominicaine est une malédiction. Tu essayes de rester calme ; si tu n’as violé aucune loi, tu n’as pas à t’inquiéter, te dis-tu. Mais au fond, tu sens l’imminence de l’opprobre.

«Où vas-tu?» Je vais à la station Caribe Tours chercher un colis. Alors que tu réponds, un autre commence à te toucher, soulève ton maillot. «Présente tes documents». Dans ta main, un livre, dans tes poches, le téléphone portable, le portefeuille dans lequel tu portes la copie de ton passeport, ta carte d’étudiant et ta carte de régularisation. Tout est en ordre. Tu les sors et les présentes. Ils les regardent, ils te regardent, ils se regardent.

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La réponse du berger à la bergère : un congrès qui fait pschitt !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il est un comportement des partis politiques martiniquais dits indépendantistes, autonomistes, bref évolutionnistes, qui n’a pas changé depuis que la question institutionnelle se pose concrètement. Bien entendu, cette attitude est venue s’ajouter à la pratique électoraliste traditionnelle qui a toujours consisté à mettre son drapeau dans sa poche chaque fois que s’annonçait une élection de maire, de conseiller général ou de député. Cette liberté prise à l’égard de supposés convictions a permis à leurs auteurs de se faire élire et de conserver leurs mandats, pour certains pendant près d’un demi-siècle.

Par commodité de l’analyse, fixons le début de cette période d’appel à la responsabilité à 2003, année de la première consultation populaire. Le PPM avait décrit celle-ci comme une entourloupe ; c’est le mot qui semble le mieux traduire l’expression utilisée alors par le secrétaire général du PPM, Camille Darsières : « Chatt-en-sac ». En effet, pour le PPM la consultation avait un défaut originel : elle avait été initiée par Alfred Marie-Jeanne. Au lieu de sauter sur l’occasion de ce petit bout d’autonomie et se débarrasser du moratoire, l’important avait surtout été de ne pas offrir un cadeau politique à l’adversaire.

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 « Outre-mer, la colonisation française » 

— Par Jean-François Hoarau —

Jean-François Hoarau est professeur de sciences économiques à l’université de La Réunion et membre du Centre d’Economie et de Management de l’Océan Indien (CEMOI). Spécialisé en macroéconomie internationale et du développement, ses travaux sont tournés vers l’empirisme et l’économétrie appliquée. Ils se consacrent particulièrement aux petites économies insulaires dont les territoires ultramarins français. Il publie deux ouvrages en 2016 chez L’Harmattan, Les petites économies insulaires. Nouveaux regards conceptuels et méthodologiques en collaboration avec Valérie Angeon et Spécialisation touristique et vulnérabilité. Réalités et enjeux pour le développement soutenable des petits territoires insulaires. L’auteur s’intéresse, ici, à l’impact des procédés institutionnels hérités de l’époque coloniale. Seul un fort engagement politique peut permettre une réelle avancée sur l’organisation structurelle économique et sociale qui est encore largement affectée par les rouages institutionnels de l’exploitation coloniale. Cette tribune a été publiée dans une version longue dans le journal Le Monde le 7 mai 2023.

Plus de 75 ans après leur décolonisation, les espaces ultramarins français sont toujours marqués par de profondes inégalités dans la double dimension externe et interne. La persistance de ces dysfonctionnements repose en partie sur un passé lointain, celui de la colonisation française et des institutions « extractives », à la fois politiques, économiques et sociales, instaurées, jadis, dans le cadre d’une stratégie d’exploitation coloniale.

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À Nouméa, Emmanuel Macron joue au petit colon

— Par Marceau Taburet —

En visite sur le Caillou, le président de la République a entériné le fait que le territoire reste français.

Quel avenir pour le Caillou ? Après l’échec des indépendantistes aux trois référendums d’autodétermination, la question se pose du rôle et du statut à dessiner pour ce territoire à part, au large du Pacifique Sud.

Profitant d’une visite de quarante-huit heures sur place, Emmanuel Macron a réuni, mercredi à Nouméa, les acteurs locaux du dossier, en l’absence des indépendantistes, qui ont décidé de boycotter. Ce qui a eu le don de « personnellement blesser » le chef de l’État.
« La Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a choisi de rester française »

« La Nouvelle-Calédonie est française parce qu’elle a choisi de rester française », a-t-il déclaré, tout en indiquant ne pas « mésestimer les aspirations déçues de ceux qui défendaient un tout autre projet ». Selon lui, les trois victoires du non à l’indépendance marquent une étape importante dans la redéfinition du statut de l’archipel. Objectif : « Bâtir un nouveau projet », celui de la « Nouvelle-Calédonie dans la République ».

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Autour du CIOM : combat politique et jeux politiciens

— Le n° 309 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

(1ère partie)

L’annonce gouvernementale de « 72 mesures » pour les dernières colonies (« les outremers ») lors du CIOM (sorte de réunion interministérielle au cours de laquelle le pouvoir a indiqué ses intentions aux représentant-e-s des dites colonies), donne lieu à déclarations, conférences de presse, interviews et polémiques dans lesquelles les enjeux politiciens, c’estàdire électoralistes, sont facilement repérables derrière les postures hautement politiques.

La promesse d’un « débat sur un éventuel changement de statut » ajoute un petit frisson de dramatisation qui pimentera le tout, pour le bon peuple. Ce dernier aurait pourtant tort de détourner la tête, sans se soucier de ce qui se programme « pour lui », et même « en son nom ».

Le Gran sanblé pou péyi-a, coalition d’opposition dirigée par le MIM et apparemment allégée de Martinique-Écologie, critique vertement la procédure suivie par la majorité dirigée par le PPM.

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C’est la DEAL qui défigure le paysage martiniquais et non pas nos marins-pêcheurs

— Communiqué du CNCP —

Bel exemple de la malfaisance de la domination coloniale ! Des marins pêcheurs installés depuis des décennies sur une plage de Schoelcher ont reçu un courrier de la DEAL (Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) les sommant de déplacer leur bateau sous un délai d’une semaine, délai après lequel ils devraient payer une amende de 100 euros par jour. La DEAL est l’une des administrations françaises qui sévit dans notre pays. Celles-ci, bien sur, sont toutes dirigées par des représentants du pouvoir colonial ou, si vous préférez, par ceux qui se qualifient eux-mêmes d’« expatriés ». Dans cette affaire, le Préfet français a tenu à rappeler la loi :  « L’occupation du domaine public maritime et la réalisation de travaux sans autorisation préalable constituent des infractions (…) pouvant faire l’objet de poursuites. » (communiqué du 13 juillet 2023)

Parlons donc du respect de la loi ! Il y a d’abord celle des envahisseurs colonialistes qui ont massacré les habitants de « Jouanacaera » – rebaptisée « Martinique » – afin d’occuper l’île ; il y a encore la loi au titre de laquelle ils se sont octroyé la propriété des «  5O pas du roi », devenus sournoisement « 50 pas géométriques » sous la « République ».

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Les cinq « républiques » de la Cinquième

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il est stupéfiant que lorsque Jean-Luc Mélenchon réclame une 6ème république, qu’aucun journaliste ne lui demande s’il prévoit de supprimer le vote du président de la République au suffrage universel, ce qui constitue la clé de voûte de la 5ème République. Or sans la suppression de ce mode d’élection, pourrait-on vraiment parler de changement de la constitution ?

Tandis que dans les démocraties comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis la règle fondamentale est la même depuis plusieurs siècles, celle-ci a changé en France à cinq reprises. La Vème République a supplanté la IIIème dans la longévité sans qu’on puisse parler pour autant de stabilité. Car depuis sa création, le monde politique n’a pas cessé d’y apporter des modifications et des ajouts dont certaines sont à ce point importantes qu’on pourrait presque parler de changements de la constitution.

La période de 1958 à 1962, n’était-ce pas en réalité une période de transition entre la IVème et la Vème République, comme l’avait été le gouvernement provisoire, en 1944 ? En effet, c’était celle de l’Homme providentiel qui termina la guerre d’Algérie et fit usage de l’article 16 de la constitution lui accordant des pouvoirs exorbitants.

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Un continuum de vraies-fausses incohérences

Par Yves-Léopold Monthieux

Le dernier épisode de dégradation de monuments aux morts, à la veille du 14 juillet 2023, me rappelle la contre-chronique parue ici à la suite de l’incendie criminelle de trois restaurants au Carbet et à Ste Luce : La main invisible du désordre, un mouvement désordonné et un mouvement ordonné.

Le mouvement désordonné qui affecte tour à tour en Martinique les activités commerciales, les symboles religieux, les monuments aux morts ou les radars routiers, s’accompagne donc d’un mouvement ordonné fait de moments et de gestes significatifs comme la suppression des items et de la sémantique (métropole, outre-mer et leurs variantes) rappelant la colonisation, la prééminence des signes de rupture institutionnelle sur les marques d’appartenance à l’ensemble français, les demandes de compétences accrues ou l’élection d’indépendantistes aux élections nationales.

Certes, face au mutisme kremlinesque des élus de la CTM et à l’indifférence glaciale de la population, il est possible de considérer comme absurde chacun de ces comportements, pris séparément. En effet, les équipées des activistes dans les supermarchés ont pu paraître contre-productives ; la destruction des statuts de l’impératrice Joséphine de Beauharnais et de Schoelcher, historiquement injustifiée ; l’incendie de restaurants, fermée à toute perspective positive ; l’adoption officielle du drapeau rouge-vert-noir ou de la langue créole, étrangère au vœu des Martiniquais ; la distinction de président de Martinique, contraire au statut de la Collectivité.

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Outre-mer : un plan de «déchoquage» nécessaire contre la vie chère, plaident des parlementaires

Une commission d’enquête avait été créée en février dernier pour trouver des solutions pour réduire les inégalités entre l’Hexagone et les territoires d’outre-mer.

Pour remédier au «problème historique» de la vie chère dans les territoires d’outre-mer, l’État doit engager un plan de «déchoquage économique et social», plaide jeudi une commission d’enquête de l’Assemblée nationale. «Lorsque le patient est en état d’arrêt cardiaque, il n’est plus temps de prendre des mesures palliatives», écrit le rapporteur Johnny Hajjar, député du groupe socialiste à l’initiative de cette commission créée en février 2023.

Présidée par Guillaume Vuilletet (Renaissance), cette commission a été chargée de trouver des solutions pour réduire les inégalités entre l’Hexagone et les territoires d’outre-mer, où la vie est plus chère, alors que l’écart des prix (de 10,3 à 15,8%) s’est accentué de 2015 à 2022, selon une étude de l’Insee publiée mi-juillet. Les prix sont plus élevés de «manière exorbitante en ce qui concerne l’alimentaire» et de nombreux autres biens et services dans ces territoires, où «80% de l’approvisionnement de la distribution provient d’Europe et en particulier de l’Hexagone», rappellent les députés.

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