Face à une escalade de violences sans précédent, la préfecture de Martinique a réinstauré le couvre-feu à compter du jeudi 10 octobre, de 21h à 5h du matin. Cette décision fait suite à une nuit de chaos marquée par des violences urbaines d’une intensité inédite. Le directeur de cabinet du préfet, Paul-François Chira, a annoncé sur les ondes de RCI que toutes les manifestations sur la voie publique seraient interdites sous peine de sanctions, afin de restaurer l’ordre dans l’île.
Une vague de violences d’une ampleur exceptionnelle
La nuit du 9 au 10 octobre a été le théâtre d’actes de vandalisme généralisés. Des bandes organisées ont déferlé dans plusieurs communes de l’île, semant la destruction à travers des incendies et des pillages. Le bilan est particulièrement lourd : 500 véhicules incendiés, 30 policiers et gendarmes blessés, 12 arrestations, et un mort par balle au Robert. Une vingtaine de commerces ont été pillés, dont une quinzaine également incendiés, ainsi que deux bâtiments publics entièrement détruits par les flammes.
Des barricades enflammées ont été signalées dans plusieurs zones de l’île, notamment sur la rocade de Fort-de-France, où des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos.

Le 21 septembre dernier, une compagnie de CRS a débarqué en Martinique pour la première fois depuis 1959, marquant un retour historique et lourd de symboles. À l’époque, l’intervention des CRS avait déclenché de violentes émeutes à Fort-de-France, dans un contexte de tensions liées à la décolonisation. Ces affrontements avaient coûté la vie à trois jeunes Martiniquais et marqué la mémoire collective de l’île. Aujourd’hui, soixante-cinq ans plus tard, la situation sociale explosive, alimentée par la lutte contre la vie chère, ravive les fantômes du passé.
— Par Hélène Lemoine —
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Le mardi 15 octobre marque la Journée mondiale du Deuil périnatal, dédiée à la sensibilisation sur une épreuve qui affecte de nombreuses familles à travers le monde. Le deuil périnatal concerne les parents qui perdent leur bébé entre la 22ème semaine de grossesse et les premiers jours suivant la naissance. Qu’il s’agisse d’une interruption naturelle ou médicale, cette perte représente une épreuve d’une intensité émotionnelle et psychologique profonde pour la mère, le père, et l’ensemble de la famille.
Après les « injonctions » faites par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens) aux pouvoirs publics, la Martinique est entrée, à compter du 1er septembre 2024, dans un cycle infernal où la démocratie, le suffrage universel, ont été néantisés.
Dans les écoles, les collèges, les lycées ou les établissements d’éducation spéciale, chaque année les parents d’élèves sont invités à élire ceux qui vont les représenter au sein des instances scolaires. Pour l’année scolaire 2024-2025, ces élections ont lieu le vendredi 11 octobre ou le samedi 12 octobre 2024 dans la majeure partie du pays.
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L’exposition photographique « Lanmou Nou », installée sur les grilles de l’espace Cam
La nécessité de créer une nouvelle banque de développement économique en Guadeloupe et en Martinique devient de plus en plus urgente dans un contexte économique où la cherté de la vie pèse lourdement sur les habitants. En effet, les mesures actuellement à l’étude, comme la révision de la taxation sur les produits de première nécessité, les aides directes et indirectes au transport, le financement très hasardeux de la continuité territoriale, ainsi que la maîtrise concertée mais quelque peu illusoire des marges des distributeurs, ne suffisent plus. Il est crucial d’aller au-delà de ces premières actions de réflexion pour s’attaquer aux facteurs structurels qui aggravent cette situation, tels que les coûts élevés du transport, de l’énergie, de la construction et de l’immobilier . Il devient évident que pour apporter des réponses durables à ces problèmes, il faut impérativement repenser le modèle économique des Antilles françaises.
En Haïti, une grave crise politique et institutionnelle secoue le Conseil présidentiel de transition, mis en place en avril 2024 suite à la démission de l’ancien Premier ministre Ariel Henry. Trois membres de ce Conseil, Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire, sont au cœur d’une enquête menée par l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC). Ils sont accusés d’avoir sollicité un pot-de-vin de 100 millions de gourdes (environ 685 000 euros) auprès de Raoul Pierre-Louis, président du Conseil d’administration de la Banque nationale de crédit (BNC), en échange de sa reconduction à ce poste stratégique.
L’augmentation spectaculaire du nombre de cas d’allergies et d’asthme mobilise de nombreux scientifiques en Europe. Après « La fabrique des pandémies », Marie-Monique Robin relaie leurs travaux sur le rôle bienfaiteur des microbes pour le système immunitaire, notamment des plus jeunes.
L’instrumentalisation des CRS à des fins politiques est à la fois ridicule et grave : ridicule pour les politiques et grave pour l’histoire.
Avec Théo Curin, Bruno Solo & Clémentine Célarié
Au cours des derniers mois, la planète a connu ses mois de juin et d’août les plus chauds, ainsi que la
J’aime bien les analyses de Fred Constant, professeur de sciences politiques à Paris qui nous changent des prises de position orientées auxquelles nous sommes habitués. Il en est ainsi de ses réflexions sur les Déclarations russes sur la Martinique. Il nous apprend que la venue de Kémi Séba en Martinique en 2018 avait été financée par la Russie. C’est le genre d’information qui, en Martinique, est juste apte à attirer les ricanements des sachants qui, eux, nous font rarement connaître leurs savoirs. Cela peut néanmoins surprendre lorsqu’on sait que le passage de l’hôte panafricain avait précédé le déclenchement de la guerre d’Ukraine et avait été bien avant le point de départ des mouvements activistes « décoloniaux ». La visite de Kémi Séba avait servi en quelque sorte à « déniaiser » ces derniers. En effet, en prenant la tête de l’équipée qui allait envahir le supermarché de Génipa et répandre sur le sol le sucre du Gallion, il avait en deux coups de cuillère à pot initié ses affidés, médusés, et semblé leur dire : « voilà comme il faut faire ».
Karine Gonnet, présidente du tribunal judiciaire de Fort-de-France et du conseil départemental d’accès au droit (CDAD) de Martinique, est au cœur d’une enquête judiciaire depuis mars dernier, portant sur des soupçons de corruption, détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts, trafic d’influence, complicité et recel. Cette enquête, menée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), s’intéresse notamment à l’utilisation des fonds du CDAD sous la présidence de Mme Gonnet, qui auraient servi à des dépenses sans lien avec la mission de l’organisme, voire à des fins personnelles.
La question de la vie chère en Martinique et plus largement dans l’ensemble des territoires ultramarins français est depuis longtemps une problématique récurrente et complexe, qui s’enracine dans des causes profondes, à la fois historiques, politiques et économiques. Les négociations en cours pour tenter de résoudre cette crise semblent vouées à l’échec, et ce pour une raison majeure : elles se concentrent essentiellement sur des mesures économiques conjoncturelles, sans aborder les véritables racines du problème, qui sont profondément politiques. En effet, la structure même du modèle économique de la Martinique, hérité de l’époque coloniale, est au cœur de cette situation.Le coût de la vie dans les territoires ultramarins français, en particulier en Martinique, est sensiblement plus élevé qu’en France hexagonale. Ce phénomène est le résultat de plusieurs facteurs structurels, tels que la dépendance aux importations, le monopole de certaines grandes entreprises dans des secteurs clés de l’économie (notamment la grande distribution), et des prix couteux d’un marché local limité par une population restreinte. Ces facteurs économiques sont certes cruciaux, mais ils ne sont que les symptômes d’un problème plus profond : la continuité du modèle économique hérité du passé colonial, qui perpétue des rapports de domination entre la métropole et ses territoires d’outre-mer.
Collectif
Le 1er octobre 2024, une cérémonie exceptionnelle a marqué l’ouverture du synode sur la réforme de gouvernance de l’Église catholique au Vatican. Dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, sept cardinaux ont lu des lettres de repentance écrites par le pape François, mettant en lumière sept nouveaux péchés, dont l’Église se reconnaît coupable. Parmi ceux-ci, la complicité dans l’esclavage et le colonialisme a suscité une vive attention.
En mai 2023, l’Assemblée territoriale de la Martinique avait adopté une délibération historique visant à reconnaître le créole comme langue co-officielle de l’île, aux côtés du français. Cet acte marquait un moment fort, survenant peu après les célébrations du 175e anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Cependant, cette initiative a rapidement été contestée par le préfet de Martinique, Jean-Christophe Bouvier, garant de la légalité des actes des collectivités locales. Il avait demandé à la Collectivité territoriale de Martinique (CTM) de retirer ce texte, avant de saisir le tribunal administratif de Fort-de-France.