Augmentons notre niveau supérieur de conscience et…

…et délogeons les bloqueurs du pardon

Par Pierre Pastel, sociologue et psychothérapeute

Dans ce monde en état de désintégration totale, l’on se demande encore si le temps de l’apaisement finira par sonner. Serons-nous de ceux qui en présideront l’avènement ? Il semble que nous tenons chacun en main la corde de la « cloche d’une possible concorde». En avons-nous pleine conscience ?

Pierre Pastel, met en exergue, ici, une piste, parmi tant d’autres, en guise de rappel. Saurons-nous augmenter notre niveau de conscience pour avoir une oreille attentive, une pratique active ?

Augmenter son niveau de conscience, avoir un niveau « supérieur » de conscience ce n’est pas devenir plus intelligent.

Ce n’est pas être de plus en plus « connaisseur » du commerce de tout ordre que les humains nourrissent entre eux, ce n’est pas être plus instruit des choses matérielles, matérialistes de ce monde, ce n’est pas être de plus en plus technique, stratège, de plus en plus habile, de plus en plus précis et pressé « armé d’une carabine à répétition »1, (fût-elle, par ailleurs, philosophique, économique, religieuse, financière, moraliste, militaire ou politique).

Augmenter son niveau de conscience, avoir un niveau supérieur de conscience :

– ce n’est pas « légitimer » et légaliser l’immoralité,

– ce n’est pas « moraliser » et légaliser l’illégitimité,

– ce n’est pas « légaliser » pour légitimer l’inégalité, l’immoralité, l’illégitimité.

Tout ceci ne nous « vaccine » pas contre, le machiavélisme2, la perversité, la sociopathie3, la psychopathie4 ou pire encore contre l’anosognosie5.

Avoir un niveau supérieur de conscience, c’est non seulement soigner sa faculté de comprendre, de concevoir, de raisonner, mais c’est surtout et d’abord devenir « Indigène » : accueillant, empathique, altruiste, « aimable, sympathique, intelligente et franche », souriant6 hautement respectueux et protecteur de la nature, hautement respectueux et protecteur de nos semblables, tout cela dans un effort de plus en plus grand de connexion, un flirt de plus en plus accentué avec les choses de « l’Esprit » celui qui est à la source de tout et du tout et qui nous lie par son souffle en chacun d’entre nous, que l’on le veuille ou non.

Avoir un niveau supérieur de conscience, c’est donc être dans la transcendance, être habité par une psychologie trans-personnelle, qui nous maintient en lévitation au-dessus de nos « océans », de nos contingences égotiques. C’est ici que se niche la concorde sociétale, le bien-vivre avec soi et avec les autres. C’est bien dans cette « contrée délicieuse » que s’expose le bonheur recherché par tous.

Il y a un « pont » qui relie notre niveau supérieur de conscience et la grâce du pardon, c’est l’état de bienveillance. Être en état de bienveillance nous conduit à la re-connaissance. Reconnaître, connaître et naître de nouveau, renaître avec ; avec soi et avec autrui. Se reconnaître soi-même, chacun dans sa totalité complexe et Reconnaître aussi l’autre dans son imperfection et dans sa perfectibilité7. C’est cela qui nous rendra apte au pardon, et rendra l’autre pardonnable à nos yeux. C’est par l’accession à un niveau supérieur de conscience que nous accédons aussi à la possibilité d’un pardon qui rende tous les maux guérissables, ceux-là même que nous nous infligeons, faute de conscience haute.

Pardonnons-nous mutuellement pour pouvoir se sustenter à la source « pacifique » de ce bonheur de bien vivre ensemble. Délogeons donc nos bloqueurs du pardon.

Délogeons nos bloqueurs du Pardon

Le Pardon n’est pas une déflagration de renoncement à la vengeance, c’est une explosion de liberté intérieure, de paix indescriptible.

Le premier bénéficiaire du pardon, aussi incongru que cela puisse paraître, c’est donc soi-même.

Pardonner ou demander pardon, ce n’est pas se plonger dans l’eau extrêmement glacée ou extrêmement brûlante de la naïveté, ou habiter dans le pays des faibles, comme certains orgueilleux le craignent, c’est retrouver sa sécurité, sa pleine tranquillité, psychologique, mentale, sociétale et spirituelle.

Pardonner ou demander pardon c’est faire exploser les verrous de la prison de la haine permanente pour permettre à son armée, ses milliards de cellules corporelles de se renouveler dans de bonnes conditions.

Pardonner ou demander pardon ce n’est pas renoncer à la vie, c’est ajouter de la vie à sa vie.

Pardonner ou demander pardon, ce n’est pas s’excuser en prononçant le mot pardon pour arrêter le feu dévorant dans la demeure relationnelle, et réallumer en douce ou de manière médiatisée le feu de la discorde. C’est se réparer pleinement, c’est réparer pleinement.

Pardonner ou demander pardon, ce n’est pas d’abord faire remarquer que personne n’est parfait ou que tous sont pécheurs pour minimiser la portée de sa forfaiture, ou celle de son institution, ou pour implorer un partage des responsabilités. C’est regarder sa part pleinement et indépendamment de celle des autres pour soigner sa conscience et sa solvabilité.

Pardonner ou demander pardon, ce n’est pas faire du tort à sa conscience, c’est s’élever à la pleine conscience de soi et de son environnement.

Pardonner, ou demander pardon ce n’est pas faire l’aveugle, le sourd, c’est s’éduquer à la bienveillance vis-à-vis de soi-même et éduquer les autres à la bienveillance mutuelle et universelle.

Oui, nous le confirmons, pardonner ou demander pardon provoque une explosion de liberté intérieure, de paix indescriptible.

Collection auto guérison suprême

10 mai 2024

Pierre Pastel

Sociologue et Psychothérapeute

1Nous pensons à Remy de Gourmont dans « Promenades Philosophiques », Deuxième Série, Mercure de France, édition 1920, page 10)

C’est un écrivant français, journaliste, romancier. Il sait de quoi il parle, lui qui se disait peiné par les effets sur lui de la première guerre mondiale.

2Inspiré des écrits de Nicolas Machiavel, « Le machiavélisme repose sur l’idée que, pour réussir, l’exercice du pouvoir politique doit être indépendant de la morale et de toute obligation de sincérité ».

3« Trouble de la personnalité caractérisé par une tendance générale à l’indifférence vis-à-vis des normes sociales ainsi que des émotions et droits d’autrui. Si ce comportement se répète et devient un mode de vie et non plus une réponse comportementale ponctuelle en réaction à un évènement dramatique de la vie – c’est une pathologie. » ( Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/comment-reconnaitre-sociopathe-et-comment-savoir-en-etes-michel-benezech-774195.html#zFmAiIddlIHTgxxQ.99)

4« La psychopathie est un état de déséquilibre psychologique qui se caractérise par certaines tendances non adaptées à la vie en société. Parmi les symptômes de la psychopathie, on relève : l’indifférence, l’irresponsabilité, l’absence de culpabilité, l’absence d’empathie, les comportements asociaux avec autrui, la tendance à la manipulation pour atteindre ses objectifs. L’individu psychopathe ne présente pas de déficit intellectuel ni d’atteinte psychotique. La psychopathie n’est pas une maladie incurable. »

5L’Anosognosie, « C’est un trouble neurologique qui empêche de reconnaître sa propre maladie ou son handicap ».

6C’est à Jean-Baptiste Charcot, Explorateur, « Dans la mer du Groenland », 1928, qu’il nous revient de rendre hommage, ici.

7Dans sa capacité à s’améliorer, à devenir « impeccable, net, propre…,nickel », pour employer un langage familier. (Éclaircissement du Petit Robert)