— Par Stéphane François(*) —
Qu’est-ce que l’écologie d’extrême droite et d’où vient-elle, d’un point de vue historique ?
Dès la fin du XIXe siècle, on voit l’apparition d’une écologie conservatrice, qui entend préserver l’environnement au sens large, avec un côté rousseauiste : la nature est conçue comme vierge de toute action de l’homme. En Europe, elle trouve surtout ses racines en Allemagne, qui va passer, entre 1860 et 1880, d’un pays quasi médiéval fait de principautés, d’États et de villes libres, à un pays unifié autour de la Prusse qui s’est massivement industrialisé. Elle devient alors la 2e puissance économique du vieux continent, derrière le Royaume-Uni. Mais cette modernisation n’est pas sans violence pour les populations.
Dans les milieux ultranationalistes allemands de l’époque comme le mouvement völkisch – toujours difficile à traduire, mais qui sous-tend raciste, populiste et ethnonationaliste –, il y a donc un rejet de la modernité et la défense d’une Allemagne plus archaïque, voire païenne. Ce mouvement sera le premier en Europe à insister sur la nécessité de protéger l’eau, l’air, etc. Des préoccupations environnementales plutôt qu’écologiques, certes, en lien avec une conception romantique du monde.