— Par Nicolas Santolaria —
L’éducation est une science (moyennement) exacte. Cette semaine, Nicolas Santolaria s’interroge sur cette propension des hommes à utiliser le prétexte du travail pour échapper à la partie de Bata-waf avec leurs enfants.
Bizarrement, mes deux fils ont une vision assez négative de mon travail. Non pas qu’ils fassent partie des 61 % de Français qui pensent que les journalistes sont asservis aux lobbys de la finance (Baromètre de confiance envers les médias 2020). En réalité, leur courroux est motivé par tout autre chose. « J’aimerais pas être journaliste plus tard, m’a confié récemment mon plus jeune fils, parce que t’as jamais le temps de jouer avec moi. » « Tu travailles tout le temps ! », s’est également plaint le plus grand.
Bref, ce qui dérange mes enfants, c’est le caractère visiblement très chronophage de ma servitude professionnelle. Là où je me vois exercer un métier un peu romantique et moins contraignant que beaucoup d’autres, rédigeant de longs textes sous les toits pour essayer de me faire croire que je suis un lointain cousin de Gay Talese, mes enfants, eux, me perçoivent plus prosaïquement comme un esclave enchaîné à son écran d’ordinateur, jamais dispo, toujours en retard d’un article à rendre.