— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Depuis quelques mois , l’histoire est devenue en Martinique un formidable espace de jeux politiques.
Et si les « guerres de mémoires » étaient, en Martinique , un moyen de faire entrer le passé dans le présent sur les questions politiques, sociales, culturelles, essentielles ?
À partir des années 2000 , le gouvernement français a mis en place une série de politiques économiques néolibérales. Ces mesures se sont imposées dans tous les secteurs de la vie sociale en Martinique. La régulation par le marché a ainsi envahi les systèmes de santé et de logement, le code du travail, le système de retraite et surtout le système éducatif. Vingt ans après, cet ordre social a commencé à être contesté. La société Antillaise a entrepris alors un long processus de mobilisation mémorielle conduit principalement par des historiens de la mouvance patriotique.
Mais l’action en termes de politique contestataire est essentiellement aujourd’hui le fait du mouvement activiste pan africaniste qui met en place des répertoires d’action collective représentatifs de ces mécanismes : la désobéissance civile, la démocratie directe, les défilés et manifestations pour la réparation , les occupations de lieux symboliques comme les supermarchés de la caste « békés » et les actions de violence politique avec les destructions de statues de Schœlcher, de Joséphine de Beauharnais, et de Pierre Belain d’Esnambuc.