Déjouer les pièges du pouvoir colonial !

— Par Gilbert Pago, membre du GRS —

A l’évidence le piège est tendu. Avec un art de la manipulation basé sur des siècles d’expérience en matière de domination, l’état colonial pratique un double discours spécieux. D’un côté il fait mine d’hésiter dans sa démarche judiciaire contre les militants de l’affaire d’Oceanis comme si il pourrait jouer la carte de l’apaisement, de l’autre il manie la trique contre les mêmes. En embarquant au petit matin deux militants accusés de violences contre les policiers lors d’un autre procès le 15 mai, nos experts connaissaient si bien la suite prévisible qu’ils avaient déjà sous la main les forces de gendarmerie pour remplacer la police considérée comme trop locale pour « faire le boulot ». La saisie inadmissible d’un tambour de protestation devant le commissariat fut la provocation pour obtenir les échauffourées souhaitées.

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Le but évident est de faire naître un sentiment de lassitude dans la population, de provoquer un doute quant à la nature de certaines arrestations et d’isoler celles et ceux qui pour des raisons légitimes veulent en découdre avec un système basé sur le mépris du peuple et la complaisance criminelle avec un certain nombre d’empoisonner békés.

Le piège c’est de se laisser emprisonner dans un face à face périlleux entre des groupes de « gèrié/gèrièz » détèrminé-e-s et un État cynique dont la force n’est pas tant dans son nombre de boutons, de grenades et de brutes pour les utiliser que dans la passivité d’une majorité de la population alors que c’est de son combat pour la vie qu’il s’agit. Il y a une façon de déjouer ce piège et de briser ce cercle vicieux. La clé c’est le mouvement ouvrier et populaire qui la détient. Ce mouvement a une part de responsabilité dans les impasses d’aujourd’hui. Les « politiciens » pour reprendre une expression que nous répugnons toujours à généraliser (nous ne sommes pas des adeptes du « toutes tendances confondues »!) sont trop occupé-e-s dans leurs tractations (après les municipales puis les communautaires voici les territoriales !) pour s’occuper d:autre chose. Les plus proches du peuple ne bougeront que si le peuple lui même se met en marche. Pour cela le déclic ne peut venir que du mouvement ouvrier et populaire qui organise des centaines voire des milliers de combattant-e-s. Les différentes composantes de ce mouvement doivent cesser de regarder leur propre nombril, doivent prolonger leurs luttes sectorielles légitimes par les combats d’ensemble que la situation appelle et qui sont trop connus pour que nous ayons à les énumérer. L’urgence est de travailler de façon consciente et méthodique dans cette direction, au delà des incantations et des appels pathétiquement vains.

Ils passent devant le juge des libertés et de la détention en ce moment. Ils seront mis sous contrôle judiciaire en attendant leur procès en Comparution immédiate prévu le 27 août 2020 à 9h

COMMUNIQUÉ DU GROUPE RÉVOLUTION SOCIALISTE

(MARTINIQUE)

L’État colonial estil simplement miné par des provocateurs nichés dans l’appareil d’État ou a-t-il décidé d’entrer dans une confrontation musclée avec les peuples des dernières colonies ?

Au vu des événements de Fort de France et de « lîle de Guyane « (pour parler comme les ignorants qui dirigent l’Etat), la question se pose. La glorieuse prise de guerre des pandores (le tambour d’un manifestant devant le commissariat de Fort de France a fonctionné comme une provocation inadmissible. Les brutalités policières qui ont suivi ajoutent à l’intolérable. En Guyane le refus des autorités de rencontrer le principal syndicat du pays suivi d’une brutale évacuation de la population indignée, apparaissent comme la rançon des propos très critiques émis par les élus contre la gestion par l’État de la crise sanitaire.

Devant cette situation le GRS :

– exprime sa ferme condamnation de la tournure que l’État veut donner à la situation dans ses dernières colonies

– met en garde les autorités sur les conséquences qui pourraient en résulter aussi bien en Martinique qu’en Guyane

– appelle lensemble du mouvement ouvrier et populaire de Martinique, Guyane, Guadeloupe à se concerter pour arrêter le bras criminel du colonialisme dans nos pays.

Fort de France le vendredi 17 juillet 2020