Catégorie : Poésies

Misié Mòn Matnik

Ba Filip Bourgade

— Par Daniel M. Berté —

Epi aparey-foto’w …
Ou fè-nou monté-mòn
désann mòn Matinik
gadé lavi bòkay
admiré lavi-nou
aprésié lavi an mòn Matnik

Ou fè-nou alé La source
Chayé dlo
pran Panyen basen
pou péché Tilapia
pou ba Manman Doudou

Ou fè-nou Douvan jou
Ba bett manjé
Manjé kochon
épi fè dé Bott zeb
pou ba Milé baté

Ou fè-nou Désann Fodfwans
an Débi la réji
nou pran an Dékolaj
épi Bwè koko
kom Kraz dèyè’y

Ou fè-nou jwé jé
Labalet, Kalibanjo
Woul woulé ek Serso
Tek, Toupi ek Yoyo
Chouval bwa ek Ladja

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« Ombre et lumière » & « Sans se retourner »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Ombre et lumière

Dans ce jeu d’ombre et de lumière
qu’est le théâtre de la vie,
en vain j’essaye d’y voir clair
avant que ne sombre l’esprit
dans ce qu’on nomme la folie…

Hélas, les ombres y sont en nombre
et pourraient gagner la partie
dans cette bataille ancestrale
opposant le bien et le mal…

Mais soudain me vient à l’esprit
que sans lumière il n’est pas d’ombre
et le contraire est vrai aussi…
N’est-ce pas en pleine lumière
que toujours une ombre vous suit ?

Alors de tout ça il s’avère
qu’aucun endroit sans un envers
parce qu’ils sont complémentaires
autant que le jour et la nuit…

C’est pourquoi je le dis en vers
et même si ça vous ennuie :
acceptez donc ce côté sombre
qui fait partie de votre vie !

Sans se retourner

De cette vie j’en avais marre :
en prenant mes jambes à mon cou,
j’ai alors largué les amarres,
faisant d’une pierre deux coups…

Débarrassé d’un lourd passé,
disponible pour le futur,
je suis parti à l’aventure,
ayant retrouvé ma gaîté

et, avec elle, envie de vivre…
Rien qu’en humant la nouveauté,
c’était comme si j’étais ivre
sans avoir rien bu ni fumé !

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Lafen-di-mond…

— Par Daniel M. Berté —

Sé menm jou-a tout zozio nan siel rété volé
Ek ped plim ek tonbé anlè do
Kon woch ki raté an mango-vè

Sé men jou-a tout pwason an lanmè rété najé
Ek ped zékay ek désann an fon dlo
Kon woch ki maré adan an nas péchè

Sé menm jou-a tout bèt avek ek san pat rété maché
Ek ped pwel ek doubout an ripo
Kon woch an mitan an savann vétivè

Sé men jou-a tout pié-bwa rété boujé
Ek ped fèy ek rété red mawto
Kon woch an didan mason an gran palè

Sé menm jou-a tout moun rété vansé
Ek ped la pawol ek vini flo
Kon woch ki ka pézé otan ki ladoulè

Sé menm jou-a prèmié épi dènié
Ek ki wè disparet Lavi épi Lanmò
Kon wch-la ki matjé lafen-di-mond si Latè

Daniel M. Berté 270219

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« Comme un lézard sans queue » & « Climat… d’insécurité »

— Patrick Mathelie-Guinlet —

Comme un lézard sans queue…

Comme un lézard laisse sa queue
à qui voulait le retenir
dans ce but avoué de survivre,
afin de pouvoir m’affranchir
du lourd poids du passé, je veux
l’oublier, alors je m’enivre…

Émerveillé, ouvrir les yeux
sur ce monde et mon avenir
avec cette même innocence
que l’on attribue à l’enfance
et librement ma vie poursuivre
sans la crainte d’être trop vieux…

Si du lézard la queue repousse,
moi je repousse le passé
pour que la vie me soit plus douce,
à l’abri de tout préjugé…

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L’artiste et poète martiniquais Julien Creuzet représentera la France à la Biennale de Venise

La Biennale de Venise (en italien : Biennale di Venezia) est une fondation italienne qui organise différents événements : manifestation d’art contemporain, de théâtre, de danse, de musique, d’architecture et de cinéma dans Venise. Les lieux principaux sont les Giardini, l’Arsenal et le Lido (Mostra du cinéma) et attribue des récompenses : un Lion d’or, pour chaque manifestation.

Le terme de Biennale de Venise est couramment utilisé pour désigner l’Exposition internationale d’art contemporain de la Biennale de Venise (Esposizione internazionale d’arte di Venezia).

Elle est considérée comme une des plus prestigieuses manifestations artistiques en Europe et dans le monde. C’est aussi une des plus anciennes puisqu’elle fut créée en 1893 et se tint pour la première fois en 1895 en tant que « Exposition Internationale d’Art de la Cité de Venise ». Sa seconde édition, lui valant le nom de « Biennale » eut lieu deux ans plus tard.

Julien Creuzet, artiste français né en 1986, incarne une figure majeure de la scène artistique contemporaine, hissant haut les couleurs de la France à la 60e Biennale de Venise, où il sera le premier homme noir à représenter le pays.

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« Rêve de poête » & « Cuisine poétique »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Rêve de poête

Je cherche des beautés
pour que mon cœur résonne…
Ce qui le fait vibrer
n’est pas ce qui raisonne

mais une émotion pure
qui le touche et qui dure
et que, je vous assure,
seulement l’Art procure…

Je veux que l’on m’emmène
visiter l’inconnu
et puis qu’on me surprenne
où je n’ai pas vécu…

Et faire que ma vie
devienne une aventure
toujours renouvelée
au gré de mes envies

afin que mon esprit,
préservé de l’ennui,
soit sans cesse surpris,
à jamais stimulé !

Puis pour le partager,
en faire le récit
écrit en poésies
qui vous font voyager…

Cuisine poétique

Le cerveau d’un poète
est une moulinette
et voici sa recette :
les moments de sa vie,
il en fait du hachis…

Puis avec il farcit,
mêlant ses joies et peines,
des bouchées à la reine
emplies de poésie

qu’il donne à déguster
comme un bon cuisinier,
une fois que c’est cuit
à point et bien doré,
à qui veut l’écouter,

oubliant ses ennuis,
ses soucis, sa misère
un temps certes éphémère
mais combien nécessaire
pour supporter la vie !

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Tribune contre la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des poètes

La fin de l’année 2023 a signé le glissement du second mandat d’Emmanuel Macron, un président auto-désigné comme « ni de droite, ni de gauche », vers un projet politique plus que jamais proche de l’extrême-droite, illustré notamment par le vote de la nouvelle loi sur l’immigration – revendiquée comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen – et marqué par une idéologie réactionnaire où les changements sociaux, pourtant inhérents à toute société démocratique, incarnent un danger.

Au vu de ce contexte, nous, poétesses, poètes, éditrices et éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignantes et enseignants, actrices et acteurs de la scène culturelle française, refusons la nomination de Sylvain Tesson comme parrain du Printemps des Poètes 2024.

En mars, bien au-delà de la programmation officielle du Printemps des Poètes, la poésie est mise en valeur de façon autonome par de nombreuses structures, notamment en milieu scolaire, en médiathèque, en librairie et dans des festivals, où nombre de poétesses et de poètes sont invité·es. Nous refusons qu’un événement culturel auquel nous sommes de fait inextricablement lié·es de façon symbolique, créé « afin de contrer les idées reçues et de rendre manifeste l’extrême vitalité de la poésie », soit incarné par un écrivain érigé en icône réactionnaire.

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3ème édition du Prix International de l’Invention Poétique

Appel à contribution : Date limite : 12 avril 2024

BALISAILLE annonce le lancement de la troisième édition du Prix international de l’invention poétique. Décerné sur manuscrit, le prix vise à récompenser des textes poétiques se signalant par leur force et leur originalité, dans deux catégories : langue(s) créole(s) et langue française. Le Prix international de l’invention poétique est ouvert aux poètes et poétesses du monde entier.
Le/la candidat(e) adressera par courriel (pipoetique@gmail.com) son recueil inédit, jamais publié, au format PDF, et ne faisant l’objet d’aucun contrat d’édition.

Le texte devra être anonyme et ne comporter aucune image. Un minimum de 15.000 caractères (espaces non-compris) est requis. Les œuvres primées seront éditées, diffusées et distribuées par les Editions Caraïbéditions au sein de leur collection Poés’îles. Un contrat d’édition, entre les auteur(e)s primé(e)s et Caraïbéditions, sera signé avant publication. A noter que le texte publié pourra, avec l’accord préalable de l’auteur, avoir été modifié suivant les conseils avisés des membres du jury.
Le jury pourra décider de ne pas décerner les prix si aucun envoi ne lui en paraît digne.

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Alé ofon gason !

— Par Daneil M. Berté —

Né man né, man kriyé
Telman fò, moun tranblé
Matròn-la étonné
Di Manman : Asiré
I ké alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, se janti ti-gason

Konmdifet man grandi
An komin Sentespri
An ti manniè bandi
Tjirié épi radi
Té ka alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kon an jenn ti-gason

Man té ni gran balan
Ka trasé san manman
Toujou douvan-douvan
Man té bolonm vayan
Ka alé tou ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kon an belbon gason

Man trapé ladévenn
Adan chimen lapenn
Mé man pa té ka krenn
Ni poul ni bef bwarenn
Pas man té ka’y ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kondi an gran-gason

An malè an bonnè
San ripròch ek san pè
San janmen fè dèyè
Man pa té tjoupèpè
Pis man alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kon an vré met-gason

Jòdi tan pasé tan
Epi tan kité tan
Man pa an rigrétan
Ankò mwens an pléran
Pas man alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kon bien dot vié-gason

Dan lavi, adan liv
Man pé di man bien viv
Si kò-mwen an dériv
Man ni la mémwa viv
Pas man alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, kon tou lé vré gason

Zòt lé jenn ka vini
Si zot lé réisi
Ek rivé dan lavi
San fini dan lari
Fodré alé ofon, an fenfon pli profon
An fondok de tout choz, ti-fi kon ti-gason

Daniel M.

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Impermanences

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
I

Telle d’étoile la poussière
charriée par le vent solaire
ou comme un sable du désert
qui vole par-dessus les mers
sur les ailes des alizés,

souviens-toi sans en être amer,
homme, que tu n’es que poussière
venue du fond de l’univers,
ce dont tu peux te montrer fier

mais qu’à la fin de ton voyage
tu retourneras en poussière,
changeant d’endroit au gré des vents…
Rien ne se crée ni ne se perd,

tout se transforme avec le temps,
empruntant un autre visage
et c’est pourquoi à la matière,
quand toute forme est éphémère,
ne s’attache point l’homme sage !

II

Une étoile est un astre
comme l’est une star…
Mais lorsqu’un peu plus tard
il cesse de briller,
ça devient un “désastre”…

Car une chose est sûre :
le temps est un grand maître
…étalon qui mesure
combien fragile est l’être

et la gloire éphémère
puisque sur cette terre
quasiment rien ne dure,
un constat bien amer !

Quant à celui dont l’art
est l’essence de vie,
en son for intérieur
le plus grand des malheurs,
sa plus terrible peur

et pire cauchemar
qui le plonge en enfer
est que vite on l’oublie
si l’œuvre ne survit…

Lorsqu’en est venue l’heure
et qu’un artiste meurt
ou qu’un astre “désastre”,
rien ne servent les pleurs !

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18-21 janvier. Quand les arts se rencontrent !

— Par Marie Alba —

L’art Gonds Tout présente l’exposition « Le Corps » à Saint-Pierre et des lectures théâtralisées sur le thème du corps à Fort-de-France et Saint-Pierre.

L’association L’art Gonds Tout présente du 18 au 21 janvier 2024 l’exposition « Le Corps », à la Guinguette de Saint-Pierre, en association avec les Nuits de la lecture 2024 dont la thématique, proposée par le Centre National du Livre, fait très certainement écho aux jeux olympiques qui se tiennent cette année en France.

Le corps, sujet que l’on retrouve dans toute représentation de l’art, de la peinture à la sculpture en passant par le théâtre et la poésie, devient support de l’expression aussi bien que matière à façonner pour les comédiens et les artistes de L’Art Gonds Tout .

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L’exposition installée dans la salle de la Guinguette, face à la mer des Caraïbes et au volcan, regroupe une quarantaine de créations, peintures et sculptures.

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Questions à un poète : l’homme qui voulait peindre des fresques

À l’occasion de la sortie de L’Homme qui voulait peindre des fresques, son auteur, Michel Herland, s’entretient avec Jacques Brasseul, historien, pour autant fin lettré et familier des poètes français.

JB : Un mot du titre, pour commencer, qui pourrait être celui d’un roman…

MH : Il n’était pas facile de trouver un titre qui résume l’ensemble d’un recueil aussi disparate. Mon éditeur, Olivier Larizza, poète lui-même, a proposé de retenir celui – un peu raccourci – de l’un des poèmes. Il ouvre sur l’une des lectures possibles du livre, celui d’un auteur qui voudrait être poète, qui s’essaye à divers genres sans jamais être certain d’y parvenir vraiment. Je suis d’ailleurs toujours étonné qu’une poétesse, Sonia Elvrieanu, m’ait contacté un jour pour proposer de traduire certains de mes poèmes en roumain (ce qui a donné le recueil bilingue Tropiques suivi de Miserere) puis qu’un éditeur français ait eu envie de publier ce nouveau choix de poèmes. Mon faible pour la versification classique, si éloignée de ce qui se fait aujourd’hui, me fait fatalement craindre d’être totalement ringard.

JB : Nous reviendrons sur tes procédés d’écriture.

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Touni

— Par Daniel M Berté/ —

YO té za tou touni
Douvan gran kon piti
Anlè plaj pa isi
Di Mardi o Lendi

Ni yonndé moun ki ri
Pas an bann kochonni
Mété kò-YO touni
Pou fè fotografi

An lot konpanyi di
Sé respé YO pa ni
Ba moun ek ba péyi
Ki di-YO bienvini

Dot kriyé sa sifi
Ka sòti la’w sòti
Ensilté lanati
Trop vakabonajri

Dji di si sété li
Sé fret anlè zizi
Epi dé kout fizi
Pou pran lavol disi

Si nou pa réyaji
Nou tout ka’y rété pri
Kon an bann titiri
Adan filet lelmi

Pliziè fwa nou sirpri
Pas nou té ka dòmi
YO chayé no piti
Adan lamèw patri

Ejèn Mona té di
An janr de profési
Sé vérité jòdi
« An tet YO lé’w touni »

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« Silence ! On tourne… » &

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Silence ! On tourne…

Le silence est une toile vierge
sur laquelle on peint les couleurs de nos mots
ou bien un bloc de marbre immaculé
auquel on donne la forme de nos rêves
avec le ciseau de nos mots…
Le silence est cette matière noire de l’espace originel
au sein de laquelle éclosent les étoiles brillantes de nos lumineuses pensées…
Le silence, c’est l’absence et la solitude,
d’un refus de parler l’attitude
ou parfois simplement de la timidité,
surdité ou bien langue coupée…
Cette bulle temporelle est pourtant si fragile et facile à briser !
Mais il est aussi potentialité infinie de paroles futures et musique envoûtante,
la liberté absolue d’avant le déterminisme qu’impliquent nos choix :
en fait, ce rien où tout est encore possible !

Décadence

Ce monde n’est vraiment plus drôle
où l’on ne tient plus sa parole
car sans cesse on y joue un rôle…
Monde où l’on vit dans le mensonge,
virtuellement comme en un songe…

On sacrifie l’être au paraître
et le savoir au fait d’avoir
soit de l’argent, soit du pouvoir,
plus importants que de connaître…

Le sexe aussi devient virtuel,
l’intelligence, artificielle !

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« Bienfaisante amnésie » & « Enfin libre! »

Par Patrice Mathelié-Guinlet

Bienfaisante amnésie

Les souvenirs et les objets
provenant de notre passé
sont comme autant de lourds boulets
nous enchaînant aux choses mortes,

empêchant l’âme de voler
librement vers la nouveauté,
d’ouvrir ainsi toutes les portes
de l’inconnu, l’inespéré,

ce qui fait le sel de la vie
en lui donnant son réel prix
et nous préserve de l’ennui,
des regrets, de la nostalgie…

Vivre dans l’émerveillement
permanent comme les enfants,
ouvrir au monde les yeux neufs
du tout juste sorti de l’œuf,
pas avec un regard de veuf !

Vivre entièrement le présent
en abordant chaque moment
comme s’il était le premier :
l’amnésie, c’est la liberté !

Celui qui a trop de valises
dans les sables du temps s’enlise…
Être un voyageur sans bagage
ni mémoire, quel que soit l’âge !

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Vini épi mwen

— Par Daniel M. Berté —

Vini épi mwen pou fè-nou
vwayajé kon voltijè lwen
An lapot lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Volé wo kon vòlovan
An lasous lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Vansé an vwa lavérité
An lémosion lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Viv kon volan anba ek anlè dlo
An lanmè lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Valsé dan an vals a-twa-tan
An lajwa lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Vadrouyé kon vakabon
An lavi lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Vlopé épi vapè
An ladousè lanmou… Vini…
Vini épi mwen pou fè-nou
Viré an vibrasion
An lenfinité lanmou… Vini…
Daniel M. Berté 271123

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À propos de la poésie de Lenous Guillaume-Suprice (Nounous)

— Par Alain Saint Victor —

La poésie n’est pas forcément du vers et des rimes (…). Un poème est une tentative de nous ouvrir les yeux pour voir ce qu’on ne regarde plus. Jean Cocteau

Il y a une mémoire d’au-delà de la mémoire : c’est ce qui remonte à la surface grâce à ces grands coups de sonde que constituent l’acte poétique. Aimé Césaire

Un jour, alors que je faisais part à Nounous de ma difficulté à comprendre la poésie, il m’a tout simplement répondu d’un air ponctué d’une franche candeur : « Laisse-toi aller ! »

Ce « Laisser-aller », je l’ai appliqué non sans difficulté et sans risques en lisant et relisant son dernier recueil de poèmes Nuit Rhapsodie1.

Inutile de chercher une versification qui laisse transparaître à ciel ouvert et dans sa totalité le sens du poème. Tel est l’écrit de Nounous, et dès Alcool d’une nuit et d’autrefois l’on se trouve plongé dans l’histoire qui semble celle d’une payse encastrée dans la mémoire peut-être d’un voyageur cherchant sa route, peut-être dans la conscience d’un aventurier en quête de liberté, mais en bute à de multiples obstacles :

« À l’inverse du rapprochement
sa solitude son ennui laissés
sans épanchement

À l’échelle du quotidien
ses nuits ses heures passées
à craindre des complots

Au tableau des attentes
sa fougue sa passion émasculées
à grands coups de mépris »

 

Ainsi se suivent plusieurs strophes où le poète passe en revue à l’aide de puissantes métaphores les turpitudes et affres d’une conscience éclaboussée :

« Assez souvent
on doit éteindre la clarté des oreilles
pour ne pas entendre la cacophonie des maitres
d’hier et d’aujourd’hui
en leur démoniaque huis clos
au démantèlement de son édifice à distinction »

Le poète trace et cherche sa voie dans la tourmente : avant de se (re)trouver, il doit briser les chaînes de toutes « ces nuits d’angoisse » et se débarrasser « des chiennes de puces ».

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« Complainte d’une jeune abusée désabusée » & « Fou du vilage, dans vie sage! »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Complainte d’une jeune abusée désabusée

J’ai sacrifié mon innocence
pour quelques paroles mielleuses,
croyant qu’il me rendrait heureuse
mais il a trahi ma confiance…

Je voulais vivre un grand amour
mais lui n’en voulait qu’à mon corps…
Après seulement quelques jours,
ce salaud m’a jetée dehors
sans aucun scrupule ou remords !

Tout ce qui brille n’est pas or.
S’il est vrai qu’il faudrait toujours
en amour écouter son cœur,
mieux vaut aussi réfléchir pour
n’avoir pas à verser de pleurs…

Fou du vilage, dans vie sage!

Bon à rien, prêt à tout,
du village le fou,
je gueule, fume et bois !
Lors on m’évite et puis
on me montre du doigt
en se moquant de moi.

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« Fanm Totem » : sept poétesses sur une scène

— Par Selim Lander —

Ce n’est pas tous les jours que la poésie est mise à l’honneur sur le plateau d’un théâtre, aussi faut-il saluer le Théâtre de Fort-de France pour avoir accueilli deux soirs de suite un spectacle poétique et musical, permettant ainsi à trois poétesses martiniquaises, une guyanaise, une guadeloupéenne et une haïtienne plus une invitée surprise de délivrer leurs messages en créole ou en français, accompagnées avec doigté par quatre musiciens.

« Tous les poètes mentent », s’il faut en croire Nietzsche qui met ces paroles dans la bouche de son héros, Zarathoustra. Si cet adage a incontestablement une part de vérité (1), rien n’est plus faux en ce qui concerne nos poétesses dont nul n’aurait l’idée de mettre en doute la sincérité. Elles ne veulent rien cacher ; elles se mettent à nu avec leurs mots et des pas de danse sur quelques notes de musique. Derrière ce récital voulu et mis en scène par Chantal Clem, il y a en effet la conviction que la parole des femmes a été trop longtemps réprimée et que le temps est venu pour elles de s’exprimer, de dire tout ce qu’elles ont sur le cœur.

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Van-an

— Par Daniel M. Berté —

Van-an las bonmaten-an…
Sé pa kon lé venn-douz vvan

Ki za vini vizité lavi-mwen…

Van violan ki ka fè jen kon vié pran lavol
Van varian ka fè latjé poul panché vitman
Van visié ka vini a la-vites-gran-v

Van vantatè ka kouri présé a la vapè
Van vorien ka lévé wob lé vié fanm visiez
Van vakabon ka vadrouyé di Verpré o Voklen

Van vidjò ka lévé-fésé tousa ki vayan
Van voltijè ka vréyé valsé tousa ki ka vini
Van vòlè ka pran lavi lé vev kon lé vef

Van vache ka fè vasiyé tousa ki vertical
Van valdendjè ka fè alé-viré a tout vites
Van vwayou ka vandalizé la véjétasion

Piès sé van tala pa vini jòdi Vandrédi trez…
Sé an van féba flègèdè ek flapi ki vini
Van-an las bonmaten-an…

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« Arrêtons le massacre » & « Optimisme »

— Par Patrick Mathelié- Guinlet —

Arrêtons le massacre!

Si jadis pour un rien
on en venait aux mains
dans de menues bagarres,
aujourd’hui c’est bien pire,
ne prêtant plus à rire :
pour une peccadille
on se tue aux Antilles !

Pour un simple regard
ou un mot de travers,
à présent les ados
peuvent aussitôt sortir
de leur poche un couteau
et même un révolver…

Problème identitaire
ou manque de repères ?
La jeunesse se perd,
cultivant la violence
au mépris de prudence
la plus élémentaire,
et joue son existence
sur un coup de poker !

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« Carpe Diem III » & Rêver…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

CARPE DIEM ! III

Quand pour toi vient cet âge
sombre de la vieillesse
qui précède la mort,
qu’elle courbe ton corps,
ride aussi ton visage
et la peau de tes fesses,

il est temps de songer
qu’alors chaque seconde,
chaque respiration
va un peu rapprocher
de l’heure du trépas,

de ce moment dernier
par l’homme redouté
auquel il te faudra,
hélas, quitter ce monde,
que tu le veuilles ou non…

Et tirer la leçon,
pour mieux en profiter,
de vivre intensément,
pleinement au présent
tout ce temps qui demeure
avant que tu ne meures…

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Man plen

— Par Daniel M. Berté —

Man wè ek man tann trop
Man boufi épi mové nouvel
Man ni asé, man plen
Ek man ka débòdé

Ki anlè lé jounal oben télé-radio
Asou radio-fey-chou o lé rézososio
Mové nov ka fann tet-mwen
Ek ka sivotjé-mwen

Nou sibi lakovid, anba sargas woté
Klordékòn prézonnen, kansè sé pa palé
Brim-de-sab san manman, ladeng ka dékalé
Nou ka sòti an sann pou tonbé an difé

Lé migran ka néyé an Méditèrané
Larisi ek Likrèn fè an ladjè pété
Yo pòkò négosié pou yo sa fè lapé
Amas ek Israel ka fè lé zanm palé

Lè sé pa laséchres ki ka limen difé
Sé lapli ek siklòn ka krazé ka brizé
Adan Lamazoni YO ka ratibwazé
Tanpérati mondjal ka monté ka grenpé

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Choisirai-je un camp?

— Par Yves Untel Pastel —

Et quand sifflent les bombes, choisirai-je un camp ?
Quand les boules de feu enflamment les écoles, 
Choisirai-je un camp ?
Quand on s’empoigne et s’étrangle aux frontières, 
Choisirai-je un camp ?
Entre deux estropiés de camps opposés 
Qui brandissent leurs béquilles
Et s’insultent, choisirai-je un camp ?
Quand la bataille diplomatique fait rage
Pour étouffer la voix du camp ennemi,
Choisirai-je un camp ?
Quand un forcené haineux se lance
Dans une expédition vengeresse
Et réduit à néant une réconciliation fragile,
Choisirai-je un camp ?
Et quand, à la morgue reposent côte à côte
Deux corps nus méconnaissables,
Quand désemparée, 
Chaque famille s’incline
Devant chaque dépouille
Avec la même ferveur,
Et quand, brisées de douleur,
Les mères élèvent vers Dieu
Une même poignante prière,
Choisirai-je un camp ?

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Saisis l’instant ! (Carpe diem !)

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

I
J’ai voulu tuer le temps…
C’est le temps qui m’a tué !
En naissant déjà vieux,
on ne peut éviter,

retarder le moment
où l’on doit dire adieu…
D’aucuns ont beau tenter
de freiner l’entropie

par un tas de moyens,
leurs efforts restent vains !
N’en demeure pas moins
que l’on n’a qu’une vie
dont il faut profiter !

Bonne philosophie,
qui nous met à l’abri
des regrets, de l’ennui :
en vivre chaque instant

la même intensité
que s’il s’était agi
du premier ou dernier,
tenez-vous-le pour dit…

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