18-21 janvier. Quand les arts se rencontrent !

— Par Marie Alba —

L’art Gonds Tout présente l’exposition « Le Corps » à Saint-Pierre et des lectures théâtralisées sur le thème du corps à Fort-de-France et Saint-Pierre.

L’association L’art Gonds Tout présente du 18 au 21 janvier 2024 l’exposition « Le Corps », à la Guinguette de Saint-Pierre, en association avec les Nuits de la lecture 2024 dont la thématique, proposée par le Centre National du Livre, fait très certainement écho aux jeux olympiques qui se tiennent cette année en France.

Le corps, sujet que l’on retrouve dans toute représentation de l’art, de la peinture à la sculpture en passant par le théâtre et la poésie, devient support de l’expression aussi bien que matière à façonner pour les comédiens et les artistes de L’Art Gonds Tout .

°            °
°

L’exposition installée dans la salle de la Guinguette, face à la mer des Caraïbes et au volcan, regroupe une quarantaine de créations, peintures et sculptures. Les plasticiens de L’art Gonds Tout se saisissent, chacune et chacun à sa manière, du thème du corps et proposent leur vision, plus ou moins surprenante mais toujours guidée par un souci esthétique. 

« On ne représente jamais le corps pour lui-même mais pour l’idée qu’on s’en fait » écrivait Hegel.

Corps identité, corps témoin, corps porteur de messages, corps déformé, disloqué, transformé, porteur de revendications et outil de communication d’idéaux et de contestations. Corps parfois ravagé mais aussi sublimé !

L’artiste peintre DAMI réalise des œuvres sur des supports variés ; PVC, alu, toile. Du tableau intitulé « Verticalité », par exemple, surgit une image d’équilibre, de grâce et de mobilité.

Chaque création est singulière et unique. Le corps n’est pas un sujet anodin. Il entraîne immanquablement la question du rapport à soi-même comme celle du rapport aux autres.

« Le corps, sous l’angle de sa chosification brutale ou subtile, par soi-même ou un tiers, me questionne. Ce corps, censé nous appartenir en propre, sous des prétextes divers : religieux, patriotiques, amoureux, sanitaires, « évolutionnistes », finit toujours par servir des avidités économiques, égotistes, voire mégalomaniaques » indique Yolande Gaspard, artiste plasticienne professionnelle et poète qui participe à l’exposition. Le corps et le consentement, le corps diversement contraint sont des thématiques qui passionnent Yolande.

L’art n’est pas qu’une création de formes et de couleurs ; il est aussi porteur de messages, à l’écoute des grands questions qui agitent nos sociétés.

C’est ainsi qu’Hélène Jacob s’interroge sur la place des femmes dans l’histoire, en particulier celles qui se sont battues pour leur émancipation, contre la réduction de leurs corps à un objet de fantasme et de sexualisation. La femme ronde et porteuse de messages dans l’œuvre « Vénus fantasma » ne vient-elle pas bouleverser les codes des canons féminins érigés par une société patriarcale ?

« Corps sexualisé, corps apprêté, corps dominé, corps plaisant, corps fracturé, corps maternel, corps protecteur, corps décrépi, corps rassurant, corps marchand, corps juvénile, je m’interroge pour cette exposition sur le corps féminin vu au travers du prisme de la condition féminine » déclare Hélène Jacob.

C’est sous un autre angle que l’artiste plasticien Marc Barbot a souhaité dans ses créations, aborder le corps de la femme.

« Pour cette exposition dédiée au corps, j’ai choisi, dit-il, de travailler sur le corps féminin qui représente la vie par excellence. Et je lui ai associé la nature qui, comme le corps féminin, est quintessence de beauté, de puissance, de fragilité en même temps que source de volupté  ».

Dans « Manifestation de vie » Marc encense le corps voluptueux de la femme qui donne la vie.

Éblouie par la lumière et les couleurs de la Martinique où elle est arrivée il y a une trentaine d’année, Michèle Laune a repris ses pinceaux… et a fait valser la couleur !

Dans ses créations les visages et les corps émergent à travers des formes géométriques et aplaties qui se fondent dans la matière et révèlent un corps complexe, extérieur et intérieur. Ces figures sont prises dans un décor singulier où priment les masses colorées sur lesquelles elles se projettent.

« Le corps est, pour le meilleur et pour le pire, l’image du monde » disait l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier qui pendant toute sa vie a partagé ses visions du monde avec un peintre, Thierry Vernet.

Tout comme Nicolas Bouvier, Valérie Biegel, artiste plasticienne, a nourri son univers pictural de l’assemblage de différentes cultures – slaves, guyanaises, orientales et antillaises – côtoyées lors de nombreux voyages.

Le sujet du travail de Valérie Biegel présenté dans la série « Corps et Graphie » est lié à l’idée du mouvement à travers une expression des corps réduits à des signes calligraphiques.

« Ici j’imagine une femme, un homme, qui dansent en toute liberté et qui soudain se figent pour ne faire qu’un avec la nature qui les environne. Cela crée une osmose entre ces corps au repos, des lignes épurées par la lumière et les éléments qui les enveloppent. Ainsi l’eau, l’air, l’homme, la femme sont naturellement liés, jusqu’à se laisser Être ».

La sculptrice Chantal Nottrelet redéfinit à travers ses créations une perception de la nature humaine comme corps, âme et esprit.

« Le corps est le véhicule par lequel nous expérimentons le monde matériel, tandis que l’esprit est la partie immatérielle qui donne vie et signification à notre existence. Tout au long de cette vie se joue une dualité entre corps et esprit ».

À travers ses dessins et ses peintures, l’artiste guadeloupéen Jérôme Sainte-Luce s’empare de la matière, la travaille, la triture, la transforme, la détruit et la recompose afin de composer des « présences » et d’invoquer les ancêtres dans une sorte de rituel. Une pratique que l’on retrouve dans les cultures amérindiennes, africaines comme caribéennes. Sa récente série intitulée « Lespwineg » est sans doute la démonstration la plus complète de son univers plastique. Le corps est pris entre la terre et le ciel, à l’instar de la cosmogonie amérindienne !

°               °

°

Un autre mode d’expression sera aussi présent à la Guinguette, avec plusieurs lectures interprétées par des comédiennes et un comédien de l’association dans le cadre des Nuits de la lecture.

L’association l’Art Gonds Tout invite les amoureux de la littérature comme tous ceux qui ont le goût des belles histoires à des lectures à plusieurs voix suivies d’une discussion avec le public.

Des lectures théâtralisées de morceaux choisis d’œuvres de Virginie Despentes et de Fabienne Jacob, autrices militantes et engagées, à propos du corps de la femme, objet de consommation « périssable » et formaté pour correspondre au désir d’une société patriarcale, seront interprétées par Marie ALBA, Julie d’ANTONA, Chantal NOTTRELET et Lydia ROUSSEAU.

« J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les mal baisées… » cet extrait de King Kong théorie de Virginie Despentes, interprété avec force et conviction par Lydia Rousseau, promet de belles envolées !

Le corps constitue un sujet de prédilection des poètes. Et c’est donc poétiquement que Michel HERLAND, dont le dernier recueil s’intitule « l’homme qui voulait peindre des fresques » (!) évoquera des corps de femmes ou d’hommes, glorieux ou souffrants. Marie ALBA lui donnera la réplique dans une scène de théâtre où il est surtout question d’un corps… absent .

Yolande GASPARD, artiste peintre et poète… réservera une surprise au public !

Accompagnement musical : François DALENCOUR.

°               °

°

Exposition « Le Corps »

  • Du 18 au 21 janvier à la Guinguette

  • Vernissage le 18 janvier à partir de 18h30

  • L’exposition sera visible les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 de 10h00 à 18h00

Lectures théâtralisées et poésies

  • Vendredi 19 janvier à 17H00 au TOM, à Fort de France : tarif : 10€

  • Samedi 20 janvier à 19H00 au CDST, à Saint-Pierre : entrée libre

  • Dimanche 21 janvier à 16H00 à la Guinguette, à Saint-Pierre : entrée libre