— Par Roland Sabra —
La vie d’un secret ou le secret d’une vie?
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En vente en Martinique |
Émile Nestor est mort « suicidé » de trois balles de Mc76.Voilà comment débute le roman de Laurence Aurry « La nuit du secret ». Et il se termine par cette question « Qui était réellement Emile Nestor ?». Pendant deux cents soixante pages cette question va tarauder le lecteur, ne plus lui faire lâcher des mains de roman aux intrigues multiples, croisées dans lesquelles s’enchevêtrent sans pouvoir les démêler et encore moins en mesurer la portée mensonges, affabulations, mythomanie, lâchetés et crapuleries assaisonnées d’autant de qualités opposées. Émile Nestor qui avait vingt ans en 1940, a-t-il été un salaud ? un planqué ? un héros ? Disjonction inclusive. Nous ne saurons pas. Émile Nestor écrivait le roman de sa vie. Il l’écrivait et le ré-écrivait. Il nous raconte son histoire et il nous raconte des histoires. Écriture dans et sur l’écriture. Laurence Aurry nous confie par là une de ses passions, une de ses fascinations, celle du texte. La plume est précise, agréable à lire, retenue, au risque de paraitre parfois un peu académique.


En dehors d’autres outils sans doute de grandes valeurs, les haïtiens disposent, de façon légitime et légale, de deux langues – le créole et le français – pour investir pleinement leur imaginaire. A l’instar des vrais bilingues se permettant de passer d’un territoire linguistique à l’autre sans failles, notamment sur le plan oral, je m’autorise un exercice similaire dans ce texte (ainsi commandé), dépourvu pourtant de tout esprit démagogique et de toute sensibilité au quota. En ce sens, je ne saurais ignorer mon adhésion aux concepts et notions largement mis en valeur par Robert Berrouët-Oriol dans ce lumineux ouvrage collectif (autres collaborateurs : Darline Cothière, Robert Fournier et Hugues St-Fort), d’une extrême rigueur méthodologique, qu’il a coordonné : L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions



















Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 