L’éphéméride du 17 novembre

Le 14e Dalai Lama Tenzin Gyatso est intronisé à l’âge de 15 ans le 17 novembre 1950

Tenzin Gyatso (tibétain : བསྟན་འཛིན་རྒྱ་མཚོ་, Wylie : bstan ‘dzin rgya mtsho, THL : Tenzin Gyatso), né Lhamo Dhondup (tibétain : ལྷ་མོ་དོན་འགྲུབ་, Wylie : lha mo don grub, THL : Lhamo Dhondup) le 6 juillet 1935 à Taktser (Hongya (红崖村) en chinois), dans la province du Qinghai (l’Amdo), est le 14e dalaï-lama.

Moine bouddhiste de l’école gelugpa, il est intronisé chef temporel et spirituel du Tibet le 17 novembre 1950, un mois après le début de l’intervention de l’armée chinoise au Tibet. En 1959, il s’exile en Inde où il crée le gouvernement tibétain en exil qu’il dirige jusqu’à sa retraite politique en mars 2011, un premier ministre lui succédant à la faveur d’une démocratisation en exil2. Vivant à Dharamsala depuis plus de 50 ans, il est considéré comme le plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain3, et par la plupart des Tibétains comme une émanation de Tchènrézi, le bodhisattva de la compassion4. Il plaide pour l’indépendance du Tibet jusqu’en 1973, puis pour une « véritable autonomie » de l’ensemble du Tibet (Ü-Tsang, Kham et Amdo) à l’intérieur de la Chine.

Il reçoit en 1989 le prix Nobel de la paix pour avoir constamment œuvré à la résolution du conflit sino-tibétain par la non-violence.

Il est souvent invité par des centres bouddhistes, des institutions ou des personnalités, et effectue de nombreux voyages à travers le monde pour enseigner le bouddhisme tibétain, et diffuser un message de paix et de non-violence.

Enfance

Des membres de la famille du 14e dalaï-lama : sa mère Gyalyum Chenmo, son père Choekyong Tsering, et leurs jeunes enfants, photographiés en 1947 par Amaury de Riencourt.
Il naît le 6 juillet 1935 sous le nom de Lhamo Thondup, dans une famille paysanne sinophone9 dans le village de Taktser (Hongya en chinois), dans la province du Qinghai (l’Amdo, à l’époque (les années 1930) sous l’autorité d’un des gouverneurs militaires hui de la famille Ma.

Lhamo Dhondrub est le 4e fils de Sonam Tsomo (Diki Tsering) et Choekyong Tsering qui eurent 16 enfants, dont 7 dépassèrent la petite enfance. Il vient après Tsering Dolma, née en 1919, Thubten Jigme Norbu, né en 1922, lequel deviendra le 6e Taktser Rinpoché16, Gyalo Thondup, né en 1928, et Lobsang Samten, né en 1933, et avant Jetsun Pema, née en 1940 et Tendzin Choegyal, né 1946.

L’oncle maternel de son père, Lobsang Tsultrim Jigme Gyatso (1856-1919), est le 5e Taktser Rinpoché du monastère de Kumbum, l’un des réincarnés les plus importants du Tibet oriental, auquel succédera Thubten Jigme Norbu.

Selon Elliot Sperling, la famille de dalaï-lama fait partie de la tribu Chi-kyā, l’une des « six tribus de Kumbum » habitant la région autour du monastère de Kumbum et étroitement associées au monastère. Les origines des Chi-kyā remontent à un dignitaire mongol répondant au nom de famille Qi et ayant servi, dans les derniers temps de la dynastie Yuan (1271-1368), de fonctionnaire des frontières – en tibétain, nang-so. Les Chi-kyā se divisent entre les Chi-kya nang-so, descendants des seigneurs mongols ultérieurement considérés comme appartenant à l’ethnie Monguor ( ou Tu), et les Chi-kya sde-ba, leurs anciens sujet d’ethnie tibétaine. Le groupe des Chi-kya Stag-mthser sde-ba de Taktser dont fait partie la famille paternelle du dalaï-lama, avait adopté le dialecte chinois de Xining comme langue première, à l’instar de nombreux clans tibétains de la région.

Les sources ne s’accordent pas sur le degré d’aisance de la famille du jeune Lhamo Dhondrub lorsqu’elle vivait à Taktser : famille cultivant orge, sarrasin et pommes de terre et disposant d’une centaine de têtes de bétail20 ; simple famille paysanne ; fermiers et propriétaires terriens prospères liés politiquement au dirigeant et seigneur de la guerre musulman du Qinghai ; famille de fermiers relativement pauvre mais indépendante. Les témoignages des frères aînés ne concordent pas non plus : famille pauvre et qui ne connut quelque aisance qu’au moment où leur premier fils Thubten Jigme Norbu, reconnu comme 6e Taktser Rinpoché (à l’âge de 8 ans) allait être envoyé au monastère de Kumbum (1931) selon ce dernier ; une des familles les plus prospères du village à partir de 1928 selon leur deuxième fils Gyalo Thondup.

Reconnaissance comme réincarnation du 13e dalaï-lama
À l’âge de deux ans, à la suite des visions du régent Réting Rinpoché au lac de Lhamo-Latso et de la mission menée par Kwetsang Rinpoché, Sonam Wangdu, Khènrab Tènzin et Tsédroung Lobsang dans l’Amdo, Lhamo Dhondrub est reconnu comme la réincarnation du 13e dalaï-lama, Thubten Gyatso25. Devant les membres de la mission qui se présentent comme de simples pèlerins au foyer de Taktser, il reconnait des objets ayant appartenu au 13e dalaï-lama. Selon le témoignage de sa mère et des membres de la mission, le jeune Lhamo Dondup s’adresse à ces derniers dans le dialecte tibétain de Lhassa, la langue de sa précédente incarnation.

Le seigneur de la guerre hui Ma Bufang, qui était un ami de la famille de Diki Tsering, la mère du dalaï-lama, aurait personnellement joué un rôle clé dans le choix de ce dernier.

Le jeune garçon quitte le monastère de Kumbum le 21 juillet 1939, est officiellement proclamé 14e dalaï-lama le 23 août, et arrive à Lhassa le 8 octobre. Il reçoit le nom bouddhiste de Jetsün Jampal Ngawang Lobsang Yéshé Tenzin Gyatso Sisum Wangyur Tsungpa Mepé Dé (« Saint Seigneur, Douce Gloire, Compatissant, Défenseur de la Foi, Océan de Sagesse »). Les Tibétains se réfèrent habituellement au dalaï-lama par Yeshe Norbu (« Joyau qui accomplit les souhaits »), Kundun (« la Présence »), ou bien encore Gyalwa Rinpoché. Sa famille est anoblie, comme le veut la coutume.

Le dalaï-lama déclare avoir pris conscience d’être un lama réincarné vers l’âge de 5 ou 6 ans quand, à ce que lui a rapporté sa mère, il insista pour se rendre avec elle au Chensalingka, un bâtiment du Norbulingka construit par le 13e dalaï-lama. Il aurait couru vers un placard en criant : « Mes dents ! Mes dents sont là ! » Les préposés, étonnés, ouvrirent le placard fermé à clé, y découvrant les dents du précédent habitant des lieux. Le dalaï-lama déclare toutefois n’avoir aucun souvenir de cet événement.

Installation au palais du Potala

Tenzin Gyatso le 22 février 1940.
L’installation du jeune dalaï-lama, âgé de quatre ans et demi, a lieu au palais du Potala le 22 février 1940 lors d’une cérémonie où sont présents Réting Rinpoché, son premier précepteur, et Taktra Rinpoché, son second précepteur. Y assiste Wu Chung-hsin, le président de la Commission des affaires mongoles et tibétaines de la république de Chine. Selon le gouvernement de la république populaire de Chine, ce dernier préside la cérémonie. Basil Gould (en), officier politique du Sikkim, et représentant l’Inde britannique, également présent à la cérémonie, affirma que la version selon laquelle les autorités chinoises avaient joué un rôle dans la sélection et l’installation du jeune dalaï-lama était une invention. Selon Tsepon W. D. Shakabpa, alors secrétaire laïc du Kashag et futur ministre des Finances du gouvernement tibétain, la présence de Wu Chung-hsin n’avait pas plus d’importance que celle de représentants d’autres pays. L’événement est annoncé sur ondes courtes au monde par la Mission britannique à Lhassa Un décret publié par le gouvernement de la république de Chine entérine l’intronisation.

Éducation monastique

Lobsang Samten (à droite) avec le dalaï-lama et ses assistants au palais du Potala.
Sous les directives du régent Réting Rinpoché, premier précepteur du jeune dalaï-lama, il reçoit des enseignements selon la tradition dans les domaines religieux et laïques, comme l’art dramatique, la musique, la médecine et la poésie. Taktra Rinpoché et Ling Rinpoché sont alors ses maîtres secondaires. Il reconnaît lui-même la difficulté qu’il avait à supporter l’austérité de cette éducation, bien que son frère Lobsang Samten fût autorisé à partager ses études41. En janvier 1941, peut-être en raison de la rupture de son vœu de célibat, Réting Rinpoché résilie ses fonctions de régent et de précepteur du dalaï-lama. Âgé de 6 ans et consulté, ce dernier entérine le choix du kashag et de l’Assemblée de nommer Taktra Rinpoché comme second précepteur. Celui-ci lui fait prononcer ses vœux de moine novice au Jokhang où il reçoit son nom définitif, Tenzin signifiant « détenteur de l’enseignement ». Khènrab Tenzin lui enseigne l’écriture et Trijang Rinpoché la grammaire et l’orthographe. En 1948, Tsenzhab Serkong Rinpoché, enseignant de Ganden, est nommé partenaire de débats philosophiques du dalaï-lama44. L’alpiniste autrichien Heinrich Harrer, qui séjourna à Lhassa durant la seconde moitié des années 1940, assista à un débat monastique à Drépung, premier examen en public du dalaï-lama, alors âgé de 14 ans. Celui-ci fait alors figure de prodige, mémorisant un livre dès sa première lecture. Harrer indique avoir rarement vu une telle maîtrise chez un enfant de cet âge45. Selon Michael Harris Goodman, à 15 ans, il avait pris l’habitude des initiations tantriques reçues depuis l’âge de 8 ans, et des expériences de joie et de paix qu’elles lui procurent, de sorte qu’il en ressent une gratitude envers le Bouddha et les maîtres majoritairement indiens qui les transmirent aux Tibétains.

Au début de mars 1959, à l’âge de 23 ans, il passe son examen final, d’abord au monastère de Drépung, puis à celui de Séra et enfin celui de Ganden46. Une autre session se tient au temple de Jokhang, à Lhassa, durant le festival annuel du Mönlam (la grande prière). Il réussit avec mention et reçoit le Lharampa, le plus haut diplôme de guéshé (une maîtrise de philosophie et de pratique rituelle bouddhiste, de la tradition gelugpa).

Caractère durant l’enfance
Dans sa petite enfance, Tenzin Gyatso était passablement turbulent, à ce que disait Lobsang Samten, un de ses frères aînés48,49. Il lui arrivait de s’emporter lorsqu’il perdait à un jeu. Sa…

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