En occultant la diversité ethnique de ses écrivains, la France réduit le rayonnement de sa langue

A la veille de l’Année de la francophonie annoncée – pour 2006 – par le président de la République, des émeutes font désordre dans ce beau paysage coloré des peuples francophones. Beau mais étroit : le français perd des locuteurs d’année en année dans le monde.
La puissance anglo-saxonne n’explique pas entièrement ce rétrécissement de la clientèle. L’anglais est certes le vecteur de communication de l’économie mondiale, mais aussi, il est la langue de plusieurs cultures : les Anglo-Saxons ont intégré le chromatisme des peuples qui contribuent à construire cette universalité. Et, de plus, ils auraient, comme les Français, un certain souci d’égalité et de justice. Allez ! Ils sont bien un peu racistes – » nobody’s perfect « . Par exemple, en 2004, ils recensèrent cent Britanniques remarquables. On constata qu’aucun de ces individus n’était d’origine ethnique.
Des voix s’élevèrent pour protester et cent Britanniques noirs remarquables furent répertoriés. Pas seulement des sportifs ou des musiciens de jazz ! On trouva une poétesse, un producteur de télévision, un syndicaliste.





Topographie inventée, dans l’attente du jour
À l’angle des rues parallèles, Gary Victor • Vent d’ailleurs • ISBN 978-2911412233 • 2003.
Le jury du 13e prix Carbet de la Caraïbe, présidé par Edouard Glissant, s’est retrouvé au soir du vendredi 20 décembre à l’Atrium de Fort-de-France, salle Frantz Fanon, pour honorer, face à un public dirait-on sélectif, la dernière parution de Frankétienne : H’éros-Chimères. Ce titre résumerait « de manière profonde et provocatrice les horreurs qui bornent nos horizons ; les tourments et les fantasmes qui peuplent l’imaginaire des humanités contemporaines ». L’auteur reçoit ce prix comme un hommage rendu à la créativité féconde du peuple haïtien qui compte tant de « guerriers de l’imaginaire ». Tout se serait joué entre mise en scène de l’artiste, proximité visible avec le jury et son « jeu/je » parfois morbide et lassant.
«Vous ferez un jour de la politique?» «Ah non, ça, jamais! Papa Aimé a assez donné.» La réponse claque, sans hésitation aucune, de la part d’Ina et de Michèle. Il est vrai qu’avec cinquante-six ans de mandat à la mairie de Fort-de-France et quarante-sept (de 1946 à 1993) à l’Assemblée nationale, Aimé Césaire a largement acquitté la quote-part républicaine de la famille. En revanche, le tribut césairien aux lettres et aux arts ne s’est pas interrompu avec le patriarche. Au contraire. Les six enfants d’Aimé et de Suzanne, dite «maman Suzy», ont tous choisi d’œuvrer dans le monde de l’esprit.