Questionner les failles du pacte autobiographique
— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
On ne repasse pas impunément le pont-levis d’un roman, d’un récit ou d’une pièce de théâtre de Maryse Condé, écrivaine guadeloupéenne, l’une des plus grandes voix de la littérature francophone contemporaine et auteure d’une cinquantaine de livres (romans, théâtre, littérature jeunesse, essais). Et l’on émerge abasourdi de la lecture de « La vie sans fards », publié aux Éditions JCLattès en août 2012, qui nous enrichit tant par l’exemplaire quête de vérité et de sens de la romancière, le vouloir-dire son être-au-monde, que par un questionnement qui force la mesure sans pourtant dévitaliser la sonnette d’alarme de l’esprit critique.
« La vie sans fards », on l’aura noté, n’est ni un roman ni un manifeste féministe ni un traité ethnographique sur l’Afrique au temps béni de la décolonisation. Cet ample récit de vie –courageux et éprouvant jusqu’en ses ultimes retranchements, risqué jusqu’à l’aveu d’un viol–, est l’une des plus troublantes autobiographies qu’il m’ait été donné de lire ces dernières années. Dans la terminologie des études comparées en littérature, on dira que la saga de la mémoire, de la maternité ainsi que les séquences reconstituées de la découverte/appropriation de l’Afrique, sont les trois principaux « personnages » déictiques de ce récit de vie.



L’accession toute récente à la présidence de l’Académie du créole haïtien (Akademi kreyòl ayisyen, AKA) du pasteur-linguiste Rogeda Dorcé Dorcil ne semble pas annoncer la fin de ce qui est perçu par certains observateurs en Haïti comme étant une relative emprise du facteur magico-religieux au creux de cette microstructure auparavant dirigée par un pasteur protestant, Pauris Jean-Baptiste, puis par un évêque catholique,
Lanné pasé telman man kriyé
En 2016, le pape François décide d’élever Marie-Madeleine au rang d’apôtre des apôtres, brisant ainsi l’image de prostituée véhiculée depuis des siècles par l’Église.
Cet extrait de LE MALADE IMAGINAIRE (acte III, scène 3) mise en scène il y a 3 siècles et demi, par la controverse qui s’y déroule, résonne en ces temps de pandémie d’une incontestable actualité… Aujourd’hui, les Argan adeptes de la « science » vaccinale et les Béralde détracteurs de cette nouvelle religion sont en quelque sorte les clones de ces personnages de la comédie de Molière. 
Sortie en librairie du troisième POLAR-ADO de Delphine-Laure Thiriet, Le masque et la sorbetière.
Jacques-Olivier Ensfelder nous propose des haïku. Qu’est-ce qu’un haïku? Un haïku (俳句, haiku?) est un poème d’origine japonaise extrêmement bref, célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elle suscite. Un haïku évoque généralement une saison (le kigo) et doit comporter une césure* (le kireji). Il est composé de 17 mores** réparties en trois vers suivant un schéma 5/7/5.
Le temps du rêve
Le système éducatif haïtien, que certains observateurs qualifient de « champ de ruines » ou de « patient abonné aux urgences de l’hôpital », fait régulièrement la « Une » de la presse nationale et des médias sociaux. De tels échos médiatiques nous remettent en mémoire le fait que depuis une quarantaine d’années ce système est ausculté sous toutes les coutures par des experts de différentes disciplines à la demande d’instances nationales et internationales. Sous perfusion de l’« aide » internationale, en quête perpétuelle de solutions miracle pour survivre, le système éducatif haïtien est tour à tour l’objet de « réformes curriculaires », de « programmes » divers, de « Pacte national », de « Plan décennal », de « directives » et autres mesures administratives destinées en théorie à le « réformer », à le « moderniser », voire à le diriger vers les sommets d’une « gouvernance » exemplaire qui lui permettra d’atteindre l’objectif d’une éducation inclusive et de qualité. De l’inaboutie réforme Bernard de 1979 à nos jours, le domaine de l’éducation est sans doute l’espace régalien national où les agences internationales ont le plus investi en Haïti, contrairement à l’État haïtien qui n’y consacre que des budgets très largement insuffisants.
Nou za sòti an sann
— Par Daniel M. Berté —
De la nécessité de promouvoir un lexicographie créole de haute qulité scientifique et de soumettre à l’analyse critique ainsi qu’au débat public tout pseudo « modèle lexicographique » créole fantaisiste, rachitique et amateur contraire à la méthodologie de la lexicographique professionnelle.
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Man jwé grenndé épi an lo trichè
L
— Par Robert Berrouët-Oriol, l
Devant l’autel du tropisme
Il y a aujourd’hui 60 ans, par un matin glacial, notre compatriote Frantz Fanon mourait à Bethesda, près de Washington. C’était le 6 décembre 1961. Au moment où une partie de la France, aujourd’hui séduite par la théorie du « grand remplacement », s’apprête à célébrer l’extrême droite ou droite identitaire, laquelle s’oppose à l’émigration des nègres et des arabes sur le territoire français, nous voudrions rappeler l’apport de Fanon à l’épineuse et ardente question de la Civilisation.