10 & 11 avril 2019 à 19h 30 au T.A.C.
Théâtre des 2 saisons et Collectif La Palmera
Avec Nelson-Rafaell Madel
Remerciements à Emmanuelle Ramu, Nicolas Delarbre, Nicolas Cloche, Pascale Renard, Selin Dündar, Jean-Michel Unger, Alvie Bitémo
La pièce
Un comédien, 3 personnages
Seulaumonde est seul, et en plus, il est mort… Il attend, puis, se met à parler. À la mort d’abord, qui rode tout autour de lui ; à son père et à sa mère ensuite… Et, enfin, à son amour, resté « derrière la porte ».
Seulaumonde ne veut pas partir, il a 20 ans, il s’accroche à ses souvenirs, à sa courte vie, à ses projets avortés. Le bras de fer s’engage entre lui et la faucheuse…
Seulaumonde est un monologue pour un comédien et trois personnages. C’est un monologue en forme de dialogue. Il attend, se souvient, raconte, regrette, pleure, rit, s’emporte, se tait.
Seulaumonde est un cri de vie, de résistance à la fatalité et à l’absurde de l’existence.
Au début le texte se déroule sans but, comme si l’éternité s’ouvrait devant lui. Mais l’urgence du départ imminent et les émotions prennent le dessus.

«  Il n’y a pas d’instauration de la vérité sans une position essentielle de l’altérité. La vérité, ce n’est jamais le même. Il ne peut y avoir de vérité que dans la forme de l’autre monde et de la vie autre. « 

C’est Alfred Alexandre le président d’Etc Caraibe qui a demandé à Lucette Salibur du Théâtre de l’A’zwel de diriger la mise en lecture de la pièce de Gerty Dambury qu’il avait choisie Lettres indiennes. C’était pour moi une découverte. La pièce écrite en 1992, a fait l’objet d’une création à Avignon en 1996 par Alain Timar (Théâtre des Halles) et à New York en 1997 par Françoise Kourilsky (Théâtre Ubu Rep) sous le titre Crosscurrents. Ils sont six sur scène, à parité, assis sur des chaises, dos face au public. De l’île de  la Réunion une jeune femme, guadeloupéenne, on l’apprendra détour d’une réplique, Fructueuse, c’est son nom, lit à voix haute la lettre qu’elle écrit à son ami de cœur resté près de Paris, loin d’elle. Elle est partie, sans autre raison que se trouver elle-même dans la rencontre avec l’autre. Tout au long du texte va se déployer cette dialectique de Soi et autrui, de l’Identité et de la différence. Dialectique et non juxtaposition, superposition, dans un « en-même-temps » stérile et appauvrissant.
Chaque année, les Crous organisent un concours national de théâtre étudiant, en partenariat avec l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, le Crous d’Aix-Marseille et le Théâtre Universitaire de Nancy. C’est dans ce cadre que Karine Bénac et sa troupe « d’étudiants-acteurs » au Campus de Schœlcher nous ont présenté ce jeudi leur création « Demain, je pars pour Tlemcen », sujet en même temps d’une captation vidéo exigée par le règlement dudit concours.
— Par Olivier Py —

Le rideau s’ouvre, l’actrice nous donne le dos, vêtue d’une simple nuisette bleue, comme crucifiée au demi-mur blanc qui partage le plateau. Comme attachée sur l’ombre d’une croix. Le ton est d’emblée donné, c’est un chemin bordé d’épines qu’il va falloir suivre. Au bout duquel, si on ne trouve pas « un jardin de roses », on pourra se satisfaire « d’un jardin de géraniums ». Un chemin corporel et spirituel en même temps. Dans Nathalie Mann, on verra et entendra, pour dire la vie de celle qui a acquis si chèrement sa nouvelle identité, ce couple infernal Thierry/Mathilde qui pendant plus de cinquante années a déchiré l’âme et faussé l’être au monde de Thierry Daudet. Lui donnant le sentiment de n’être pas lui-même, mais seulement ce que la société, ce que la famille, ce que l’église — n’a-t-on pas un jour conduit le garçon à l’exorciste de Notre-Dame ? — avaient « gravé sur sa carte-mère ». Lui laissant l’impression de n’avoir vécu qu’en déséquilibre, « sur la crête ».
Déception pour moi que ce spectacle, dont j’espérais beaucoup, en raison des thèmes qu’il aborde, des critiques louangeuses qui suivirent sa présentation au Studio Hébertot dirigé par Sylvia Roux elle-même, du renom aussi de Bérengère Dautun qui à la Comédie Française fit une longue et belle carrière… Les deux autres comédiennes, j’avoue humblement n’avoir pas eu par avant l’occasion de les connaître sur scène.



Tiré du livre Choisir de vivre de Mathilde Daudet
Compartiment fumeuses
Simone Veil, ministre de la Santé, icône en 1974 de la lutte pour la dépénalisation de l’avortement, ne se revendiquait pas du mouvement
Salle comble au théâtre municipal, à l’occasion de la Journée de la femme, pour la reprise de cette pièce qui avait déjà connu un grand succès l’année dernière en Martinique. Toujours emmenées par Marie Alba, les comédiennes nous rappellent dans la bonne humeur les principales étapes des luttes des femmes et des avancées du féminisme depuis l’obtention du droit de vote en 1946. Elles sont trois représentatives respectivement du milieu populaire, de la classe moyenne et de la classe supérieure. Trois comédiennes qui incarneront chacune successivement trois générations de femmes prises en 1970, 1990 et 2010. Trois plus une, laquelle, depuis son pupitre, apportera les précisions historiques indispensables (chiffes, dates, lois). Sait-on par exemple que les femmes n’ont été légalement autorisées à porter le pantalon qu’en 2013 ? Encore s’agit-il d’un sujet bénin pour lequel les mœurs avaient depuis longtemps précédé le droit. Mais ce n’est pas toujours le cas, loin de là : jusqu’à l’adoption de la loi Veil légalisant l’avortement, combien de femmes se sont trouvées assumer une maternité non désirée à moins de se remettre entre les mains d’une « faiseuse d’ange » clandestine avec l’angoisse de n’en pas sortir vivantes ?
— Par Selim Lander —
Comme tout un chacun, je crois savoir les différends cruels qui opposèrent Hervé Deluge aux instances de Tropiques-Atrium, du moins ce qu’on a bien voulu nous en dire. Et si je pensais oublier cet épisode, la porte de l’établissement, pour n’être pas réparée, viendrait souvent me le rappeler… Aussi attendais-je avec une certaine impatience la représentation du seul en scène « Mea Culpa », conçu par Hervé Deluge, avec l’aide de Jean-Durosier Desrivières, et joué par lui-même deux soirs de suite seulement au théâtre Aimé Césaire. Mais, dans un désir d’objectivité, je pris d’abord la peine d’écouter quelque interview donnée dans le cadre de la promotion du spectacle. J’ai donc appris qu’initialement « Mea Culpa » répondait à une commande de Michèle Césaire, qui offrait ainsi au comédien la possibilité de revenir sur cet assez tragique moment de son existence.
Depuis le 15 décembre dernier, le spectacle Kanata. Épisode 1 la controverse est joué à la Cartoucherie à Paris. Pour la première fois, Ariane Mnouchkine a laissé les rênes de sa troupe le Théâtre du Soleil à un autre dramaturge : le Québécois Robert Lepage. Cette pièce dont le titre est le nom en langue Wendat du Canada (et non le nom « ancien » comme le présente le dossier de presse) a pour ambition de retracer l’histoire du Canada à travers celle des Premières Nations. Parce qu’il questionne l’appropriation culturelle et la démarche collaborative, et parce qu’il a été maintenu en France après avoir été annulé au Canada, ce spectacle est symptomatique d’un débat brûlant ici aussi : comment et où arrivera-t-on à créer en assumant les dynamiques d’oppressions, pour mieux les abattre ?