« Seulaumonde » de Damien Dutrait, m.e.s. de Nelson-Rafaell Madel

10 & 11 avril 2019 à 19h 30 au T.A.C.

Théâtre des 2 saisons et Collectif La Palmera
Avec Nelson-Rafaell Madel
Remerciements à Emmanuelle Ramu, Nicolas Delarbre, Nicolas Cloche, Pascale Renard, Selin Dündar, Jean-Michel Unger, Alvie Bitémo

La pièce
Un comédien, 3 personnages
Seulaumonde est seul, et en plus, il est mort… Il attend, puis, se met à parler. À la mort d’abord, qui rode tout autour de lui ; à son père et à sa mère ensuite… Et, enfin, à son amour, resté « derrière la porte ».
Seulaumonde ne veut pas partir, il a 20 ans, il s’accroche à ses souvenirs, à sa courte vie, à ses projets avortés. Le bras de fer s’engage entre lui et la faucheuse…
Seulaumonde est un monologue pour un comédien et trois personnages. C’est un monologue en forme de dialogue. Il attend, se souvient, raconte, regrette, pleure, rit, s’emporte, se tait.
Seulaumonde est un cri de vie, de résistance à la fatalité et à l’absurde de l’existence.
Au début le texte se déroule sans but, comme si l’éternité s’ouvrait devant lui. Mais l’urgence du départ imminent et les émotions prennent le dessus.
Seulaumonde invente un dialogue de la dernière chance : avec sa mère, puis avec son père. Mettant dans leur bouche les regrets, les non-dits, l’amour, le pardon…
La langue est simple et directe et s’ouvre régulièrement à une poésie rythmée tant par les longueurs de phrases que par les sonorités choisies. Le langage est mis en avant comme un lien charnel entre le fils et ses parents et comme un lien sensible entre l’acteur et le public.
« Quoi ? J’ai le temps ou pas ?
Au point où en est, je peux bien raconter mon histoire non ?
Qu’est-ce que ça change ? »
« Tu ramasses sans te baisser, c’est ça ?
En te bouchant le nez ?
Tu es trop bien pour ça ?
Au-dessus de tout ça ?
Tu veux de la confiture sans avoir à grimper à l’arbre ?
Sans t’écorcher les mains aux branches ?
Sans les abeilles qui t’attendent sous les feuilles pour te perforer la peau ? »

Note du metteur en scène
Le texte
Ma rencontre avec Nelson-Rafaell Madel, pour qui j’ai écrit ce texte, est déterminante. Sa force de vie et d‘interprétation, son amour du théâtre, du texte, ont guidé mes premières impulsions.
Cette écriture est faite de mon enfance, de mes images, de mes peurs et de mes angoisses, et d’une certaine violence, mais elle est avant tout pensée pour être dite, interprétée. Texte devenu matière que le comédien s’approprie et façonne jusqu’à la rendre unique et particulière.
Un acteur, un personnage, seul en scène, « mort », parlant pour personne et donc pour tous ; un dialogue de l’impossible rendu vivant par la présence du public. Le langage est aiguisé, offre une apparente légèreté et creuse la langue, travaillant les sensations pour que surgissent les émotions.
Pièce « sono-graphique »
Un espace suffisamment dégagé et nu pour y créer un espace mental et non « réaliste ». Un espace sculpté par la lumière et le son. Un espace dans lequel la chair du comédien devient la chair du texte. Un espace sans entrée ni sortie, fait de sonorités et de résonances, de lumières et d’ombres. L’espace de jeu est délimité par du tissus de sol blanc suspendu, formant un fond de de scène et un sol. Dans et autour de cet espace des hautparleurs diffusent la matière sonore, mélange de sons concrets et de compositions originales.
Les collaborateurs au projet, lumières/scénographie, son/musique, chorégraphie, dialoguent étroitement dans le but de créer cette matière spatiale dans laquelle le comédien se meut et s’émeut. L’écriture scénique se fait sur propositions et improvisations de tous, dans le but de garder tout au long du travail, la fraicheur et la vie. La prise de risque est grande mais l’enjeu est de taille : traquer le vivant pour parler de la mort.
Résonnances
Le travail s’appuie sur l’intensité du texte, sa dramaturgie, autant que sur la création physique des trois personnages.
Une attention particulière est portée au travail d’adresse : à qui Seulaumonde parle-t-il ? A la mort ? Au public ? A lui-même ?
Les personnages du Père et de la Mère sont-ils des personnages à part entière ou des projections de Seulaumonde ?
Se parlent-ils ? S’entendent-ils ?
Koffi Kwahulé parle du comédien comme un résonateur, qui à l’instar d’un instrument, vibre de toute sa chair et ouvre au spectateur le chemin de l’imaginaire et de l’émotion.

 

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