— par Janine Bailly —
Il est assis tout au bord, tout au coin côté cour de la scène, immobile, comme une sombre statue qui dans la pénombre attendrait de prendre vie. Ou de mourir. Il est là déjà, alors que nous nous installons, qu’avec les amis retrouvés nous échangeons quelques derniers potins… un sas qui nous fera passer du monde extérieur à l’autre univers, magique, celui de la représentation théâtrale. Et puis les voix s’apaisent, laissant la sienne seule envahir les airs, puisque seul en scène il sera ; de son corps agile, tendre ou courroucé s’appropriant peu à peu tout l’espace du plateau.
Le voici qui se lève et marche jusqu’à cette chaise, sur le devant de la scène seule elle aussi, unique accessoire, unique compagne qu’il déplacera au gré de ses confidences, de ses colères, de ses réminiscences. D’abord il nous fait face et narre en un langage simple et familier une histoire plutôt banale, celle d’un voyage low cost qui aurait pu mal se terminer, histoire de turbulences aériennes autant qu’intimes, incident qui lui aura permis d’appréhender la mort, la certitude que face à elle et à la peur qu’elle inspire on se retrouve toujours seul — encore que cette dernière ne survienne brutalement pour lui qu’un an après ce premier épisode.