« Patinage », texte Damien Dutrait, m.e.s. Nelson-Rafaell Madel

Vendredi 28 avril 19h30 – Tropiques-Atrium – Salle Frantz Fanon

NOUS N’AVONS RIEN NOUS AVONS TOUT
Création
Texte : Damien Dutrait
Mise en scène : Nelson-Rafaell Madel
Avec : Emmanuelle Ramu, Karine Pédurand, Gilles Nicolas, Julien Masson
Assistant à la mise en scène : Simon Gelin
Musique : Yiannis Plastiras
Lumières, collaboration à la scénographie : Lucie Joliot
Costumes : Leslie Granger
Régie générale, son : Bastien Peralta
Régie lumières : Alice Marin
© crédit photo : Pascal Gély

MOM ne se lève plus et se laisse étourdir par la télé. Ce soir, les programmes de patinage artistique ont été remplacés par des allocutions à répétitions du Président et par des reportages sur les Encagoulésqui se révoltent. MOM ne se lève plus. Son mari l’a quittée. Son fils n’est pas revenu. Sa fille lui rend visite tous les jours. Mais elles ne se parlent plus. Soudain, le Président puis un Encagoulé, s’invitent chez MOM. Après leur passage, absurde et bouleversant, peut-être qu’elle se lèvera et parlera à sa fille…

Le metteur en scène en parle :

Comme dans La Rose pourpre du Caire, les personnages de Damien Dutrait crèvent l’écran, non pas du cinéma mais de la télévision familiale. Ils déferlent tour à tour dans le salon de la mère: le Président, les Encagoulés et même une certaine patineuse artistique… Dans ce carnaval cruellement réaliste, la frontière entre réalité et fiction est bien ténue, les masques se superposent pour mieux nous dérouter. La colère, la frustration se sont accumulées dans cette famille, les cœurs sont sur le point d’exploser, l’air n’est plus respirable. Le canapé semble être le seul radeau à leur portée pour éviter le naufrage…
Certes il y a dans Patinage, un groupuscule nommé Les Encagoulés qui se révolte et casse des vitrines de magasins de chaussures. Certes, il y a un président de la République nommé Michel qui doit s’exprimer lors d’une allocution exceptionnelle. Certes, il y a un journaliste au plus près de l’information la plus croustillante. Des figures que nous côtoyons au quotidien, à travers les journaux, les réseaux sociaux, dans la rue, à la télévision. Les gilets jaunes ont succédé à Nuit debout ; les allocutions présidentielles au moment des attentats précédaient celles durant le coronavirus !
Et puis, il y a les autres, celles et ceux qui ne sont ni journalistes, ni Encagoulés, ni Président, et qui vivent, qui regardent, qui commentent, qui tentent de prendre position, ou juste de comprendre. Dans Patinage, la cellule familiale – mère, père, fille, fils – est disloquée.
Le père s’est enfui. La fille s’occupe de sa mère tout en essayant elle-même d’exister. Le fils erre dans la ville ou dans la mort. Et la mère, comme une naufragée, ne quitte plus son canapé et sombre peu à peu dans la folie!
«Non mais ça fait quinze ans que j’ai plus la télé», répètent certains. Pourtant cette télévision habite nombre de salons, de chambres, de cuisines, de bars… Et les chaînes d’informations en continu ne sont pas les moins regardées. Des images, des reportages, des témoignages, en boucle.
Patinage met en scène à la fois ceux qui passent à la télévision et ceux qui la regardent.
C’est cette cohabitation entre l’intime et le public, le grand et le petit qui m’a d’abord marqué dans la pièce de Damien Dutrait. Le fait que la trahison vécue par la mère quand son mari l’abandonne soit mise en parallèle avec sa désillusion et sa colère vis-à-vis du Président. Que le personnage de l’Encagoulé se confonde avec celui du fils. Que la fille refuse d’être la patineuse célèbre que sa mère rêve qu’elle soit.
C’est aussi la question de l’héritage au centre de la pièce qu’il me tient à cœur de poser, et de déposer sur un plateau de théâtre. Ici, dans un premier temps, mère et fille ne se parlent pas. La mère perd pied, la fille ne sait plus quoi faire.
Et puis Patinage, c’est un théâtre fait pour les acteur.ice.s. C’est aussi ce qui m’a séduit. Simplement, les mots et mouvements de la parole, attendant les corps des comédien.ne.s pour résonner. Trouver le point de convergence dans le jeu, où l’absurde et le grotesque peuvent croiser la vérité et la délicatesse.
Nelson-Rafaell Madel

Production : Compagnie Théâtre des Deux Saisons
Coproduction : Tropiques Atrium – Scène nationale Martinique, Théâtre de Corbeil-Essonnes
Avec le soutien de : DAC Martinique, Théâtre des bergeries – Noisy-le-Sec, Théâtre de la tempête – Paris, Ville de Paris

La compagnie Théâtre des Deux Saisons est conventionnée par la DAC Martinique ; associée à Tropiques Atrium – Scène nationale de Martinique et au Théâtre de Corbeil-Essonnes

Le texte Patinage est publié aux éditions Les cygnes.