Vendredi 8 novembre 2019 à 20h Tropiques-Atrium
— Par Jacqueline Levi-Valensi —
Un premier Caligula, romantique et lyrique, fut achevé entre 1938 et 1941 ; la version créée à la scène en 1945, et légèrement modifiée par la suite, est beaucoup plus amère et politisée. Si Camus emprunte à la réalité historique, transmise par La Vie des douze Césars de Suétone, de nombreux faits, gestes ou paroles de l’empereur romain, il leur donne une signification originale, qui s’intègre dans sa réflexion sur l’absurde et la révolte.
À la mort de sa soeur-amante Drusilla, Caligula découvre la vérité de la condition humaine : « Les hommes meurent et ne sont pas heureux ». Habité dès lors par la « passion de l’impossible » et le désir démentiel de changer le cours des choses, il use de son pouvoir absolu pour obliger ses sujets à vivre dans la pleine conscience de leur destinée mortelle ; il instaure la logique terrifiante du meurtre arbitraire, et annonce le « procès général » de l’humanité : « Il me faut des coupables. Et ils le sont tous.