— par Selim Lander —

Bestiaire chorégraphique
3-4-5 avril 2008 au Théâtre de Fort-de-France
Décidément, les mauvaises habitudes ont la vie dure. A Fort-de-France où l’on n’est pas submergé par une offre surabondante de spectacles vivants, on observe souvent que les représentations, au lieu de s’étager tout au long de l’année suivant un calendrier harmonieux, sont souvent programmées de façon à se phagocyter mutuellement. A croire que les responsables de la programmation ont suivi des études de sciences économiques et qu’ils en sont sortis convaincus à tout jamais des vertus de la concurrence.
Le 3 au soir pour la première de Zandoli, il n’y avait pas beaucoup plus de 30 personnes au Théâtre de Fort-de-France. Sans doute les afficionados du spectacle vivant s’étaient-ils précipités à l’adaptation martiniquaise de Soweto, présentée exactement aux mêmes dates, 3-4-5 avril à l’Atrium… On espère que les deux soirées suivantes seront plus équilibrées et que l’on verra davantage de spectateurs au Théâtre car il n’est pas normal que des artistes de qualité se produisent devant une salle presque vide.
Claire Moineau dans Crescendo
D’autant que le spectacle offre un prologue, non annoncé sur le programme, qui justifierait à lui seul le déplacement de tous les amateurs de danse.


Mise en sc

Michèle Césaire continue d’explorer les relations maître-serviteur. Après nous avoir présenté un Jacques le Fataliste très sage, elle nous offre aujourd’hui une Mademoiselle Julie tourmentée. Le tourment accompagne d’ailleurs la vie de Strindberg, auteur de la pièce et inventeur du théâtre moderne.
Mademoiselle JULIE est une leçon de sociologie sous la fausse apparence d’un divertissement. C’est là toute la différence entre un théâtre militant, didactique, pesant qui noie le divertissement dans la leçon démonstrative et le théâtre de réflexion qui, se présentant d’abord comme un divertissement, amène le spectateur à s’interroger, à penser. Un espace est constitué entre la scène et la salle que le spectateur aura la possibilité, le loisir et pas l’obligation, de traverser par un processus d’identifications plus ou moins conscient non pas à des personnages, mais à des situations vécues, incarnées par des comédiens. Ce qui est asséné d’un côté est laissé à la liberté d’appropriation de l’autre. Distinction entre texte de propagande et texte à thèse, éloge de la distanciation surtout quand elle est brechtienne. Parvenir à cette magie assure à la pièce sa pérennité. C’est pourquoi on peut toujours jouer Sophocle et quelques autres.








Issu de l’école du théâtre Si de Yohvani Medina, Ricardo Miranda signe avec Manteca du cubain Alberto Pedro Torriente sa première mise en scène, récompensée par le prix de la presse au festival « Off » d’Avignon en juillet 2007.
Chers Greg et Marie-Pierre :