— Par Selim Lander —
Peut-on encore évoquer le malaise antillais (le « problème identitaire ») sans tomber dans le déjà vu alors que ce thème n’a jamais cessé de hanter la conscience des auteurs antillais ? De la déréliction au ressentiment, on a déjà tout lu, tout vu. Il n’est évidemment pas question de nier la réalité du problème antillais, la vérité des sentiments qui s’expriment à ce propos sous différentes formes mais après Césaire (Le Cahier, 1939) et Glissant (Le Discours, 1979), cultiver ce thème s’avère risqué. Cela étant, l’art restera toujours un moyen de se démarquer. En Martinique, par exemple, Chamoiseau parvient à tirer son épingle du jeu grâce à l’originalité de la langue qu’il déploie dans ses récits et Confiant s’en sort également mais sur le registre de la comédie. C’est cette deuxième veine qu’exploite avec un certain bonheur José Jernidier, un auteur guadeloupéen, dans Circulez !. L’humour, parce qu’il implique une distance par rapport au sujet, permet d’éviter la lourdeur de tant de textes qui brodent plus ou moins complaisamment sur le fameux malaise.