— par Selim Lander —
Un filage à Nouméa
La Nouvelle-Calédonie est grande par sa superficie mais petite par le nombre de ses habitants. Ceux-ci, de surcroît, sont divisés en plusieurs communautés qui ne montrent pas toutes une grande appétence pour le théâtre. Contre vents et marées, Max Darcis parvient néanmoins à faire vivre sur la scène calédonienne, depuis maintenant une dizaine d’années, des spectacles de grande qualité qu’on aimerait pouvoir inviter à Fort-de-France. Les plus anciens spectateurs de Nouméa se souviennent du Horla, d’après Maupassant, où Max Darcis
était seul en scène. Professeur de théâtre, il n’a pas tardé par la suite à constituer une compagnie, Aléthéïa Théâtre, réunissant quelques comédiens talentueux avec lesquels il a monté des pièces souvent dérangeantes, comme une Mademoiselle Julie avec Delphine Mahieu dans le rôle titre, qui faisait ressortir toute la fantaisie et la folie de son personnage, tandis que Max Darcis exprimait à merveille les ambiguïtés du valet, partagé entre la force des conventions et celles du désir, sans oublier l’appât du gain propre à une classe qui côtoie sans cesse la richesse sans la posséder jamais.






Chers Greg et Marie-Pierre :


« Entre les autres et moi le silence s’amplifie » dit il. Alors face à ce vide tétanisant il dévide de sa bouche la bobine interminable du ruban de la langue. Blanc ruban comme les blancs du discours que celui-ci souligne à vouloir masquer ceux-là. Hildevert Lorsold aussi seul en scène qu’il l’est face aux mots, comme nous tous qui avons toujours ce vieux rêve adamique d’un isomorphisme parfait entre les mots et les choses. Retour fusionnel dans le giron de « lalangue », vers un temps sans temps morts, en un lieu sans coupure. Il est donc seul en scène et tout commence par ce « bonjour » délesté d’épaisseur, déraciné de toute glaise, aussi consistant que les bulles de savon qui envahissent le plateau. La langue n’est pas un nomenclature. Les animaux et les choses ne sont pas présentés devant Adam pour être nommées tout uniment. Apprendre par cœur un dictionnaire franco-anglais ne fait pas accéder à la maîtrise écrite ni parlée de la langue de Shakespeare.
Carnets d’Avignon.
Par LAURE GARCIA et CLAIRE JULLIARD
Il est des histoires dont l’intérêt ou la nouveauté résident dans la façon dont elles sont racontées plutôt que dans ce qu’elles racontent. C’est le cas du récit d’enfance « Le cœur à rire et à pleurer » de Maryse Condé que tente d’adapter à la scène Alain Courvaud avec Martine Maximin accompagnée du clarinettiste Antoine Bory.


