
Serge Goudin-Thébia aimait répéter cet extrait d’un de ses poèmes. Et, oui, sa bouche, sa voix, ses mains, son corps, sa vie, Serge Goudin-Thébia les a donnés sans compter pour exprimer, dire, crier, chanter, tonner cet éternel enchantement de vivre, cette éternelle boulimie de lecture, cette passion du bleu, des pierres, des bois flottés, cette urgence de la création perpétuelle, cette indispensable « intranquilité ».
La vie et l’œuvre plastique et poétique de Serge Goudin-Thébia ne font qu’un, un élan vital. La voix forte qui résonne, la main qui trace les mots, vite, la main qui griffe, sculpte, déchire, relie, mais sait se faire patiente et douce quand les lézards, par dizaines, viennent y dévorer les miettes déposées à leur intention au creux de la paume.
Et même si la maladie, actuellement, ne lui permet plus de donner sa pleine mesure, la presqu’île de la Caravelle résonne encore des échos de la voix et des pas du poète, arpentant les rivages lors de ses inlassables errances géopoétiques.
Là où nous allons tous (extrait)
(à Léon-Gontran DAMAS)
(…)
Ils disent
que j’ai de la chance
de pouvoir acheter ou vendre
tout un tas de mensonges,
qu’en mettant dans le réservoir de ma voiture
des miles et des miles de litres d’essence
je pourrai oublier ce que je suis.


Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 







Cette phrase de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il « réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.

Aussi curieux que cela puisse paraître, aucune anthologie de poésie n’avait jusqu’alors été consacrée aux territoires de l’Outre-mer français.Bien sûr, depuis des années, des livres nous permettent de découvrir les poètes de Tahiti, de la Réunion ou des Antilles, mais aucun tour du monde en poésie n’avait encore été entrepris. C’est désormais chose faite : Outremer, trois océans en poésie se veut une invitation au voyage et à la rencontre. Celle qui permettra au lecteur de découvrir les richesses insoupçonnées des contrées ultra-marines.

