— Par Dominique Widemann —
Judas, de Rabah Ameur-Zaïmeche. France. 1 h 39.
De « Wes wesh qu’est-ce qui se passe ? » au « Dernier Maquis » en passant par « les Chants de Mandrin », Rabah Ameur-Zaïmeche ne cesse de mettre en œuvre la puissance du cinéma pour faire bouger les lignes. Cette fois, il réinvente « Judas » et son rôle dans un film superbe.
D’entrée, l’immensité verticale d’une falaise de pierre confère au paysage une dimension mythologique. Nous éprouvons avec celui qui la gravit à pas d’homme la durée de l’ascension, la ferveur qui le hisse à un trou de roche élevé. Autour, le désert, étiques broussailles agitées par le vent, sentes tracées par les troupeaux. Judas (Rabah Ameur-Zaïmeche en personne) accueille Jésus (Nabil Djedouani) qui vient de regagner la terre de Judée où l’attendent ses disciples. Judas, le plus proche de ses compagnons de vie, le garde et le guide, assure l’intendance et le parcours de ce maître spirituel dont la lumière lui a toujours comblé l’âme. Cette lumière nous parvient par la plénitude joyeuse du regard de Judas, le soin fraternel de ses gestes quand il arrange autour du front de Jésus les plis d’un châle, oriente vers Jérusalem ses épaules qu’il vient de revêtir d’un manteau de laine et le contemple rejoignant son peuple, beau comme un fiancé.

L’artiste sénégalais présente « Gospel Journey », son CD sans instrument mêlant voix et percussions corporelles, contre le règne du fric, du look et du toc.
Au moins 2000 femmes et jeunes filles nigérianes ont été enlevées par Boko-Haram depuis 2014 et réduites à l’état d’esclaves sexuels ou forcées à combattre. C’est le triste bilan dressé par Amnesty International, à l’occasion des un an de l’enlèvement des 270 lycéennes par la secte.
Conceição Evaristo peut, à juste titre, être considérée comme l’une des plus importantes voix de la littérature afro-brésilienne, et plus particulièrement des femmes afro-descendantes au Brésil. Elle récupère une mémoire collective effacée par le discours colonial, et y mêle l’histoire non officielle et la mémoire individuelle. conceicao_evaristo
Notre 5e saison arrive à grands pas, faisant oublier les quatre autres, essentielles elles aussi : la Noel, le Carnaval, les Pâques et les Grandes Vacances ! Il s’agit des élections pour la Collectivité Territoriale de Martinique. Très particulières, car d’une grande clarté , elles sont comme l’auberge Espagnole, dont on ne sait pas grand-chose. Et ce malgré les efforts de tous.

Tout peut changer. Capitalisme et changement climatique, le nouvel essai de Naomi Klein
Indépendance de l’Algérie, révolution cubaine : l’éditeur et libraire engagé, devenu écrivain sur le tard, est mort samedi à 83 ans.
Le monde ne garde souvent à l’esprit dans une société humaine que l’état du pire, la graveleuse condition dans laquelle on s’épie.
L’écrivain et journaliste uruguayen Eduardo Galeano, auteur notamment de «
C’était un écrivain de cœur et de gueule, sans conteste le plus célèbre des auteurs allemands de l’après-guerre. Günter Grass est mort lundi 13 avril, dans une clinique de Lübeck, a annoncé la maison d’édition Steidl. Il avait 87 ans. Prix Nobel de littérature en 1999, il était aussi un homme politiquement engagé à gauche, qui avait activement soutenu le chancelier Willy Brandt dans les années 1970 et farouchement critiqué la réunification dans les années 1990, sans compter ses multiples prises de positions en faveur des opprimés de tous les pays.
1 / Un système en bout de course
C’est un moment d’émotions d’une rare intensité que nous a offert Hassane K. Kouyaté en programmant Un obus dans le coeur, le magnifique texte de Wadji Mouawad interprété par Julien Bleitrach qui signe la mise en scène avec Jean-Baptiste Epiard. C’était une nuit. Une nuit de rage. Une tempête sur la ville et dans la tête. Il neigeait et elle agonisait sur un lit d’hôpital. Le téléphone avare de mots avait juste lancé : « Viens vite ! » Elle ? La mère ! Lui, Wahab le fils se dit : « Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier ! »» mais aussi : « Le clignement de mes yeux fait fondre le givre de mes cils et c’est l’hiver au complet qui pleure sur mon visage « . Même attendue, la mort est toujours une surprise. Elle survient au détour d’un chemin. « Nawal. J’étais dans l’autobus. Sawda, j’étais avec eux! Quand ils nous ont arrosés d’essence j’ai hurlé : Je ne suis pas du camp, je suis comme vous!
—Par Jean Rouaud —
New York – Le film cubain Conducta, du cinéaste Ernesto Daranas, a reçu une mention spéciale lors du gala de l’Association des Chroniqueurs du Spectacle de New York (ACE) durant la 47e édition de ses traditionnels prix.
Cardinal ! C’est, vingt ans plus tard, Ie destin qui attendait Ie Misanthrope imaginé par Molière ! Voici Alceste dans la situation très confortable d’un homme coupé d’un monde qu’il réprime de sa main de fer : au XVIIème siècle, Ie pouvoir d’un prélat est considérable. Vingt ans après, il s’invite donc chez son ancienne amante pour trouver une jolie quadragénaire, qui, loin de la Cour qu’elle a « trahie » en épousant un bourgeois, semble parfaitement comblée avec ses quatre enfants. Mais qu’est donc venu faire I’égal de Mazarin chez cette mère de famille sans histoire ? Convaincu d’être l’ambassadeur de Dieu auprès des hommes, Alceste décide de confesser cette brebis égarée, trop heureuse pour être honnête. Cette « confession », tour à tour cocasse et émouvante… tournera vite à Ia joute oratoire entre un janséniste ancré dans son époque et une libertine avant l’heure, figure de proue, selon Alceste, d’un XVIIIème siècle qui arrive à grands pas. Mais de ce conflit seul I’Amour sortira vainqueur.
INTERVIEW – Il fut l’architecte rythmique de l’afro-beat, cette musique éruptive de combat et de la fierté noire inventée par Fela à l’entame des années 70 à Lagos, capitale bouillonnante du Nigéria. Batteur d’exception, célébré par nombre de ses pairs afro-américains mais aussi des artistes pop comme Damon Albarn, Tony Allen poursuit une carrière féconde en solo. Il sera en concert samedi à La Gaité Lyrique dans la foulée de son nouvel album, Film of Life.
Depuis près de vingt ans, le festival Mythos de Rennes défend la question de l’oralité au travers des histoires qu’il met en avant de manière originale. Aujourd’hui l’événement a élargi sa proposition pour englober les arts de la parole au sens large du conte, au récit, du théâtre à la chanson (1). Une programmation délibérément éclectique qui propose une cinquantaine de spectacles à l’occasion de la 19è édition de Mythos. Rencontre avec Mael Le Goff, son directeur artistique.
« La mort est superbe
Les vrais maîtres du théâtre se trouvent généralement loin de la scène. Et ils n’ont souvent que peu d’intérêt pour le théâtre en tant que machine à copier les conventions et à reproduire les clichés. Ils recherchent plutôt la source de l’impulsion, les courants de vie qui ont tendance à éviter les salles de spectacles et les foules promptes à copier un monde ou un autre. Nous copions au lieu de créer des mondes ciblés ou même dépendants de débats avec un public, et d’émotions sous-jacentes. Alors qu’en réalité, il n’y a rien qui révèle mieux les passions cachées que le théâtre.