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On a encore oublié Madame Freud

Pour Ina Césaire

— Par Simonne Henry Valmore —

En visitant un jour le Musée international de l’esclavage de Liverpool, situé dans une ancienne zone portuaire, j’ai pu voir, sur les murs de l’exposition consacrée à l’abolition de l’esclavage, la photographie d’une femme, d’une seule, présente sur les murs. C’était celle de la petite couturière d’Alabama, Rosa Parks, figure incarnée de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats -Unis. Mon regret fut de ne pas y voir, une autre femme, tout aussi emblématique, Suzanne Césaire. C’était pourtant l’occasion rêvée de la sortir de l’ombre, afin de la présenter, à un large public. Suzanne qui allait devenir, deux ans après la Rebelle d’Alabama, l’épouse d’Aimé Césaire, et qui aura eu comme lui, le même sentiment révolutionnaire de la vie. Celle qui avait épousé son crédo : dire’ non à l’ombre, et qui donna, magistralement, son renvoi à la poésie coloniale des premières lettres créoles qui souffraient alors d’un défaut de vision :

Mer bleue et soleil jaune

Suzanne fut l’âme du bureau de pensée créé dans l’enfer de la colonie. Membre à part entière de la même tribu poétique que Césaire, elle avait tout naturellement sa place à ses côtés, au Musée de Liverpool.

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À la Fondation Clément : « AFRIQUES, artistes d’hier et d’aujourd’hui »

— Par Janine Bailly —

Les expositions organisées par la Fondation Clément, dans le cadre de l’habitation éponyme, offrent pour la Martinique un réel intérêt, qu’elles nous plongent au sein de l’univers caribéen, ou qu’elles nous apportent des nouvelles de l’au-delà des mers. La dernière en date, conçue en collaboration avec la Fondation Dapper, sera visible jusqu’au 6 mai 2018. Intitulée AFRIQUES, artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette présentation des Arts anciens et de l’Art contemporain, qui occupe de belle et judicieuse façon toutes les salles du musée, du masque le plus traditionnel à la toile la plus novatrice, ne déroge pas à la règle. Et le catalogue de l’exposition, qui a pour préface un texte de Patrick Chamoiseau, Rencontres avec l’Afrique – De l’Absolu à la Trace, est aussi un superbe ouvrage, qui combine reproductions de qualité et analyses pertinentes.

Dans ses pages culturelles, la revue Télérama consacre à cet événement un article dont je donne l’introduction, empruntée à Suzanne Césaire dans la revue Tropiques : « L’Afrique ne signifie pas seulement pour nous élargissement vers l’ailleurs, mais aussi approfondissement de nous-mêmes », et la conclusion de la journaliste Yasmine Youssi : « Dans cette terre de France antillaise, si éloignée du Ministère de la Culture, où l’art semble être le cadet des soucis des représentants de la République tant est criante l’absence d’un musée (public) digne de ce nom, l’exposition (gratuite) de la Fondation (privée) Clément est magnifique.

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Madinin’Art et le Festival d’Avignon 2016

avignon-2016Deux contributrices, Michèle Bigot et Dominique Daeschler, un contributeur, Selim Lander ont couvert pour Madinin’Art le Festival d’Avignon 2016. Près d’une soixantaine de spectacles ont fait l’objet de comptes-rendus. A chacun(e) son goût et sa manière. Si les constats sont souvent convergents, les interprétations proposées divergent et c’est tant mieux. Madinin’Art est très attaché à la diversité des regards et des analyses. LE THEÂTRE en majuscules n’existe pas mais des théâtres ancrés dans des pratiques, des cultures, des questionnements différents sont bien vivants. L’ensemble des critiques publiées dans ces pages est un éloge, une ode à la diversité. S’il est aussi un bon reflet de l’état du théâtre actuel, il est dans le même mouvement une confirmation qu’il n’existe pas de théâtre sans une exigence de qualité et que celle-ci est toujours le résultat d’un ouvrage sans cesse remis sur le métier et qui fuit comme la peste la suffisance, la complaisance, la facilité, la désinvolture…

L’excellence est fille de la confrontation à l’altérité, à la diversité. Le plus grand festival de théâtre(s) du monde est, comme le souligne son directeur, un acte de résistance qui « préfère applaudir les forces de la vie plutôt que se résigner à une minute de silence ».

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Mon Festival d’Avignon 2016

— Par Dominique Daeschler—

avignon-2016Festival d’Avignon 2016

De ce que nous avons vu on retiendra l’omniprésence de la vidéo (avec plus ou moins de bonheur), une volonté de jouer à cour et à jardin plutôt qu’au centre du plateau (réservé souvent à l’effet rassembleur et au message), l’alternance de dialogues et de récits, la présence de musiciens sur scène, l’importance de scénographies impliquant fortement les dramaturgies, un goût pour des textes allemands valorisant la nature, le pouvoir, l’excès avec une quasi omniprésence des questionnements actuels sur populisme et nationalisme.

A tout seigneur tout honneur : le IN

6 A.M. How to disappear completely

Au Théâtre-opéra, le Blitztheatregroup, collectif de création grec monte une adaptation d’une élégie du romantique allemand Hölderlin en neuf temps traduite en neuf tableaux. Jusqu’au tableau final, le spectacle se déroule dans la pénombre pour mieux occulter la logique de la réalité matérielle et fuir le déroulement d’une histoire. Volonté d’entrer dans un univers poétique sans chercher à comprendre, de faire du verbe une parole qui suscite l’émotion et réveille nos imaginaires : nous voilà dans une zone mal définie tantôt forêt tantôt usine où l’on entend une voix sans que les acteurs se parlent entre eux.

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Avignon 2016 (1) : Bonjour « Tristesses »

— Par Selim Lander —

TistessesPremier contact avec Avignon après l’introduction aixoise (notre précédent billet) et la demi-finale de la coupe d’Europe de football gagnée par la France avec une étonnante facilité malgré des débuts plutôt laborieux. Débuts laborieux, c’est ce que l’on a envie de dire également à propos de Tristesses, la pièce écrite et mise en scène par Anne-Cécile Vandalem, à la tête de la compagnie « das Fraulein » (laquelle, comme le nom ne l’indique pas, est belge). L’argument relève du théâtre politique : soit « Tristesses », une île danoise anciennement vouée à l’élevage, ruinée à la suite de la faillite de l’abattoir et presqu’entièrement vidée de ses habitants.

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Lettre ouverte aux fétichistes adorateurs d’un lycée nommé Schoelcher

victor_schoelcher_ki_s— Tribune de Daniel Boukman —

Une affaire, vieille déjà de plusieurs années, dont certains – politiciens tortueux, syndicalistes bornés- ont tenté d’en faire l’affaire du siècle, touche à sa fin : un établissement scolaire vétuste, suite à la violence de secousses sismiques, risque de s’effondrer et d’ensevelir sous ses décombres ceux qui, ce jour-là, par malheur, s’y trouveraient.

Il s’agit donc, conformément au principe de précaution (auquel un bâtiment, si prestigieux soit-il, n’échappe) d’évacuer élèves, professeurs, personnel administratif, de leur assurer, pour la rentrée prochaine, un lieu de transit (le mieux possible approprié, nulle entreprise humaine n’étant parfaite) afin d’entreprendre – enfin !- la reconstruction d’un édifice par certains érigé en totem.

A la source de la pensée fétichiste en cours, il y a les relents de l’idéologie schoelchériste : dans les années 2000, il avait été proposé que l’établissement baptisé, en 1937, Schoelcher, reçoive le nom d’Aimé Césaire, et que, dans ce même temps, au Lamentin, l’aéroport soit appelé Frantz Fanon…. Véhémentes protestations de la part des orphelins de « papa chelchè ki ba nou lalibèté ki si chè a nou » (1) dont l’envahissante présence ( nom de rues, nom d’une ville, d’une bibliothèque… érection de statues et autres bustes) alimente la piété idolâtre des néo-schoelchéristes.

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Biogâtre* : quand le théâtre devient biographe.

— Par DEGE —

sony_suzanneDes mystères du Moyen-âge en passant par les spectacles grandioses et lucratifs de R. Hossein, les biographies religieuses ou politiques ont vu le jour : Jésus, Thomas More, Luther…quelques scientifiques comme Galilée, ou des personnages tirés de faits divers… (A ne pas confondre avec les pures fictions sur un type humain que sont par exemple l’Avare ou le Faiseur). Les auteurs de ces biographies en font le prétexte à l’exposition de leurs réflexions philosophiques, à leur analyse de l’âme humaine, à la critique d’un système, etc.

Les biographies dramaturgiques dont il est question ici, appelons-les « biogâtres », s’intéressent à la vie et l’œuvre d’un…écrivain ! Un être dont on peut traiter de l’imaginaire mais et puisqu’il a réellement existé, écrit, créé : il s’agit, pour l’auteur d’un biogâtre, de faire l’éloge posthume d’une œuvre et d’une pensée qui résonnent insuffisamment.

Curieusement, même quand des écrivains se sont imposé la lourde tâche de guides, il n’y a pas ou prou de reconnaissance théâtrale de leur vie et œuvre sous forme biographique. Ainsi de V. Hugo, Lamartine pour les anciens par exemple, ou pour les nôtres et la francophonie, Fanon, Césaire…ils mériteraient un biogâtre.

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Sony Congo : sur un mode binaire

— Par Roland Sabra —

sony_congo-2Pas facile de trouver dans les librairies martiniquaises des œuvres de Sony Labou Tansi. La Librairie Alexandre, avertie longtemps à l’avance, sollicitée plusieurs fois, n’a pas daignée répondre à l’invitation faite d’offrir à la vente à la sortie du spectacle les œuvres de cet auteur majeur de la littérature africaine. A quand l’ouverture d’une librairie consacrée aux arts de la scène ? N’y a-t-il pas un local prévu à cet effet au rez-de-chaussez du Tropiques-Atrium ?

C’est la qualité première de la pièce «  Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi » mise en scène par Hassane Kassi Kouyaté que de nous faire découvrir ce « Rabelais d’Afrique », ce « Molière africain », ce « Black Shakespeare », ce « Picasso de l’écriture », ce «  Diogène de Brazzaville », comme se plaît à le nommer la presse internationale. Et ses pairs en écriture n’en sont pas moins unanimes à reconnaître le talent de cet « artisan des mots, provocateur et insoumis. »

Hassane Kassi Kouyaté fréquente de puis de longues années l’œuvre de Sony Labou Tansi ( SLT) et c’est à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort de l’écrivain qu’il passe commande auprès de Bernard Magnier fin connaisseur du poète romancier et dramaturge d’un texte de théâtre pour lui rendre hommage.

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« Suzane Cézaire, Fontaine solaire » : les 11 & 12 décembre 2015 au Tropiques-Atrium à 20 h

— Dossier de presse —

s_cesaire_fontaine_solaireScolaire le 10 à 9H30

Adaptation théâtrale : Daniel Maximin
Mise en scène – Scénographie : Hassane Kassi Kouyaté
Assistante à la mise en scène : Astrid Mercier
Avec Astrid Bayiha, Nicole Dogué & Martine Maximin
Création lumière : Cyril Mulon
Univers sonore : Serge Béraud
Costumes : Anuncia Blas
Décor : William Vahala

Les écrits de Dissidence de Suzanne Césaire
Tropiques (1941-1945)
2015 est l’année du centenaire de Suzanne Césaire, intellectuelle et écrivain martiniquaise, une des grandes figures de sa génération avec son époux, Aimé Césaire et ses amis proches : René Ménil, Georges Gratiant, Aristide Maugée, Lucie Thésée, avec qui elle anima, dans les dures années de la dissidence en Martinique de 1941 à 1945, la revue Tropiques qui joua un rôle majeur dans l’émergence des Antilles contemporaines.
L’oeuvre de Suzanne Césaire, réduite en quantité, est importante dans son contenu, car s’y trouvent traitées et éclairées les grandes questions qui traversent l’histoire contemporaine des Antilles, du point de vue littéraire, culturel, politique et identitaire.
Suzanne Césaire symbolise une écriture féminine qui aura une place majeure aux Antilles.

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« Pour René Ménil » & « Tropiques-Atrium-Tropiques : Eia ! Eia ! »

— Par Geneviève Sézille-Ménil —

tropiques-atrium_tropiques

« Pour René Ménil »

Bonjour à tous

Suite à l’inauguration de la dénomination de « Tropiques- Atrium » et du lancement de la saison culturelle, je me suis sentie obligée d’écrire un article. Cet article est mûrement réfléchi et tous les mots ont leur importance !
Vous dire si je suis heureuse pour le choix du nom du centre culturel? Oui je le suis!

Et pour moi et surtout en mémoire de René qui est, ne vous en déplaise, le principal instigateur de la revue « Tropiques ». Je suis la seule détentrice des confidences de René Ménil et sais combien il a été l’objet d’actions et de manigances pour le faire taire! Pour moi, le choix fait par l’équipe d’animation culturelle et politique est… une réhabilitation !

J’espère que d’autres actions seront menées.
Je n’oublie pas gue Mr. Césaire avait émis le vœu que le nom du Collège des Terres Sainville serait celui de René Ménil, décision votée par le Conseil Général pour approuver le choix d’Aimé et que, par l’action malveillante de certain, ce vœux n’a pas été exécuté, bien au contraire, puisque c’est celui d’Aimé Césaire qui a été choisi, contre la volonté de ce dernier.

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Tropiques- Atrium : programmation entre rupture (beaucoup) et continuité (un peu)

— Par Roland Sabra —

hassane_kouyateLa lecture du programme de Tropiques-Atrium le laissait deviner et la présentation publique de la brochure l’a confirmé : la prise en main de la renouvelée salle nationale de Martinique par Hassane Kassi Kouyaté marque un tournant important dans l’histoire de la structure. C’est en effet la première fois que la maison commune est dirigée par un metteur en scène reconnu internationalement. Les trois axes d’orientation, à savoir, Les expressions féminines de la Caraïbe, Les écritures contemporaines et les Classiques revisités portent la marque de ce changement tout en prenant largement en considération les particularismes insulaires. La saison s’ouvre avec « Choc(s), une reprise de Christiane Emmanuel déjà vue en 2010 et une création monstre d’Aurélie Dalmat «  Antigone ». Le terme de « monstre » renvoie à la démesure, à l’insatiable énergie, à la fougue d’Aurélie Dalmat qui convoque sur scène pour cette Antigone, revisitée par Georges Mauvois au moins six douzaines de comédiens, chanteurs et choristes avec pour la première fois une ouverture de la scène coté salle Aimé Césaire et coté salle Frantz Fanon.

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An liénaj pou Lumina.

— Par George Arnauld* —
marche_luminaRésistance et solidarité
Le dimanche 20 septembre, sur les hauteurs de Rivière Pilote, 9 associations dont 2 d’Haïti (le GARR et le RNDDF) se sont « unies » pour une cause commune : la lutte contre le racisme, contre les injustices et contre les discriminations. Elles ont rassemblé des femmes et des hommes désireux/ses de perpétuer les luttes des insurgé-e-s et avides de connaître leur histoire afin de prendre conscience des vieux démons qui sont si présents dans nos sociétés et de les combattre.

Une marche de commémoration sur les traces de Lumina Sophie donc, que nos invitées haïtiennes ont ouverte en se réjouissant de cette rencontre entre nos pays, et en reliant cette page d’histoire aux cas des expulsé-e-s de la République Dominicaine.

Pour débuter cette manifestation, Ymelda a chanté « Rasanbleman  » ce chant haïtien si émouvant que nous a fait connaître Toto Bissainthe. Ensuite, l’assemblée a interprété le chant de l’Insurrection du sud, « Gran mè gran  », avec l’accompagnement des tambours de l’ADPKM.

La lecture ensuite de textes forts de Suzanne Césaire Roussi, dont nous avons marqué le centenaire, a su renforcer notre engagement et notre volonté d’agir « contre l’ombre », citons par exemple :

« Tant pis pour ceux qui nous croient des rêveurs,
La plus troublante réalité est nôtre.

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L’une danse, l’autre pas, toutes créent !

— Par Janine Bailly —
lune_creee_lautre_pasOui, il est vrai que, depuis quelques années, les « journées de … » font florès. Il est vrai aussi qu’une Journée de « la » Femme, c’est bien peu, c’est bien court, et peut-être n’est-ce que l’occasion, une fois au moins dans l’année, de se donner bonne conscience. Mais foin des esprits chagrins ! Moi qui suis femme, avec ou sans majuscule, je n’ai pas boudé mon plaisir, profitant de ces deux jours déclinés au féminin : oui, sous le titre « L’art se fait femme », c’est bien pendant deux jours que la Région nous a ouvert ses locaux, ajoutant à la date traditionnelle du 8 mars la totalité du samedi 7.
Oserais-je avouer, sans m’attirer les foudres de mes consœurs, qu’à mon goût certaines créations m’ont paru quelque peu ordinaires, en comparaison d’autres superbement abouties ? Mais comme le dit un adage célèbre, l’essentiel n’est-il pas de participer ? Bravo à toutes donc, les douées, les audacieuses, les timides, les bavardes, les taiseuses, les femmes de bonne volonté ! Bravo car moi, qui ne crée rien, je ne peux que vous dire mon admiration !

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« Que retenir de la revue Tropiques ? »

Journée d’étude le mardi 20 mai 2014 – salle 10 Fac de lettres organisée par Dominique BERTHET

tropiques

« Surréalisme, corde raide de notre espoir »
Suzanne Césaire
« Il était une fois un homme noir accroché à la terre noire »
Aimé Césaire et René Ménil

Face au régime de Vichy auquel il fallait opposer un refus total, en créant la revue Tropiques, Aimé Césaire et René Ménil voulurent affirmer l’originalité de la culture des Antilles. Afin d’engager les Martiniquais à répondre à la « dynamique spéciale de leur complexe réalité », ils entreprirent l’étude systématique du milieu géographique : de la flore et de la faune, de l’histoire, de la langue, du folklore, des traditions orales et de leurs racines africaines.
Se référant à Mallarmé, à Rimbaud, à Lautréamont ou à Breton, mais aussi aux écrivains noirs américains, les rédacteurs de Tropiques envisageaient l’acte d’écrire comme une opération poétique de suggestion capable de provoquer dans l’homme antillais un saisissement tel que, docile aux forces tumultueuses de la vie, il fasse la révolution en lui-même et dans la société.

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« Pratiques artistiques contemporaines en Martinique. Esthétique de la rencontre 1 » : présentation du livre de Dominique Berthet

— Par Alfred Alexandre, écrivain —

Poster-TabouIl y a au moins deux manières de concevoir l’esthétique. D’un côté on peut voir dans l’esthétique une théorie de l’art, un domaine du savoir s’interrogeant sur les conditions de production et de réception de l’œuvre d’art. D’un autre côté, la notion d’esthétique peut renvoyer à l’ensemble des idées à partir desquels un artiste ou un groupe d’artistes exprime leur conception de l’art.

C’est ce deuxième sens du mot esthétique – l’ensemble des idées sur l’art propres à un artiste ou un groupe d’artistes – que Dominique BERTHET convoque dans son livre intitulé : Pratiques artistiques contemporaines en Martinique, Esthétique de la rencontre 1.

À la fin de son ouvrage, Dominique BERTHET annonce qu’il proposera – dans un ouvrage à paraître – « une réflexion théorique sur l’art ». Théorie qui entend rendre compte de la production artistique en Martinique et en Guadeloupe.

Mais avant d’en venir à une théorie d’ensemble, Dominique BERTHET a fait le choix de recenser un certain nombre d’expériences plastiques à travers lesquelles, on peut lire, en creux, l’histoire des idées esthétiques qui, depuis les années 40, ont servi de cadre au travail des artistes martiniquais.

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« L’éloge de la rencontre », de Dominique Berthet

par Cécile Bertin-Elisabeth

Cette présentation de l’ouvrage de Dominique Berthet,

André Breton, l’éloge de la rencontre. Antilles, Amérique, Océanie,

été lue lors de la soirée littéraire organisée à l’Habitation Clément, le 12 juin 2008

Cécile BERTIN-ELISABETH

Afin de vous présenter l’ouvrage qui nous réunit ce soir, je me permettrais d’embrayer en posant cette question a priori inattendue et ô combien ardue :

– « Qui suis-je ? »

N’ayez crainte, loin de moi l’idée de vous parler de ma propre personne ou de me lancer dans des débats hautement philosophiques même si la philosophie ne saurait être tout à fait absente sous la plume de Dominique Berthet, Docteur en philosophie et en esthétique.

C’est en fait ainsi, tout simplement ou plutôt aussi difficilement, que débute Nadja, célèbre œuvre de Breton comme chacun sait, publiée en 1928. Cette première interrogation est complétée dans l’incipit de Nadja par une seconde question :

– « Qui je « hante » ? »

Pour essayer de répondre, notamment lorsque cela s’avère malaisé, il est fréquent d’éluder la difficulté en posant une autre question.

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« Eloge de la servilité ». L’écrier, la nuit A tous les Quashie

 

L’écrier, la nuit


A tous les Quashie



Eloge de la servilité. Là où loge la servilité. Non pas son bwabwa pitoyable, l’ancêtre esclave dérespecté dans son maintien et sa retenue, mais la résidence coloniale, au cœur (au corps, an kò’y menm) de nos élites. Déloger la servilité. La tracer, la traquer, la détraquer, tout à trac. Kri ! Est-ce que la cour dort ? Car il était temps de la réveiller de ce cauchemar académique et liturgique qui creuse nos renoncements, et notre abandon au pillage plutôt qu’à la Parole.

 

Ce qui habite Monchoachi c’est le cri. Monchoachi n’écrit pas, il é-crie (yékri) il est cri. Le cri est souffle, il est mantra, il est Nom. Kriyé c’est nommer. Le cri est Création (criation). Il figure un lieu, possiblement habitable et partageable, que nul ne possède en propre (malgré que les lieux communs soient toujours des noms propres). Le cri vient de l’envers des choses, il vibre sa vérité, et d’un saut nous révèle (i ka fè nou soté !). Poétique de l’événement, co-naissance à ce qui vient dans la fatalité tragique, ignorant l’inconnu qui déborde de toute sa grandeur (sa ou pa konnèt gran pasé’w).

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érotisme et engagement

par Manuel NORVAT

 

L’extase de Sainte-Thérèse, Le Bernin

Quels rapports se tissent dans la littérature caribéenne entre écriture militante et écriture érotique ? Autrement dit, quelles relations s’établissent dans cet espace de création entre désir et engagement ? Lorsque Suzanne Césaire parle de « littérature de pâmoison » dans Tropiques contre les productions littéraires doudouistes à la Daniel Thaly (« Je suis né dans une île amoureuse du vent où l’air à des odeurs de sucre et de vanille…) nous sommes hélas en présence d’un certain manichéisme faisant fit que la dite « littérature de  pâmoison » a participé à sa manière à un inventaire du réel, en l’occurrence antillais. Mais l’on pourrait insister aussi sur cette mise à distance quasi dédaigneuse de la pâmoison (métonymie du désir pour l’occasion) de la part de nombreux écrivains dits engagés — non pas au sens créole du terme lié à un pacte avec l’univers diabolique, mais pleinement dans l’acception politique du terme. La question se pose donc de savoir s’il faut brûler « la littérature de pâmoison » au bénéfice des révolutions ?

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« Palabre en négritude » mise en scène de Layla Metssitane

 — par Selim Lander —

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Après Amel Aidoudi qui a enflammé récemment la scène du Théâtre de Fort-de-France à partir d’un argument poétique de Stéphane Martelly, une autre jeune femme d’origine maghrébine, Layla Metssitane, a créé l’émotion, vendredi 22 mai, dans un duo avec son partenaire Xavier Carrar, en interprétant quelques textes rassemblés autour du Cahier du retour au pays natal d’Aimé Césaire. Le choix de la grande salle de l’Atrium, jamais remplie pour ce genre de spectacles, avec par ailleurs une scène surdimensionnée pour une troupe réduite à deux comédiens, ne facilitait pourtant pas les choses. Fort heureusement, un dispositif scénique simple et efficace palliait dans une grande mesure le second inconvénient : quatre grandes voiles blanches sur lesquelles étaient projetées de temps en temps des images en rapport avec les textes, un escalier recouvert d’un tissu noir se perdant derrière l’une des voiles (et qui servira de paravent lorsque la comédienne aura besoin de se changer), une caisse recouverte d’un tissu blanc d’où sortira, au début du spectacle, le jeune et sculptural Xavier Carrar.

Le choix de deux interprètes blancs pour évoquer la négritude surprend au prime abord.

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L’éphéméride du 26 juin

Naissance à Basse-Pointe d’Aimé Césaire le 26 juin 1923

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique) et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France (Martinique), est un écrivain et homme politique français, à la fois poète, dramaturge, essayiste, et biographe.

Fondateur et représentant majeur du mouvement littéraire de la négritude — avec Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas —, anticolonialiste résolu, il mène en parallèle une carrière politique en tant que député de la Martinique et maire de Fort-de-France durant cinquante-six années consécutives, de 1945 à 2001.

Biographie
Les jeunes années
Aimé David Césaire est né le 26 juin 1913 dans l’habitation Eyma. Il faisait partie d’une famille de sept enfants. Son père, Fernand Césaire, était administrateur, gérant d’une habitation à Basse-Pointe, puis après concours nommé au bureau des impôts comme contrôleur des contributions, et sa mère, Éléonore Hermine, était couturière. Son grand-père paternel, Fernand Césaire, après des études à l’école normale supérieure de Saint-Cloud5, fut professeur de lettres au lycée de Saint-Pierre et le premier instituteur noir en Martinique[réf. nécessaire] et sa grand-mère, mamie Nini du Lorrain contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire, aptitudes qu’elle enseigna très tôt à ses petits-enfants.

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7ème Édition des Journées du Matrimoine en Martinique : Célébrons l’héritage des femmes

Du 6 au 28 septembre 2024

L’association Culture Égalité a le plaisir de vous informer de la septième édition de la célébration de son mois du Matrimoine qui se déroulera tout au long du mois de septembre.

Depuis 2015, ces journées sont consacrées à mettre en lumière l’héritage culturel et historique des femmes, souvent négligé ou occulté, et à rétablir leur place légitime dans le récit collectif.

Le Matrimoine, c’est bien plus qu’un concept : c’est un engagement à réhabiliter la contribution des femmes au développement social, politique, économique et culturel de notre société. Comme le souligne George Arnauld, co-fondatrice de Culture Égalité, « Le Matrimoine, c’est donner aux femmes la place qu’elles méritent dans l’histoire de l’humanité ». En parallèle des célébrations du patrimoine, l’association rappelle que l’héritage des femmes mérite une reconnaissance équivalente et qu’il appartient à tous de s’en emparer pour une société plus juste.

Cette année, trois événements majeurs rythmeront cette septième édition :

1. Conférence « Vivre et agir : trois femmes marquantes des sociétés coloniales et esclavagistes de la Caraïbe »
Le vendredi 6 septembre à 18h30, Jessica Pierre-Louis, docteure en histoire, animera une conférence à la salle des plénières de l’ancien siège du Conseil général à Fort-de-France.

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Les Lectures du Laminaire

 Tropiques-Atrium Salle Frantz Fanon – 19h30

Mercredi 26 juin 19h 30

À lencre de Mancelunier
Texte : Loran Kristian
Lecture dirigée par Charly Lerandy
Avec : Charly Lerandy et Dominik Lauréat
Dans ce recueil de poésie, « code source de 60 articles dencre de lumière noire », Loran Kristian déploie une parole insulaire et globale, destinée à nommer la singularité plurielle des imaginaires caribéens.

Loran Kristian est un poète martiniquais. Son premier recueil Les mots de silence (K. Éditions) a reçu le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2021. Son nouveau texte, À lencre de Mancelunier (Edition Atlantiques déchainés), est paru en 2023.

Jeudi 27 juin 19h 30

Rosanie Soleil!
Texte : Ina Césaire
Mise en lecture : Arielle Bloesch
Avec : Alexandra Déglise, Rita Ravier, Suzy Singa, Caroline Savard
Pièce intimiste sur arrière-fond de drame historique, Rosanie Soleil fait entendre la parole occultée de quatre femmes s’efforçant, pour se protéger l’une l’autre, de passer sous silence leur participation à la révolte qui en 1870 a enflammé le sud de la Martinique.

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Les sœurs Nardal, A l’avant-garde de la cause noire

 — Par Dominique Daeschler —

Fraîchement paru aux éditions Autrement, un long plaidoyer pour la reconnaissance du travail des Sœurs Nardal ( antiracisme, féminisme, élaboration d’une conscience noire…), écrit par la journaliste Léa Mormin-Chauvac dont on a pu récemment voir le documentaire qui leur est consacré (en collaboration avec MC Gambart) sur France Télévisions.

Les Nardal ? Sept sœurs, un clan, une tribu qui vit dans une famille cultivée ( père ingénieur, mère musicienne) hors d’une société de classes où les mulâtres et les francs-maçons tiennent le haut du pavé. Pour leurs congénères, les Nardal sont excentriques. Les sept filles voyagent, partent à Paris faire des études dans les années 20 (Sorbonne pour Paulette et Jane les plus connues) et ne tardent pas à tenir salon le dimanche dans leur appartement de Clamart. Un salon où le brassage des idées fait loi…

Cette appétence à discourir, cette capacité à assembler les sœurs Nardal les tiennent d’une éducation singulière pour l’époque où l’on mélange idées, théâtre, concerts( piano, orgue, violon, flûte) dans la grande maison de bois de la rue Schoelcher dont elles se partageront plus tard les étages.

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La déambulation « Fanm an lari Foyal » du 30 septembre

— Par Nathalie Delbois de Culture Égalité —

« Ce circuit  devrait être proposé de façon pérenne  aux  gens d’ici et à ceux venant d’ailleurs ! »

C’est ce que je me suis dit en découvrant ce samedi 30 septembre 2023 la déambulation proposée par l’association féministe Culture Egalité. En effet,  je ne me doutais pas que Fort de France renfermait  en ses rues des lieux si chargés d’histoire,  animés par des personnalités si marquantes de la société Martiniquaise.  Il faut parcourir les rues que les lieux prennent vie et parlent .

 Cinq arrêts, cinq rues ou bâtiments  hantés  par d’illustres femmes, insuffisamment (re)connues.

Rendez-vous au Carénage sur le port. Le  temps est gris, personne à part nous, déambulateurs et déambulatrices. Des éclats de voix. Deux  femmes sont là. Ce sont des lingères, des charbonnières . Elles lavent. Et elles livrent  le charbon pour les paquebots. Les voilà qui s’exclament et s‘interrogent sur leurs  vies de labeur et de combats incessants. Et pourtant  « nous contribuons à la richesse du pays », s’indignent-elles ! Ces travailleuses sorties du silence ont enfin  une voix – Magie du théâtre !

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Septembre : le mois du Matrimoine par l’association Culture Égalité

Samedi 9 septembre 15h-18h
Ateliers créatifs Matrimoine Ti Moun’
Terres d’Arts – Tivoli Fort-de-France
Par l’association Culture Égalité
Publics : enfants 7 à 12 ans & parents

Samedi 16 septembre
Fanm doubout Oliwon / Lakarayib ek Lanmérik
A Sainte-Marie
Prestation théâtrale interactive
Tous publics

Dimanche 24 septembre 9h-12h
Sur la route de Lumina
Marche niveau 1 à Rivière-Pilote
Dans le cadre du Matrimoine et du mois de la commémoration de l’insurrection de sud-en septembre 1870, l’association Culture et Égalité organise une marche intitulée : « Sur la route de Lumina Sophie, la Flamme de la révolte ». L’évènement d’une durée de trois heures comprend : l’accueil au marché suivi d’une déambulation dans les rues du bourg sur les lieux symboliques de l’insurrection du sud. Puis les participants se rendront à l’habitation La Mauny (en bus), lieu de départ de la randonnée. La matinée se termine par une réception à la mairie.
√ Dimanche 24 septembre – Niveau 2. Départ à 8h – RDV sur la place du marché de Rivière-Pilote. Gratuit avec quête solidaire – Durée : 3 heures – Inscription : 0696.19.91.58.

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