Catégorie : Politiques

« J’accuse »

« Si, par la simple force du nombre, une majorité pouvait priver une minorité d’un droit constitutionnel clairement défini, cela pourrait, au point de vue moral, justifier une révolution. »

(Abraham Lincoln, discours inaugural du 4 mars 1861)

Par Robert Lodimus

« Les Blancs débarquent », dirait l’historien Roger Gaillard. En attendant, la barque de la société haïtienne continue à dériver vers les rapides d’un désastre politique, d’une catastrophe économique et d’une péripétie financière avec des conséquences, – quoique prévisibles –, difficilement réparables. Le choc engendrera un niveau de destruction physique et de dérangement psychologique cent fois supérieur aux malheurs et aux détresses provoqués par le séisme du 12 janvier 2010, où plus de 300 000 mille compatriotes furent écrasés et ensevelis sous des blocs de béton armé. Nous ne sommes pas des prophètes de fatalité. Certains d’entre vous qui lirez ce texte réagiront probablement comme les individus qui se moquaient des avertissements prophétiques de Noé, le personnage de l’Ancien Testament. Et pourtant, le déluge arriva. Selon la légende, le récit hagiographique, les «Thomas » furent tous noyés sous les eaux de la colère et de la malédiction des cieux.

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La stratégie d’évitement du peuple

— Contre chroniques d’Yves-Léopold Monthieux —

De l’autonomie, l’indépendance ou le système actuel, il serait trop simple de demander franchement à la population lequel des trois statuts politiques ils souhaiteraient pour la Martinique ? En effet, chacun sait confusément que les Martiniquais ne veulent pas distendre ou rompre les liens institutionnels avec la France. Dès l’an 2001, dans mon ouvrage Le Refus du débat institutionnel, j’avais perçu le souci des partis de gauche d’éviter de faire appel sur le sujet à l’expression populaire, à moins de le faire de façon parcimonieuse et précautionneuse

La peur du référendum par les élites.

Aussi, un référendum a toujours fait peur à la minorité active d’extrême-gauche ou même d’extrême-droite. D’où la stratégie d’évitement ou de contournement de l’électeur qui n’a pas été sans efficacité sur le plan électoral. Elle a permis à des autonomistes et indépendantistes de monopoliser le pouvoir et d’administrer l’assimilation depuis bientôt 50 ans. Sur le plan statutaire elle avance à petits pas de manière plus insidieuse et à coup de votations et de conciliabules. Voilà des partisans de la rupture qui n’ont pas réussi à rompre, et des anti-assimilationnistes conduits à gérer l’assimilation.

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Martinique : naissance du parti « Pour Le Peuple » (PLP), émanation du RPPRAC

Un nouveau parti politique fait son entrée dans le paysage martiniquais. Baptisé Pour Le Peuple (PLP), il a été officiellement inscrit au Journal officiel le 23 septembre 2025. Cette formation est le prolongement du RPPRAC (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), un mouvement citoyen né en 2024 dans le sillage des mobilisations contre la vie chère.

Le PLP se présente comme un outil citoyen, pensé « par le peuple et pour le peuple », destiné à offrir aux Martiniquais un cadre d’action politique et démocratique. Selon son président, Rodrigue Petitot, également à la tête du RPPRAC, cette initiative marque une étape décisive après « plus d’un an de lutte déterminée » contre les inégalités économiques sur l’île.

Une démarche participative

Le nom du parti a été choisi collectivement lors d’une réunion tenue le 30 août 2025, au siège du RPPRAC à Dillon, à l’issue du Matinik Tour. Cette tournée, menée pendant les grandes vacances, a permis aux fondateurs de rencontrer la population, en Martinique comme dans l’Hexagone, afin de recueillir leurs attentes et préoccupations.

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Pour la rupture !

— RS n° 414 lundi 29 septembre 2025 —

Au risque de provoquer quelques frissons, les élu·e·s de la CTM ont choisi de mettre le « congrès des élu-e-s » sous le signe de « la rupture ». On peut mettre beaucoup de choses derrière ce vocable, sauf l’immobilisme et la routine. Et c’est sûr qu’il faut une rupture avec les politiques et le système dominant.

Les congressistes vont-ils exprimer par une motion spécifique la rupture avec la politique macronienne qui écrase aussi bien le peuple martiniquais et les autres colonies, que les masses laborieuses de France ? Disons clairement que pour bénéficier de services publics décents en matière de santé, de défense de l’emploi, de l’environnement, il faut rompre ouvertement avec une politique qui prend aux modestes pour donner encore et encore plus aux plus riches. Il faut casser l’illusion suivant laquelle les Dominants pourraient avoir à notre égard, une générosité qu’ils n’ont pas à l’égard des exploité·e·s de leur France, elle-même ! Une motion claire à ce sujet serait un encouragement positif à la lutte.

La rupture avec la politique coloniale implique aussi, bien entendu, des mesures immédiates spécifiques pour les peuples colonisés.

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L’éphéméride du 29 septembre

Massacre de Babi Yar les 29 et 30 septembre 1941

Le massacre de Babi Yar est le plus grand massacre de la Shoah ukrainienne par balles mené par les Einsatzgruppen en URSS : 33 771 Juifs furent assassinés par les nazis et leurs collaborateurs locaux, principalement le 201e bataillon Schutzmannschaft, les 29 et 30 septembre 1941 aux abords du ravin de Babi Yar.

D’autres massacres eurent lieu au ravin de Babi Yar dans les mois suivants, faisant entre 100 000 et 150 000 morts (Juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils) jusqu’à la mise en place en 1942 du camp de concentration de Syrets.

Babi Yar (« ravin des bonnes femmes  ; en russe : Бабий Яр ; en ukrainien : Бабин Яр, Babyn Yar ; en polonais : Babi Jar) est un lieu-dit de la ville de Kiev (Ukraine) entre les quartiers de Louk’ianivka (Лук’янівка) et de Syrets’ (Сирець).

Un contexte particulier : la conquête nazie de l’Union soviétique
Arrivée de la Wehrmacht en Ukraine

Le 22 juin 1941, plus de trois millions de soldats allemands envahissent le territoire soviétique.

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L’éphéméride du 24 septembre

La Nouvelle-Calédonie est proclamée colonie française le 24 septembre 1853

Les premières sources écrites concernant l’histoire de la Nouvelle-Calédonie remontent à son exploration en 1774 par James Cook, l’archipel était alors déjà habité par une population mélanésienne : les Kanak. La Nouvelle-Calédonie est une collectivité sui generis de la France.
Le contexte géographique
D’une superficie totale de 18 575,5 km21, la Nouvelle-Calédonie est un territoire d’une surface comparable à celle d’un État comme la Slovénie. La population est estimée à 245 580 habitants (recensement 2009), dont 99 078 d’origine mélanésienne. La Nouvelle-Calédonie est un territoire notoirement sous-peuplé avec une densité de 13 hab./km2 (119 hab./km2 en France métropolitaine).

Lors de l’arrivée des premiers explorateurs la population mélanésienne était estimée entre 40 000 et 80 000 habitants2.

Peuplement et préhistoire (xiiie siècle av. J.-C. – xixe siècle)
Il y a 5 000 ans environ (v. 3 000 av. J.-C.), des habitants du littoral de la Chine du sud, cultivateurs de millet et de riz, appelés Austronésiens par les archéologues, commencent à traverser le détroit pour s’installer à Taïwan. Vers 2 000 av.

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L’éphéméride du 22 septembre

La République est proclamée en Martinique le 22 septembre 1870.

Dans le sud, l’annonce de ce régime qui avait permis l’émancipation des esclaves en 1848 donne le top départ pour un soulèvement organisé contre les blancs les plus racistes et la mise en place d’une république sur le modèle haïtien. À Rivière-Pilote d’où est originaire Léopold Lubin, la population incendie l’habitation de Codé, blanc esclavagiste, royaliste et surtout responsable de la condamnation qui a mis le feu aux poudres. L’état de siège est déclaré le 23 septembre si bien que le commandant Mourat assume le pouvoir civil et militaire. L’insurrection sétend à Saint-Esprit, à Rivière-Salée, à Sainte-Luce, à Sainte-Anne, à Ducos, au Lamentin, au Marin et au Vauclin. « La classe noire tout entière était dans le mouvement» d’àprès un rapport. Elle sèn prend aux biens et non aux personnes, exception faite pour Codé qui, ayant fui dans les mornes, est retrouvé le 24 septembre rôti comme un cochon. Les békés prennent peur. Les troupes militaires, avec des armes à feu contre des coutelas ou des bambous afffités, parviennent à étouffer le mouvement insurrectionnel dès le 26 septembre.

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Oui ! Il est possible de mettre fin aux souffrances qui nous détruisent !

C’est quoi ce monde dans lequel on travaille comme un bourreau pour, au bout du compte, être étranglé par des factures abusives et des impôts, sans pouvoir se loger et nourrir sa famille, pendant que les ultrariches, défiscalisés, mettent des diamants au cou de leurs caniches.

C’est quoi ce monde où l’absence de solution à laquelle sont confrontés les masses conduisent tant de personnes au désespoir et à la démence, à l’autodestruction des toxicomanies ou du suicide.

C’est quoi ce monde où des millions de femmes vivent dans l’angoisse d’être agressées moralement et physiquement à chaque coin de rue et dans leur propre foyer.

C’est quoi ce monde dans lequel les Peuples sont soumis au fascisme, aux agressions militaires, au viol de leur souveraineté, à des génocides barbares sous l’oeil complice des institutions internationales.

Eh bien non ! Nous ne pouvons pas accepter que cela continue ! Nous déclarons que toutes les souffrances que nous subissons individuellement ou collectivement résultent de situations que nous pouvons changer et qu’elles sont entretenues par un système que nous devons combattre.

La terre dispose de richesses suffisantes pour loger et nourrir 10 fois plus des habitants qu’elle compte.

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Enfant de Gaza

— Par Gary Klang —
Enfant de Gaza
Je pleure quand je te vois
Couché dans la poussière
Les yeux fermés à tout jamais
Je pleure en te voyant
Et me demande
Pourquoi tant de souffrance
Alors qu’on pourrait tous se donner la main
Et sourire aux étoiles
Gary Klang
*****
***
*

Samedi soir, plus de 150 personnes réunies devant la Maison du développement durable à Montréal pour un flashmob solidaire afin de demander la fin du génocide à Gaza et la protection des enfants.

Merci du fond du cœur à Karine Cloutier, qui a conçu et guidé la chorégraphie avec générosité et puissance.
Merci à Humanité & Inclusion Canada pour leur témoignage bouleversant qui nous a rappelé l’urgence d’agir.
Merci à l’équipe de projection qui a permis d’amplifier notre message.

Et surtout, merci à toutes et tous les militant·e·s qui ont donné de leur temps, leur énergie et leur voix pour faire de cette action un moment fort de solidarité.

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Docteur Renan Pétion, un grand artisan du Combat des prolétaires…

Décédé le 17 septembre 2007 à Montréal

— Par Robert Lodimus —

« La misère, chargée d’une idée, est le plus redoutable des engins révolutionnaires. La misère est le canon, l’idée est le boulet. »

  (Victor Hugo)

Marcher lentement les bras croisés derrière un corbillard qui transporte la dépouille d’un proche parent ou d’un camarade à sa dernière demeure constitue une épreuve pénible, douloureuse, nullement souhaitable… Mais, que voulez-vous? Dire tout simplement comme Marcel Achard: « Il n’y a qu’une chose certaine dans la vie, c’est qu’on la perd. » À cela, faudrait-il ajouter: « On n’y peut rien… » Devant la crainte de l’Éternité angoissante, Montaigne a tenté lui-même de justifier son ressentiment obsessionnel: « Ce n’est pas la mort que je crains, mais de mourir. » Mourir: acte ultime et naturel certes, mais combien redouté… ! Transition incontournable…! Passage obligé pour un voyage définitif dans l’au-delà ombrageux. Ténébreux. Néantisé dans les consciences rebelles et impies.

Une trentaine de personnes juxtaposées dans une salle exiguë. Des pleurs étouffés. Des larmes timides sur des visages chagrinés. Moment de recueillement solennel devant un corps inerte, enfoncé dans une bière glaciale qui va descendre dans la gorge de la terre.

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Israël et les Palestiniens

Sur Arte le mardi 16 septembre à 21h
Une paix possible (1/2)

Disponible jusqu’au 14/03/2026

Info et société
Enquêtes et reportages
Documentaire
Une vingtaine de hauts responsables de tous bords dévoilent les coulisses des pourparlers de paix israélo-palestiniens sous tutelle américaine dont l’enlisement puis l’échec, de 2003 à 2023, ont conduit au scénario du pire.

En 2005, le Premier ministre israélien Ariel Sharon prend tout le monde de court (les « parrains » de Washington, le reste de la communauté internationale et ses propres partisans du Likoud) en décrétant le retrait des colonies et de l’armée israélienne de la bande de Gaza. Suivie par la victoire électorale inattendue du Hamas, qui prend le contrôle de l’enclave et en expulse bientôt les forces du Fatah aux ordres de Mahmoud Abbas, nouveau président de l’Autorité palestinienne, cette décision va s’avérer lourde de conséquences. Elle donne lieu d’abord à d’insolubles rivalités palestiniennes, dont Israël va profiter pour étendre son emprise en Cisjordanie. Tandis que le Hamas est interdit à la table des négociations, puisqu’il prône la lutte armée contre un État hébreu qu’il refuse de reconnaître, le successeur d’Ariel Sharon, Ehud Olmert, fait à l’Autorité palestinienne une proposition réellement susceptible de ramener la paix, mais doit démissionner en raison d’accusations de corruption.

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Construire la Martinique, un défi collectif.

Un plaidoyer pour une île lumineuse

— Par Jean-Pierre Maurice —

L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière peut le faire.”
Martin Luther King


La Martinique, joyau des Antilles, brille par sa beauté mais fait face à des crises persistantes : gouvernance fragile, tensions sociales, héritages douloureux, dégradation environnementale et une jeunesse en détresse. Pourtant, derrière ces défis, subsiste une force : la résilience. La reconstruction et la renaissance sont possibles si notre île ose affronter ses ombres et semer les graines d’un avenir éthique et solidaire.

La crise de gouvernance et la défiance

Depuis des années, la confiance dans les institutions martiniquaises s’effrite. La population, lassée par la corruption et l’impunité, se sent abandonnée. L’affaire d’un maire, accusé d’utilisation inappropriée des fonds publics en 2019, en est un exemple frappant. La transparence, la justice indépendante et la participation citoyenne doivent revenir au cœur du système. La confiance ne se reconquiert pas par des mots, mais par des actes.

Les tensions sociales et l’héritage colonial

Les revendications sociales de la population restent fortes : lutte contre la vie chère, le chômage et les inégalités.

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« Le Venezuela est le grand laboratoire politique de notre époque »

Ignacio Ramonet, journaliste, essayiste et analyste international, a longtemps été rédacteur en chef du Monde diplomatique. Dans son livre, La era del conspiracionismo, il a analysé les mécanismes du « trumpisme », que l’on voit aujourd’hui se propager sous d’autres latitudes, de l’Amérique latine à l’Europe. Nous avons évoqué la crise politique de l’Union européenne et le regain de tensions entre les États-Unis et les pays socialistes d’Amérique latine.

Illustration d’après image: l’antidiplomatico

Nous vivons une époque de transformations profondes et dramatiques qui affectent tous les niveaux d’un modèle – le capitalisme dominant – en crise systémique, mais avec l’intention claire de faire vivre son agonie à l’humanité entière. De votre point de vue, celui d’analyste politique chevronné et raffiné, comment interprétez-vous cette crise ?

Nous ne sommes pas confrontés à une crise ponctuelle du capitalisme, mais à une crise de civilisation. Le système, dans son incarnation néolibérale et financiarisée, a atteint un point où il ne peut plus se reproduire sans détruire ses fondements mêmes : le travail, la nature, les liens sociaux et même l’idée même de communauté politique.

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Appel aux peuples des Caraïbes

Nous devons rester fermes : les Caraïbes doivent rester une zone de paix ! Non à l’intervention des États-Unis.

L’Assemblée du peuple des Caraïbes :

Consciente de l’histoire des interventions coloniales et impériales des États-Unis dans les Caraïbes et en Amérique latine, qui ont notamment pris la forme d’invasions militaires, de coups d’État, d’assassinats, de blocus commerciaux, financiers et économiques illégaux et illégitimes, d’ingérences politiques visant à créer l’instabilité et le chaos afin de provoquer des changements de régime, et d’autres formes de menaces, d’intimidations et de pressions économiques, politiques et diplomatiques ;

Précisant qu’il y a eu des interventions militaires et des occupations dans certains pays (certains à plusieurs reprises), notamment au Guatemala, en Haïti, en République dominicaine, à Cuba, au Chili et à Grenade, ainsi que l’organisation ou le parrainage et/ou le soutien de coups d’État au Chili, en Bolivie, en République dominicaine, en Haïti, au Honduras, au Venezuela, au Brésil et en Argentine, et l’encouragement de guerres civiles au Salvador et au Nicaragua ;

Conscients que les États-Unis sont une puissance coloniale qui refuse au peuple portoricain le droit à l’autodétermination ;

Rappelant le rôle joué par les États-Unis dans la déstabilisation de gouvernements démocratiquement élus afin de créer les conditions propices à l’instauration d’un gouvernement favorable à leurs intérêts, comme cela s’est produit en Jamaïque à la fin des années 1970 ;.

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Un collectif de 400 journalistes francophones interpelle Emmanuel Macron : « Monsieur le président, laissez-nous accueillir nos confrères et consœurs palestiniens »

Plusieurs centaines de professionnels des médias demandent à Emmanuel Macron la reprise de l’accueil des journalistes gazaouis souhaitant être évacués de l’enclave, et l’accès immédiat de la presse internationale sur le terrain.

Nous sommes près de 400 journalistes et professionnels des médias français et francophones apportant notre soutien, depuis le mois de juillet, à la constitution de dossiers d’évacuation et à l’accueil de nos confrères et consœurs palestiniens de Gaza, qui entretiennent pour la plupart des liens avérés avec la France. Parmi eux, certains collaborent avec de grandes rédactions comme Le Monde, BFM-TV, l’Agence France-Presse ou encore LCI. Ces journalistes, au péril de leur vie, permettent aux Français d’accéder à l’information malgré le black-out médiatique imposé par Israël, qui a transformé Gaza en une véritable « zone létale » pour la profession.

De notre côté, nous nous plions aux conditions drastiques de constitution des dossiers de nos confrères et consœurs. Nous récupérons leurs documents d’identité, nous rassemblons les attestations de travail auprès des organes de presse français ou étrangers avec lesquels ils ont collaboré, nous réunissons des promesses d’embauche, des attestations d’hébergement et de soutien financier, nous leur trouvons des logements pour les accueillir dignement.

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Arpentage de la délinquance à cravate 

Enex Jean-Charles, juriste et architecte-en-chef d’une nouvelle arnaque constitutionnelle en Haïti

 —Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Paru dans Le Nouvelliste du 4 septembre 2025, l’article de Jean Junior Célestin, « On est en situation de rupture de l’ordre constitutionnel, déclare Enex Jean-Charles », éclaire adéquatement les acrobaties et les délictueux arguments « juridiques » d’Enex Jean-Charles » dans l’inépuisable saga de la « réforme constitutionnelle » en Haïti. Depuis 1987 l’obscure saga de la « réforme constitutionnelle » mobilise nombre d’« intellectuels serviles », éternels paka pala et funambules patentés de la scène politique locale, parmi lesquels Jerry Tardieu, ancien député et intrépide faussaire dans l’affaire d’un faux diplôme de maîtrise qu’il prétend avoir obtenu, en Belgique, d’une institution universitaire qui n’existe même pas. Aujourd’hui la saga labyrinthique de la « réforme constitutionnelle » –qui vient d’être actualisée par un Conseil présidentiel de transition indocte, erratique, fantasque et mutique–, est alimentée par un juriste et ancien Premier ministre, Enex Jean-Charles. NOTE – Sur la problématique des « intellectuels serviles » au pays des « bandits légaux », voir l’article « Le rôle des « intellectuels serviles » dans l’arsenal idéologique érigé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste », par Robert Berrouët-Oriol, Médiapart, Paris, 22 novembre 2024.

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Chute du gouvernement Bayrou : les Outre-mer en première ligne

— Par Jean Samblé —

Le gouvernement dirigé par François Bayrou  est tombé ce lundi 8 septembre, à l’issue d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale qu’il était certain de perdre (364 votes contre 194 pour) pour. Cette crise politique majeure, inédite depuis 1962, plonge le pays dans une phase d’instabilité institutionnelle à un moment critique, en particulier pour les territoires d’Outre-mer.

Deux issues sont alors possibles : soit le président de la République nomme un nouveau Premier ministre capable de former une majorité, soit il convoque de nouvelles élections législatives. En attendant, le gouvernement démissionnaire sera chargé d’expédier les affaires courantes, ce qui limite considérablement sa capacité à prendre de nouvelles décisions.

Et c’est là que le bât blesse pour les Outre-mer. Plusieurs dossiers urgents risquent d’être relégués au second plan, voire totalement gelés. À commencer par le projet de loi contre la vie chère, qui devait être présenté fin septembre au Sénat. Si le futur gouvernement choisit une autre orientation politique, le texte pourrait tout simplement être abandonné.

Autre victime probable de ce blocage institutionnel : le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM), prévu d’ici à la fin de l’année.

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L’éphéméride du 6 septembre

Publication du Manifeste des 121 le 6 septembre 1960

Le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », est signé par des intellectuels, universitaires et artistes et publié le 6 septembre 1960 dans le magazine Vérité-Liberté. Le manifeste est né dans le sillage du groupe de la rue Saint-Benoît. Il a été pensé puis rédigé par Dionys Mascolo et Maurice Blanchot. Ce traité a permis de regrouper des personnalités de divers horizons dans un esprit libertaire et plutôt orienté à gauche. Il est important pour l’histoire de la gauche et de l’extrême gauche en France.

Contenu du manifeste
« On ne réclamait plus seulement le droit du peuple à ne plus être opprimé, mais le droit du peuple à ne plus opprimer lui-même. »

— François Maspero, Le droit à l’insoumission, le dossier des 121, Paris, François Maspero, 1961, « Avertissement de l’éditeur »

Selon ses propres termes, le manifeste cherche à informer l’opinion française et internationale du mouvement de contestation contre la guerre d’Algérie. Les 121 y critiquent l’attitude équivoque de la France vis-à-vis du mouvement d’indépendance algérien, en appuyant le fait que la « population algérienne opprimée » ne cherche qu’à être reconnue « comme communauté indépendante ».

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Pourquoi une Sixième république ?

ContreChroniques d’Yves-Léopold Monthieux

Le régime est arrivé à bout de souffle”, “la Vème République a atteint ses limites”, “on est arrivé au bout du système”, “vivement la Sixième République !” Du gran grek à l’ignorant de l’abécédaire politique semble se manifester le besoin de changer de république. Une grande partie de la classe politique française, parfois nostalgique de l’instabilité ministérielle de la IVème République, estime avoir épuisé les charmes de la constitution de 1958. Depuis le début de la crise politique qui secoue la France, le phénomène lancé par Jean-Luc Mélenchon s’est transformé en véritable ritournelle. En réalité, plus que la cinquième du nom, c’est la République qui pourrait être visée. Et peut-être la démocratie.

L’inexpérience constitutionnelle de la France

L’histoire des institutions, en France, est celle d’une insatisfaction permanente de la classe politique. De toutes les grandes démocraties, seule la France a connu cinq constitutions, ce qui avait permis au professeur Maurice Duverger de parler d’inexpérience constitutionnelle. Les Etats-Unis n’ont eu qu’une constitution. Elle remonte à près de trois siècles et a été modifiée depuis avec parcimonie.

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A propos du prochain Congrès des élus de la Martinique

— Par Max Orville (*) —

Aux dernières nouvelles, la tenue d’un Congrès des élus de la Martinique prévu le 25 septembre prochain, serait finalement reportée à une date ultérieure. Il semble que les évènements nationaux, l’instabilité politique liée à la demande du vote de confiance par le 1er Ministre bouscule l’agenda local. On ne peut que se réjouir tant la déconnection des élus locaux avec le réel et les préoccupations des martiniquais semble évidente !!!

Là où les martiniquais veulent des réponses concrètes face à leurs problèmes quotidiens : l’eau, les transports, la vie chère, le chômage, l’éducation, les sargasses, … nos élus répondent invariablement, « Donnez-nous un pouvoir normatif, c’est-à-dire celui d’édicter nos propres lois dites lois pays afin de tenir compte de nos réalités locales ! »

En un mot, c’est la question de l’autonomie qui est réclamée par la majorité de nos élus de la CTM.

Après la décentralisation de 1982 qui a accordé à nos territoires des compétences nouvelles pour les développer, nous avons vu la Loi de juillet 2011 créant la Collectivité unique, dotée de nouvelles compétences, succédant au Conseil Général et au Conseil Régional.

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Conjuguer plutôt que séparer !

— RS n° 410 lundi 1er septembre 2025 —

On peut se dire que les crises sociales et politiques sont souvent le prélude aux soulèvements qui éclaircissent l’horizon, et amènent les solutions. On peut aussi penser qu’après les vagues poussant vers l’extrême droite fascisante, le balancier ramène souvent à des retours à gauche toute. Soit ! Mais ces visions, somme toute rassurantes, ne doivent pas conduire à ignorer deux éléments majeurs de la situation.

Le premier est une donnée, si on peut dire, permanente. C’est que les fascistes, lorsqu’ils se hissent au pouvoir en exploitant habilement les circonstances, ne le lâchent pas facilement. Les coups avortés de Trump 1 et de Bolsonaro sont dans les mémoires.

Le second est plus spécifique aux temps que nous vivons. La conjugaison de la crise sociale (explosion mondiale des inégalités), de la crise politique (discrédit des institutions, rejet des « politiques », faillite morale du système), et de la colossale crise environnementale, nous plonge dans l’inédit : l’espèce humaine n’a plus tout son temps devant elle. À tous les échelons, l’urgence est là : à l’échelle des dernières colonies de la France, à l’échelle de la France, à l’échelle du monde.

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« Le Sang et la boue », un documentaire de Jean-Gabriel Leynaud

Sortie nationale : 27 août 2025 (en salle dès le 26 août)

Présentation

Dans Le Sang et la boue, Jean-Gabriel Leynaud nous plonge au cœur de Numbi, un village reculé du Sud-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo. Cette bourgade, autrefois paisible, est aujourd’hui ravagée par la pauvreté, les conflits armés et l’avidité mondiale autour d’un minerai aussi discret qu’indispensable : le coltan, essentiel à la fabrication de nos téléphones et ordinateurs.

Synopsis

À Numbi, des hommes, des femmes, parfois des enfants, creusent à mains nues dans la boue, dans l’espoir d’extraire quelques grammes de coltan. Munis de simples pelles, ils s’enfoncent dans les profondeurs d’un sol devenu à la fois promesse de richesse et malédiction. Autour d’eux, une économie informelle s’est installée, gouvernée par les groupes armés, les trafiquants, les forces de l’ordre corrompues – un système brutal, invisible, qui alimente le confort numérique des pays du Nord tout en détruisant les vies locales.

Le film donne la parole à plusieurs figures de ce drame silencieux : Ujumbe, jeune père de famille creuseur, un négociant, une prostituée, un policier… Tous sont pris dans l’engrenage d’un néocolonialisme économique contemporain, où les rapports de force hérités du passé refont surface sous des formes nouvelles.

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Colonialisme de peuplement !

— RS n*409 lundi 25 août 2025 —

Nous pensons nécessaire de revenir sur l’examen d’une réalité autant que sur les débats quant à sa dénomination.

Choses et gens de la colonisation

Les choses que nous voulons nommer, ne sont pas une nouveauté. On a traditionnellement distingué les colonies d’exploitation et les colonies de peuplement. Cette distinction est relative. Il n’y a pas de colonies de peuplement qui ne cherchent à exploiter les terres et les Humains, qui s’y trouvent. Et il n’existe pas de colonies d’exploitation sans un minimum d’installation de colons. Il n’empêche que les appropriations coloniales qui se sont accompagnées de fortes installations de colons ont toujours posé un problème de décolonisation particulier.

Tantôt les colons d’hier sont devenus des nationaux des terres conquises (Amérique du Nord et du sud, Australie…) au point de prendre la tête des luttes pour l’indépendance. Tantôt les colons installés ont été les relais les plus sûrs du pouvoir colonial. Dans ce cas, la décolonisation fut plus difficile et plus douloureuse (Le cas de l’Algérie est, à cet égard, emblématique). Pour se maintenir coûte que coûte, le pouvoir colonial dans certains cas, pousse à l’installation de colons pour modifier l’équilibre démographique du pays, rendre les originaires minoritaires.

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Saint-Barthélemy : Le massacre des voisins

24 août 1572

À l’été 1572, un mariage censé apaiser les tensions religieuses allait précipiter la France dans l’un des épisodes les plus sombres de son histoire. Catherine de Médicis, reine-mère, pense alors sceller la paix entre catholiques et protestants en mariant sa fille Marguerite de Valois à Henri de Navarre, chef du camp réformé. Mais cet espoir de réconciliation se heurte à des années de haine accumulée.

Le 18 août, Paris fête cette union royale. Pourtant, derrière les façades illuminées du Louvre, l’équilibre est déjà rompu. Quatre jours plus tard, un attentat vise l’amiral de Coligny, chef de file protestant. Craignant une riposte, la Cour, dans la panique, ordonne l’élimination des principaux chefs huguenots. Le massacre commence dans la nuit du 23 au 24 août.

Ce que l’histoire a retenu comme la Saint-Barthélemy ne fut pas qu’un déchaînement spontané de violence : c’est une explosion qui couvait depuis longtemps. Loin d’un acte isolé, il s’agissait d’un massacre de proximité, minutieusement préparé par des années de stigmatisation, de dénonciations, de violences tolérées. Jérémie Foa, historien, montre comment, dès les années 1560, les protestants étaient fichés, surveillés, repérés.

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« Une injustice totale » : Rodrigue Petitot condamné à un an de détention à domicile sous bracelet électronique

Le verdict est tombé ce jeudi 21 août 2025 à la Cour d’appel de Fort-de-France. Rodrigue Petitot, figure centrale du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), a été condamné à douze mois de prison ferme, aménagés en détention à domicile sous bracelet électronique. Une décision que le militant qualifie d’« injustice totale », dénonçant une volonté politique de l’écarter de la scène publique.

Une peine durcie en appel

En janvier 2025, « Le R » avait été condamné à un an de prison avec sursis pour l’intrusion du 11 novembre 2024 dans l’enceinte de la résidence préfectorale, en pleine vague de contestation sociale. Le parquet avait estimé la sanction trop clémente et avait fait appel. Après deux jours d’audience en juin dernier, la Cour a rendu son délibéré ce jeudi, confirmant partiellement le jugement mais transformant le sursis en prison ferme sous surveillance électronique.

La Cour a reconnu Petitot coupable de violation de domicile, d’actes d’intimidation, d’outrages à l’encontre du préfet et de rébellion en réunion. En revanche, certaines accusations, notamment celles de « violences ayant entraîné une incapacité de travail », n’ont pas été retenues.

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