Vanité des vanités, quand tu nous tiens !

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

Le spectacle offert par la classe politique martiniquaise, à deux mois des élections pour le renouvellement des instances dirigeantes de la Collectivité Territoriale de Martinique, est tout simplement affligeant..

Cet étalage indécent de vanité, de palinodie et de démagogie, est de nature à faire fuir le malheureux électeur, disposé à courir le risque du Covid 19, pour accomplir son devoir de citoyen.

Comment comprendre en effet l’attitude inconsistante de ces gens incapables de s’unir pour constituer une liste commune afin de répondre aux enjeux de cette échéance qu‘ils reconnaissent pourtant être capitale ? C’est d’autant moins compréhensible que leurs programmes se ressemblent comme deux gouttes d’eau, les valeurs qu’ils affichent sont quasiment les mêmes et qu’ils proclament à l’unisson la nécessité d’ ouvrir un autre chemin pour sortir notre pays de l’ornière dans laquelle il se trouve, du fait de l’affrontement permanent et stérile des deux formations politiques rivales qui se disputent le pouvoir local, depuis plus de trois décennies.

Si l’on voulait se faire une idée de ce qui motive vraiment nos politiques, nous voilà définitivement fixés; ils n’ont rien à faire du sort des populations qu’ils sont censés défendre; seul compte à leurs yeux leur intérêt propre et leur perspective de carrière, tout le reste n’est que faux-semblant.

Résultat des courses, un éparpillement record avec pas moins d’ une douzaine de têtes de listes en compétition, tout simplement aberrant!

Le plus drôle dans cette triste réalité, c’est que le résultat de cet aveuglement est connu d’avance : l’hécatombe assurée de toutes ces petites listes dont à peine une poignée réussira à franchir la barre des 10% pour se maintenir au second tour, ou même celle des 5%,pour espérer pouvoir fusionner. avec les rescapées. Comment se plaindre dans ces conditions de la progression exponentielle de l’abstention?

Une mention spéciale pour le cas de nos chères “amazones, elles ont tout simplement raté le coche; la raison en est évidente : au lieu de faire avaliser par le peuple leur prise de position parfaitement claire («nous sommes dans la République et dans l’Europe»), afin d’en faire l’axe de la campagne servant à départager les candidats, elles se sont perdues dans des tractations individuelles visant à obtenir le ralliement de politiciens traditionnels.

Finalement la montagne, qui se voulait Péléenne à accouché d’une souris.

Le climat de cette pré-campgne est des plus malsains ; on assiste au déchaînement des égo dans une atmosphère de “pit” où la palinodie s’étale sans vergogne ; les mêmes qui hier faisaient rempart de leur corps, pour protéger” le grand maître ” des attaques de l’opposition, tout en veillant à écarter leurs rivaux potentiels de sa faveur et de sa considération, n’ont pas aujourd’hui de mots assez durs pour fustiger la dérive autoritaire de l’Exécutif et sa gestion autocratique de la Collectivité Territoriale de Martinique se soldant par l’ échec ; les aficionados du Carnaval qui ne se consolaient pas d’en être privés cette année, vont pouvoir se régaler.

C’est peu de dire en effet que cette collectivité nouvelle n’a pas répondu aux attentes de ses concepteurs et encore moins aux espoirs que sa création avait suscités dans la population; que ce soit sur le plan de la vie démocratique ou sur celui de l’efficacité de l’action, on est à mille lieux de la créativité, de la solidarité et du dynamisme reconnus unanimement à l’ex Conseil Général : cette collectivité a été à la base de toutes les infrastructures et équipements majeurs qui ont fait de la Martinique un pays moderne, déterminé à aller de l’avant ; la situation actuelle est bien différente, tous s’accordent désormais pour dire que la Martinique figure en queue de peloton de l’ensemble des territoires d’outre-mer

Face à un bilan aussi catastrophique, il n’est pas étonnant que les anciens alliés de la majorité sortante se déchirent ; certains tentent désespérément de s’en exonérer, en clouant au pilori celui qu’ils avaient la veille encensé, mais qoiqu’ils disent ou fassent ils restent, aux yeux de l’opinion publique, indissolublement solidaires des résultats en berne de cette mandature.

Devant ce déballage nauséabond on ne peut cependant qu’éprouver un sentiment de profond malaise ; c’est pitoyable;! et ses auteurs n’en sortent pas grandis.

Il semble d’ailleurs que dans le clan certain se soit aperçu des dégâts causés par ce lavage de linge sale en public, d’où cette tentative désespérée (business oblige ! ) pour essayer de recoller les morceaux ; encore faut-il que les électeurs manifestent de l’appétence pour le remake de ce mauvais ragoût, qui sent fortement le réchauffé.

Mais la palme de la démagogie revient sans conteste à la nouvelle recrue, labelisé “ la chance” par le propriétaire de cette marque déposée : cet homme possède un talent rare, vous lui donnez un déficit, mettons au pif de 15 millions, et il vous le transforme, en un tournemain, en un excédent du même montant ; un tel homme est assurément précieux, Avec lui, les Finances de la CTM seront en de bonnes mains ; on dit même que le Président MACRON songerait à faire appel à lui pour résorber l’immense dette ( plusieurs centaines de milliards) laissées par l’épidémie du Covid 19. Un seul inconvénient, l’intéressé ne connaît pas ses classiques; ainsi ignore-t-il que sa future colistière de Shœlcher a fait son cheval de bataille de la réalisation de la déviation de Fond Lahaye, précisément pour mettre fin au cauchemar vécu par les habitants de cette localité du fait des nuisances causées par le transit journalier de milliers de véhicules, dont de nombreux poids lourds. Elle s’est beaucoup investie pour obtenir la prise en compte par la CTM de cette opération jugée prioritaire; sa concrétisation a été actée par un vote à l’unanimité de l’Assemblée plénière, le 27janvier 2017, suivi en févier2019 par le choix du projet de l’équipe lauréate du concours de conception organisé à cet effet.

C’est donc, à travers les déclarations après-coup dc ce personnage, la question de la propension du personnel politique, à faire systématiquement table rase des décisions et projets de l’équipe précédemment au pouvoir, qui est posée ; cet engouement pour la destruction, est indéniablement une des causes principales de la stagnation de notre territoire.

Aux dernières nouvelles, un nouveau variant du virus électoral à été détecté dans les environs de l’hôtel de la CTM au plateau ROY; compte tenu de sa virulence, attisée par les vents de l’écologie et de la jeunesse, il pourrait bien parvenir à s’imposer.

 

Pierre Alex MARIE-ANNE