Les femmes victimes du syndrome de «la princesse» qui ne va pas aux toilettes

Connaissez-vous le « poop-shaming » ? C’est-à-dire la honte d’aller à la selle au travail, chez des amis… bref, en dehors de chez soi. Un trouble qui touche davantage les femmes et qui n’est pas sans conséquence sur leur santé. C’est l’objet d’une étude de l’Ifop que nous révélons ce soir

— Par Christine Mateus —

Vous l’avez souvent croisé dans les couloirs, ce collègue qui part ostensiblement aux toilettes avec un magazine sous le bras… Mais avez-vous déjà vu UNE collègue le faire ? Il y a fort à parier que la réponse varie de « jamais de la vie » à « bien sûr que non ». Lorsque la charge mentale s’invite jusque dans les WC… Le sujet peut prêter à sourire, il est pourtant représentatif d’un poids culturel et psychologique pesant sur les femmes qui ne sont pas sans répercussion sur leur santé.

Pour ces dames, le lieu d’aisances porte en effet très mal son nom à l’heure de la « grosse commission », lorsqu’elles ne sont pas dans des endroits leur offrant une totale intimité. C’est le cas au travail ou chez des amis, voire chez elles lorsque le conjoint est dans les parages. La gêne à l’idée d’accomplir ce besoin naturel dans ces situations (ou « poop-shaming ») est ainsi systématiquement plus forte chez la gent féminine (56 %) que masculine (42 %). Cette problématique de genre, ô combien taboue, est l’objet de la dernière étude Ifop réalisée pour Diogène France que nous révélons ce mardi soir.

« Une femme qui va à la selle inspire le dégoût »

Dans le détail, on y apprend ainsi que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à se sentir anxieuses ou honteuses d’aller à la selle dans leur espace de travail (60 %) ou chez des amis (57 %). Et pour ce qui est des toilettes publiques (dont un grand nombre est actuellement fermé en raison de la crise sanitaire), le « gender gap » est encore plus important. La gêne, cumulée à la perception négative qu’elles ont de ces infrastructures (sales, pas assez sûres…), fait que celles qui y vont malgré leur appréhension sont 62 % à adopter une position d’équilibriste afin que la peau ne touche pas la lunette des toilettes (contre 28 % des hommes).

« La honte du caca apparaît comme un marqueur de distinction entre les sexes, souligne François Kraus, directeur du pôle Genre, Sexualité et Santé Sexuelle à l’Ifop. Une femme qui va à la selle inspire le dégoût, alors que c’est toléré culturellement pour l’homme. C’est le syndrome de la princesse qui ne fait pipi que des paillettes », ironise le responsable, bien conscient qu’il s’agit là d’une pression supplémentaire pour la gent féminine, associée culturellement à la « perfection », la « propreté » et la « pureté ».

L’enquête pointe d’ailleurs que si le bruit et l’odeur constituent les principales raisons, pour les deux sexes, de leur gêne à aller à la selle, les femmes s’avèrent…

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