UAG : comment accepter l’inacceptable ?

uag Entant qu’universitaire, femme, mère et citoyenne, la vérité doit être dite sur ce que Corinne Mencé-Caster vit depuis plusieurs mois et qui, par-delà sa petite personne, a des répercussions très lourdes sur l’enseignement supérieur et la recherche dans nos régions.
Comment expliquer qu’une institution, comme l’UAG, qui a mis entre 30 et 40 ans à se construire, puisse exploser en moins de 6 mois, au point que soient envisageable la création de trois micro-universités ?
Comment ne pas établir un lien entre les audits lancés, la politique de rationalisation et d’assainissement mise en œuvre, la volonté de transparence avec la communauté et cette subite explosion ?
Pourquoi ce déchaînement de passions et de violences envers une femme présidente, démocratiquement élue ? Envers une équipe de gouvernance qui manifestement s’essaie à déployer un outil sain et solide au service de nos jeunes, moins jeunes et de nos territoires ?

Acte 0 : fin janvier 2013-octobre 2013
Election de Corinne Mencé-Caster à la présidence de l’Université des Antilles et de la Guyane
-Passage aux RCE : salaires garantis/maintien de tous les personnels en CDD et début de la mise en œuvre d’une politique de résorption de la précarité/demandes d’audit et renouvellement de l’équipe de direction administrative/ début d’une politique de rationalisation de la gestion et de rééquilibrage des moyens au sein de l’université
-organisation d’un débat au conseil d’administration sur le Rapport de la Cour des Comptes

Acte I : Octobre-décembre 2013
-Annonce en fin septembre 2013 d’un conseil d’administration en Guyane le 15 octobre, avec à l’ordre du jour, le rééquilibrage des moyens. Il est prévu d’attribuer en 2014, cinq postes à la Guyane.

-8 octobre 2013 : début de la grève en Guyane.

-Après cinq semaines de grève en Guyane, le gouvernement, soutenu par les parlementaires guyanais, décide de créer une université de plein exercice en Guyane en 2015 ou 2016.
L’intersyndicale obtient du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche la destitution de deux élus (directeur de l’IESG/ Vice-président du pôle universitaire guyanais), alors que le rapport de l’inspection générale leur est favorable.
Aucune référence ou mention n’est faite des pôles Guadeloupe et Martinique. Un mouvement se déclenche en Martinique, mené par les étudiants et soutenu par la grande majorité des personnels administratifs et enseignants du pôle universitaire de Martinique.

Leur slogan : 3 pays, une seule jeunesse/Respectez-nous

Leurs revendications : Pa désidé ban ou san nou (ne décidez pas à notre place)

En début d’année universitaire, est décidée la création en urgence d’une université en Guyane, qui déstructure l’actuelle UAG, sans concertation avec la communauté universitaire, sans consultation des parlementaires martiniquais et guadeloupéens, et en l’absence de dialogue avec la présidente de l’université.
Alors qu’il y a une présidente de l’UAG en exercice élue depuis seulement 8 mois, le Ministère nomme une administratrice provisoire du pôle universitaire guyanais qui fait office de présidente de la Guyane.
Quel respect pour la présidente en place ? Pour les processus démocratiques ? Pour l’autonomie des Universités ?
La Garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui pose en photo avec l’intersyndicale, est présente lors de la signature du protocole de fin de conflit avec le préfet et le recteur. La présidente de l’UAG n’a pas été conviée. Le directeur de cabinet de la ministre de l’ESR lui a dit qu’il s’agit d’une « affaire d’Etat ». Pourquoi aucun média n’a-t-il clairement dénoncé cette manipulation inacceptable qui conduit en moins de 5 semaines à la décision unilatérale de scinder un établissement vieux de 30 ans et implanté sur trois régions ?

Rappel : la Conférence des Présidents d’Université prend une motion à l’unanimité pour dénoncer cette violation de la démocratie et de l’autonomie des universités.
Acte II : janvier-mars 2014
Après un retour à la normale manifesté par la tenue d’un conseil d’administration de l’UAG, le 16 décembre 2013, en présence des 3 recteurs d’académie, nouveau coup de théâtre : la création de l’université de la Guyane est annoncée en mai 2014, toujours sans concertation avec la présidente de l’UAG et la communauté universitaire dans son ensemble.
Aucune réponse n’est apportée à la présidente aux questions pratiques qu’elle a posées depuis le 6 février au Ministère, sur les conséquences d’une décision aussi brutale.
En revanche, il est demandé aux pôles universitaires de Guadeloupe et de Martinique de choisir leur avenir. Le MESR se montre alors curieusement respectueux de l’autonomie des universités.

En pleine année universitaire, on annonce à la présidente de l’UAG, que dans quelques mois, sera nommé un président de l’Université de Guyane sans l’en informer au préalable dans un entretien, sans lui dire ce qu’elle deviendra, elle et ses conseils élus, elle et son équipe de gouvernance, elle et cette université dont elle a la responsabilité.
Pendant qu’on bafoue ainsi sa fonction et l’autonomie de l’université qu’elle préside, il lui est demandé de mener une concertation et une consultation dans un contexte de tensions prévisibles et attendues. Comment retrouver un climat de sérénité, quand coup après coup, on démantèle une structure sur laquelle repose l’avenir de la formation supérieure et de la recherche dans nos régions ? Comment construire sur la dépouille d’une institution vénérable que les pères fondateurs ont mis entre 30 et 40 ans à construire et à développer ?

Acte II bis : et si nous parlions du CEREGMIA ?
Parallèlement à cette mise à l’écart, à la violation totale de sa fonction, la présidente de l’UAG se trouve confrontée en interne à des affaires financières très graves, liées au laboratoire CEREGMIA. Subissant des agressions permanentes par les auteurs présumés des faits qui lui adressent des courriels d’une violence extrême – mails à la fois sexistes, diffamatoires-, la présidente doit dans le même temps, gérer l’annonce unilatérale de la création de l’université de Guyane dès mai 2014 et de la publication prochaine d’un décret qui ne dit rien sur le « morceau restant ». Elle doit aussi faire face aux auditions de police, aux missions d’inspection générale et sénatoriale présentes dans l’établissement, aux rencontres avec le cabinet d’audit qui révèlent progressivement de graves irrégularités au sein d’un établissement qui ne dispose plus de la majorité de ses pièces comptables. L’annonce le 21 mars 2014 du procureur de la République de Fort-de-France indiquant que de « graves soupçons d’escroquerie en bande organisée » pesaient sur ce laboratoire et le conduisaient à prendre la décision d’ouvrir une information judiciaire, renforçait la conviction déjà exprimée par la présidente de l’UAG d’une gestion financière opaque et malveillante.
Une présidente confrontée à des affaires financières graves qui font peser sur elle des menaces importantes pour sa vie et qui, de plus, doit faire face à une triple déstabilisation de sa gouvernance :
-en interne : par des mails injurieux et des accusations fallacieuses, de la part des personnes mises en cause dans les enquêtes administratives et judiciaires en cours et qui ne se privent pas, réussissant l’exploit d’envoyer plus de 80 mails en moins de 8 semaines / par le blocage du pôle Guadeloupe par une intersyndicale qui prétend défendre les moyens de la Guadeloupe au plan universitaire, mais sans jamais évoquer la question pourtant publique des déficits financiers très probables de l’UAG, menaçant donc les moyens de l’institution, en regard de la gestion catastrophique du laboratoire CEREGMIA/par une indifférence totale des autorités aux divers appels au secours des élus et autres membres de la communauté universitaire du pôle Guyane, en prise avec les positions de l’intersyndicale violant les principes universitaires.
-en externe, par l’accélération du calendrier de création de l’université de Guyane ramenée de septembre 2016 à mai 2014.
Comment justifier une telle accélération du calendrier pour la Guyane et donc pour les Antilles ? De tels silences en interne sur des agressions publiques de la présidente en exercice ? Sur les irrégularités du CEREGMIA ?
Est-il possible de faire subir de telles pressions à une présidente en début de mandat et de tenter de justifier cela par le fait qu’elle est martiniquaise et qu’elle n’avait donc pas à se porter candidate à la présidence de l’UAG, alors qu’elle a été élue par un conseil d’administration paritaire ? La revendication muette de l’intersyndicale en faveur d’une université de la Guadeloupe, n’est-elle pas de juger désormais intolérable que des candidats martiniquais à la présidence de l’Université des Antilles, puissent encore se faire élire, au détriment des candidats guadeloupéens ? La présidence alternée, si elle résoudra ce problème d’ego territorial, ne créera-t-elle pas d’autres problèmes bien plus insolubles ?

Acte III : Comment accepter l’inacceptable ?

Comment expliquer qu’un besoin d’université soit si pressant qu’on décide de créer effectivement cette université en moins de 6 mois, en pleine année universitaire ? Comment accepter qu’on annonce la nomination d’un président de l’université de la Guyane, sans en référer d’abord, ne serait-ce qu’au nom de la plus élémentaire correction, à la présidente en exercice de l’UAG ?
Comment comprendre que pendant que l’on s’essaie à mettre en œuvre un processus démocratique de consultation de la communauté universitaire, un blocage soit organisé sur le pôle Guadeloupe pour empêcher toute préparation et organisation de ce processus ?
Comment justifier que le MESR et le premier ministre qui ont pris, en cinq semaines, la décision de créer une Université en Guyane pour 2000 étudiants, ne veuillent pas s’engager plus fermement pour le seul modèle universitaire viable en Guadeloupe et en Martinique, à savoir une Université des Antilles ?
Comment expliquer que, pendant plus de quinze ans, un laboratoire CEREGMIA, ait pu se livrer ainsi en toute impunité à une gestion si opaque des fonds publics sans sanction ?
Doit-on en conclure que les DOM sont des territoires tellement à part que le droit ne puisse prévaloir et que les ferments dictatoriaux et les coups d’état, même embryonnaires, puissent y trouver un espace de développement ?

Finalement, interrompra-t-on le mandat de Corinne Mencé-Caster sans la prévenir, après lui avoir fait subir de tels préjudices, elle, la présidente qui a eu le courage de dénoncer des malversations et des pratiques qui durent depuis plus de vingt ans ?


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