— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
La parution en Haïti, dans Le National du 21 juillet 2021, de notre « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » a retenu l’attention d’un lectorat divers découvrant pour la première fois que le créole haïtien avait fait l’objet d’un si grand nombre de dictionnaires et de quelques lexiques ces soixante dernières années. Issu d’un ample travail de recherche documentaire, l’« Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » est le premier inventaire général de la production lexicographique créole couvrant cette période. Ce travail de recherche, par la consultation de nombreuses sources documentaires en des lieux distincts, a permis d’identifier 64 dictionnaires et 11 lexiques, soit un total de 75 ouvrages. Pourtant, en dépit de leur nombre élevé, ces ouvrages sont majoritairement très peu connus voire inconnus en Haïti, notamment dans le système éducatif national où le dictionnaire, idéalement, est censé être un indispensable outil d’accompagnement de la transmission des savoirs et des connaissances. Dans le prolongement de l’« Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 », le présent article éclaire davantage la catégorisation des ouvrages recensés et il aborde les défis actuels de la lexicographie haïtienne tant au plan institutionnel et professionnel qu’à celui de la méthodologie de la lexicographie instituée comme domaine scientifique de production dictionnairique.


Haïti comprend la plus vaste communauté de locuteurs du créole au monde (environ 11 millions d’habitants) et, selon différentes sources, entre 1,5 et 4 millions d’écoliers sont scolarisés dans le secteur public (+/- 20% de l’offre scolaire) et dans le secteur privé (+/- 80% de l’offre scolaire). Le secteur de l’éducation en Haïti mobilise d’énormes ressources comme en témoigne le Partenariat mondial pour l’éducation informant que 200 000 enseignants oeuvrent dans 20 000 écoles à travers le pays. Objet d’une évaluation diagnostique à tous les étages depuis de nombreuses années par des experts nationaux et internationaux, le système éducatif national connaît de graves problèmes de gouvernance, de sous-financement par l’État, de corruption (le scandale du PSUGO entre autres), d’échec scolaire et depuis plusieurs mois l’insécurité affecte le fonctionnement d’un grand nombre d’écoles. Bernard Hadjadj, spécialiste de l’éducation et ancien représentant-résident de l’UNESCO en Haïti, est l’auteur du rapport « Education for All in Haiti over the last 20 years : assessment and perspectives » (UNESCO Office, Kingston, décembre 2000). Dans ce rapport, il expose qu’« En 2000, 53% des enseignants du secteur public et 92% des enseignants du secteur privé étaient non qualifiés ».
— Par Robert Berrou
Entrevue exclusive avec Peter Frisch,
Entrevue exclusive avec Renauld Govain
« duper »
En Haïti, la nouvelle n’est pas passée inaperçue parmi les enseignants, les directeurs d’école et les associations d’enseignants : «
Le PSUGO (Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire) a été lancé en 2011 par le cartel politico-mafieux du PHTK alors dirigé par Michel Martelly. Il est avéré qu’il a été, à l’échelle nationale, une vaste opération de gabegie administrative, de corruption et de détournement de fonds publics au bénéfice des ayants droits et des supplétifs du PHTK néo-duvaliériste. En novembre 2021, le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, pourtant bien imbu des constantes critiques publiques formulées par les associations d’enseignants et en dehors de tout audit attesté, a reconduit le PSUGO en lien avec la réactivation de ses « 12 mesures » administratives destinées à « moderniser » la gouvernance du système éducatif national.
Depuis quelques jours,
En Haïti comme ailleurs, le recours aux dictionnaires de la langue usuelle (Le Robert, Le Larousse, Le Littré, etc.) passionne tant les élèves, les étudiants que les enseignants. On prend plaisir à découvrir le sens des mots, on les suit dans leurs trajectoires migratoires et historiques, on voyage avec eux pour appréhender la signification des nouveaux mots, etc. Toutefois, très peu d’usagers des dictionnaires savent comment sont fabriqués ces imposants et indispensables livres de référence, selon quelle méthodologie et procédés ils sont élaborés, et en fonction de quelles qualifications des rédacteurs ils ont vu le jour. Selon nos besoins et nos ressources, nous faisons appel à l’objet-livre, au format papier, ou à l’objet-livre dématérialisé, au format électronique et accessible sur Internet, mais nous ignorons presque tout au chapitre de son élaboration. Règle générale, l’usager ne sait pas qu’il y a en amont du processus de fabrication des dictionnaires des linguites-lexicographes et leurs équipes, tous arrimés à la théorie de la lexicographie et à la modélisation de leur travail lexicographique : Jean Pruvost en est un fort instructif exemple.
La voix singulière et attachante de Rebecca Jean, musicienne, auteure, compositrice et interprète, née à Montréal, flamboie et déploie sa haute voilure depuis un certain temps sur les terres enneigées du Québec. Artiste polyvalente au talent raffiné, Rebecca Jean compte cinq albums à son actif, un catalogue de plus de 200 compositions et plusieurs projets signés en tant que réalisatrice /directrice musicale, auteure, compositrice, interprète et arrangeuse. À travers les différents registres de sa démarche musicale, elle ne cesse de nous surprendre en nous entraînant dans son univers tantôt délicat, tantôt féroce. Sur des textes évocateurs et mûris au creux des battements du langage, elle chante les failles comme les profondeurs de l’âme avec une poésie franche et un créneau unique ; elle sait se raconter et nous raconter avec finesse et subtilité. Artiste attachée à ses racines haïtiennes qui nourrissent une québécitude revendiquée et ouverte, comme en témoigne son morceau « Lang lakay », elle s’en fait l’écho à travers un cheminement créatif salué par la critique musicale montréalaise et par sa participation à des émissions radio-télé et à des spectacles divers sur plusieurs scènes, notamment l’Olympia, le Cabaret du Mile-End, le Pub du Quartier latin, le Lion d’or, le Pharaon lounge, le Balatou, le Petit cabaret, le Théâtre de verdure, etc.