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En novembre, un autre cinéma sur d’autres écrans

— Par Janine Bailly —

cine_autrementBelle initiative que celle de Steve Zebina, notre fringant Monsieur Cinéma, toujours actif et jamais à court d’idées qui, en lien avec le Martinique Jazz Festival, nous a ouvert par trois fois la Case à Vent, à un horaire insolite, au sein de Tropiques-Atrium. En effet, c’est à treize heures que nous étions conviés, “avec notre sandwich” (je cite Steve), à une pause cinématographique et musicale, comme en une oasis de fraîcheur et de bonheur aux heures chaudes de la journée. Proposition intrigante, un brin inquiétante peut-être : se trouverait-il un public pour répondre à la proposition ? Ou bien nous retrouverions-nous quelques-uns épars devant la toile, comme il m’est arrivé parfois de le vivre à Fort-de-France ? Non ! Pari tenu ! Si les messieurs se comptaient sur trois doigts d’une main, les dames ont bien répondu “présentes”. Dames grisonnantes libres de leur temps certes, mais aussi jeunes femmes qui avaient su ou pu se rendre disponibles, à ce moment qui les voit plutôt traditionnellement confinées aux repas familiaux !

Mardi, ce mini-cycle rendait un hommage oh combien émouvant à Billie Holiday, avec en point d’orgue la chanson “Strange Fruit” qui, plus de cinquante ans après la tragique disparition de sa créatrice, continue de nous atteindre au plus profond du cœur et de la raison.

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Martinique des Mornes, dernière œuvre de Philippe Bourgade.

Comme « à la recherche du temps perdu ».

Shaza3— Par Janine Bailly —

« Sans que je puisse m’en défaire / le temps met ses jambes à mon cou / le temps qui part en marche arrière / me fait sauter sur ses genoux / mes parents l’été les vacances / mes frères et sœurs faisant les fous / j’ai dans la bouche l’innocence / des confitures du mois d’août. »

Ainsi chantait Jean Ferrat, et s’il défiait le temps qui passe par la poésie de ses mots, c’est par la poésie de ses images que Philippe nous conte sa Martinique et nous dit l’amour indéfectible qu’il porte à son petit pays. Il est vrai sans conteste que « nul ne guérit de son enfance », et si ses parents lui firent quitter tôt – trop tôt ? – sa terre d’origine, Sainte-Marie, pour l’emmener vivre à Fort de France, il retrouvait à chaque vacance son cher quartier de Bézaudin, d’où il tire aujourd’hui d’émouvants paysages, portraits et scènes de la vie quotidienne. Sur la route qui mène au bourg, on peut lire sur un panneau cette indication de lieu « Derrière Morne », et le photographe, traversant le miroir des apparences, va bien chercher, jusque « derrière les mornes », la réalité inchangée de son peuple et de son territoire.

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De la force du cinéma documentaire : Le grand jour

— Par Janine Bailly —

le-grand-jour-plisson-e1439288056252Qu’elle est alléchante, la rentrée cinématographique au complexe Madiana, lorsque l’on peut profiter des séances en version originale, hélas trop peu programmées et à une heure, toujours la même, qui ne convient pas forcément à tous les publics ! Cependant, je parlerai seulement ici d’un petit film documentaire qui pourrait passer inaperçu, écrasé par l’arrivée à la Martinique de la Palme d’Or cannoise ou d’autres pellicules ayant eu la faveur des médias.

En 2013, dans un documentaire à succès intitulé Sur le Chemin de l’École, Pascal Plisson filmait la détermination, le courage et la soif d’apprendre d’enfants vivant aux quatre coins du monde, lesquels devaient, pour accéder à l’instruction et au savoir, se lancer dans des périples souvent semés d’embûches, au travers de paysages à la beauté sauvage. En 2015, le réalisateur nous propose, dans un second volet intitulé Le grand jour, de suivre l’itinéraire de quatre enfants ou adolescents à la poursuite obstinée de leur rêve, à un moment charnière de leur jeune vie : le grand jour est en effet celui où l’on se soumet à l’épreuve décisive, celle qui permettra de se construire un avenir à la mesure de ses ambitions.

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Allons au théâtre, pour rire et sourire !

Gautier– Par Janine Bailly –

Le Théâtre Aimé Césaire a ouvert ce mercredi, en beauté et en sourires, sa saison 2015-2016. C’est à Regardez mais ne touchez pas !, courte pièce méconnue de Théophile Gautier, qu’est revenu cet honneur. Cette comédie de cape et d’épée en trois journées, représentée pour la première fois à Paris en 1847, et jamais rejouée depuis sa création, fut rééditée en 2011 à l’occasion de la mise en scène de Jean-Claude Penchenat pour la Compagnie Abraxas.

La pièce prend comme point de départ une réalité historique : nous sommes au temps de Philippe V d’Espagne, qui a bien épousé en secondes noces Élisabeth Farnèse, nièce du duc de Parme, et dont le premier ministre évoqué dans le texte se nomme en effet Giulio Alberoni. Bien qu’il ait concerné l’épouse précédente, Marie-Louise de Savoie, l’incident sur lequel s’ouvre l’intrigue est relaté dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture, inventaire raisonné des notions générales les plus indispensables à tous :

« Une loi bizarre défendait en Espagne de toucher à la souveraine. Un jour la jeune reine étant tombée de cheval, et son pied s’étant engagé dans l’étrier, fut entraînée dans la cour du château.

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Tjenbé larel, un festival foyalais qui chante son identité : deuxième acte

—par Janine Bailly—

Le festival, c’est aussi le cirque. Ce divertissement populaire, dans le sens noble du terme, deviendrait-il un incontournable du festival ? En 2013, nous avions succombé à la magie en ombres chinoises du spectacle Shadowland, proposé par la compagnie américaine Pilobolus. Cette année, petits et grands vibrèrent d’une même émotion aux acrobaties époustouflantes, déroulées sur fond musical en live, de « CirkAfrika », une originale prestation du cirque Phénix imaginée pour Fort-de-France. La troupe composée de soixante acrobates, danseurs, jongleurs et chanteurs venus de « toutes les Afriques », connut un vif succès, remplissant quatre soirs d’affilée la grande salle de l’Atrium jusqu’au dernier balcon, et menant son spectacle « tambour(s) battant(s) ». Le défilé sur scène des acteurs costumés, qui en sautillante grenouille, qui en girafe, qui en lion pataud, crocodile ou tortue, fit briller un peu plus fort les yeux des enfants.

Le festival, c’est encore la danse, qu’elle respecte, exalte et renouvelle la tradition, ou qu’elle nous transporte dans l’actualité vivante du siècle présent : à la soirée Bèlè « Sonjé Yo » succéda la nuit du Moov Urbain, où l’on put découvrir, en deux heures de « show battle », des groupes de Martinique et de France composés de danseurs extrêmement talentueux, et dont les prestations originales reposaient sur des chorégraphies parfaitement orchestrées.

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Tjenbé larel, un festival foyalais qui chante son identité : premier acte

— par Janine Bailly –

Si le festival de Fort-de-France fut, pour cette quarante-quatrième édition, fort pauvre en théâtre, si la promesse n’a guère été tenue d’investir d’autres lieux, tel le Parc Naturel de Tivoli, où l’on avait pu voir l’an passé « Folie », superbe lecture-spectacle offerte par une Ina Boulanger aux prises avec le vent fripon qui soulevait ses feuillets autant que ses jupons et ses rideaux de scène improvisée, il nous fut pourtant donné de connaître cette année de beaux moments de grâce et d’émotion, loisible de vivre des instants privilégiés de partage sous un ciel qui ne fut, hélas ! pas toujours clément. Et s’il arriva que parfois les festivaliers durent déplier leurs parapluies en une symphonie colorée, qu’il fut bon d’écouter, dans la douceur des nuits tropicales, les musiciens sous les frondaisons tutélaires des jardins du Parc Culturel Aimé Césaire, autant que les conférenciers du désormais rituel Cénacle en bord de baie !

Le festival, c’est un peu la vitrine du Sermac, qui présentait, dans les salles du centre Camille Darsières, les travaux réalisés dans les différents ateliers : j’ai été personnellement bluffée par la beauté de certaines poteries, l’esthétique parfaite des calebasses faites lampes, l’originalité des masques et photographies exposés.

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Lutte des classes sanglante en Haïti

— Par Caroline Constant —
haiti_greveMeurtre à Pacot Arte, 22 h 55. Le réalisateur haïtien Raoul Peck expose avec une infinie précision les rapports 
de classes à l’œuvre dans Port-au-Prince ravagé par le séisme de 2010.

C’est une demeure bourgeoise. Avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, en Haïti, elle devait être majestueuse. Mais là, quelques jours après le drame, elle est lézardée de partout. Une femme (la chanteuse Ayo) creuse le sol à mains nues, en sanglotant. Son mari (Alex Descas) lui parle rudement, avec du mépris dans le regard et dans la voix : ce qu’elle tente de retrouver n’a aucune importance à ses yeux. Et pour cause : il s’agit du cadavre de l’enfant que ce couple de bourgeois haïtiens avait « adopté », de manière illégale. La femme pleure. Sur sa maison ruinée ? Son domestique parti ? Ou sur la mort du gamin, dont seule l’odeur de décomposition rappelle qu’il fut vivant ? Pour éviter la démolition de la maison, l’homme accepte de réaliser des travaux, et de louer un étage. C’est un jeune couple qui arrive : lui, Alex (Thibault Vinçon), passe pour un humanitaire.

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Enseigner la mémoire et l’histoire de l’esclavage

— Par Janine Bailly —
enseigner_lesclavage-2Parmi les nombreuses manifestations organisées pour commémorer l’abolition de l’esclavage, j’ai — nostalgie d’enseignante à la retraite oblige — privilégié celle offerte le 21 mai aux Archives Départementales de Fort-de-France, sous la présidence de Madame la Rectrice de l’Académie, et dont le titre prometteur autant qu’ambitieux était « Enseigner la mémoire et l’histoire de l’esclavage ». Six présentations de grande qualité se sont succédé au cours de l’après-midi, et bien qu’étant prioritairement destinées aux professeurs en activité, elles furent pour moi intéressantes et riches d’enseignement.
La première intervention, faite par Dominique Rogers, maître de conférences en Histoire moderne à l’Université des Antilles, avait pour but de nous faire découvrir l’ouvrage « Voix d’esclaves », et se proposait de répondre à la question : « Comment connaître le point de vue de l’esclave ? » en effectuant une approche historique des textes judiciaires.

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Admiral T, ou comment prendre un bain de Jouvence

— Par Janine Bailly —
admiral_tAdmiral T s’annonce pour un premier concert le 14 mai à vingt heures à l’Atrium, aussitôt les réservations s’envolent à la vitesse de l’éclair. Aussi un second concert est-il programmé pour la veille, même heure, même lieu : aussitôt les réservations s’envolent à la vitesse de l’éclair… Bon, d’Admiral T je possède un CD, « Toucher l’horizon » , acheté voici quelques années dans ma démarche de néophyte qui veut « tout découvrir des Antilles » où elle a « émigré ». Vite, je le ressors de la pile, l’enfourne dans le lecteur, et je constate que j’aime toujours, que de petites mélodies tenaces me sont restées gravées au tréfonds de la mémoire. Allez, courage, me voici partie pour le tour des agences Mobile Plus, qui seules délivrent le précieux sésame, voir si par hasard il ne resterait pas quelques billets à acheter… Dans la boutique, mes cheveux blancs ne semblent pas vraiment cadrer avec ma demande : comme il ne reste que quelques places séparées, il m’est fort gentiment donné le conseil d’appeler « les personnes pour qui j’achète les places », afin de savoir si elles acceptent de ne pas assister côte à côte au concert.

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Pour un monde meilleur : un cinéma documentaire engagé

— Par Janine Bailly —
regars_sur_caraibes-1Pour clore en beauté la programmation à l’Atrium de « Regards sur la Caraïbe », Steve Zébina nous a fait cadeau, ce mardi 28 avril, d’un film trinidadien : « Art Connect », superbe documentaire de Miquel Galofré, réalisateur de talent né à Barcelone en 1970, déjà plusieurs fois primé, qui a mené en parallèle la réalisation de cette œuvre sur un groupe de jeunes trinidadiens et un reportage sur une prison à sécurité maximale de la Jamaïque. Il justifie le lien qui unit ces deux projets : « Il est apparu que tous les “criminels” ont été victimes quand ils étaient enfants ».
Récompensé au festival de Trinidad et Tobago 2014, « Art Connect » vient d’être à juste titre sacré meilleur documentaire au 21ème FEMI de la Guadeloupe.
Nous sommes à Port of Spain, dans le quartier sensible de Laventille, là où progressent trop vite la pauvreté et ses corollaires, violence et criminalité, présence de la drogue et du viol. Une école secondaire décide de parrainer un programme éducatif original afin de rendre aux adolescents de ce quartier la possibilité de vivre autre chose qu’un quotidien à haut risque, dominé par la peur, le manque de confiance en soi, la perte de tout espoir quand l’horizon vous est fermé.

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Pour n’oublier jamais !

— Par Janine Bailly —

liberation_des-camps-70Le 70ème anniversaire de la Résistance, de la Victoire et de la Libération des camps de concentration, donne lieu actuellement sur tout le territoire à diverses manifestations, tant nationales que locales, rappelant ce que fut la barbarie nazie, et comment on en vint à bout. Les équipes éducatives sont vivement encouragées à s’inscrire dans cet important mouvement commémoratif, « par l’élaboration de projets adaptés au niveau scolaire des élèves, en privilégiant un axe intergénérationnel » (Éduscol, portail des professionnels de l’Éducation)
La Martinique n’a pas démérité puisque ce furent deux cents élèves, venus de plusieurs collèges et lycées de l’île, qui purent assister à la séance organisée ce vendredi 24 avril au cinéma Madiana. Séance passionnante, suivie avec une grande attention, et dans un silence respectueux, par des adolescents avides d’écouter, d’apprendre et d’interroger, auprès de leurs aînés, un passé douloureux qu’ils ont certes découvert en classe, mais qui leur reste peut-être encore trop abstrait ou impénétrable. 
D’abord il y eut la projection du téléfilm documentaire réalisé par Philippe Baron et diffusé pour la première fois en 2013, Le Métis de la République, qui retrace le destin tragique de Raphaël Elizé. 

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Trois films, trois visions d’une humanité en souffrance !

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— Par Janine Bailly —
L’opération « Séance VO », qui se déroule sous la double égide de l’Atrium et de Madiana, commence en force ce mois d’avril ! Les trois films que j’ai vus ne peuvent laisser indifférents, et l’on sort de la salle ému, perplexe, indigné, satisfait ou contrarié, en tout cas porté à la réflexion et à l’échange avec ceux qui ont assisté aux mêmes séances. Quand le cinéma pousse à la discussion et rapproche les pauvres humains trop solitaires que nous sommes parfois, quand il renoue des liens distendus et génère la communication, c’est forcément un bon, un grand cinéma !
Snow Therapy, drame réalisé en 2014 par Ruben Östlund, ou comment le couple se délite à la faveur d’une avalanche venue troubler la photo de famille idéale qui ouvre le film. Des enfants âpres, qui semblent prendre le pas sur des parents obligés, pour pouvoir se parler, de se tenir dans ces couloirs de beau bois blond, mais cependant kafkaïens, d’un hôtel de luxe étrangement désert. Un père qui n’a pas assumé le rôle de héros, rôle auquel il est tenu par une société qui sait si bien attribuer à chacun sa place.

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Lire et dire pour le plaisir, partout sur l’île, et pour notre plaisir !

— Par Janine Bailly —

lire_&_dire-2015-bLa manifestation « Lire et dire pour le plaisir » tourne actuellement sur l’île. C’est l’association Virgul’ qui a convié six femmes à rendre hommage cette année à Frantz Fanon : Mika Egouy, Halima Hamdane, Kalthoum Ben M’Barek, Samia Diar, Nathalie Debenne, Yawa. Six voix exclusivement féminines pour dire les mots de révolte et d’engagement de l’homme et de l’écrivain. Six voix venues d’horizons divers, Martinique, Maghreb, France, mais six voix unies dans le même plaisir de s’affronter avec bonheur à des écrits pas toujours faciles à mettre en bouche. Écoutons ce qu’en dit le directeur artistique de l’association, Valer’ Egouy : « J’ai voulu laisser libre cours à leurs inspirations. J’ai fait savoir quels étaient les ouvrages existants, et elles se sont plongées dans ces livres. Chaque femme a saisi Frantz Fanon par un bout et nous avons une variété extraordinaire du coup. Elles étaient complètement émerveillées. Je crois que cela va donner quelque chose de magnifique. »

Oui, pari tenu, et pour avoir assisté à deux de ces soirées, je dirai, parodiant le poète , que « les fruits ont passé la promesse des fleurs ».

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« Le Papalagui » : Le théâtre encore, pour vivre et survivre

Marin (Auditorium) : mercredi 8 avril 19 heures
Prêcheur (Salle Félix-Grélet) : jeudi 9 avril à 19 heures

le_papalagui-3— Par Janine Bailly —
En cette fin de mois, le nouveau directeur de l’EPCC-Atrium nous offre avant l’heure de bien jolies fêtes pascales : samedi, nous avons grâce à lui vibré au spectacle de The Island (lire sur ce journal l’article de Roland Sabra). Ce lundi, c’est à un spectacle gratuit que Hassane Kassi Kouyaté nous a conviés à l’Université des Antilles, dans le cadre d’une opération lancée sous l’appellation de Territoires en cultures, opération de décentralisation des spectacles, présentement en partenariat avec la ville et l’université de Schœlcher.
En ce qui concerne The Island, j’aimerais juste partager ces deux moments d’émotion forte qui furent les miens.Tout d’abord, au récit de la traversée qui mena les prisonniers à l’île, comment ne pas songer au destin tragique que connurent les passagers des tristement célèbres bateaux négriers de la traite ? Ensuite, comment ne pas comprendre que, enfermés dans cette cellule, on ne peut continuer à vivre et s’échapper que par l’imaginaire : dans un rituel quotidien, l’un des détenus ramasse une timbale et passe un appel à sa famille ou à ses amis, son monologue s’interrompant brusquement, et l’on peut lire alors sur le visage de l’acteur, redevenu étrangement silencieux, toute la détresse d’un retour à une trop cruelle réalité.

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Quelques bribes d’Edwy Plenel sur l’île

—  Par Janine Bailly & Paul Chéneau —
plenel_en_ileLa récente « tournée » sur l’île d’Edwy Plenel, ce presqu’enfant du pays, dans le cadre de la semaine de la presse dont le thème était « La liberté d’expression, ça s’apprend », a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous aimerions cependant rendre compte ici de quelques-uns des moments privilégiés qu’il a partagés avec la jeunesse martiniquaise, d’autant que selon son propre aveu, ce sont ces moments d’échange qu’il gardera plus particulièrement en mémoire.
Nous l’avons vu et entendu, à la Bibliothèque Universitaire de Schœlcher, répondre avec sa verve coutumière, non dénuée d’humour, aux questions judicieuses préparées par un petit groupe d’étudiants.
Interrogé sur ce qu’est Mediapart, il répond que le journal-papier reste un milieu clos, et que ses collaborateurs et lui-même se sont saisis de la révolution internet pour créer ce journal numérique et y défendre le meilleur de leur tradition. Il s’agit d’aller chercher les informations cachées, sans pour autant faire la course au scoop, il s’agit d’être le laboratoire d’une nouvelle presse du XXIe siècle, il s’agit encore d’être le journal d’une France multi-culturelle.

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De l’influence de la marche du monde sur la création artistique

— Par Janine Bailly —

mendozaL’Association pour la Promotion de l’Hispanisme en Martinique nous invitait, ce mercredi 25 mars, sur le campus de Schœlcher, à découvrir la place occupée par la Guerre Civile d’Espagne (1936-1939) dans les arts : littérature et peinture. En cette semaine consacrée aux interventions sur l’île d’Edwy Plenel, il ne fut pas facile de se réserver une plage de temps libre pour répondre à l’invitation, mais ce qui nous fut offert valait largement l’effort consenti !

Tout d’abord, la communication de Solange Bussy, intitulée « Traitement de la mémoire de la guerre civile dans la fiction romanesque », et s’appuyant sur deux œuvres éloignées dans le temps, « Primera memoria, Première mémoire »  de Ana Maria Matute (1959) et « El Año del diluvio, L’Année du Déluge » de Eduardo Mendoza (1992), nous montra comment la violence mortifère et paroxystique de cette guerre a nourri, et continue à nourrir l’imagination des romanciers. Pour rendre compte de ce déchaînement de violence, pour montrer la permanence de la division fratricide de l’Espagne après la guerre, le mythe biblique d’Abel et Caïn est convoqué.

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Dora VItal, la plénitude

—Par Janine Bailly —

dora_vital-1À la galerie La Véranda, sise à l’étage de l’Atrium (c’est plus joli que EPCC, non ?), une exposition originale se donne à voir pour quelques jours encore.

Si Dora Vital a baptisé cette présentation « Chemins d’imaginaires », elle n’a pourtant pas affiché de  titres auprès de chacune de ses œuvres, comme cela se fait assez ordinairement. Elle vous en donnera volontiers la raison, puisque, présente, passionnée autant que souriante, elle vous parle volontiers de son choix : de cette façon, elle nous laisse libres de voir et d’entrer dans ses toiles avec notre imaginaire personnel, libres de créer notre histoire en laissant courir notre imagination. Elle aime aussi observer comment un visiteur se laisse surprendre lorsqu’il compare ce qu’il avait cru deviner – ou ce qu’il avait ressenti – à ce que suggère le titre révélé sur la liste consultable en fin de parcours. Car c’est bien d’un parcours qu’il s’agit, d’un voyage en des terres réelles ou fantasmées, en des pays existants ou imaginés. Et les titres finalement chantent à l’oreille, comme ces « Murmure matinal », « Abysse pourpre », « Erg », « Ciel de traîne », « Tendre tourment », ou l’étonnant « Grand froid dans un intérieur chaud ».

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