338 search results for "Théâtre du Soleil"

Impressions d’automne : Apollinaire, Molière, Saccomano

— Par Selim Lander —

Tiresias Catherine GermainL’automne est la saison des rentrées scolaire et littéraire. C’est aussi, pour les amateurs, le début d’une nouvelle saison théâtrale. Contrairement à Paris où les nombreux théâtres jouent tous les soirs (sauf le lundi), en province les salles ne fonctionnent pas en continu, on va voir des spectacles pour lesquels on s’est généralement abonné. À Paris, on peut attendre d’avoir lu les critiques pour faire son choix. Rien de tel en province, on y aime le théâtre à l’aveugle en quelque sorte, comme les spectateurs du IN d’Avignon qui louent leur place à l’avance sans savoir si la soupe qu’on leur servira au mois de juillet sera digeste ou pas.

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Antigone contre la folie du pouvoir

— Vue par José Alpha —

alpha_antigoneLa récréation d’Antigone de Sophocle par Aurélie Dalmat (Théâtre Tam) qui a associé au projet, la plume du Théâtre en langue créole de G.E. Mauvois, raconte avec les dispositifs du Théâtre antique grec fidèlement reconstitués, les conséquences néfastes de l’exercice d’un pouvoir absolu incarné par le Roi Créon.

Celui-ci refuse net toute égalité de traitement aux sépultures de ses deux neveux, Etéocle et Polynice, victimes d’un duel fratricide dont l’enjeu politique était l’héritage du trône de leur père Œdipe. A la disparition de ses deux neveux, Créon a donc succédé à Œdipe et règne en maitre absolu sur Thèbes. Mais, Antigone fille d’Œdipe et de Jocaste, se révolte contre la décision de son oncle Créon, celui qui incarne le pouvoir et l’exerce avec tyrannie. Il a en effet décrété de ne donner une sépulture décente qu’à Etéocle, refusant la mise en terre de Polynice. Pourquoi ?

Les multiples adaptations de cette tragédie politique écrite par Sophocle en 441 avant J-C, qui suscitent encore de nombreuses analyses, ont pourtant un point commun qui nous interpellera toujours : celui de la lutte contre le despotisme, de la résistance à la tyrannie, « du contrôle du tyran à qui, pourtant, on confie le pouvoir ».

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Les outre-mer au Festival d’Avignon 2015

outre-mer_avignonLa présence des compagnies des Outre-mer dans le OFF d’Avignon progresse d’année en année. Pour cette édition 2015, dix-sept compagnies sont présentes dans le OFF. Nous ne pouvons que nous en féliciter. C’est une belle opportunité pour découvrir la singularité de leurs créations. D’un territoire à l’autre, le brassage des cultures nourrit les imaginaires de ces créateurs, porteurs d’identités fortes.

Greg GERMAIN, Président

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Créée en 2013, l’Agence de promotion et de diffusion des cultures de l’Outre-mer travaille à la visibilité et à la circulation de la création ultramarine : patrimoine, arts de la scène, arts visuels, littérature, cinéma et audiovisuel. Elle accompagne les créateurs et porteurs de projets culturels en matière d’ingénierie et de développement de projets, de production et de diffusion, de formation et d’information. Elle favorise la mise en réseau, la coopération des opérateurs culturels et les projets multilatéraux, d’Outre-mer à Outre-mer, d’Outre-mer à l’Hexagone, et d’Outre-Mer à l’international. L’Agence vient de lancer son site internet cultures-outre-mer.fr autour de trois fonctions :

 – une « vitrine » d’information sur les actualités culturelles dans tous les territoires

 – un centre de ressources, à destination du grand public et des professionnels, qui a vocation à présenter tous les acteurs culturels et le patrimoine des territoires

 – une plate-forme de travail et d’échanges pour l’espace pro.

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Gallotta sur les pas d’Albert Camus

— Par Muriel Steinmetz —

À Grenoble, le chorégraphe s’inspire de « l’Étranger », qui lui parle secrètement de son enfance algérienne et de la mort de sa propre mère.

Jean-Claude Gallotta livre sa version de l’Étranger de Camus à la MC2 de Grenoble (1) « Je cherchais un sujet pour un trio, dit-il, et je rangeais des affaires de ma mère qui venait de mourir. Tout à coup, je vois des photos d’elle à Oran, en Algérie, et plein de choses me reviennent. » Gallotta y a vécu au milieu des années 1950. Le texte de Camus s’ouvre sur ces mots : « Aujourd’hui, maman est morte. »

Meursault va ainsi du décès de sa mère au meurtre qu’il commet.
Une gestuelle épurée

Pas de décor. Gallotta se déprend de toute logique spectaculaire apparente. Sur la musique prenante de Strigall (Antoine Strippoli), les trois danseurs, deux femmes, un homme, incarnent indifféremment les personnages du roman ; Thierry Verger jouant tour à tour Meursault, Salamano et l’Arabe ; Ximena Figueroa et Béatrice Warrand figurant de loin Marie – la maîtresse –, la mère, des prostituées.

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L’esclavage raconté à ma fille – Christiane Taubira

taubira_esclavage_sa_filleGarde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira a été députée de Guyane de 1993 à 2012, mandat pendant lequel elle a rédigé en 2001 la proposition de loi visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré
pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.
Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.
Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence.

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Discours de réception de Dany Laferrière à l’Académie française

— Par Dany Laferrière —

M. Dany LAFERRIÈRE, ayant été élu à l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Hector BIANCIOTTI, y est venu prendre séance le jeudi 28 mai 2015, et a prononcé le discours suivant :

Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Permettez que je vous relate mon unique rencontre avec Hector Bianciotti, celui auquel je succède au fauteuil numéro 2 de l’Académie française. D’abord une longue digression – il y en aura d’autres durant ce discours en forme de récit, mais ne vous inquiétez pas trop de cette vieille ruse de conteur, on se retrouvera à chaque clairière. C’est Legba qui m’a permis de retracer Hector Bianciotti disparu sous nos yeux ahuris durant l’été 2012. Legba, ce dieu du panthéon vaudou dont on voit la silhouette dans la plupart de mes romans. Sur l’épée que je porte aujourd’hui il est présent par son Vèvè, un dessin qui lui est associé⋅ Ce Legba permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible⋅ C’est donc le dieu des écrivains⋅
Ce 12 décembre 2013 j’ai voulu être en Haïti, sur cette terre blessée, pour apprendre la nouvelle de mon élection à la plus prestigieuse institution littéraire du monde⋅ J’ai voulu être dans ce pays où après une effroyable guerre coloniale on a mis la France esclavagiste d’alors à la porte tout en gardant sa langue.

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 » La Vie de Galilée « , plus actuel que jamais

— Par Brigitte Enguerand —

la_vie_galileeC’est un soir de janvier 2015, à Lille. Deux semaines exactement après les attentats de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes. La grande salle du Théâtre du Nord est pleine à craquer. Et près de quatre heures durant, cette salle retient son souffle, tant ce qu’on lui raconte résonne avec les interrogations, les angoisses, la stupéfaction, la sidération, ce qu’on vient de vivre.

Le spectacle qui suscite une telle écoute, cette concentration collective tellement intense qu’elle en devient palpable, c’est La Vie de Galilée, de Bertolt Brecht, mis en scène par Jean-François Sivadier avec sa formidable troupe de comédiens. A cette date, le spectacle a déjà 13 ans d’âge. Il semble avoir été créé la veille. Mais, comme un bon whisky ou un bon vin, il s’est bonifié avec le temps. La pièce de Brecht y apparaît plus jeune que jamais, qui conte la vie du savant et la révolution aux conséquences incalculables qu’il a initiée en découvrant que la Terre n’était pas le centre du monde, mais qu’elle tournait autour du Soleil.

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Réel Merveilleux, Réalisme Merveilleux, Réalisme Magique et Baroque (III)

reel_&_realismeUniversité des Antilles – Faculté des LSH – Campus de Schoelcher
Séminaires thématiques du CRILLASH 2014-2015
*
Journée d’étude interdisciplinaire Jeudi 7 mai 2015
coordonnée par Charles W. Scheel
Réel Merveilleux, Réalisme Merveilleux, Réalisme Magique et Baroque (III)
Focus :
Jacques Stephen Alexis et Haïti in diaspora
Amphi Sellaye
Programme détaillé des communications
*

9h30 : Jean-Durosier DESRIVIÈRES (Écrivain) : La poétique du Mystère dans la composition dramatique et la prose poétique de Faubert Bolivar. Lecture de La Flambeau, Jesika ou Bousiko et Sainte Dérivée des trottoirs
Abstract : Par quelle mathématique des signes le jeune auteur haïtien, Faubert Bolivar (1979), nous donne-t-il à saisir l’univers dramatique singulier de ses pièces de théâtre, La Flambeau et Jesika ou Bousiko, et l’espace fictionnel énigmatique de son récit poétique, Sainte Dérivée des trottoirs ? Comment évaluer cette expression littéraire qui semble toucher le possible extrême de certaines réalités haïtiennes connues, et pourtant si peu vraisemblables pour une catégorie de lecteurs, et la relation que développent les personnages de Bolivar avec ces topos récurrents dans son écriture livrée aux jeux de langage et d’onirisme avéré : la folie, l’intime et le cosmique (ou le religieux) ?

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Un Marmonneur Providentiel ? Je suis un gueuleur…

gueuleur_providencePièce tirée de Cahier d’un retour au pays natal & de Et les chiens se taisaient d’Aimé Césaire
Adaptation & Mise en scène :Hervé DELUGE
Collaboration artistique de : Ruddy SYLAIRE
Création Lumière : Dom. GUESDON
Réalisation Scénographique : « La servante »
Création Musicale : Jeff BAILLARD
Images : Eric DELOR
Distribution : Hervé DELUGE
& les voix enregistrées de Aliou CISSE, Eric DELOR,Emile PELTI, Suzy SINGA, José EXELIS, Daniély FRANCISQUE, Aurélie DALMAT, Ruddy SYLAIRE, Elie PENNON
Durée du spectacle : 100 minutes
« Cette intelligente scénographie présente l’esprit de ceux qui ont laissé couler leur sueur durant des heures sur le plateau. Elle raconte l’auteur du siècle et la vie d’un parcours. Les formes et les couleurs s’expliquent, se disputent dans une cohérence telle, que tous les éléments dramatiques se complètent. Bien. Ce travail spectaculaire est une photo en direction de la création artistique du futur… S’accorder les moyens de dire et tenir son propos. Résistant. La création lumière attendait déjà, certainement, dans la tête de Dominique Guesdon et Valéry Pétris pour la mise en valeur de ce magnifique travail.

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« Impérissable Trajectoires marines »

Conférence dansée – Samedi 9 Mai, 20h Salle La Purgerie

imperissables_trajectoiresRésidence de création
Le Domaine de Fonds Saint-Jacques, Centre Culturel de Rencontre accueille en résidence de création Marlène Myrtil Cie Kaméléonite) du 27 avril au 9 mai 2015. : Marlène Myrtil, chorégraphie Interprétation Myléne Wagram & Marlène Myrtil
D’après le texte « Humus » de Fabienne Kanor > Fred Libar, régie Musiques Soul Keita, Marian Hill & David Gore
Par un lien profond entre le texte et la danse, Mylène Wagram et Marlène Myrtil ré-actualisent une nature impérissable de l’humanité. Quel rapport étroit subsiste-t-il entre l’écriture et le mouvement, entre le mot et le geste ? Ils caractérisent si bien notre histoire, notre humanité, notre identité…
«Impérissable – Trajectoires marines», une conférence dansée qui ravive nos mémoires, nos désirs de sauvetage, de résistance et d’émancipation.
Inspirée d’Humus, ouvrage de Fabienne Kanor, cette forme de spectacle vivant rend un hommage vibrant et dansant à l’acte héroïque de onze femmes en tentative d’échappée du bateau « Soleil ».
Fondée par Marlène Myrtil, la compagnie Kaméléonite développe un travail de création chorégraphique & des projets pédagogiques depuis 1998 en France, 2008 en Martinique.

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La sensibilité effervescente d’Henri Corbin

—Par Georges Desportes* —

henri_corbin-400Le poète Henri Corbin est comme un arbre qui nous donne à goûter chaque année les fruits savoureux de ses poèmes. Sa générosité productive, ce me semble, est due, à une sensibilité effervescente qui activement, appréhende et mord de son écume, légère et poétique, tout ce qui le touche au cœur, le fait rêver ou réfléchir à même l’impact du quotidien. Il sait aussi réactualiser le passé et, dans sa clairvoyance, dessiner le profil d’un avenir ouvert à l’espérance de tous.
En son ouvrage intitulé Lieux d’ombre, Corbin nous démontre à profusion qu’il n’est pas un témoin figé de notre temps et qui, plongé dans l’indifférence de l’homme blasé, se débarrasse du monde, de ses maux, de ses peines et de ses malheurs.
Dans ce livre, d’affirmation et de courage, le poète Corbin se permet, sans fausse honte, d’étaler sa profession de foi, afin que nul n’en ignore. Et il manifeste, par cette déclaration publique, ses opinions, ses engagements, ses liens avec toutes les valeurs auxquelles il croit et pour lesquelles il se dévoue et se bat.

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« The Island », mise en scène d’Hassane Kassi Kouyaté

Samedi 28 mars 2015 20h à l’Atrium

the_island_afficheD’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona
Compagnie Deux Temps Trois Mouvements
Adaptation française : Marie-Hélène Estienne
Mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté
Assistanat mise en scène : Peter Tournier
Scénographie : Sarah Lefèvre
Création lumière : Cyril Mulon
Avec Hassane Kassi Kouyaté et Habib Dembélé

Résister par tous les moyens...

SYNOPSIS
L’île de Robben Island, deux hommes, qui, chaque matin, entrent dans un cycle de labeur qui détruit l’âme et efface l’esprit sous un soleil brûlant.
Le soir, dans leur cellule, aussi mort qu’ils peuvent l’être, ils recommencent à vivre en parlant, en riant, et surtout en essayant de ne pas se couper du monde. Pour cela l’imaginaire est leur seul échappatoire. Un rituel quotidien : l’un d’eux ramasse une tasse et passe un appel longue distance pour New Brighton. Ils parlent à la famille et aux amis… Mais surtout, la préparation d’une pièce de théâtre : Antigone. Elle doit être prête pour la fête de la prison dans une semaine. Préparation d’un spectacle pour dire et exposer leurs conditions aux autres et au monde…

NOTE D’INTENTION
Lorsque j’ai découvert cette île merveilleuse qu’est le texte d’Athol Fugard, John Kani et Winston Nsthona, j’ai immédiatement compris que cette pièce englobait tout ce qu’était, pour moi, le théâtre, qu’elle était et qu’elle représentait l’essence même de mon travail et de mes recherches.

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« La Crête-à-Pierrot » de Charles Moravia

Réédition des Classiques et Livres Rares du Patrimoine haïtien des XIXe et XXe Siècles

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En cette année où nous nous apprêtons à commémorer le centenaire de l’occupation américaine en Haïti (28 juillet 1915 – 28 juillet 2015), les Editions BOHIO invitent tout un chacun à faire une revue de la question du patrimoine et de la souveraineté nationale. C’est l’occasion aussi de lancer notre vaste projet de « Réédition des Classiques et Livres Rares du Patrimoine haïtien des XIXe et XXe Siècles ».

Par la réédition, un éditeur contribue à la sauvegarde du patrimoine littéraire. Bien souvent, les rééditions sont accueillies avec le plus grand bonheur par les professionnels de la lecture. De plus, ces titres rendus à nouveau disponibles pour le lectorat contemporain, constituent des outils pédagogiques précieux pour les écoliers et les étudiants qui souvent connaissent les œuvres anciennes seulement à travers des extraits très courts ou des critiques ou commentaires contenus dans les manuels scolaires⋅

Charles Moravia, qui fut emprisonné pour s’être opposé à l’occupation de son pays, a l’honneur d’ouvrir cette liste dorée avec son épopée dramatique « La Crête-à-Pierrot », qui n’a jamais été rééditée depuis sa première publication du vivant de l’auteur en 1907 !

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La Nuit des rois

Comédie de W. Shakespeare, mise en scène par Clément Poirée,

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— Par Michèle Bigot —

Théâtre d’Ivry, Antoine Vitez, du 05/01 au 01/02 2015

La nuit des rois, (twelfth night ) ou le douzième jour après Noël, c’est la nuit de l’enfermement dans le silence nocturne et l’obscurité hivernale. C’est cette ambiance qu’a voulu recréer sur scène Clément Poirée avec la complicité de son scénographe Erwan Creff. Comme il nous l’a confié lors d’une rencontre en bord de scène, c’est la vision d’une photo d’un dortoir de Sibérie qui lui a inspiré cette atmosphère pleine de mystère et de douleur rentrée. Et c’est de cette même photo que sont nés le décor et le dispositif scénique : quatre lits à baldaquins, garnis de tentures blanches, évoqueront à la fois la réclusion et la possibilité d’une évasion, au gré des mouvements du mobilier et des rideaux.
Le rideau est devenu depuis G. Strehler l’élément scénique le plus propice pour exemplifier la tempête shakespearienne et tous les flux et mouvements inhérents à l’esthétique baroque. Sa fluidité, les jeux de lumière qu’il autorise, les dessins qu’il supporte, tout cela est exploité d’emblée dès la première scène qui raconte la tempête, le naufrage, et l’arrivée inopinée dans un pays de légende.

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« Timbuktu » : Islam le jour et Malboro la nuit

— Par Roland Sabra —

timbuktu-12012, dans nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, dans la petite ville d’Aguelbok, une lapidation devant ses enfants d’un couple, uni par l’amour mais qui avait commis le crime de ne pas en référer à la mosquée.. L’assassinat filmé avec des instruments venus de l’Occident est diffusé sur les ondes des serviteurs de Satan : internet. Il n’échappe pas à l’attention vigilante d’Abderrahmane Sissako, ce cinéaste , d’origine mauritanienne et souvent considéré comme le plus grand des réalisateurs africains. On lui doit, entre autres, Bamako tourné en 2006 et projeté sur nos écrans en Martinique. Passeur d’une conscience collective révoltée il met son talent au service de la dénonciation des faits scandaleux  qui donnent une image déformée de l’Afrique ou qui, dans le cas présent, défigurent l’Islam. 2012 est aussi l’année de l’occupation de Tombouctou par des djihadistes venus du nord et l’exécution sur la place centrale de la ville d’un touareg éleveur de vaches qui dans le film que Sissako va construire occupe l’avant-scène, la lapidation du couple pourtant déclencheur du désir de témoigner passant au second plan.

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« Waka douvan jou » : chant pour hâter la venue de l’aube

Spectacle chorégraphique, théâtral et musical de Max Diakok  du 22 novembre (Fonds St-Jacques à 19h) au 6 décembre 2014 en Guadeloupe  et St-Martin

waka_douvan_jouVoir les dates et lieux en fin d’article

Yé krik !
Yé krak !
Un spectacle interactif dans lequel s’entrelacent la musique et la danse Gwoka avec les paroles poétiques charroyées (transportées) par le conteur.
Le fameux Yé krik ! Yékrak ! Yémistikrik !
Yémistikrak ! des contes antillais rythme le récit et teste l’attention de l’assemblée.
Ce conte s’inspire de l’histoire de la Guadeloupe et des interdits autour du tambour, etc. Sur fond de réalisme merveilleux caribéen et usant de certains créolismes (1), il invite au
rêve, à la créativité, au dépassement de soi, à la générosité et à la solidarité. (1) créolisme, un exemple : « le soleil midi » qui veut dire « le soleil de midi ».
Direction artistique
Création conte et Chorégraphie: Max DIAKOK
Durée : 60 minutes (tout public) / 45 minutes version jeune public
DISTRIBUTION : Philippe CANTINOL, conteur, Max DIAKOK, danseur, Rosy Leen (en alternance avec Lydie FESIN), danseuses, Emmanuel REVEILLE (dit Biloute), musicien Jony LEROND (dit Sòmnanbil), musicien Lumières : JP NEPOST (création / conduite) Production : Cie Boukousou & Mairie de Paris Mise en scène : Max DIAKOK & Daniély FRANCISQUE.

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« Le morne était le monde » : j’ai rencontré le poète éveilleur

— Par Jean-José Alpha —

Le « marronneur de mots » comme il se définit lui même, le poète philosophe Joby Bernabé, a livré à son auditoire une telle affirmation de la Vie, récit de sa propre trajectoire, que la charge poétique qui le portait souleva d’acclamations la salle comblée sous les yeux émus de « l’orfèvre de la parole ».
De son apparition éclairée en demi-teinte plantée derrière un micro sur pied, sur un plateau nu plongé dans le noir, « le musicien de la parole » qu’il est, s’est révélé une fois de plus maître de son instrument. Il s’est livré avec aisance et plénitude à son art captivant, celui de dire dans le souffle, la retenue, l’exaltation et l’agilité, tout ce qu’il pense et tout ce qu’il ressent avec cette voix parfaitement maitrisée de ténor⋅
On peut penser que l’exercice du dire pratiqué par les adeptes du « stand up » ou du « one man show »,  utilisant comme genre théâtral la dérision ou la satire livrée à un débit de mitraillette, captivent l’auditoire subjugué par la performance ; mais très vite, la fatigue s’installe aussi vite que les pensées s’escamotent ou se vident de sens dans un tempo métronomique, répétitif, qui lasse et qui décroche.

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Nord Plage : requiem pour une île

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

nord_plage-1L’AMOUR MALGRE TOUT

Enfin une exposition une vraie, sur les traumatismes vécus par ce village rongé de sel, percé de vents, détrôné par la houle. Une manière saisissante pour aborder ce sujet qui fait mal. Mais à vrai dire, Nord-Plage est une exposition sur l’amour, l’amour né de ce crime odieux, peut-être le pire qui puisse être fait à une ile.
L’exposition qui s’abstient de faire l’éloge d’un passé où ce quartier du Macouba fut une petite perle de vie simplement, ne tombe à aucun moment dans le mélodrame. L’artiste parle une langue contemporaine, à la fois locale et universelle. Refusant toute concession aux polémiques de tous bords, nées de souffrances, peut-être d’hystéries collectives. Il saisit l’image qui parle de la vie, plus forte que tout. Si Nord Plage, exposition exempte de toute considération partisane exacerbée, est un requiem pour une île, elle est autant une ode urbaine à ce village héroïque magistralement accroché à la face du monde. Tant de traces de cette période glissent à la mer et s’effacent inéluctablement, et pourtant d’autres trésors continuent de faire exister le passé de Nord-Plage.

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« Lucie solitaire » un livre de Clarisse Bagoé Dubosc

—Par Christian Antourel —

lucie_solitaireCHEMINS DE LIBERTE

Clarisse Bagoé Dubosq, qui partage sa vie entre la Martinique, Paris et la Provence, est à la fois écrivain, cinéaste et peintre. Lucie Solitaire est son second roman.

Dès les premières pages ça nous dit quelque chose. Comme une musique lointaine qui contient nos racines nous arrive auréolée d’un soleil mélancolique. Clarisse Bagoé Dubosq écrit un roman croissant dont la vérité veut éclater à chaque ligne. Elle donne une version originale d’un standard récurrent aux Antilles, dans ces années où elle plante le décor : rester là ou partir ? s’établir ou revenir ? être ou ne pas être ? La prose authentique de l’auteure, marquée d’une élégance naturelle est rendue vivante, concrète, et bat au rythme du temps maitrisé qui reflète l’époque et le lieu, écrits de profondes empreintes sociales⋅ La recréation de l’expérience étant la tâche première de l’auteure, elle écrit de manière vraie, qui signifie d’écrire de manière sincère La sincérité n’est pas tant une question de morale ici, qu’un aspect technique du style.

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Festival culturel de Fort-de-France 2014 : articles sur Madinin’Art

« Bèlè Kouli » de Suzy Manyri : de l’oxymore dansé

— par Daniele Daude —

bele_kouliLa
production de Suzy Manyri interpelle en premier lieu par son titre. Si étymologiquement le terme « kouli » se réfère d’abord au travail journalier c’est bien dans le cadre colonial dont nous sommes aujourd’hui encore les héritiers qu’il prend son essor international(1). A ce terme déjà ambivalent vient s’ajouter ce qu’il convient d’appeler le symbole paradigmatique d’une prise de conscience identitaire martiniquaise : le bèlè. Issues du contexte historique des plantations les danses et musiques bèlè sont intimement liées à l’histoire coloniale de la Martinique⋅ Ainsi elles ne peuvent être exécutées ou lues sans la prise en compte de ce facteur constituant⋅⋅ Ceci posé il se dégage une série de questions quant à l’alliance apparemment improbable entre des contextes, des genres, des styles, des musiques, des chorégraphies, des dramaturgies, des mise-en-scènes, des scénographies ou encore des performances que tout semble éloigner⋅ Le pari de la compagnie Suryakantamani de Suzy Manyri   est à cet égard audacieux⋅ Sans rendre compte de « Bèlè Kouli » de façon exhaustive nous proposons de dégager deux axes qui constituent des temps forts de la re-présentation : la dramaturgie et la gestion des groupes dans l’espace scénique.

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Le Sorelle Macaluso

le_sorelle— Par Michèle Bigot —

Le Sorelle Macaluso
Texte et mise en scène : Emma Dante
Festival d’Avignon, in, Gymnase du Lycée Mistral, juillet 2014-07-15

Spectacle créé à Naples en janvier 2014, Le Sorelle Macaluso arrive à Avignon dans le festival in où il rencontre un succès sans pareil. Née en 1967, figure primordiale de la scène internationale, Emma Dante à fondé à Palerme, en 1999, sa compagnie Sud Costa Occidentale. Emma Dante, auteure et metteure en scène sicilienne n’a pas tourné le dos à son Palerme natal. Récompensée par les plus grands prix internationaux lors des festivals de théâtre européens, elle a aussi dirigé récemment Carmen de Bizet à la Scala de Milan.
En France elle est une habituée du théâtre du Rond Point où elle a donné en 2008-2009 mPalermu (« à Palerme », en dialecte palermitain) et La Trilogia degli occhiali lors de la saison 2011-2012. Cette dernière proposition, déclinait en trois volets des visions fantasmagoriques sur l’humain dépossédé, la solitude d’un homme démuni de ses biens et abandonné des siens, la détresse d’un enfant attardé, relégué dans un état catatonique, le désespoir amoureux d’un couple de vieillards.

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« Atmosphères » de Claude Henri, un faiseur d’espace

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

le-retourEn empruntant des chemins buissonniers, là où la pensée se tord, est soumise à des forces qui l’obligent à de nouveaux parcours, à rompre avec la ligne droite. Les courbes libres et sensuelles, semblent séduire l’artiste. Ces arabesques ; il les retrouve dans les montagnes de son pays, les vagues de la mer, les nuages dans le ciel. L’univers entier est fait de courbes. Claude Henry est là pour prolonger ces flexuosités qu’il a si bien dessinées.

Il « tente de partager un ressenti, une émotion …l’expression d’une ambiance créée à partir du réel, transformée par un jeu de couleurs chatoyantes et lumineuses de mouvements et par une fusion entre l’être humain sa trace ou son milieu » Dans sa quête d’esthétisme il flirt avec un mouvement romantique qu’il semble magnifier vers un semi-réalisme.

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Agenda des actions africaines en région parisienne. Juin 2014

— Par J-P Vanhoove—

Anniversaire, commémoration, journées mondiales …

le 4 juin : Journée internationale des enfants victimes innocentes d’agression.
le 5 juin : Journée mondiale de l’environnement.
le 12 juin : Journée mondiale contre le travail des enfants.
le 16 juin : International Day of the Africa Child / Journée internationale de l’enfant africain.
le 17 juin : Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse.
le 18 juin : Fête de la Constitution des Seychelles.
le 20 juin : Journée internationale des réfugiés.
le 21 juin : Fête de la musique.
le 25 juin : Anniversaire de l’indépendance du Mozambique (1975).
le 26 juin : Fête de l’indépendance de Madacascar.
le 26 juin : Journée internationale des Nations Unies pour le soutien des victimes de la torture.
le 26 juin : Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues.
le 26 juin : Signature en 1945 de la charte des Nations unies.
le 27 juin : Fête nationale de Djibouti.
le 30 juin : Fête de l’indépendance de la République Démocratique du Congo (RDC).

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Etat de siège : une re-création

camusPar Selim Lander – Lors de sa création, en 1948, par Jean-Louis Barrault, avec vingt-cinq comédiens, L’Etat de siège (avec l’article défini) ne remporta pas le succès escompté. La version de Charlotte Rondelez (sans l’article défini), raccourcie et condensée sur treize personnages et six comédiens, rencontre pour sa part un durable succès. Si 2013, l’année du centenaire de la naissance d’Albert Camus, n’a pas permis de revisiter son théâtre comme on eût pu l’espérer (1),
il n’est jamais trop tard pour bien faire. Il est donc encore temps de saisir l’occasion de ce qui sera, pour la plupart des spectateurs, une découverte de Camus auteur de théâtre.

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« Potins d’enfer » : bon et après?

—Par Roland Sabra —
potins_d_enfer_courtes-lignSi le théâtre est l’art de prendre de la distance avec les choses il est aussi celui de les regarder en face, sans détours. La mort, et l’au-delà s’il existe, sont des thèmes rarement abordés de front. Jean-Noël Fenwick dans » Potins d’enfer », la pièce présentée par la Compagnie Courtes-Lignes, bien connue des martiniquais s’y colle avec humour. Deux hommes et une femme qui ne s’étaient jamais rencontrés se retrouvent dans une sorte de sas. Il y a parmi eux une journaliste de radio, un homme politique, un coiffeur homosexuel. Voilà ce qu’ils étaient en partie dans le monde des vivants, car la plus futée des trois va vite comprendre et expliquer à ses compagnons de voyage qu’ils sont morts et qu’ils sont en transit vers une destination qui pour l’heure leur est inconnue. Faire rire à propos d’un homme politique, d’une journaliste et d’un homosexuel est une facilité de l’air du temps. Facilité dans laquelle Fenwick plonge avec délectations en faisant du coiffeur un extraverti féminisé à outrance, une folle en un mot. On a bien compris que dans l’association coiffeur et homosexuel c’est le deuxième terme qui est mis en avant avec tous les clichés les plus éculés qui soient.

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