— Janine Bailly —
La nuit va tomber sur la place Roméro à Fort-de -France, comme elle est aussi tombée sur les locaux du journal « Charlie Hebdo », à Paris. Peu à peu, la foule s’assemble devant la banderole qui, parlant créole, nous rappelle
que la liberté de penser et de dire n’a pas de frontières, et qu’elle s’exprime de même façon, sous tous les cieux, quelle que soit la langue utilisée.
Silence et recueillement sont de mise, les enfants eux-mêmes l’ont compris, qui ne troubleront pas des discours, sobres et pudiques dans leur ensemble, bien que chargés d’émotion autant que d’une juste indignation.
La plus belle image est pour moi celle de ces adolescentes qui, visage grave et tenue sage, lèvent bien haut leur pancarte proclamant « Je suis Charlie ».
Le plus beau moment reste celui où les bougies s’allument, et, dessinant un cercle lumineux autour de la fontaine qui occupe le centre de la place, font reculer la nuit et revenir la lumière, de même façon que l’humanisme fera renaître l’espoir et reculer l’obscurantisme ! C’est du moins ce en quoi je veux croire !

Pour la défense de la liberté d’expression, nos armes sont nos plumes, nos crayons. Nous sommes Charlie. Ils ont crié « On a tué Charlie hebdo ! »… Ils l’ont rendu immortel. L’horreur. L’horreur intégrale et prétendument intégriste. Aucun acte barbare ne saura jamais éteindre la liberté de la presse ni détruire l’esprit de la République. Puissions-nous savoir réagir et faire bloc face au terrorisme, plus que jamais unis dans la lutte contre l’obscurantisme ! Condoléances émues aux familles des victimes, à toute la France et à l’humanité agressée, mais plus que jamais debout face à l’inhumanité ! Horrifiés par l’obscurantisme qui enténèbre ce 7 janvier, en cette saison des vœux, triste coïncidence, nous formulons ce vœu, inspiré de l’article publié ce même jour par Marc Verhaverbeke sur Lumina Sophie dite Surprise de Suzanne Dracius : « Lumina évoque la lumière et Sophie la sagesse », y rappelle-t-il à juste titre. Puissent les lumières de Lumina et la sagesse de Sophie éclairer le monde ! À l’orée de cet an neuf, l’association Promolecture vous souhaite de savourer toute la douceur du monde épandue çà et là, tous azimuts, dans la modération des fureurs assassines, et de déguster toutes les douceurs du monde sans modération.
Mercredi à Paris, le journal Charlie Hebdo a été la cible d’une attaque terroriste. Douze personnes sont mortes. Des journalistes, des policiers, des amis. Au nom de tous les groupes de médias de France, nous adressons à nos confrères, à leurs familles, à ceux qui sont morts pour les protéger et à toute l’équipe de Charlie Hebdo nos pensées les plus émues. À travers eux, c’est la liberté de la presse et, plus encore, l’esprit de liberté qui sont touchés en plein cœur. La presse satirique bouscule, éveille et agite les consciences. Elle nous invite par l’humour à mieux déjouer les sectarismes et les fondamentalismes. Ceux qui sont morts hier plaçaient le rire au cœur de nos vies pour nous rendre plus libres. Plus que jamais, la liberté de pensée et la liberté d’expression animent notre travail quotidien. En ce jour de deuil, nous tenons à affirmer que nous ne céderons ni à la menace, ni à la terreur. Nous ne laisserons pas le silence s’installer et veillerons à combattre toutes formes de stigmatisations.
Des personnes qui massacrent les membres de leur famille avant de se suicider, des employés ou des lycéens qui déciment leurs collègues et amis à l’arme automatique , des « loups solitaires » ou des « cellules terroristes » qui attaquent des civils innocents à l’arme blanche ou à la bombe, des illuminés qui massacrent des centaines de villageois. Qu’est-ce qui explique cette débauche de barbarie ? Est-il possible d’y mettre fin ? Certains se lamentent : « Le monde est devenu fou ! », « Les derniers temps sont arrivés » et beaucoup se contentent d’espérer passer entre les mailles du filet en implorant la grâce des cieux ! Eh bien non ! Notre devoir est de nous mobiliser pour mettre fin à ces dérèglements qui détruisent nos sociétés. Cela, nous ne saurions y parvenir en nous contentant de réagir émotionnellement à quelques événements dramatiques sélectionnés, hiérarchisés et instrumentalisés. La barbarie s’étale quotidiennement et massivement sur tous les continents. Le bombardement des écoles de Gaza n’est pas moins terroriste que le massacres d’écoliers au Pakistan.
— Par Guy FLANDRINA, Président Fondateur Du Club Presse Martinique —
« Not Afraid » disaient les neufs panneaux lumineux qui deux heures durant ont tourné autour de la République. Même pas peur en quelque sorte comme le disent les enfants pour défier leur adversaire. Pas sûr que cela renvoie à une réalité vraie. Sur la place flotte un parfum de dénégation, cette révélation d’une vérité gisant au creux de sa négation. Des milliers, nous étions des milliers sur la place de la République, autour de la République, graves, silencieux, ne reprenant pas, ou faiblement les slogans de la poignée de jeunes agrippés aux jupes de Marianne, plus exactement sur le socle d’où elle se dresse et qui mettait en valeur une phrase : « Nous sommes CHARLIE ». Cette phrase on la retrouvait déclinée à la première personne du singulier en affiche, lettres blanches et grises sur fond noir, sur la poitrine de quelques centaines de personnes. « Je suis CHARLIE ». Sentiment de solitude dans la foule. On se parle peu. On est venu seul, en couple, à trois ou quatre, rarement plus nombreux. Un groupe plus étoffé, parle un peu plus fort en italien de la situation….
Selon une source policière interrogée par Libération, Charb, directeur de la publication, et Cabu, font partie des victimes.
A ceux qui pensaient que la crise démocratique provoquée par le spectacle odieux de l’injustice raciale et de la brutalité policière quotidienne aux États-Unis était déjà derrière nous, la révélation cette semaine du meurtre d’un énième jeune Noir, Antonio Martin, par un policier blanc à quelques kilomètres de Ferguson, Missouri, tristement célèbre, offre un réveil brutal.
Ce très beau texte de Jacques-Stephen Alexis nous a été envoyé par Jean Durosier Desrivières, puis par d’autres. Qu’ils en soient remerciés.
En 1848, l’abolition de l’esclavage, par la Seconde République, a libéré des chaînes plus de 250 000 esclaves. Par l’application du suffrage universel, ceux des Antilles, de la Guyane et de la Réunion ont, en théorie, été dotés des mêmes droits civils et électoraux que tous les citoyens (masculins) de la métropole. La réalité a été fort différente. Ces citoyens colonisés sont longtemps restés soumis à un régime d’exception. Au Parlement, à Paris, leurs députés votaient des lois qui ne leur étaient pas applicables ! Le pouvoir exécutif et les gouverneurs locaux s’occupaient de leur sort.
1 – Espionnage et manipulation
Vu de Pékin cela n’a pas plus de valeur qu’une roupie de sansonnet. C’est dans la Chine éternelle que, sans état d’âme apparent, on fait table rase du passé en détruisant des pans entiers du patrimoine architectural pour en reconstruire une copie plus ou moins conforme en béton armé. Pour honorer la mémoire ? Pour le tourisme? Les chinois ont inventer un mot pour désigner la chose :«qianmenisation».
« La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une « immense accumulation de marchandises. »
Faire des recherches sur la préhistoire des politiques culturelles serait une entreprise difficile. Ceci impliquerait d’extrapoler un concept relativement récent à l´analyse des sociétés structurées très différemment à celle profilée par les temps de la modernité. Le surgissement d’institutions officielles conçues pour la convergence des notions de politique et de culture a longtemps tardé. L´action des mécènes, des groupes philanthropiques, des sociétés économiques des amis du pays, des cercles et des salons ont été des tentatives partielles pour combler une lacune de plus en plus palpable⋅ Dans ce domaine comme dans d´autres, la Révolution Française a marqué un changement décisif⋅
Ils ont un accent : par exemple le ‘tea’ se prononce à la française « té ». Cet accent leur a donné un nom les Scousers. Scouse est aussi le nom d’un ragoût de viande salée, de pomme de terre et d’oignon. Un goût des mélanges qu’ils ont gardé. Ils habitent une ville où se côtoient, s’entremêlent sans se fondre les populations les plus diverses. Ils sont environ 450 000 dans la ville proprement dite soit un peu plus de la moitié de la population de leur district métropolitain, le Meeyserside. Un demi siècle auparavant ils étaient rattachés au célèbre Lancashire « Ils » ce sont les Liverpuldiens. Les habitants de Liverpool ; la quatrième ville du royaume. Elle a été fondée il y a 800 ans mais ce n’est qu’un demi millénaire plus tard que débuteront ses heures de prospérité avec la traite négrière. En effet la sainte année 1699, bénie par l’Église anglicane voit partir le Liverpool Merchant son premier bateau vers l’Afrique. Cent ans plus tard le port recensait 185 bateaux négriers transportant chaque année plus de 45 000 esclaves.
« La France se nomme diversité », disait Fernand Braudel. Utopie en passe de réalisation ou défi encore à relever ? Il semble que la promotion de la diversité impose une action forte et volontaire pour parvenir à une véritable égalité des chances et que la France n’a guère véritablement progressé sur le terrain depuis la création de la Halde (devenue « Défenseur des droits ») ou celle de la Charte de la diversité. Pourtant, le rapport adopté par le Sénat, mercredi 12 novembre 2014, offre une lueur d’espoir et relance le débat en proposant que les recensements incluent une question sur le pays de naissance des ascendants et la nationalité antérieure.
Fidèle à sa démarche de mieux faire connaître notre histoire, l’association « Tous Créoles ! » a présenté le jeudi 20 novembre 2014 à la salle de conférence du Crédit Agricole au Lamentin, en partenariat avec K-EDITIONS, le dernier ouvrage de l’historien Édouard de LÉPINE, intitulé « Chalvet, février 1974, Suivi de 102 documents pour servir à l’histoire des luttes ouvrières de janvier-février 1974 à la Martinique ».
«On the Phenomenon of Bullshit Jobs»: «Sur le phénomène des jobs à la con». C’est le titre de
Bonvini ek lonnè respé ba zott toutt ki vini adan konsitt tala ki ka woulé pou rann péyi Matnik pli djok. Nou ké gadé wè, dabò pou yonn, sa KTKZ yé. Pou dé, asou ki sa pawol KTKZ ké woulé jòdi a.
Tout récemment j’ai écouté, rien que des lèvres d’une enseignante de la matière, que l’histoire n’a besoin que de la mémoire ». Une affirmation pareille m’a rappelé que pour Hérodote, reconnu comme le « père de l’historiographie », tout au moins dans le monde occidental, les dites Histoires –dont le titre signifie en grec « recherche ou quête- avaient pour but de faire connaître les mœurs et les traditions du « monde antique » objet de ses études, et d’abonder sur les conflits armés entre ces peuples, leurs causes et les arguments des parties. Il ne s’agissait pas de recueillir des événements pour leur ultérieur apprentissage par cœur, mais il faisait appel à une morale ou à un enseignement pour comprendre le présent et tenir en considération sa signification fondamentale pour une projection vers le futur. Si l’on passe revu des cultures anciennes, telles celles de la Chine ou de l’Inde, ni Confucius ni Bouda, associés à l’histoire de ces civilisations, n’insistent sur les données et les chiffres, les noms et les relations de faits, parce que ce n’est pas la mémorisation ce qu’a prévalu dans leurs discours mais l’analyse et le raisonnement dérivés de leurs légendes et une sorte de réalité mythique liée à la pensée et à la sensibilité des ancêtres.
Avec leur ouvrage Main basse sur la culture, les journalistes Michaël Moreau et Raphaël Porier
nous entraînent dans les arcanes de la marchandisation de la culture.