Catégorie : Sociologie

« Le rêve pavillonnaire est un leurre et un piège pour les classes populaires »

— Par Lucie Fougeron —

reve_pavillonEn France, 58 % des ménages sont propriétaires de leur logement, loin des 70 % annoncés par Sarkozy en 2007. En même temps, la géographie de la propriété se redessine face à la montée des inégalités et des tensions foncières. Les acquisitions se font de plus en plus dans les zones « périurbaines». Si discours et analyses dénoncent via ce terme la relégation des « petits Blancs », dans « Tous propriétaires! L’envers du décor pavillonnaire », la sociologue Anne Lambert révèle une réalité bien plus complexe: les classes populaires installées dans ces lotissements voient leurs conditions de vie transformées, jusqu’à se retrouver piégées dans des zones pavillonnaires, sources de nouvelles exclusions. Mettant au jour le visage d’une France qui change, elle donne du grain à moudre, quand est brandi « un apartheid », pour l’élaboration de politiques du logement afin d’améliorer le sort des familles populaires …

HD. Le titre de votre livre, « Tous propriétaires! », reprend un slogan phare du candidat Sarkozy en 2007: était-il une nouveauté ?

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L’ingérence des religions est insupportable

École, mariage, fin de vie : laissez-nous vivre en paix ! 

religions— Par Benoît Schneckenburger, philosophe 
et auteur (1).—
La déclaration à l’encontre de la loi sur la fin de vie émanant des représentants des trois monothéismes publiée dans le Monde constitue le dernier avatar de l’emprise croissante des religions dans le débat public. Déjà, lors de la nécessaire campagne de lutte contre la discrimination filles-garçons à l’école ou à l’occasion des débats accompagnant la loi pour le mariage pour tous, la sainte alliance des monothéismes s’était peu à peu reformée. En intervenant dans le débat sur la fin de vie, on pourrait soupçonner les prêtres, rabbins et imams de venir défendre leur fonds de commerce, tant il est aujourd’hui encore difficile de pouvoir mourir en paix sans que de bonnes âmes ne veuillent récupérer la nôtre.

Aujourd’hui, même le concept de laïcité apparaît de nouveau contesté, car derrière l’apparente condamnation unanime des assassinats de janvier, plusieurs représentants du culte ont exprimé leurs réserves, pour ne pas dire leur réprobation des caricatures portant sur la religion. On a fait grand cas des réticences de quelques élèves, mais peu se sont élevés contre le pape lui-même qui a déclaré : « Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. 

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Lettre ouverte aux auditeurs de Radio France : « Cette grève est pour vous »

radio_franceLettre ouverte des sociétés de producteurs de France Culture, France Inter et France Musique sur la grève des personnels de Radio France.

Nous sommes les voix qui, chaque jour, s’adressent à vos oreilles. A travers nos émissions, nos interviews, chroniques, reportages, documentaires, nous tentons au mieux de faire vivre les missions de la radio publique : « informer, éduquer, divertir ».

Nous, équipes de production des émissions de Radio France (animateurs, reporters, collaborateurs, chroniqueurs…) partageons les inquiétudes de l’ensemble des personnels de Radio France mobilisés depuis le 19 mars.

Ce mouvement de grève a pour objet de défendre les radios de service public, et non des intérêts particuliers ou corporatistes. L’engagement budgétaire non tenu par l’Etat entraine aujourd’hui un déficit grave qui menace l’existence de la radio telle que vous l’aimez et que vous la financez à travers la redevance audiovisuelle.

Nous sommes consternés de voir les travaux de rénovation de la Maison de la Radio si mal encadrés et si mal gérés, occasionnant le surcoût exorbitant que vous connaissez. Vos impôts, vos programmes et vos oreilles, doivent-ils payer pour cette incompétence?

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Ont-ils des gueules de « No go zone » ?

no-zoneLes médias américains carburent-ils au mensonge ? Après les attentats de « Charlie Hebdo », Fox News délirait, décrivant huit « no go zones » parisiennes, où « les non-musulmans ne sont pas acceptés », où les islamistes « recrutent dans la rue » et où « la police ne va pas». Julien Bottriaux, photographe amateur, est allé à la rencontre des habitants. Leurs portraits, ponctués de bribes de vie, renvoient la chaîne à son ridicule.

D’habitude, pour sa pausedéjeuner, Julien Bottriaux erre dans les « no go zones » parisiennes.« Dans ces zones, on voit des gens porter des tee-shirts à l’effigie de Ben Laden.(…) Des gens d’al- Qaida ou des Frères islamiques recrutent dans la rue », décrivait Nolan Peterson, le journaliste de Fox News, le 8 janvier. Pendant trois jours, d’autres commentateurs, faux experts et vrais désinformateurs, reprendront ses mots. Mais Julien Bottriaux n’a rien vu de tout ça. Le photographe amateur a voulu rendre visibles les habitants, les faire parler, les photographier aussi.

De Belleville à Ménilmontant, il a eu « envie d’interroger l’existence d’un lien social mais aussi la notion de vivre ensemble».

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Le maître, l’esclave et l’Etat

— Par Philippe-Jean Catinchi —

libres_&_sans_fersLe 5 mars 1848, une semaine à peine après la chute de la monarchie de Juillet et la proclamation de la IIe République, se mettait en place une commission d’abolition de l’esclavage chargée de préparer l’émancipation, sous la présidence de Victor Schœlcher. Dès la première réunion, le 6 mars, les décrets sont en chantier, qui aboutiront le 27 avril à la pleine reconnaissance des  » nouveaux citoyens  » ou  » nouveaux libres « .

Mais qui sont ces femmes et ces hommes dont le sort se joue à Paris, fixés dans ces territoires lointains, Guadeloupe, Martinique, Réunion ? Plongeant dans les archives judiciaires où la  » parole de l’esclave  » s’entend parfois, sous la plume des greffiers, lorsque larcins et meurtres conduisent à la recueillir, Frédéric Régent, Gilda Gonfier et Bruno Maillard, qui travaillent respectivement en métropole, à la Guadeloupe et à La Réunion, relèvent le défi de l’interroger. Malgré la difficulté de la langue, d’abord. S’ils s’expriment  » libres et sans fers « , selon l’expression judiciaire consacrée, les esclaves le font dans des idiomes que les sources ne respectent pas, traduisant avec le piège d’équivalences linguistiques peu sûres la plupart des propos, sauf à conserver une formule originale pour le piquant du pittoresque.

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Intégrer la notion de différence

— Par Patrick Singaïny, Journaliste et écrivain —

differenceQuel est donc ce pays incapable de faire peuple uni au moment où, pour longtemps, tous ceux qui sont détenteurs de la nationalité française sont menacés de mort ?

Qu’aurions-nous dû faire dès au lendemain des marches de janvier ? Réaliser que nous voulions certes dépasser nos dissensions, mais surtout que nous nous sommes toujours refusés à les voir. Réaliser que nous voulions certes vivre ensemble une union nationale, mais dont nous savions fort bien, dès les premiers instants, qu’elle serait incomplète. Réaliser avec courage qu’il fallait avant tout aider à désamorcer nos bombes invisibles, kamikazes en puissance, qui reviennent dormir chez nous pour brusquement sortir de leur léthargie et frapper en nos cœurs au moment où on s’y attend le moins. C’est-à-dire n’importe quand.

Combien de temps tiendront les forces de l’ordre indéfiniment en faction devant les lieux dangereux ? Comment désamorcer nos bombes ? Av(i)ons-nous forcément besoin que le gouvernement propose ou décide de la façon de nous organiser ? Non. Rappelez-vous, avant que nous nous soyons rendu compte que nous n’étions pas parvenus à faire union nationale, le naturel avec lequel nous nous sommes plongés dans cet élan commun relayé sur tous les écrans du monde.

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Juifs, musulmans et chrétiens, ils s’amusent à déconstruire les préjugés

juif_catho_muslimREPORTAGE – Deux mois après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, certains veulent continuer à perpétuer « l’esprit du 11 janvier ». C’est le cas des membres de l’association Coexister, créée en 2009, qui luttent pour favoriser le vivre ensemble. Jeudi dernier, le groupe était dans un lycée à Saint-Denis pour déconstruire les préjugés des élèves.

Un juif, un musulman, une catholique, une agnostique et une athée. Sur scène ce jeudi 12 mars, le casting se veut volontairement éclectique. Face aux plus de 200 lycéens de première générale et technologique du lycée privé Jean-Baptiste de Salle de Saint-Denis (93), la bande de Coexister, association créée en 2009 après l’opération Plomb Durci à Gaza, essaye d’abord de démontrer le vivre-ensemble par l’exemple. La coexistence plutôt que la tolérance : « Tolérer c’est passif, il n’y a pas la curiosité d’aller vers l’autre. Nous on veut vivre ensemble, pas vivre côte à côte. En France ça fait 50 ans qu’on se tolère, on voit où ça nous a mené », plaide Agathe, blonde dynamique de 23 ans et agnostique.

Après les présentations d’usage de l’association, les membres du groupe passent aux choses sérieuses et demandent aux lycéens d’inscrire sur une feuille les trois premiers mots qui leur viennent à l’esprit quand il pense au judaïsme, à l’islam, et au christianisme.

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Pourquoi les Blancs sont des « expats » et les autres des « immigrés »?

expatsLes personnes qui travaillent à l’étranger sont des expatriés, des émigrés, ou des immigrés? Tout dépend de la couleur de peau du travailleur, mais aussi du point de vue de l’observateur.

Faut-il arrêter d’utiliser le mot « expatrié » au profit d' »immigré »? Une question sémantique soulevée par The Guardian, loin d’être anodine. Car selon Mawuna Remarque Koutonin, un « activiste pour la Renaissance Africaine », dont la tribune est reprise dans le quotidien anglais, cette différence de terme est révélatrice d’une « hiérarchie des mots créée dans le but de placer les Blancs au-dessus de tous les autres ».
Qu’est-ce qu’un expatrié? Qui est un expatrié? S’interroge le journal. Selon le Larousse, deux définitions sont possible. Un expatrié est une personne qui a été expatriée ou qui s’est expatriée, c’est-à-dire « qui a quitté son pays ». Le terme s’applique plus particulièrement à un salarié qui exerce son activité dans un autre pays que le sien. Pour Wikipédia, un expatrié est un individu résidant dans un autre pays que le sien. La racine du mot vient du grec exo -en dehors de- et patrida -le pays-.

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« La démocratie contre les experts » de Paulin Ismard

Les esclaves publics en Grèce ancienne

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Que la démocratie se soit construite en son origine contre la figure de l’expert gouvernant, mais aussi selon une conception de l’État qui nous est radicalement étrangère, voilà qui devrait nous intriguer.
Imaginons un instant que le dirigeant de la Banque centrale européenne, le directeur des CRS comme celui des Archives nationales, tout comme les greffiers des tribunaux soient des esclaves, propriétés à titre collectif du peuple français, ou, plus improbable encore, d’un peuple européen. Quelle forme emprunterait la délibération entre députés si les esclaves étaient le seul personnel attaché de façon permanente à l’institution, alors que les parlementaires étaient renouvelés tous les ans ?
Ils étaient greffiers, archivistes, policiers ou vérificateurs de la monnaie : tous esclaves, ils furent, à leur manière, les premiers fonctionnaires des cités grecques. Le relatif silence des sources à leur sujet ne dit rien de l’ampleur de cette étrange institution que fut l’esclavage public en Grèce ancienne. En confiant à des esclaves de telles fonctions, qui supposaient une véritable expertise dont étaient dénués la plupart des citoyens, il s’agissait pour la cité de placer hors du champ du politique la question de la compétence technique en la rendant impropre à justifier la participation politique.

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Un dominicain nommé archevèque de Martinique

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David Macaire, actuellement prètre dominicain à la Sainte Beaume en France vient d’être nommé Archevèque de Martinique.
Le Pape François, ayant accepté la démission de Mgr Michel Méranville pour limite d’âge, a nommé ce samedi 7 mars 2015, Archevêque de Fort-de-France, le P. David Macaire. Il était jusqu’à présent Prieur du Couvent des Dominicains de la Sainte-Baume et Recteur du Sanctuaire de la Sainte-Baume.

Cette nomination vient consacrer un long parcours de ce « jeune » archevêque de 46 ans au sein de l’Eglise.

De la Martinique à la métropole

Né le 20 Octobre 1969, David Macaire a fait ses études dans le collège des dominicaines de ND de Délivrande au Morne Rouge puis au lycée Schœlcher de Fort de France et à l’école des techniciens de l’équipement à Montpellier. Entré au noviciat de la province de Toulouse des frères prêcheurs, il a fait sa profession religieuse le 17 Septembre 1995 à Marseille et a été ordonné prêtre à Toulouse le 23 Juin 2001. Il est titulaire d’une licence de philosophie et d’une maîtrise (licence canonique) de théologie.

Aumônier, enseignant, écrivain

Entre 1995 et 2015, le P.

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Mais où sont passés les Indo-européens? : histoire d’un mythe

—Avant- propos par l’auteur Jean-Paul Demoule—
indo_europeUn spectre hante l’Europe : le spectre des Indo-Européens. Parti il y a quelques millénaires d’un lieu précis de l’Eurasie, un peuple conquérant et entreprenant aurait pris peu à peu le contrôle de toute l’Europe (à peu de chose près), ainsi que de l’Inde, de l’Iran, du Pakistan, de l’Afghanistan et des régions alentour, imposant partout son ordre, sa langue et sa culture. De sa langue originelle serait né peu à peu, de façon arborescente, l’ensemble des langues indo- européennes connues, de même que son mode de pensée originel aurait structuré les mythologies, les épopées et les institutions des locuteurs de ces langues, avant que la christianisation de l’Europe n’en efface une partie, mais une partie seulement. Dans leur élan, ces peuples d’Europe partirent ensuite il y a cinq siècles à la conquête du reste de la planète, sur l’essentiel de laquelle on parle désormais des langues indoeuropéennes, en même temps qu’ils imposaient partout leur mode de pensée et de vie.

À l’heure où les Européens se cherchent des raisons de vivre ensemble au- delà d’une concurrence économique « libre et non faussée » et de réglementations opaques, ne seraient- ils pas secrètement réunis par une communauté d’esprit venue du fond des âges ?

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La culpabilité, une question de distance

Un pur barbare

marcel_zang— Par Marcel Zang, écrivain, président de Passerelle noire et responsable 
de la Marche des esclaves. —

«Mes victimes ? Ne faites pas de mélodrame, Rollo. Regardez un peu en bas. » Harry Lime lui désignait du doigt, par la vitre, les gens qui passaient comme des mouches noires au pied de la Roue. « Ressentiriez-vous une pitié réelle si l’une de ces petites taches cessait de bouger… pour toujours ? » (le Troisième Homme, Graham Greene). En d’autres termes, selon que vous serez tout contre ou à distance, les jugements de conscience vous rendront noir ou blanc, barbare ou civilisé, coupable ou innocent. Et effectivement, quand on y pense, la culpabilité ne serait qu’une question de distance… Merveilleuse distance, quelle trouvaille ! L’un serait à Bujumbura et l’autre à Tamanrasset, et pouf ! Un bouton, ni vu ni connu, je dors en paix. Ou même, l’un se trouverait dans un lit et l’autre se retournerait dessus croyant voir un cafard, et hop ! Envolé, aplati, le cafard, je dors en paix. Un robot silencieux, un tableau de bord, un écran vidéo dans les cieux, et pfiuu !

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Jeunes issus de l’immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?

La maîtrise du français, facteur clé de l’insertion des enfants d’immigrés

immigration-3— Par Pierre-Yves Cusset, Hélène Garner, Mohamed Harfi, Frédéric Lainé et David Marguerit —

« Les inégalités se creusent dès la maternelle et compromettent l’accès aux filières les plus favorables à la poursuite d’études supérieures »

Alors que la France s’interroge sur les fractures qui traversent son modèle de société, et que le gouvernement prépare des mesures visant à favoriser la participation des habitants des quartiers prioritaires à la citoyenneté et à l’activité économique, il est indispensable de partir d’une analyse qui démêle les multiples causes des difficultés d’insertion économique que rencontrent les « jeunes issus de l’immigration ».
Ces difficultés sont identifiables en matière d’éducation, d’emploi, de conditions de vie et de logement ; elles sont particulièrement marquées pour certaines catégories de population, dont les enfants ayant deux parents immigrés, les descendants d’immigrés d’Afrique, les garçons. Ces difficultés reflètent d’abord la situation socioéconomique de ces jeunes et de leurs parents, exposés aux défaillances de nos politiques publiques : obstacles à l’entrée sur le marché du travail des jeunes et des peu qualifiés, réussite scolaire tributaire de l’origine sociale, absence de fluidité du marché du logement, existence de discriminations.

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Pour Aimé Césaire

— Par Lucien Cidalise-Montaise —
aime_cesaire-325J’ai enfin, en m’aidant de mes désillusions, tâté le ciel, ou tout au moins ce qu’il est convenu d’appeler ainsi. Ce ciel qui cache et emprisonne les rêves les plus beaux, les désirs les plus sublimes, les laideurs les plus complexes. Fiasco d’une errance intellectuelle. Odieux vagabondage charlatanesque qui vend du nectar rosé en vase clos et qu’une fois ouvert cesse d’exhaler, donc de contester, devenant ainsi le complice insoumis d’une imposture… Les rêves dont je me gavais se muant en chimères. Je m’arrogeais d’importer mes folies, alors que je n’avais jamais pu les étreindre. De me rebeller pour les autres. Je m’affublais du titre de mystificateur qui s’évertuait à maintenir la forme des nuages.
J’accepte aujourd’hui un constat. Mon insuffisance et la reconnaissance d’un pouvoir qui fait la preuve de mon impéritie. Vakabonagerie, zanzolage, expressions devenues patrimoniales par la grâce d’un leader apprécié . On a l’âge de son histoire et pour la dominer il faut se battre. Nos victoires devront donc être acquises. Données, elles sont bavardes et non consensuelles, fortement cintrées d’un ruban tricolore.

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« Français de souche » , assez d’hypocrisie!

—Par Patrick Singaïny, essayiste —

francais_de_souche« Français de souche est une expression courante ou une catégorie statistique controversée désignant, dans son sens le plus communément admis, les personnes de nationalité française n’ayant pas d’ascendance étrangère immédiate et n’étant pas issues de l’immigration récente. Elle est souvent opposée à l’expression Français de papier. » (source : Wikipedia, extrait).
Cette définition est bien sûr fausse. Français-de-souche ne désigne pas une identité mais une culture. Il y a, selon moi et de ce point de vue, deux grands types de façon de vivre la citoyenneté en France Hexagonale, même si le terme citoyen est originellement désincarné : les citoyens de France de culture française (placée en sus de ses régionalismes) et les citoyens de France de culture composite (c’est-à-dire qui mêle la culture française avec une autre d’ascendance extra-européenne et postcoloniale). Il me faut insister sur le plus important -notamment à l’adresse de notre jeunesse – : grâce à nos lois, à notre constitution, les deux parties disposent naturellement des mêmes droits et des mêmes devoirs, notamment celui de faire vivre le sentiment d’appartenance à la France, à travers l’exercice de sa devise tripartite : Liberté, Egalité, Fraternité.

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Les Indo-Européens, un peuple zombie

— Par Boris Valentin, professeur d’archéologie —

proto_indo_europeenMais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident Jean-Paul Demoule, Éditions du Seuil, 752 pages, 27 euros.

La plupart des langues d’Europe, actuelles ou mortes, présentent divers niveaux de ressemblance entre elles et avec des parlers iraniens et indiens. Ces correspondances, relevées dès le XVIIIe siècle, furent trop vite assimilées aux vestiges d’une langue primordiale. Depuis, beaucoup de chercheurs ont traqué l’origine géographique de ces prétendus locuteurs ainsi que leurs pérégrinations. Placé d’abord en Inde, le berceau originel fut rapatrié sur les rives de la Baltique par des germanomanes de la fin du XIXe siècle, obsédés par le destin historique de leur nation récemment unifiée. L’archéo
logie et l’anthropologie raciste s’enrôlèrent pour donner une fausse consistance à ce mirage 
d’où surgirent les « Aryens », ancêtres tutélaires 
dans la légende pangermaniste des nationaux-socialistes. Depuis les années 1960 et Louis Pauwels, cette saga criminogène est resservie presque telle quelle par l’extrême droite « paganiste », mais son infamie a orienté des savants illustres vers deux autres hypothèses géographiques formulées bien avant eux.

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Daech brûle 8000 livres rares à Mossoul

autodafeLes combattants de l’organisation Etat islamique ont incendié une bibliothèque à Mossoul, en Irak, ainsi qu’une église et une école.
8000 livres rares partis en fumée. Dimanche, les terroristes de l’organisation Etat islamique ont brûlé la bibliothèque de Mossoul, en Irak. « Ils ont utilisé des bombes artisanales », raconte Ghanim al-Ta’an, cité par le site d’information américain The Fiscal times. Des responsables locaux ont tenté de convaincre les djihadistes d’épargner la bibliothèque. En vain.

Ce lieu, ouvert en 1921, abritait des manuscrits du XVIIIe siècle, des journaux irakiens du début du XXe et des objets datant de plusieurs siècles dont un sextant et un sablier. Il avait déjà été visé par des pillages lors de l’opération militaire américaine en 2003.

Sur leur lancée, les combattants de l’organisation Etat islamique ont détruit une église et l’école de théâtre. En décembre, ils avaient brûlé une autre bibliothèque, celle de l’université de Mossoul.

Lire Plus=>  http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/daech-brule-8000-livres-rares-et-manuscrits-a-mossoul_1655273.html

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L’Etat islamique saccage un musée d’antiquités en Irak

saccage_museeUne vidéo, mise en ligne jeudi par le groupe Etat islamique, montre des djihadistes détruire à coups de masse des sculptures et autres oeuvres pré-islamiques dans un musée de Mossoul, en Irak.

Des antiquités de plusieurs milliers d’années réduites en miettes. Dans une vidéo mise en ligne jeudi par le groupe Etat islamique, des djihadistes détruisent un musée de Mossoul, dans le nord de l’Irak. Cet enregistrement de cinq minutes montre ces activistes en train de faire tomber des statues de leur piédestal et de détruire à coups de masse. Il s’agit d’antiquités pré-islamiques.

Dans une autre scène, ils ont également recours à un perforateur pour défigurer un imposant taureau ailé assyrien, sur un site archéologique de Mossoul, ville contrôlée par les djihadistes depuis l’été. « Fidèles musulmans, ces artéfacts derrière moi sont des idoles pour les peuples d’autrefois qui les adoraient au lieu d’adorer Dieu », déclare un djihadiste en s’adressant à la caméra. « Le soi-disant Assyriens, Akkadiens et d’autres peuples avaient des dieux pour la pluie, pour les cultures, pour la guerre », poursuit-il, avant de rappeler que « le prophète a ôté et enterré les idoles à la Mecque ».

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La nouvelle guerre des néo-barbares

— Par Yves Charles Zarka —
toile_arraignee-2New York 2001, Paris 2015. Le rapport entre ces deux lieux et ces deux dates a été très vite souligné, non en raison du nombre des victimes, mais pour marquer l’ampleur de la signification et le traumatisme provoqué par les massacres de Paris. Ce lien n’est pas artificiel, mais les événements ne sauraient être entendus en termes de répétition à des échelles différentes. Ce qui s’est passé à Paris entre les 7 et 9 janvier derniers ne témoigne pas de la même chose que les attentats du 11 septembre contre les tours du World Trade Center. La crise s’est approfondie, elle s’est intériorisée. Les attentats de Copenhague, le 14 février, dans leur mimétisme avec ceux de Paris, le confirment si besoin était. Contrairement à la lecture en termes de choc des civilisations qui prévalait après New York 2001, Paris 2015 oblige à renoncer à la vision simpliste de deux blocs civilisationnels antagonistes se faisant face et s’affrontant en raison d’idéaux, de valeurs, de religions ou de mœurs, donc de cultures, incompatibles et irréductibles. L’opposition s’est internalisée, elle traverse, quoique en des sens différents, tant les démocraties occidentales que les pays musulmans.

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Le jour où Malcolm X signait son arrêt de mort…

x_malcolm-3Le 21 février 1965, Malcolm X prononce un discours dans le quartier de Harlem, à New York, devant un auditoire de quatre cents personnes. Trois hommes lui tirent dessus. Il succombe. Le combattant antiraciste et des droits humains était devenu trop dérangeant.

« Nous vivons une ère révolutionnaire, et la révolte des Noirs américains est partie intégrante de la rébellion contre l’oppression et le colonialisme qui caractérise cette ère. (…) Nous assistons aujourd’hui à la rébellion générale des opprimés contre leurs oppresseurs, des exploités contre les exploiteurs. » En prononçant ces paroles le 18 février 1965 dans une salle comble de l’université Columbia à New York, le combattant antiraciste et des droits humains qu’il était devenu, Malcolm X, signait son arrêt de mort. Trois jours plus tard, alors qu’il venait de prendre la parole dans une salle de Harlem, trois hommes tirent sur lui. Il meurt d’une décharge de gros plomb et de vingt et une balles. Déjà le 14 février précédent, sa maison avait fait l’objet d’un attentat à la bombe.

En 1966, trois membres de Nation of islam sont reconnus coupables et le FBI, qui avait de longue date infiltré cette organisation, est soupçonné d’avoir, pour le moins, laissé faire le crime.

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Faut-il développer l’enseignement laïc du fait religieux ?

— Par Esther Benbassa Directrice d’études à l’Ephe (Sorbonne), sénatrice EELV Catherine Robert Professeur de philosophie au lycée Le-Corbiusier d’Aubervilliers et Philippe 
Gaudin Agrégé 
de philosophie, directeur adjoint 
de l’IESR —

le_fait_religieuxFavoriser une meilleure compréhension

par Esther Benbassa Directrice d’études à l’Ephe (Sorbonne), sénatrice EELV.

295448 Image 2Il a fallu les meurtriers attentats islamistes de janvier pour remettre soudain ce sujet à l’ordre du jour de nos décideurs politiques. Et pourtant, l’affaire n’est pas nouvelle. En 2002, Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale de l’époque, commandait déjà à Régis Debray un rapport intitulé : « L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque ». Son auteur y évoquait « l’ignorance où nous sommes du passé et des croyances de l’autre, grosse de clichés et de préjugés ». J’y ajouterais pour ma part l’ignorance, par chacun, de son propre passé et de ses propres (ex-)croyances. Preuve en est l’inculture religieuse de départ des jeunes djihadistes de notre temps. Où ont-ils puisé leur savoir tout neuf ? Sur des sites Internet, ou de la bouche de prédicateurs autoproclamés. Objectivation, distanciation, sûreté de l’information : un enseignement laïc du fait religieux à l’école est assurément un des moyens de dépassionner le sujet et de se garder des dérives.

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L’intéressante maladresse de George Pau-Langevin

— Par René Ladouceur —
pau_langevin-3 Je ne suis pas précisément un fan des commémorations. Je préfère voir le passé revenir de lui-même, sans qu’un rite le convoque. Mais je vais le dire ici sans barguigner : évoquer le Mouvement de la renaissance guyanaise fait plus que m’enchanter. Tout est magique pour moi dans cette période. J’aime la Guyane du Mouvement de la renaissance guyanaise, j’aime ses illusions, ses échecs, ses dérèglements, son intensité, et je l’aime parce que c’est l’une des plus belles, des plus grandes rencontres de la Guyane avec les Guyanais qui sont entrés dans l’Histoire. Songez que c’est en novembre 1946 que René Maran revient en Guyane. Il y arrive sans Félix Eboué, disparu deux ans plus tôt, mais pour soutenir, à l’occasion des élections législatives, la candidature de René Jadfard, le leader du Mouvement de la renaissance guyanaise. Jadfard, en effet, se présente à nouveau contre Gaston Monnerville. Excusez du peu. C’est à cette occasion que René Maran retrouve son ami Léon Damas qui, à Paris, n’avait de cesse de lui reprocher de ne pas s’intéresser suffisamment à la Guyane.

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Pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Guyanais

kokolampoeSoutenons Kokolampoé
Parce qu’en Guyane, nous avons nous aussi le droit à la culture accessible à tous pour un mieux vivre ensemble et un développement du territoire

La Guyane, terre des Arts et de la Culture : nourrissons-la !

Symboles identitaires de notre territoire, les Arts et la Culture participent à l’économie et le développement de la région et à notre vie sociale.

Ils sont les moyens d’expression de notre peuple et permettent à notre Guyane de rayonner aussi bien dans la Caraïbe, l’Hexagone, mais également à l’International !

Avec :
-plus de 80 artistes par saison, de nombreux auteurs,
-une grande variété de spectacles (théâtre, marionnettes, cirque, danse, concerts, etc.)
-plus de 30 500 spectateurs, de 6 mois à 80 ans,
-la professionnalisation de nos jeunes artistes et techniciens, qui assistent de nombreux artistes venus d’ailleurs …

… la Guyane bénéficie d’une action culturelle et artistique d’envergure, qui doit prospérer dans le temps, en tant que Patrimoine Immatériel Régional.

En effet, celle-ci permet à de nombreux jeunes guyanais d’être formés à un large panel de métiers grâce à l’action de professionnalisation d’excellence dispensée par KOKOLAMPOE; Ainsi, elle oeuvre à l’attractivité du territoire au National comme à l’International, ainsi qu’à la structuration du secteur économique que représentent “Les arts de la scène”, au sein duquel KOKOLAMPOE rend l’insertion professionnelle de nos jeunes voulue par le Gouvernement effective, de part les initiatives qui en découlent :

-productions théâtrales, audiovisuelles et cinématographiques réalisées sur tout notre territoire ;
-création locale d’entreprises de spectacles : compagnies, associations, coopératives …

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Le pape, sa mère et les caricatures

— Par Henri Pena-Ruiz —

pape_francois-2Citons le pape François le 19 janvier : «Si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision.» En voulant faire de la pédagogie sur les limites de la liberté d’expression, le pape François se livre à des caricatures qui jouent sur l’amalgame et la confusion.

D’une part, il met sur le même plan une insulte personnelle (parler mal de Regina María Sivori, sa mère) et un dessin caricatural ciblé sur une religion. D’autre part, il établit une équivalence entre ce dessin, représentation fictionnelle, et une violence physique réelle : donner un coup de poing. Certes, il y a loin du coup de poing à la rafale de kalachnikov, mais ici le registre de la violence semble validé comme juste réponse à une dérision par signes («C’est normal», ose-t-il dire). On se demande alors quelle portée peuvent bien avoir les condamnations verbales de la violence données en préalable.

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Nouveaux mouvements sociaux, partis politiques et syndicats: une nouvelle donne?

Syriza, Podemos, Indignés, révolutions arabes, Occupy, etc

—Par Frances
 Fox-Piven, professeure 
de science politique et 
de sociologie, Luiza Toscane militante 
pour les droits de l’homme 
en Tunisie, Alain Touraine sociologue, Jean Lojkine, directeur honoraire de recherche au CNRS et Albert Ogien Directeur 
de l’Institut Marcel-Mauss l’Ehess.—

podemosUne fragmentation des anciennes alliances par Frances
Fox-Piven, professeure 
de science politique et 
de sociologie, University 
of New York

En Grèce, Syriza, un parti politique relativement nouveau étroitement lié aux mouvements anti-austérité des cinq dernières années, a accédé au pouvoir gouvernemental. En Espagne, Podemos, un parti né du mouvement des Indignés, semble engagé sur le même chemin. Nous pouvons observer des signes de développement semblables en Irlande et au Portugal. Ces nouvelles formations articulant parti et mouvement contredisent le mépris dont nombre d’autres protestations récentes et leurs jeunes fers de lance font preuve à l’égard de la politique électorale. Les militants des mouvements considèrent souvent la politique comme une sphère séparée. Il y a du vrai dans cette appréciation. Dans le monde contemporain, les mouvements et la politique électorale trouvent leur élan dans des dynamiques très différentes, habituellement rivales.

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