— Par Victor Lina–
« Quelques mots écrits pour dire psy »
L’hommage à l’homme Aimé CESAIRE, le plus émouvant qu’il nous est arrivé d’entendre est venu d’une patiente qui apprenant, incidemment, le décès du poète, s’est mise à évoquer une tranche de son histoire. Elle est d’origine d’une île anglophone voisine et cela se passe il y a quelques dizaines d’année. Cette dame qui vivait chez son compagnon en Martinique venait de rompre avec ce dernier et se retrouvait à la rue enceinte et sans ressource. Dans son désarroi, elle errait aux environs du canal Trénelle et empruntant le passage des « quarante-quatre marches » finit par chuter. Auprès de qui ? Aux pieds de qui ?
Comme dans un roman, ou comme dans un film, elle raconte que le maire qui se trouvait aux Terres-Sainville, la vit tentant péniblement de se relever et inquiet de son état se rapprocha d’elle pour lui porter secours. Un échange de parole s’engagea et elle lui fit part de son désespoir. Le maire l’invita dit-elle, à se présenter à son bureau et elle fut reçue sans protocole.

Rien n’illustre mieux la vacuité du discours politique aujourd’hui, droite et gauche confondues, que l’usage grammatical qui est fait du mot « croissance ». Toute croissance est croissance de quelque chose. Sans mention de son objet, le substantif n’a pas de sens, contrairement à des mots comme « république », « amour » ou « liberté ». La « croissance » selon les politiques est sans objet. Elle-même est leur objet : ce qui est placé devant eux, qu’ils veulent saisir, parfois avec les dents, mais qui leur échappe insolemment. Je l’appellerai donc Croissance, avec une majuscule.
Jeunes (et moins jeunes) d’Europe, le temps est venu de dévoiler le secret le plus jalousement gardé de nos gouvernants : ce qu’ils considèrent comme la panacée en matière de gouvernance dans l’ère moderne, leur fétiche, leur horizon indépassable, à savoir l’Etat-nation, tombe en désuétude. L’idole est obsolète et à bout de souffle. Hébétée comme ses aînés par la crise structurelle dans laquelle se débat l’Europe, la première génération d’Européens à connaître un niveau de vie inférieur à celui de ses parents est placée devant un choix d’une simplicité absolue : donner un vigoureux nouvel essor au processus d’intégration européen, provoquer un véritable big-bangou bien accepter de sombrer sans broncher dans l’insignifiance économique, politique et historique à l’échelle mondiale. Las ! Quel est donc le projet le plus ambitieux concocté ces jours-ci à Bruxelles et Strasbourg pour faire face à cette situation éminemment critique ? Faire en sorte que les élections européennes aient lieu le même jour dans tous les pays de l’Union et que le président de la Commission européenne soit élu au suffrage direct… La belle affaire !
Ce qui est terrifiant dans la maladie d’Alzheimer ce n’est pas seulement qu’elle menace chacun d’entre nous, qu’elle menace nos proches, ou qu’elle peut frapper n’importe qui indépendamment de son âge. Le terrifiant c’est quelle est désormais au coeur de notre tissu social comme un monstre assassin qui nous mènerait une guerre insidieuse. Des dizaines de personnes sont régulièrement frappées. Des dizaines de personnes disparaissent lentement et désespérément devant leurs proches. À travers elles, des centaines de personnes doivent affronter seules et démunies cette espèce de mort qui précède la mort. Des centaines de personnes voient donc leur existence basculer dans la douleur et dans le désarroi.
Dans le théâtre municipal de La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), plus de 400 personnes, militantes ou simples citoyens, sont venues assister à la première diffusion française de Gasland Part II, en présence de son réalisateur, Josh Fox. Les petites mains du Collectif du pays fertois, organisme anti-gaz de schiste et hôte de la rencontre, s’activent. Le temps de trouver comment éteindre la lumière et d’ouvrir les fenêtres en cette ultime journée estivale, la projection va pouvoir commencer. Encore un dernier souci technique avec les sous-titres… Ça y est : nous sommes de retour au « pays du gaz » que sont devenus, en moins d’une décennie, les États-Unis, en passe de recouvrer leur indépendance énergétique.
La justice a tenté de faire appliquer le verdict rendu le 1er mars 2013 par la Cour d’appel et qui condamnait Albert Mongin, connu sous le nom de ‘Roi Mongin » à 50 000 euros d’amendes et à démolir dans les 6 mois sous astreintes de 100 euros par jour de retard les installations implantées sur l’îlet « Oscar » estimées non conformes au respect de l’environnement par L’Etat, l’ONF, et la municipalité du François. Condamné en première instance à 12 mois de prison ferme Albert Mongin était ressorti libre du tribunal, aucun mandat de dépôt n’ayant été émis à son encontre.
Début août, l’ex-trader français de Goldman Sachs, Fabrice Tourre, a été jugé coupable pour avoir vendu des produits financiers qu’il savait «toxiques», en 2007, dans l’affaire Abacus. Les médias ont retenu le plus savoureux : les mails envoyés par le trader à sa petite amie, et notamment l’extrait dans lequel il se vante d’avoir vendu des produits complexes et sans valeur à «des veuves et des orphelins». Ce genre de propos n’attire pas la sympathie d’un jury populaire, et la SEC (l’autorité boursière américaine) a donc insisté sur ces éléments. Dans le scandale du Libor en 2012, la FSA, homologue britannique de la SEC, avait aussi utilisé ce type de messages. La presse mondiale avait adoré ce mail, envoyé suite à une manipulation de taux : «Mec, je t’en dois une belle ! Passe un soir après le boulot et j’ouvre une bouteille de Bollinger [une marque de champagne].» La condamnation de Tourre suscite pourtant un malaise. C’est la banque Goldman Sachs qui aurait «donné» son trader, en envoyant aux autorités les fameux mails, écrits en français, et leur traduction en anglais.
Le 27 août, Jean-Marc Ayrault a présenté le détail de la réforme gouvernementale des retraites. Réformette dans la stricte logique de notre régime par répartition : on a besoin de redistribuer plus d’argent ? On augmente les cotisations, avec les problèmes de compétitivité et le biais en défaveur des activités de main-d’œuvre que cela pose depuis 1945. Elle remédie marginalement aux injustices actuelles (femmes, étudiants, pénibilité…), en introduit de nouvelles au détriment des «parents tardifs» de 3 enfants. Pas de quoi hurler ni se réjouir. Plus inquiétante est la promesse d’une hausse future de la durée de cotisation. Et ce vieux sophisme («puisque l’espérance de vie augmente, il faut cotiser plus longtemps») nous préoccupe.
Kassav’ qui continue à enchanter un immense public disséminé dans le monde et qui aligne encore des performances, entre autres le renouvellement de son répertoire, les tournées dans les grandes villes de la planète et la création de revenus et d’emplois.
L’ancien président sud-africain Nelson Mandela, 95 ans, est sorti dimanche de la clinique de Pretoria où il était hospitalisé depuis près de trois mois, a annoncé la présidence dans un communiqué.
L’école française se porte mal. La prochaine rentrée des classes, avec ses troupes nombreuses d’enfants rejoignant leurs maîtres, donnera bien l’occasion de quelques clichés émouvants, mais elle ne pourra faire oublier le malaise qui mine cette institution : rythmes scolaires peu adaptés, crise des vocations professorales, faible efficacité de l’éducation dispensée aux élèves, inégalités de traitement entre ceux formés dans les établissements d’élite et les autres en sont quelques symptômes.
Les professeurs du secondaire ne vont pas bien, ce n’est pas un scoop. Mais l’étendue du malaise, mesuré vendredi par un sondage CSA commandé par le SNES, leur syndicat majoritaire, laisse pantois. À la question « Avez vous le sentiment ces dernières années que l’exercice de votre métier s’est amélioré ? » 4 % des enseignants répondent « oui, plutôt ». Quant à ceux qui trouveraient que cette situation s’est « beaucoup amélioré », ils sont purement et simplement introuvables : 0 %, donc ! On a beau savoir que l’école va mal, et que le malaise se concentre et s’exprime dans les collèges et les lycées, c’est tout de même une véritable claque ! Presque la moitié des enseignants estiment donc que leur métier s’est « plutôt dégradé » et un quart « beaucoup dégradé ». Sur le sujet, tout le monde a un avis : 1 % seulement des professeurs interrogés ne se prononcent pas.
L’épandage aérien est suspendu en Martinique, en tout cas, jusqu’à nouvel ordre. Le tribunal administratif de Fort-de-France en adoptant une position similaire à celle déjà prise par celui de Basse-Terre a répondu favorablement à la demande des écologistes, en décidant de suspendre l’épandage aérien, pourtant autorisé par le préfet de Martinique le 26 février. Les détails de la décision sont attendus demain.
Les pauvres sont-ils moins intelligents ? La question peut sembler provocante, mais de nombreux travaux de psychologie ont montré que les personnes vivant dans la pauvreté avaient une tendance malheureuse à s’engager dans des comportements risquant de renforcer leurs problèmes, comme ne pas participer aux campagnes de dépistage du cancer, oublier leurs rendez-vous médicaux ou, plus simplement, mal gérer leurs maigres finances et multiplier les crédits à la consommation.
On démarre avec Balzac, romancier d’un autre siècle, et on termine en compagnie de Jacques Rancière, philosophe défenseur d’une forme exigeante de la démocratie. Ce n’est pas si courant, avouons-le, quand il s’agit d’un ouvrage d’économie savant qui offre tous les gages de rigueur imposés par l’académie. C’est que son auteur, Thomas Piketty, ne conçoit pas d’étudier les inégalités économiques et leur évolution en se retirant du monde : la question interroge trop profondément le sens que nous prêtons à l’idée démocratique. Or, point de politique hors du champ des représentations. Aussi est-ce là qu’il porte le fer – et le coup fait mouche.
Le fils de Martin Luther King, Nancy Pelosi, la famille de Trayvon Martin et des dizaines de milliers d’Américains étaient réunis samedi à Washington pour le cinquantenaire du discours historique du pasteur assassiné.
Carte blanche. Pour le philosophe et écrivain Jean-Pierre Faye, soixante-dix ans après, il faut enfin admettre que ce sont trois grands esprits philosophiques – Heidegger, Jünger et Schmitt – qui ont fait le lit d’Hitler.
. Il serait difficile de nier l’échec global de l’actuel système de démocratie représentative qui prétend garantir la souveraineté populaire. La baisse chronique de la participation aux élections et l’aversion généralisée envers la politique et les politiciens, ne prennent pas leur source uniquement dans les promesses non tenues par les élus ou dans les nombreuses affaires de corruption. La raison profonde en est que les citoyens ont de plus en plus confirmation qu’ils sont exclus de tout pouvoir réel de décision. Les lois prises à la marge pour corriger les travers les plus visibles du système ont peu de chance d’inverser la tendance pour la simple raison qu’elles ne s’attaquent pas aux racines du mal. La loi sur la parité, par exemple, n’a pas fondamentalement changé le statut des femmes dans la société parce qu’elle ne participe pas d’une politique visant à mettre fin à l’oppression de celles-ci. Une loi sur le non cumul des mandats ne permettra pas davantage l’exercice d’une véritable démocratie, puisqu’elle ne vise pas à répondre à cette question que nous considérons essentielle : « Comment faire en sorte que les représentants élus soient de vrais relais de la souveraineté populaire et des acteurs efficaces d’une transformation positive de la société ? 

