— Par Hans Magnus Enzensberger (Poète, écrivain, traducteur et journaliste) —
Elle fut toujours bruyante. Aujourd’hui, on peut encore entendre, sur un certain nombre de marchés, la voix des camelots. Elle est agaçante, mais inoffensive. Lorsque la révolution industrielle lança le coup d’envoi de la consommation de masse, la réclame passa au régime industriel. Dans les milieux qui se prenaient pour l’élite, on tint longtemps pour vulgaire de se vanter soi-même, ou de vanter ses produits. Le fait que le secteur ait rebaptisé son activité « publicité » n’a pas amélioré sa réputation.
Des natures moins snobs participent aujourd’hui comme jadis à des jeux-concours, échangent des bons de réduction et comparent remises et promotions-bonnes affaires. Comment peut-on parler avec autant de bonhomie du terrorisme de la publicité ? N’est-on pas trop optimiste ? Et en quoi le tam-tam du camelot a-t-il absolument à voir avec la politique ?
Même si la clientèle ingénue ne veut rien en savoir, il est un fait : la politique s’est très vite emparée de la publicité − l’inverse étant tout aussi vrai. La publicité est devenue, au plus tard à partir des années 1920, une force politique.

L’association Orgapéyi a le plaisir de vous inviter à son marché hebdomadaire de produits exclusivement issus de l’agriculture organique ce
De violentes manifestations ont éclaté, mercredi 23 octobre, dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, capitale d’Haïti. Ces rassemblements confrontaient des forces de l’ordre à plusieurs groupes de jeunes, au lendemain de l’arrestation d’un jeune avocat de l’opposition.
Né au Cameroun, Achille Mbembe enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud et à Harvard aux États-Unis. De passage en France, où il a fait ses études, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Critique de la raison nègre (La découverte), il réagit à l’actualité des flux migratoires en Europe. Son essai lumineux décode en effet magistralement ces forces obscures qui, entre crise et repli, traversent aujourd’hui nos sociétés mouvantes.
Nous, cinéastes, artistes, hommes et femmes de culture d’Haïti et du monde, sommes particulièrement sensibles aux souffrances de nos frères et sœurs sous quelque latitude qu’ils se trouvent.
Les faits sont là et on ne peut que les constater. Selon les derniers sondages, 45% des électeurs de gauche sont pour la suppression du droit du sol. L’écrasante majorité soutient la politique de Valls. Ce qui restait au PS de protestation conte cette droitisation (Harlem Désir en tête) rentre dans les rangs. A Marseille, Patrick Mennucci traite Samia Ghali d’ « Arabe ». A droite, des dirigeants de l’UMP proposent de supprimer le droit du sol, principe fondamental de la république française. Hier sur LCP, un dirigeant de ce parti affirme en toute tranquillité qu’enseigner « nos ancêtres les gaulois » était la meilleure façon d’intégrer les indigènes. Cela ne choque plus grand monde. Il faut donc se rendre à l’évidence : s’il y a toujours existé en France une opinion xénophobe et raciste, celle-ci était tout de même contrôlée par quelques principes républicains. Aujourd’hui, les digues ont sauté. Le national populisme triomphe dans l’Hexagone. Tout est désormais possible.
C’était en 1986, et déjà Ulrich Beck parlait de paupérisation civilisationnelle en expliquant que la dynamique historique ne serait pas celle de la sécurisation pour tous, mais bien plutôt de la démocratisation du risque. Certes, les clivages entre précaires et ceux qui ne le sont pas sont toujours présents, mais l’émergence des risques systémiques, invisibles, radioactifs, cumulatifs, a brisé la ligne de partage. « Ce que nous a appris la contamination radioactive, c’est que c’en est fini de l’autre, fini de nos précieuses possibilités de distanciation. On peut exclure la misère, on ne peut plus exclure les dangers de l’ère nucléaire. C’est là leur nouvelle force culturelle et politique. Leur pouvoir est le pouvoir du danger qui abolit toutes les zones de protection et toutes les différenciations de l’âge moderne. » La société du risque mondialisée, c’est cela : le « big business » de notre insécurisation, réelle ou supposée. Il n’est pas impossible que l’enseignement du risque systémique nous fasse entrevoir les vieilles réalités sociales (comme la migration de la misère) comme désormais inextricables. « La France doit prendre sa part de la misère du monde, mais n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde », dit un ministre de l’Intérieur, citant un ancien premier ministre.
Le Séminaire Lacan. L’antiphilosophie 3, 1994-1995, d’Alain Badiou. Éditions Fayard, collection « Ouvertures », 288 pages, 18 euros. Considéré comme l’un des plus grands philosophes français, il s’est fait connaître du grand public avec De quoi Sarkozy est-il le nom ? Penseur du « multiple sans Un », platonicien ayant récemment réécrit la République (bientôt adaptée sur scène aux Amandiers), Alain Badiou est une figure intellectuelle et politique aux nombreuses faces, parmi lesquelles celle du séminariste. Depuis 1983 en effet, Alain Badiou anime un séminaire ouvert à tous, lors duquel il expose l’évolution de son parcours philosophique, parole vivante d’une pensée en formation, en semis. Cette année encore, à près de soixante-dix-sept ans, il parle chaque mois à l’École normale supérieure de « l’immanence des vérités » et s’en prend avec allant aux idéologies de la finitude et de la consommation, soutenant que les vérités sont bien de ce monde, qu’elles viennent trouer et renouveler. Comme un matérialiste qui croirait aux éclairs.
Dans un courrier adressé à la communauté universitaire, la présidente de l’Université des Antilles et de la Guyane,Corinne Mencé-Caster, annonce la disparition de plus de 90% des pièces comptables de l’établissement.
MANIFESTE POUR LA DÉCOLONISATION DE L’HUMANITÉ FEMELLE (TOME 1)
Notre ami Jean-Claude Courbain est mort dans la nuit du mardi 22 octobre au mercredi 23 d’une crise cardiaque.
Madame la ministre,
Ce titre assez vaste permet de parler du créole d’avant – celui d’aujourd’hui et bien sûr du créole à venir ! Que serait une langue sans la perception de ceux qui l’utilisent ? Nous sommes tous « créoles » mais comment vit-on cet état d’être ?
En proposant à la jeune Léonarda un « accueil à elle et à elle seule », le président de la République vient de demander à une enfant de 15 ans de choisir entre la France et sa famille. De choisir entre l’école de la République et ses parents. Cet affront aux valeurs républicaines se double aujourd’hui d’un insupportable manquement à la convention internationale des droit de l’enfant, dont la France est signataire.
Une jeune femme ayant fait l’achat d’une voiture neuve avait mis en vente celle qu’elle utilisait jusqu’alors. A quelques détails près la voiture usagée avait gardé une belle allure, c’est ainsi que nous en fîmes l’acquisition comme une bonne affaire. Quelques années après nous avons croisé par hasard l’ancienne propriétaire le temps d’un salut réciproque et elle trouva opportun de nous faire le reproche d’avoir réduit en lambeau ou presque l’automobile qu’elle m’avait vendue. Demeuré interdit un instant nous étions désolé de lui avoir causé un tel sentiment avant qu’elle ne continua son chemin. Cette personne n’ignore pas qu’elle n’est plus propriétaire de cette automobile et pourtant elle fait montre d’un intérêt voire même d’un dol personnel au regard de ce qu’elle perçoit de l’état apparent du véhicule. Un détail nous revint en mémoire, cette voiture lui avait été offerte par son père et c’est donc avec regret qu’elle avait concédé à la vente de ce véhicule-cadeau.
Le populiste n’est pas un démagogue ordinaire qui tente de séduire le plus grand nombre d’électeurs, mais il est possédé, presque au sens mystique, par la vérité incritiquable du peuple, par sa bouche s’exprime le bon sens populaire qu’aucun argument rationnel ne peut contredire. Le populisme est fondé sur l’émotion, et il ne fonctionne que lorsqu’une société connaît une rupture de récit collectif, autrement dit lorsqu’elle ne réussit plus à se raconter positivement. C’est une telle rupture de récit qui touche à mon sens les sociétés européennes, et pas seulement la France, depuis le début des années 2000. La plupart des sondages laissent apparaître ce sentiment de déclin mêlé au rejet de la mondialisation, autrement dit du monde tel qu’il est. Le populiste par son discours radicalement antisystème, sans programme clairement défini, ni de droite ni de gauche, capte, se nourrit et alimente cette angoisse collective. Mais la mondialisation est trop impersonnelle, il lui faut personnaliser la peur, désigner des cibles concrètes à sa portée.
Vous avez aimé le racisme biologisant ? Vous adorerez le culturalisme naturalisant. C’est une manière beaucoup plus subtile d’exclure celles et ceux dont les façons d’être, de s’habiller, de parler et d’agir nous déplaisent. Jadis, des savants ont voulu attribuer à l’hérédité et à la physionomie (la forme du crâne, la couleur de la peau…) le fait d’avoir des instincts criminels, une tendance à la paresse ou le goût du lucre. Aujourd’hui, tout le monde, ou presque, a compris que ça ne tenait pas la route scientifiquement, et surtout, que ça pouvait vous faire mal voir, dans une démocratie digne de ce nom. D’où l’idée, née à l’extrême droite et qui a ensuite essaimé jusqu’au cœur de la gauche, de changer de référentiel : aux sciences sociales de prendre le relais des sciences de la nature, et à Mère Culture, plutôt qu’à Dame Nature, d’expliquer les comportements déviants et «antisociaux» des indésirables. Il faut reconnaître que c’est plus finaud, moins immédiatement suspect, mais tout aussi efficace pour exclure l’Autre : «Bien entendu que ce n’est pas dans les gènes des Arabes ou des Noirs subsahariens d’être violents !
L’Association Martiniquaise pour la Promotion de l’âge d’or(AMDOR 2000) a organisé les 3 et 4 octobre 2013 ses 23èmes Rencontres gérontologiques sur le thème particulièrement judicieux « Personnes âgées et Nouvelles pauvretés-Nouveaux défis ». Michel Branchi, économiste et ex-Commissaire de la Concurrence et de la Consommation, a fait une communication ayant pour objet : « Eléments sur le pouvoir d’achat des retraités des DOM-Le cas de la Martinique ». Nous en publions ci-après un résumé.
Les cages ne sont pas bien grandes, le béton verdi par l’humidité. A l’intérieur, une hyène et une personne enchaînée atteinte de troubles psychiatriques. Nous sommes en Somalie, l’un des pays le plus touché par le handicap mental. Dans cette patrie ravagée par des décennies de guerre, l’absence de système de santé empêche toute prise en charge pour les personnes touchées par de tels handicaps. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé estimait qu’un Somalien sur trois souffrait d’une forme de maladie mentale, généralement liée au traumatisme de la guerre. Les situations personnelles sont en outre souvent aggravées par la consommation de drogues, notamment le qat, cet arbuste dont les feuilles, mâchées, délivrent une substance hallucinogène proche de l’amphétamine.
Mme Dibrani et ses 6 enfants ont été expulsés mercredi 9 octobre au matin vers le Kosovo. Ils habitaient un appartement à Levier (Doubs) qu’ils occupaient dans le cadre de la prise en charge des demandeurs d’asile du DLHD.
Travail forcé, enfants vendus, jeunes femmes mariées de force, servitude pour dette, enfants soldats… L’esclavage existe encore. Dans sa version dite «moderne», il concerne près 30 millions de personnes dans le monde, selon une enquête d’une nouvelle ONG basée en Australie, Walk Free. Cet esclavage aux formes multiples est mal connu, pas toujours facile à identifier et encore moins à mesurer. Il demeure loin des regards, derrière les murs des maisons, des communautés, des usines. C’est un crime caché. Mais toutes ses victimes, souligne l’ONG, ont en commun d’être «utilisées et dominées par quelqu’un d’autre pour en tirer profit, exploitation sexuelle ou simple jouissance de domination».
Monsieur le Ministre Manuel Valls,
Avec 38 morts, la Guadeloupe détient le taux le plus important d’homicides en France volant ainsi le titre à la Corse et Marseille. Un bien triste record qui a ses particularités locales tant dans les origines que dans la forme