Catégorie : Sciences Sociales

Outre-mer : un plan d’un milliard pour aider les collectivités et entreprises

Le ministère des Outre-mer et l’Agence française de développement (AFD) ont signé lundi un plan doté d’un milliard d’euros pour accompagner les collectivités locales et les entreprises ultramarines dans la crise sanitaire et économique liée au coronavirus.

Ce plan, baptisé «Outre-mer en commun», se veut «une réponse à la crise sanitaire mais aussi à son impact économique», dans le cadre de la «trajectoire outre-mer 5.0 »(déclinaison des objectifs de développement durable pour les territoires ultramarins, ndlr), lancée depuis avril 2019, explique un communiqué commun. Ce plan se décline notamment en trois points : une réponse sanitaire, une réponse économique et une réponse environnementale.

Relance des investissements

En matière sanitaire, l’AFD va renforcer «son appui aux réseaux régionaux de surveillance épidémiologique» et va «contribuer au plan de réforme et de relance des investissements» pour les hôpitaux d’Outre-mer, précise le communiqué, sans donner de chiffres.

Pour «soutenir le tissu économique», l’AFD va examiner «avec bienveillance les demandes de report d’échéances de 6 mois de ses prêts aux collectivités locales et aux entreprises», accélérer «ses décaissements» (à hauteur de 250 millions d’euros), «les instructions de prêts budgétaires annuels des grandes collectivités» (250 millions), et mettre en place des «prêts d’urgence d’aide à l’investissement sur 20 ans pour les collectivités ultramarines».

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La statue foyalaise de Schoelcher : une œuvre d’anciens esclaves.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Voilà qu’enfin apparaissent sur les blogs les justes interventions d’intellectuels, d’historiens ou de professionnels de l’histoire qu’on entendait peu et qui donnent un ton nouveau et semblent vouloir faire passer au second plan le discours traditionnel qui a conduit à la haine et l’intolérance. Hélas, il a fallu pour cela en arriver à ces extrémités qui sont le résultat d’un discours et d’une politique qui ont malheureusement réussi.

Certes, il est juste de reconnaître qu’avant les années soixante l’école s’était très peu préoccupée d’apprendre leur histoire aux jeunes Martiniquais. L’unique livre de lecture de la nation véhiculait la même parole dans toutes les colonies. Il n’est pas moins vrai que, portés par les idées de décolonisation, la Martinique s’est largement rattrapée. De sorte qu’aujourd’hui il n’y a sans doute aucun peuple caribéen qui ait un meilleur niveau de connaissance de son histoire que le nôtre. D’autant plus que le souci quotidien de ces populations quant au gîte et au couvert leur laisse peu du temps pour les considérations mémorielles.

Ainsi donc, au terrain en jachère de l’histoire s’est substitué un récit national martiniquais de stricte confrontation avec le roman français.

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Statues de Schœlcher : n’y aurait-il aucune oreille ?

— Par  Anique Sylvestre, écrivaine —
N’y aurait-il aucune oreille pour entendre la voix de ces jeunes révoltés qui ont osé expulser de son trône Victor Schœlcher ?
N’y aurait-il aucune oreille pour écouter les raisons d’une telle colère ?
N’y aurait-il personne pour voir les visages de ces deux jeunes femmes qui bravent l’interdit et qui se montrent au grand jour pour clamer la raison, sinon les raisons de leur acte ?
En d’autres temps, on en avait voulu à Joséphine qui finalement est restée étêtée. Et c’est pas plus mal ! À part qu’une explication en bonne et due forme de l’acte aurait pu servir à dire publiquement l’histoire.
Plusieurs tentatives avaient été faites préalablement sur la personne de Schœlcher, personnage de notre histoire encore très controversée, d’autant que des plus éminents de nos littérateurs, politiques et démocrates l’avaient, en leur temps, eux aussi, encensé.
Aujourd’hui, historiens, syndicalistes, politiques ou citoyens ordinaires s’horrifient de cet acte. Et moi, la première, me suis souvenue des Talibans pour ne citer qu’eux, en voyant ces images défiler sur les réseaux sociaux puis à la télévision.

La montagne n’est plus du même vert

Schœlcher ? La montagne n’est plus de ce même vert que l’on chantait au temps de l’antan.

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« Engageons-nous tous pour la #ScèneFrançaise »

L’appel de 142 artistes et acteurs du monde culturel

« Nous vivons une crise sanitaire sans précédent, qui a des impacts économiques dramatiques et immédiats pour notre pays. La culture est durement frappée, et la situation est catastrophique pour le secteur de la musique, avec plusieurs mois d’arrêt complet des activités au moment de l’année où s’ouvre la saison des festivals. À la différence d’autres secteurs d’activité, les professionnels de la musique ne sont pas concernés dans l’immédiat par le déconfinement progressif.

Pour toute la scène artistique française, autrices/auteurs, compositrices/compositeurs, artistes, DJ, techniciennes/techniciens, et leurs partenaires éditrices/éditeurs et productrices/producteurs, cette situation implique une double peine économique : avec la disparition de l’important canal de diffusion de leurs œuvres que sont les concerts, ils subissent une perte de revenus instantanée. Pour les artistes, les créateurs et les éditeurs rémunérés grâce aux droits d’auteur, cette perte de revenus s’inscrit dans la durée. Le coup d’arrêt porté aujourd’hui à la diffusion de leurs œuvres générera un effondrement de leurs revenus, en droits d’auteur, dans les douze à dix-huit mois à venir.

Parce que l’ensemble de nos créateurs et de nos musiciens sont fragilisés, c’est notre diversité culturelle qui se trouve menacée

Parce que l’ensemble de nos créateurs et de nos musiciens sont fragilisés, c’est notre diversité culturelle qui se trouve menacée.

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Sourire avec les yeux

Quelle gageure en effet !

— Par Marie-Andrée Ciprut, psychologue-écrivaine —

Assise dans un tram, j’aperçus une amie qui attendait le sien de l’autre côté de la rue, un masque sur le visage. « Mais c’est Unetelle ! » me suis-je dit en m’apprêtant à lui faire un signe amical. J’ai brusquement arrêté mon geste, en proie à un terrible doute :

La taille et la carrure, c’était elle,

Le style d’habillement, c’était elle,

Les couleurs pastel, c’était elle,

La coiffure, c’était peut-être elle,

Mais, derrière son masque, était-ce vraiment elle ?…

J’ai dû alors affronter cette brutale réalité : le coronavirus allait désormais s’immiscer dans nos vies pour les influencer, les contrôler, les diriger, les changer…

Quelle histoire, ces masques !

Dès les premiers signes de tarissement, les pharmacies sont prises d’assaut même avant le confinement : commande, coût, 10 CHF pièce. Pareil pour le gel hydroalcoolique, qui atteint également le prix exorbitant de 10 CHF le flacon de 100ml. Qu’à cela ne tienne, tout le monde en achète !…

A vrai dire, les pays européens se trouvant devant une pénurie de masques, en ont déconseillé l’usage, tout en faisant secrètement des commandes massives en Chine, ce qui alimenta un marché très lucratif, une économie parallèle florissante, un commerce officiel ou non, provoqua des vols de cargaisons dans les aéroports, des détours de destinations, des mensonges d’états.

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La révolte des esclaves à Ouidah le 14 mars 1724

— Jean-Pierre Bat —

Africa4 propose une série sur l’histoire de l’esclavage sur la côte du golfe de Guinée… du point de vue des hommes et femmes réduits en esclavage.
# Épisode 1 : la révolte des esclaves à Ouidah le 14 mars 1724.

Cette série est le résultat d’une campagne de recherche inédite dans les archives de la Compagnie des Indes par les étudiant.e.s du Master d’histoire transnationale de l’Ecole normale supérieure et de l’Ecole des chartes (PSL Université).

Questions à… Justine Soistier, étudiante en Master d’histoire transnationale (PSL Université).

Quelle géographie du navire esclavagiste Le Dauphin peut-on établir ?

Nous sommes à bord du Dauphin, un navire français parti de Lorient le 23 août 1723, il transporte à son bord 371 esclaves.

Le navire négrier présente quatre points cardinaux : le pont, l’entrepont, l’avant et l’arrière du navire. Ce sont des points repères pour les marins, qui les dénomment comme tels, ainsi que pour les esclaves qui possèdent leur propre perception de l’espace.

Le pont, tout d’abord, est l’endroit où se trouve l’équipage. A bord du Dauphin, il est composé de quatre-vingts personnes.

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Mauvais geste, saine révolte

Déclaration de Louis Maugée après le saccage des statues de Victor Schœlcher

Le 22 mai dernier, de jeunes activistes nationalistes ont renversé la statue de Victor Schœlcher dans la commune de Schœlcher et à Fort de France en Martinique.

Victor Schœlcher est l’abolitionniste de l’esclavage le plus connu. En France et dans les outremers francophones.

Le 22 mai est la journée de commémoration de l’insurrection anti esclavagiste du 22 mai 1848 en Martinique. Elle avait contraint le gouverneur de l’île à décréter l’abolition de l’esclavage avant l’arrivée du décret gouvernemental. En effet le gouvernement issu de la révolution de 1848 en France avec notamment Victor Schœlcher avait décrété l’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848.

Certes, on peut trouver chez Schœlcher des déclarations et propos contestables, condamnables, mais néanmoins secondaires eu égard à son combat pour l’abolition.

Et cela n’en faisait pas de toute façon un ennemi des esclaves. Il fut au contraire un défenseur de leur liberté à partir d’un certain moment de sa vie. Et il s’est battu pendant de longues années pour l’abolition de l’esclavage. Il fut un démocrate révolutionnaire, anti royaliste, républicain de 1848.

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Une intéressante contribution au débat

Tribune de Myriam Cottias, France Antilles du 24 mai, Pages Débats.

Myriam Cottias  :  Directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages (CIRESC). Historienne, Directrice de recherche au CNRS, Coordinatrice du programme de l’Agence Nationale de la Recherche « Réparations, compensations et indemnités au titre de l’esclavage (Europe-Amériques-Afrique) (XIXe-XXIe) », ancienne présidente du CNMHE (Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage, remplacé en 2019 par la Fondation pour la mémoire de l’esclavage).

TRIBUNE : Lors du 22 mai — jour de commémoration du soulèvement des esclavisé.e.s qui a abouti à la proclamation anticipée de l’abolition de l’esclavage en 1848 en Martinique — deux statues de Victor Schœlcher ont été brisées, jetées à terre, rappelant le déboulonnage des statues des généraux confédérés aux États-Unis. Ses assaillants ont alors donné des coups de pied et ont craché, semble-t-il, sur ce symbole honni transposant en Martinique des actions politiques qui se sont déroulées, entre autres, à la Nouvelle-Orléans, à Baltimore ou à Nashville contre les statues des généraux Lee et Nathan Bedford Forrest, fondateur du Ku Klux Klan. Elles avaient été érigées pendant la ségrégation raciale ou en réaction au mouvement des droits civiques dans les années 60.

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Schoelcher : détruire une statue est-il toujours illégitime ?

— Par Catherine Bertho Lavenir —

Catherine Bertho Lavenir, ancienne rectrice de l’académie de Martinique, est inspectrice générale de l’Éducation nationale, professeure des Universités, ED Arts et médias, Sorbonne-Nouvelle. Après la destruction de deux statues de Victor Schoelcher en Martinique ce 22 mai, elle  s’interroge sur le sens que peut avoir, en 2020, l’iconoclasme.

En ce 22 mai 2020, jour de commémorations de l’abolition de l’esclavage en Martinique, un groupe d’activistes s’attaque à deux statues de Victor Schoelcher et les détruit d’une manière qui n’autorisera aucune restauration. Une vidéo est immédiatement postée sur le net, suivie d’autres où de jeunes militantes expliquent la signification de l’acte. Deux temporalités s’affrontent : le discours « lent » des statues qui, décennie après décennie, portent dans l’espace public un même discours et l’articulation évènement-image-débat-diffusion immédiate, B.A.BA de l’activiste contemporain.

Dans une atmosphère d’épidémie où l’expression politique est raréfiée, les activistes occupent l’espace public puis médiatique. Leurs revendications associent l’indemnisation des victimes du chlordécone avec l’exigence de réparations pour les descendants d’esclaves. Reporté une première fois, leur procès pour une action antérieure – le blocage de supermarchés – doit se tenir dans quelques semaines.

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En France, un enfant disparaît toutes les 10 minutes

Fugues, enlèvements parentaux, disparitions inquiétantes : la Journée internationale des enfants disparus met en lumière des chiffres vertigineux.

Le temps de lire cet article, un enfant aura disparu en France. Parce qu’il sera parti en fugue, parce qu’un de ses parents aura décidé de le soustraire à l’autre sur fond de séparation, ou, plus inquiétant encore, parce que cette disparition n’aura pas de motivation connue.

La comptabilité des services de police et de gendarmerie fait froid dans le dos : plus de 51 000 disparitions en 2019. Certes, la grande majorité de ces enfants et adolescents sont retrouvés ou reviennent sains et saufs. Mais des milliers restent introuvables, laissant autant de familles dans le désarroi total. Comme chaque 25 mai, la Journée internationale des enfants disparus est là pour sensibiliser le plus grand nombre et médiatiser le plus possible le 116 000, ce numéro gratuit et européen réservé aux familles et proches d’enfants disparus. Même si cette année, Covid-19 oblige, il n’y aura pas de rassemblement à Paris.

«Un mineur qui disparaît est toujours en danger»

L’an dernier, les équipes du 116 000 ont géré quelque 1 200 dossiers.

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Décès de l’écrivain et sociologue Albert Memmi, humaniste et penseur de la judéité

L’écrivain et sociologue Albert Memmi, grand auteur français d’origine juive tunisienne, connu notamment pour ses romans humanistes dont « La statue de sel » et ses ouvrages sur la « judéité », la colonisation ou le racisme, est décédé le 22 mai à Paris, à l’âge de 99 ans, a-t-on appris dimanche.

« Il est mort extrêmement sereinement, dans la nuit de jeudi à vendredi », a déclaré à l’AFP Guy Dugas, professeur émerite à l’université de Montpellier-3, qui collaborait avec cet « écrivain de la déchirure » depuis plusieurs décennies et avait publié plusieurs ouvrages sur sa vie et son oeuvre, dont des fragments de son journal intime.

Il était né en 1920 dans la Tunisie coloniale et une famille juive arabophone très modeste.

Son talent avait été reconnu très tôt par Albert Camus et Jean-Paul Sartre qui avaient préfacé ses premiers ouvrages, notamment son roman « La Statue de sel » (1953) où il s’émerveillait et souffrait à la fois d’avoir plusieurs identités, à l’image de son personnage principal, Alexandre Mordekhaï Benillouche.

Ecrivain et chercheur reconnu, Albert Memmi n’avait jamais cessé de chercher à bâtir des ponts entre l’Orient et l’Occident, l’Europe et le Maghreb, et il aura contribué par ses écrits à développer la pensée humaniste, notamment par ses essais autour de la « judéité » — un concept qu’il avait forgé dans les années 1970 –, du colonialisme (notamment avec son « Portrait du colonisateur », 1957) et du racisme.

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Le portrait du colonisé d’Albert Memmi

Après avoir publié le « Portrait du colonisateur de bonne volonté » dans Les Temps modernes en avril 1957, Albert Memmi faisait paraître le « Le portrait du colonisé » dans Esprit, en mai 1957. Les deux textes devaient être réunis et développés dans « Portrait du colonisé – Portrait du colonisateur » [1]. Nous reproduisons ci-dessous Le Portrait du colonisé tel qu’il est proposé sur le site de la revue Esprit à l’occasion de la parution de son numéro de décembre 2006 intitulé « Pour comprendre la pensée postcoloniale » [2].

Le mythe

Tout comme la bourgeoisie propose une image du prolétaire, l’existence du colonisateur appelle et impose une image du colonisé. Alibis sans lesquels la conduite du colonisateur et celle du bourgeois, leurs existences mêmes, sembleraient scandaleuses. Mais nous éventons la mystification, précisément parce qu’elle les arrange trop bien.

Lorsque le colonisateur affirme, dans son langage, que le colonisé est un débile, il suggère par là que cette déficience appelle la protection. D’où, sans rire – je l’ai entendu souvent – la notion de protectorat. Il est dans l’intérêt du colonisé qu’il soit exclu des fonctions de direction ; et que ces lourdes responsabilités soient réservées au colonisateur.

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Le débat ce n’est pas ça !

— Par Fola Gadet, écrivain et universitaire —

Quand ça se passe en Afrique du Sud, vous comprenez, vous applaudissez. Quand ça se passe aux États-Unis, vous comprenez, vous applaudissez, vous écrivez. Quand ça se passe chez nous, ça vous semble vide de sens, vous récriminez. L’indignation de ces jeunes activistes doit être entendue. Pour ma part, je préfère dix jeunes debout derrière leurs idées que 100 fatalistes, conformistes et individualistes. Ils ne sont pas les premiers à faire ça et ils ne seront pas les derniers si nous ne saisissons pas ce moment pour avoir une conversation autour de notre mémoire, de notre histoire. Ces jeunes ne sont pas bêtes et sans raisonnement intellectuel. Ils ne sont pas non plus les marionnettes d’un groupe politique. Arrêtons de les insulter et de les ridiculiser à partir du confort de nos petites vies. Vous avez eu leur âge ? Vous savez que ce sont des années où on veut changer le monde et nous avons besoin de cette énergie. Nous sommes le fruit de gens qui avaient cette énergie à un moment donné.

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Une drôle de salade de fruits !

L’autre événement du 22 mai, à Fort-de-France

— par Janine Bailly —

Depuis le déconfinement, et le retour à une vie presque normale, les affiches et publicités qui évoquent la nécessité de se tenir à un mètre minimum de quiconque se multiplient. Et si elle prétendent nous aider à tenir la maladie en respect, elles se voient pourtant reçues avec plus ou moins de bonheur.

Ainsi, ce vendredi 22 mai, la préfecture de Martinique avait publié sur les réseaux sociaux un message appelant ses habitants à respecter cette distance entre chacun. Un visuel légendé « 1 m ou 5 ananas », sur lequel la séparation était donc symbolisée par… cinq ananas  posés entre deux personnages, l’un noir et l’autre blanc, bien pourvus de masques.  Un dessin censé illustrer l’importance de cette distanciation physique, nécessaire pendant l’épidémie de coronavirus. Une affiche qui a paru enjoindre les Martiniquais à compter non en mètres, mais en ananas… Une utilisation du fruit exotique qui n’a pas été du goût de tous !

Suivre l’exemple ? En effet, le 10 avril dernier, la municipalité de Rapa Nui, sur l’île de Pâques, avait  la première utilisé cette comparaison pour rappeler l’importance de ce geste-barrière à appliquer contre le coronavirus.

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A bas Schoelcher ! Alors faut-t-il sortir du cocon de l’état-providence français ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Au delà des condamnations de principe de la destruction des statues de Victor Schoelcher, les responsables politiques et économiques de la Martinique ne se rendent pas compte qu’il s’agit là en fait d’un acte réitéré de défiance envers la communauté dite des békés et de la présence française en Martinique.

Nous sommes en présence d’une intentionnalité à part entière et non pas d’un simple épiphénomène .
En effet, tout cela laisse à penser qu’il existe actuellement en Martinique un terreau propice à la radicalisation des esprits. Cette forme de radicalité de certains activistes Martiniquais découle d’une réappropriation des concepts de lutte des classes et d’inégalités sociales par une génération que le confort et la consommation à outrance avaient dépolitisée.

La coup d’éclat actuel des activistes pan-africanistes nourrit aussi des dénonciations fortes, et dessine des aspirations plus manifestes encore qu’en 2009 , en précipitant des dynamiques enclenchées antérieurement par certains hommes politiques et intellectuels Martiniquais.

Pour beaucoup, la radicalité de l’action de destruction des statues de schoelcher révèle les défaillances de notre modèle départemental, une scandaleuse inversion des priorités de nature idéologique et historique , et une course insensée d’un système à la fois assimilationniste et nationaliste que nul ne maîtrise.

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Les femmes, la peine maximum

Le 16 mars, face à la pandémie et à sa propre impréparation, le pouvoir décrète le confinement, la vie s’arrête. En Martinique, brutalement, de nombreuses personnes se retrouvent dans une situation sans issue. Et, bien entendu, les femmes sont les plus touchées et les plus démunies. Plus de travail, plus de job : les aides-ménagères, les vendeuses de repas de tout genre (sandwiches à la morue, etc.) se retrouvent sans aucun revenu. Avec leurs enfants, elles regardent le placard et le réfrigérateur se vider à grande vitesse, sans aucune possibilité de les remplir. La situation est d’autant plus angoissante qu’elles assurent depuis de nombreuses semaines les trois repas – alors que celui du midi est pris en charge, souvent gratuitement, par les municipalités en période scolaire normale… Mais là, des enfants qui, comme les autres, ont faim matin, midi et soir. Et dont la seule activité, comme pour tous les autres, est de manger ou de vouloir manger matin, midi et soir ! Au bout de trois jours, les paniers donnés pour une semaine par les réseaux bénévoles de solidarité sont déjà bien entamés.

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Points de vue sur un évènement marquant de ce 22 mai 2020

France Antilles du 22 mai 2020 :  l’événement à Fort-de-France

« En ce jour de commémoration du 22 Mai, un groupe d’activistes a fait tomber deux statues de leur socle avant de les endommager à coups de masse. Les militants sont passés à la vitesse supérieure cette année, contestant l’action de Victor Schœlcher et lui reprochant notamment le décret suivant l’abolition de l’esclavage, ayant permis l’indemnisation des propriétaires d’esclaves. »

Sur People Bò Kay : un acte assumé, un témoignage

Deux militantes martiniquaises ont revendiqué samedi, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, avoir participé à la destruction des deux statues de Victor Schoelcher le 22 mai, jour du 172ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique.

« Ceci est un message à la gendarmerie de la Martinique, la police, les forces armées, les juges, les magistrats. Nous assumons pleinement notre acte parce que nous en avons assez, nous jeunes Martiniquais d’être entourés de symboles qui nous insultent », déclare Jay Assani, activiste martiniquaise très connue sur les réseaux.

« Et nous avons pris la décision, nous ne sommes pas les premiers à s’en prendre à ces symboles.

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Distanciation : le préfet de Martinique retire une affiche jugée raciste

Plusieurs personnes se sont indignées de cette affiche publiée vendredi, qui représente deux hommes, un Blanc et un Noir, séparés par des ananas.

La préfecture de Martinique a fait machine arrière samedi 23 mai, après avoir publié sur les réseaux sociaux la veille une affiche pour illustrer la distanciation physique à respecter pour limiter la propagation du Covid-19, la distance en question ayant été transcrite en ananas. Deux personnages sont représentés : un Noir et un Blanc. Ce visuel a fait polémique sur les réseaux sociaux, avec un tweet remarqué du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a qualifié la démarche des services de l’État dans le département d’outre-mer de « honte ».

Lire aussi Déconfinement et gestes barrières : ce qu’il faut savoir

Excuses de la préfecture

Face à ça, les services du nouveau préfet Stanislas Cazelles, ex-conseiller à l’Élysée pour l’outre-mer nommé en février, ont retiré l’illustration. « Nous présentons nos excuses si elle a pu heurter certains d’entre vous. L’unique objectif était de montrer l’importance de la distanciation face à l’épidémie », a écrit le service communication du préfet sur son compte Twitter.

« Message honteux du préfet de la Martinique.

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Sciences Sociales : les nouveautés du 24 mai 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Casser les statues de Schoelcher est une démarche qui méconnait une part de l’histoire de la fin de l’esclavage!

— Par Gilbert Pago —

Ma lettre traduit une volonté de dialogue ( serait-elle impossible ?) avec les jeunes activistes. Accepteront elles et ils cette invite ?

Des statues de Victor Schoelcher tant au centre Camille Darsières ( ex tribunal de Fort de France) que celle de l’entrée du bourg de Schoelcher ( à Case Navire), ont été abattues ce vendredi 22 mai.

Le coup d’éclat se définit grandement comme militant, il reste très malheureusement erroné et perturbe encore plus notre compréhension de notre histoire.

Les militants et militantes des années 1960 et 1970 (avec lesquels je suis fier d’avoir très fortement agi) rejetaient le rôle d’une France qui aurait octroyé l’émancipation, par l’action bienfaitrice de ses seuls abolitionnistes dont Schoelcher. Cette génération exigeait de ne pas minorer le rôle de la lutte des esclaves pour l’arrachement de leur émancipation. Elle faisait ressortir que l’ignorance et la méconnaissance des 22 et 23 mai, ne devaient pas perdurer.

Le 22 mai, jour de 5 événements marquants à Saint Pierre et au Prêcheur, devenait à juste raison la date-phare qu’elles et ils érigeaient comme date de commémoration et de célébration, avant même celle du 23 mai, date réelle et officielle de l’abolition de l’esclavage.

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S’appuyer sur une mémoire partagée pour bâtir une vision ambitieuse de l’avenir

— Par Olivier-Ernest Jean-Marie —

Deux statues de Victor Schoelcher ont été détruites aujourd’hui (22 mai 2020) devant l’Espace Camille Darsières à Fort-de-France et à l’entrée du bourg de Schoelcher en Martinique.

Je constate que Nous (communauté martiniquaise) ne partageons pas (plus?) la même mémoire. Il existe des divergences sur les références historiques que nous devons retenir pour asseoir notre communauté dans le Monde et nous situer dans le temps.

En préambule, je précise que mon intervention n’a pas pour objectif de justifier ou de condamner ces destructions.

Au-delà du jugement moral que nous pouvons porter sur les motivations et les méthodes des auteurs de ces actes, il me semble important, si nous voulons créer ou consolider notre communauté martiniquaise, que nous entamions un devoir de mémoire profond, sincère, participatif et courageux.

Les statues de Schoelcher, de Joséphine et de D’Esnambuc sont régulièrement dégradées… puis furtivement restaurées (à l’exception de celle de Joséphine…), les plaques des rues Gallieni et Blénac sont régulièrement enlevées…puis remplacées discrètement.

Il y a là le signe d’un désaccord profond qui mine la construction d’une communauté martiniquaise sereine et ambitieuse.

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Du 22 Mai à aujourd’hui,les femmes toujours présentes et actrices dans les luttes !

Le 22 mai 1848, Il y a 172 ans, femmes et hommes réduit·es en esclavage se libéraient de leurs chaines par une insurrection victorieuse.

Les femmes ont participé activement à cette page de notre histoire … Pendant ces 2 longs siècles, elles ont inventé plusieurs formes de résistance. Cela pouvait aller du refus de travail au suicide, en passant par l’avortement, le marro-nage… Elles étaient souvent à la tête de ces sociétés clandestines appelées «sociétés d’esclaves», c’est-à-dire ces «associations serviles» qui étaient non seulement des lieux où ces Africains réduits en esclavage pouvaient pratiquer leurs cultes, mais aussi des lieux d’entraide et d’organisation de la résistance.
Elles ont été de tous les combats menés contre le système esclavagiste agitations sur tous les lieux (habitations, sortie des messes, arrivée des bateaux, diffusions des pétitions pour l’abolition… , Elles sont dans la foule qui du Prêcheur accompagne l’esclave Romain à la prison de Saint-Pierre le 22mai.Nombre d’entre elles sont blessées et tuées lors de la fusillade qui déclenche l’insurrection.

Comme partout et toujours, l’Histoire se déroule avec elles comme Actrices.
Les femmes insurgées de Saint-Pierre et du Précheur démentent par leur engagement dans les affrontements, les stéréotypes féminins bourgeois de faiblesse, de manque de courage physique.

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Sur l’abolition de l’esclavage : fausses querelles et vrais problèmes

— Par Édouard de Lépine —

Au moment où s’annonce bruyamment la préparation des fêtes du 22 mai, il nous a semblé qu’on ne pouvait laisser passer sous silence, la date du 27 avril, date de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Pour éclairer le débat, un extrait de l’ouvrage d’Édouard de Lépine, Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique, Maisonneuve Larose – Servédit, Paris 1999

…Faut-il opposer le 22 mai au 27 avril comme on tend à le faire depuis une trentaine d’années, après avoir, il est vrai, outrageusement privilégié le 27 avril par rapport au soulèvement du 22 mai qui a conduit à l’abolition anticipée de l’esclavage à la Martinique et à la Guadeloupe ? S’il est vrai que c’est la France qui a introduit l’esclavage dans ses colonies et qu’il n’y a pas lieu de se confondre en actions de grâce pour la remercier d’avoir aboli ce qu’elle avait établi, rien ne nous oblige à donner raison à ceux qui pensent qu’il « y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».

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Cultes, culture et culture physique

— Par Suzanne Dracius —

Moi, mon culte, c’est Manman Dlo, la divinité marine caribéenne, et mon lieu de culte, c’est la mer. Pour accéder à mon lieu de culte, l’océan, je dois passer par la plage, mais je ne fais que passer. Quant aux gendarmes qui, comme ils l’ont fait le 20 mars, m’enjoindraient de sortir de l’eau alors que je nage au large, je leur rétorquerai que mon corps de Martiniquaise est sur mon lieu de culte.
Ay chaché’y !

Ils ont esclavé le corps de mes ancêtres africains – oui, esclavé, comme dit Ronsard au XVIe siècle, au siècle où tout a commencé, sous nos tropiques — toutes les tristesses de nos tropiques –, ils n’esclaveront pas mon corps créole. C’est trop tard ! J’ai les armes pour ne pas laisser « esclaver ma liberté ». Fi de Malherbe, qui estimait qu’ « esclaver » est un « mauvais mot ». Une mauvaise réalité, oui ! Un crime contre l’humanité.

C’est insensé. Tout va rouvrir tous azimuts, sauf les plages de Martinique. Les gens vont pouvoir aller se contaminer en chœur dans les églises, les mosquées, les synagogues et les temples, tous les lieux de culte, mais baigner son corps dans la mer, l’une des choses les plus saines du monde, c’est interdit.

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Le permis sera désormais retenu en cas d’infraction commise avec le téléphone au volant

Au-delà des 72 heures de rétention, le préfet pourra prononcer une suspension de permis pouvant aller jusqu’à six mois et même un an.

Les automobilistes qui commettent une infraction routière avec leur téléphone à la main verront désormais leur permis de conduire immédiatement retenu et encourront une suspension pouvant aller jusqu’à un an, a annoncé la Sécurité routière.

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Les infractions concernées sont par exemple le défaut de clignotant, le franchissement d’une ligne continue, les excès de vitesse, les refus de priorité aux piétons ou les dépassements dangereux. Au-delà des 72 heures de rétention, le préfet pourra prononcer une suspension de permis pouvant aller jusqu’à six mois et même un an en cas d’accident, de conduite en état d’alcoolémie ou après usage de stupéfiant.

Selon la Sécurité routière, le téléphone au volant est responsable d’un accident corporel sur 10 et multiplie les risques d’accident par trois.

Fin de l’éthylotest obligatoire dans le véhicule

D’autres mesures, qui avaient été prises lors d’un conseil interministériel de la Sécurité routière en janvier 2018, entrent également en vigueur vendredi après publication la veille du décret d’application au Journal officiel.

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