— Par Wilfrid Magnier, psychanalyste.—
Dans son Enquête sur les modes d’existence (1), Bruno Latour établit le cahier des charges de la psychanalyse, c’est-à-dire l’ensemble des points à respecter pour qu’il y ait psychanalyse. À partir de là, le sociologue et philosophe procède à sa critique en montrant qu’elle contribue au « malaise dans la civilisation ». La psychanalyse ne sait pas traiter avec les êtres invisibles, les dieux par exemple, explique-t-il. Elle est tributaire des Lumières qui, en distinguant le sujet de l’objet, ont rejeté les questions religieuses du côté de la superstition. Le couperet tombe. La partie est jouée, le jugement émanant d’une « autorité » intellectuelle sensément qualifiée : exit la psychanalyse au rayon des antiquités de la pensée et les Lumières avec, le tout, en deux « clics ».
Le problème, c’est que, pour le dire abruptement, ce cahier des charges est faux.

—Dossier de presse —
Le Séminaire Lacan. L’antiphilosophie 3, 1994-1995, d’Alain Badiou. Éditions Fayard, collection « Ouvertures », 288 pages, 18 euros. Considéré comme l’un des plus grands philosophes français, il s’est fait connaître du grand public avec De quoi Sarkozy est-il le nom ? Penseur du « multiple sans Un », platonicien ayant récemment réécrit la République (bientôt adaptée sur scène aux Amandiers), Alain Badiou est une figure intellectuelle et politique aux nombreuses faces, parmi lesquelles celle du séminariste. Depuis 1983 en effet, Alain Badiou anime un séminaire ouvert à tous, lors duquel il expose l’évolution de son parcours philosophique, parole vivante d’une pensée en formation, en semis. Cette année encore, à près de soixante-dix-sept ans, il parle chaque mois à l’École normale supérieure de « l’immanence des vérités » et s’en prend avec allant aux idéologies de la finitude et de la consommation, soutenant que les vérités sont bien de ce monde, qu’elles viennent trouer et renouveler. Comme un matérialiste qui croirait aux éclairs.
Une jeune femme ayant fait l’achat d’une voiture neuve avait mis en vente celle qu’elle utilisait jusqu’alors. A quelques détails près la voiture usagée avait gardé une belle allure, c’est ainsi que nous en fîmes l’acquisition comme une bonne affaire. Quelques années après nous avons croisé par hasard l’ancienne propriétaire le temps d’un salut réciproque et elle trouva opportun de nous faire le reproche d’avoir réduit en lambeau ou presque l’automobile qu’elle m’avait vendue. Demeuré interdit un instant nous étions désolé de lui avoir causé un tel sentiment avant qu’elle ne continua son chemin. Cette personne n’ignore pas qu’elle n’est plus propriétaire de cette automobile et pourtant elle fait montre d’un intérêt voire même d’un dol personnel au regard de ce qu’elle perçoit de l’état apparent du véhicule. Un détail nous revint en mémoire, cette voiture lui avait été offerte par son père et c’est donc avec regret qu’elle avait concédé à la vente de ce véhicule-cadeau.
Les cages ne sont pas bien grandes, le béton verdi par l’humidité. A l’intérieur, une hyène et une personne enchaînée atteinte de troubles psychiatriques. Nous sommes en Somalie, l’un des pays le plus touché par le handicap mental. Dans cette patrie ravagée par des décennies de guerre, l’absence de système de santé empêche toute prise en charge pour les personnes touchées par de tels handicaps. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé estimait qu’un Somalien sur trois souffrait d’une forme de maladie mentale, généralement liée au traumatisme de la guerre. Les situations personnelles sont en outre souvent aggravées par la consommation de drogues, notamment le qat, cet arbuste dont les feuilles, mâchées, délivrent une substance hallucinogène proche de l’amphétamine.
«Du plus lointain que je me souvienne, j’ai toujours eu un côté Jeanne d’Arc, confie Carla, 50 ans. Je voulais sauver ma propre mère de son enfance malheureuse qui me choquait tant lorsqu’elle me la racontait, la réconforter d’avoir sacrifié sa vie pour mes sœurs et moi… J’étais comme totalement prise dans cette lignée de femmes “sur-responsables” de la santé et du bien-être des autres.»
Certaines situations humaines nous instruisent sur la complexité non apparente des notions de mémoire, de réparation, de souffrance et de deuil. L’histoire du massacre d’Oradour-sur-Glane pourrait servir de paradigme en la matière.
Le travail au G.A.R.E.F.P.(Membre de l’Inter – Associatif Européen de Psychanalyse) peut se faire sous différentes modalités.
L’écrivain et psychanalyste décrit la spirale infernale dans laquelle sont pris les hommes politiques.
—Par Victor Lina—
L’hommage à l’homme Aimé CESAIRE, le plus émouvant qu’il nous est arrivé d’entendre est venu d’une patiente qui apprenant, incidemment, le décès du poète, s’est mise à évoquer une tranche de son histoire. Elle est d’origine d’une île anglophone voisine et cela se passe il y a quelques dizaines d’année. Cette dame qui vivait chez son compagnon en Martinique venait de rompre avec ce dernier et se retrouvait à la rue enceinte et sans ressource. Dans son désarroi, elle errait aux environs du canal Trénelle et empruntant le passage des « quarante-quatre marches » finit par chuter. Auprès de qui ? Aux pieds de qui ?
Le mot « familicide » n’existe pas dans la langue française, mais la réalité, régulièrement, impose l’usage de ce néologisme. Samedi 29 juin, en Guadeloupe, six corps étaient retrouvés dans quatre lieux d’un domaine familial près de Pointe-à-Pitre. Ceux de deux enfants, un garçon de 10 ans et une fille de 12 ans, leur mère, deux de leurs oncles et un cousin, tués par arme à feu. Le père, David Ramassamy, auteur présumé de cette tuerie, a été retrouvé mort, dimanche, vraisemblablement après s’être suicidé.




Alors que se déroule ici la Semaine nationale de la santé mentale, la controverse s’envenime aux États-Unis autour de la publication prochaine de la cinquième mise à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) surnommée la «bible des psychiatres». Rédigé par l’Association américaine de psychiatrie (APA), le DSM-5 sera dévoilé en grandes pompes le 18 mai lors d’un congrès annuel de l’association. L’objectif de ce guide est d’établir un langage commun en matière de maladies mentales.
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Dans cette immense révolution des valeurs que représente le passage à nos sociétés individualisées, notre référent ultime n’est-il pas l’Individu tout-puissant, contenant en lui-même l’humanité entière, incarnation de l’autonomie absolue ? Ne nous étonnons donc pas de voir fleurir ces dernières années toutes ces personnalités de droite comme de gauche doper le règne de l’individualisme, le culte de l’ego, le sentiment d’impunité, la fascination pour la puissance et l’argent. Elles savent utiliser leur mandat pour le convertir en jubilé ininterrompu, en ivresse d’elles-mêmes, en carburant pour mieux désirer et être désirées. Elles sont loin d’être les plus nombreuses, mais leur pouvoir de séduction n’en finit pas de nous ensorceler. Il suffit, pour qu’elles s’épanouissent, qu’aucune autorité ne vienne les limiter et les border.

Deux fœtus congelés ont été retrouvés dimanche au domicile de leur mère, à Ambérieu. Placée en garde à vue, celle-ci avait déjà été condamnée en 2005 à quinze ans de prison, après avoir tué son nouveau-né. Ce soupçon de récidive étonne le Dr Gérard Lopez, psychiatre expert près la cour d’appel de Paris. Dans son dernier livre