— Par Jean-Marie Nol, économiste —
La montée probable de l’extrême droite en Guadeloupe soulève des interrogations profondes quant à ses causes et aux responsabilités qui en découlent. Alors que la situation budgétaire préoccupe depuis quelques temps avec un déficit en hausse, une dette élevée et une note AA de la France sur le point d’être dégradée par les agences de notations, les conséquences des prochaines orientations budgétaires et de la dégradation économiques pourraient avoir un impact majeur lors des prochaines élections européennes. Certains sonnent déjà l’alarme face à ces dérives populistes qui mettent en danger notre système économique et social et, plus largement, l’avenir de notre société.
En dépit des précautions oratoires du ministre de l’économie Bruno le Maire indiquant que les Français seraient relativement épargnés et que l’effort ne concernerait que les dépenses de l’État et des collectivités locales, cette nouvelle contraction annoncée du budget va toucher significativement les personnes les plus vulnérables qui n’ont pas d’autre choix que de vivre des maigres revenus de leur travail ou des transferts sociaux, mais aussi le fonctionnement de nos services publics garants de la cohésion sociale et du bien-vivre ensemble.

La nouvelle science de la neuro-psychogénéalogie explore les liens entre les expériences passées de nos ancêtres et leur impact sur notre actuelle santé mentale, émotionnelle et comportementale. Dans le contexte des Antilles, notamment en Guadeloupe et en Martinique, où l’histoire est marquée par des événements traumatisants tels que l’extermination des Indiens Caraïbes, l’abomination du système esclavagiste et la dépossession de la personnalité du colonisé du fait de la colonisation, plusieurs raisons peuvent pousser à rechercher un lien de nature économique et anthropologique avec cette discipline de la neuro-psychogénéalogie.
L’état désastreux des finances publiques, avec un déficit de 154 milliards d’euros représentant 5,5% du PIB en 2023 et une dette prévue de 3200 milliards d’euros à la fin de l’année selon la Cour des comptes, suscite de graves inquiétudes. Bien que la situation contemporaine ne soit pas une réplique exacte de la crise de la dette publique qui a déclenché la Révolution française en 1789, les parallèles sont frappants. L’incapacité de l’État royal à tenir les comptes publics a provoqué, en 1789, le plus grand cataclysme de l’histoire de France. Et ce passé est riche d’enseignements pour aujourd’hui. Depuis le XVIe siècle, l’État royal français vivait au-dessus de ses moyens, principalement pour financer ses campagnes militaires coûteuses dans l’ensemble de l’Europe et aussi contre les anglais,les espagnols , les hollandais dans ce qu’il est convenu d’appeler abusivement le nouveau monde. Cette pratique a conduit à l’émission d’obligations, connues sous le nom de «rentes», et à l’émergence des «rentiers» prêtant de l’argent à la monarchie. Cependant, à la fin du règne de Louis XIV, la dette publique a commencé à s’envoler, créant des tensions croissantes dans tout le royaume notamment au sein de la petite noblesse de robe et de la bourgeoisie .
La crise de la dette concomitante à celle de l’identité française peut être annonciatrice de grands bouleversements politiques dans la société française pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’identité nationale est un élément fondamental de la cohésion sociale, et lorsque celle-ci est remise en question, cela peut engendrer des tensions et des divisions au sein de la société. De plus, les questions liées à l’identité, telles que l’immigration, la diversité culturelle et religieuse, ou encore les tensions socio-économiques, sont souvent au cœur des débats politiques et sociaux en France, et leur résolution peut avoir un impact significatif sur l’avenir du pays. Enfin, les changements budgétaires et financiers, démographiques, les évolutions économiques et les défis liés à la démondialisation contribuent également à façonner l’identité française et peuvent donc entraîner des transformations importantes dans la société.
La Guadeloupe et la Martinique, joyaux insulaires de la modernité occidentale dans la caraïbe , se retrouvent à un moment charnière de leur histoire, oscillant entre tensions identitaires croissantes, violence exponentielle au sein de la société, et défis économiques colossaux. Dans un contexte où les débats actuellement feutrés mais qui risquent d’être houleux sur l’évolution institutionnelle occupent les esprits de certains élus, et où les frictions ethniques se font sentir, ces territoires ultramarins sont confrontés à des interrogations profondes quant à leur avenir. Il est indéniable que la situation actuelle prédispose à des dérives potentiellement violentes, à l’instar de ce que nous avons connu par le passé chez nous ou dans d’autres régions du globe marquées par des politiques néo coloniales sournoises. Cependant, il est impératif de reconnaître que l’histoire des Antilles françaises ne peut être réduite à un simple écho des erreurs passées. Le monde a évolué, les mentalités ont changé, et l’État français semble prendre conscience non sans malice des risques et des défis qui attendent ces territoires.
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Un budget 2024 de la CTM en recul par rapport à 2023, particulièrement les investissements, une fiscalité locale qui rame, une explosion de la dette, la capacité d’autofinancement(CAF) en baisse, un budget de plus en plus dépendant des subsides de l’Etat et de l’Europe, tel est le visage de ces prévisions pour 2024.
Alors que l’horizon financier de la France se voile de nuages sombres, l’exécutif semble se tourner de plus en plus ouvertement vers les collectivités locales pour réaliser des économies budgétaires. Les préoccupations concernant le déficit public s’intensifient, notamment avec les prévisions alarmantes de l’Insee, qui devraient révéler un déficit budgétaire encore plus élevé que prévu pour l’année 2023 soit 5,6% du PIB environ. Cette situation compromet sérieusement l’objectif fixé pour 2024, exigeant un déficit ramené à 4,4 % du PIB. Face à cette impasse, le gouvernement explore des voies pour réduire les dépenses publiques. Le ton est donné : des économies doivent être réalisées, mais les collectivités locales seront-elles mises à contribution ? La réduction des dépenses semble être la voie privilégiée, avec un regard critique porté sur les dépenses sociales et une réflexion sur de nouvelles réformes, voire des suppressions de prestations sociales. Pourtant, la question des collectivités territoriales reste en suspens, malgré une tentative opportune de les incriminer dans le creusement du déficit public.La mélodie du gouvernement reste la même : les collectivités devront faire leur part, alors même qu’elles ont déjà subi des coupes budgétaires conséquentes ces dernières années sous l’ère du quinquennat de François Hollande.
La Guadeloupe qui possède bien le potentiel minier Marin pour devenir un des joyaux des Caraïbes, fait pourtant aujourd’hui face à des défis économiques et sociaux majeurs alors que le modèle de départementalisation montre des signes de fatigue. Avec une économie fortement dépendante de l’agriculture primaire canne/banane et du tourisme ainsi que des subventions publiques, l’archipel se trouve à un carrefour crucial où l’innovation et la réinvention sont impératives pour assurer un avenir durable et prospère.Depuis son intégration en tant que département français en 1946, la Guadeloupe a bénéficié de nombreux avantages liés à son statut, notamment des infrastructures développées et un accès aux services de santé et sociaux. Cependant, ces avantages sont devenus insuffisants pour répondre aux besoins croissants de la population guadeloupéenne, confrontée à des taux de chômage élevés, une précarité économique persistante et des inégalités sociales grandissantes.Avec le changement des institutions il ne faut certainement pas s’attendre ni à une révolution dans le développement de la Guadeloupe, ni à un renversement de tendance de la problématique identitaire. Aussi pour certains intellectuels antillais et je les cite à dessein » ce besoin de faire bouger les lignes, de faire émerger de nouvelles légitimités n’est pas propre à la Guadeloupe et à la Martinique.
é antillaise à venir.
Le monde est en train de changer à toute vitesse et nous en sommes encore aux Antilles à agiter de vieilles lunes du passé. Attention à l’intelligence artificielle et à la mutation technologique de la société dont la compréhension nous échappe complètement et malheureusement à notre futur détriment. L’intelligence artificielle générale (IAG) est définie comme étant un système capable de comprendre ou de réaliser n’importe quelle tâche intellectuelle que l’humain peut effectuer. Avec l’accélération des recherches et le financement des géants technologiques, l’atteinte de l’IA Générative semble de plus en plus plausible.
Lors de récentes auditions parlementaires, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a souligné l’importance pour les collectivités locales de contribuer au redressement des comptes publics, aux côtés de l’État et de la Sécurité sociale. Dans un contexte où au moins 20 milliards d’euros d’économies supplémentaires sont nécessaires pour respecter un déficit public de 4,4 % en fin d’année 2025, les collectivités se trouvent sous pression pour réduire leurs dépenses.Malgré une première étape de réduction budgétaire qui a annulé 10 milliards d’euros de crédits dans le budget de l’État pour 2024, le gouvernement envisage un nouveau serrage de vis en 2025. Les discussions autour des projets de loi de finances rectificative pour 2024 et du budget pour 2025 mettent en lumière l’urgence des économies d’un montant de 30 milliards au total pour 2024/2025 à réaliser.
La crise économique actuelle en Guadeloupe révèle les limites de notre modèle économique et social. Ancré dans un passé dépassé, ce modèle peine à s’adapter aux défis contemporains tels que le protectionnisme croissant, la crise financière française, et l’inflation.
Le modèle économique de la Guadeloupe et de la Martinique repose principalement sur la consommation et les services, ce qui le rend vulnérable à divers risques. Tout d’abord, une dépendance excessive à la consommation peut rendre l’économie sensible aux fluctuations des dépenses des ménages, notamment du fait de la crise inflationniste actuelle ,ce qui peut être influencé par des facteurs externes tels que les crises économiques nationales et mondiales (COVID et Guerre) . De plus, une économie axée sur les services peut être affectée par des perturbations telles que les crises sanitaires, les catastrophes naturelles , le changement climatique , ou les fluctuations du tourisme, ce qui peut avoir un impact significatif sur les revenus et l’emploi dans le secteur des services. Les économies qui dépendent uniquement de la production ou de la consommation sont plus sensibles aux fluctuations économiques mondiales et au changement de paradigme dans la politique en matière de dépense publique. Par exemple, une baisse de la demande pour les produits manufacturés ou une réduction des dépenses de consommation peuvent avoir un impact significatif sur ces économies.
Le Président Emmanuel Macron s’est entretenu récemment avec les élus ultramarins au Palais de l’Elysee pour leur parler de la différenciation et de l’autonomie comme Nicolas Sarkozy avait fait de même en son temps à Petit Bourg pendant sa mandature , et pour concrétiser la réflexion a dépêché deux émissaires en Guadeloupe.
La théorie de la destruction créatrice de l’économiste
L’avenir de la Guadeloupe dépend de plusieurs facteurs, notamment économiques, sociaux, politiques et environnementaux. Le présent de la Guadeloupe pourrait également être façonné par des efforts visant à renforcer le lien social et à promouvoir l’inclusion sociale, en abordant les inégalités économiques, l’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que la préservation de la culture créole et des traditions. Nous n’avons jamais autant parlé de politique qu’en 2023 et en ce début de l’année 2024. Ainsi deux experts nommés par Emmanuel Macron le président de la République sont actuellement en Guadeloupe pour travailler sur les questions de l’évolution statutaire ou institutionnelle et dans le même temps une commission ad hoc du Congrès des élus composée d’élus du département, de la Région, des maires, des parlementaires, des partis politiques, mais aussi des experts de la société civile planchent depuis le 29 janvier sur la question institutionnelle . Parmi les réflexions en cours, on retrouve la question de la fusion des deux collectivités, l’autonomie avec la fiscalité, ou encore la refonte de l’intercommunalité. Et pourtant, les problèmes d’ordre économiques s’avèrent aujourd’hui cruciaux.
Si la Guadeloupe est historiquement reconnue comme le pays de l’histoire de la résistance à l’oppression avec l’épopée de Delgres et ses compagnons, des lettres, de la musique, et du sport, de la beauté de ses sites naturels, elle est également réputée pour ses compétences universitaires d’ordre scientifiques, l’esprit entrepreneurial de sa population et ses grandes capacités d’innovation. Bref, son modèle économique et social de demain peut devenir une source d’inspiration pour l’ensemble de l’outre-mer La Guadeloupe peut ainsi s’appuyer sur ses nombreuses cartes maîtresses afin de devenir un pays à forte attractivité pour les investisseurs internationaux en raison de la présence de nodules polymetalliques dans la zone économique exclusive de ses fonds marins Oui, il existe des nodules polymétalliques dans la mer des Antilles. Les nodules polymétalliques sont des formations rocheuses riches en minéraux tels que le nickel, le cuivre, le cobalt et le manganèse, entre autres. Ils se forment sur le fond marin au fil du temps par des processus géologiques complexes.
A l’heure où l’enjeu de la transformation des institutions figure désormais dans chacune des prises de parole des élus et du gouvernement, la question centrale est très clairement de savoir s’il ne faut pas au préalable de mettre en œuvre un nouveau modèle économique en Guadeloupe avant toute modification institutionnelle pour mettre un terme au mal développement. Un changement de modèle économique et social implique une transition significative dans la manière dont une société fonctionne sur les plans économique et social. Cela doit nécessairement inclure des ajustements majeurs dans les structures économiques actuellement en cours, les politiques gouvernementales, les normes sociales, les valeurs culturelles locales et les comportements individuels, notamment le refus de la politique d’assistanat.
L’économie de la Guadeloupe est à la croisée des chemins ,et ce vu les multiples facettes de la crise qui risque de secouer le tissu économique dans les prochaines années. Nous nous devons donc normalement de promouvoir un autre modèle de développement basé sur une production durable avec un accompagnement financier digne de ce nom. Lors d’une précédente tribune de presse datant d’environ 3 ans, nous avions présenté le projet de la création de clubs Cigales aux Antilles/Guyane . Donc, il est à noter que c’est dans le cadre de ce nouveau paradigme de développement économique que les clubs Cigales ont désormais vu le jour en Guadeloupe et Martinique. Ces clubs Cigales à l’avenir devraient pouvoir jouer un rôle important dans le financement de la diversification de l’économie en capitalisant sur notre épargne. Cela permettra de réduire la dépendance de notre économie à d’autres secteurs axés aujourd’hui sur la consommation et de créer de nouvelles opportunités économiques, notamment dans le domaine de la petite industrie agroalimentaire, des arts, de l’artisanat et du tourisme culturel.
L’intelligence artificielle commence à intéresser les chefs d’entreprises de Guadeloupe. Les entreprises ont maintenant compris que l’IA allait changer leur modèle économique, et que si elles ne s’y mettaient pas elles seraient dépassées par la concurrence, et que c’est leur existence même qui est en cause dans la décennie actuelle. restera à en apprécier l’ampleur de la mutation sociologique en Guadeloupe et ses conséquences dans ce contexte de totale incertitude que la 15e édition des journées du monde économique débute le 1er février. Les enjeux et les opportunités du numérique et de l’intelligence artificielle seront au cœur de cet évènement. Ce rendez-vous organisé par l’ordre des experts-comptables, de la compagnie régionale des commissaires aux comptes et en partenariat avec la Région est ouvert à tous les acteurs du tissu économique. Destinées aux entreprises comme aux associations, ces journées du monde économiques ont pour objectif de donner des clés à tous pour mieux anticiper les changements actuels. Les chefs d’entreprises et les experts comptables sont intéressés, voire préoccupés par l’IA. Malgré les vents contraires du contexte économique actuel, les dirigeants d’entreprises Guadeloupéenne commence à ressentir le danger et font aujourd’hui preuve d’un pragmatisme et d’une agilité qui leur permettront de préserver et renforcer la rentabilité de leur entreprise à moyen terme.