—Par Jean-Marie Nol, économiste financier —
Crise politico-financière des collectivités locales, conflits sociaux à répétition : un enchaînement à hauts risques pour la Martinique
Vent debout contre le patronat, le syndicat reste fidèle à la stratégie qui est la sienne depuis sa création : être une force d’opposition plus que de proposition. En mettant en avant le rapport de forces et en privilégiant la contestation plus que la proposition, le mouvement syndical en Martinique se veut fidèle au message des pères fondateurs du syndicalisme à savoir l’action anarcho-syndicaliste, pratiquant une rupture avec le capitalisme colonialiste, mais sans directive ou convergence avec un parti politique. La radicalité sociale que nous vivons, exception dans une économie mondialisée, n’est pas un phénomène nouveau dans ses principes en Martinique. Elle est la résurgence, avec les mots et les techniques, d’un vieux fond syndical et politique révolutionnaire qui prend racine à la naissance même du mouvement syndical, au début du XXème siècle. Le chemin pour arriver à la victoire contre le “colonialisme ” est tout simplement la sensibilisation au phénomène d’exploitation capitaliste d’une frange de la population à l’aide d’un discours mâtiné de nationalisme et de culturalisme.

Privilégiés hier avec la départementalisation et condamnés aujourd’hui avec la globalisation de l’économie , les enfants de la classe moyenne en Guadeloupe et Martinique vont bientôt connaître les difficultés des périphéries les plus déshéritées de la société française (pauvreté, exclusion, relégation…). Et cette situation dissimule un cruel déficit d’avenir pour nos pays . Tandis que nous nous inquiétons de ses marges, c’est peut-être en son cœur (la jeunesse ) que la société Antillaise se désagrège.
Petit bréviaire des 12 défis majeurs à relever pour la Guadeloupe et la Martinique dès 2017 mais à l’horizon 2025 .
La France va mieux !… et pourtant le parti socialiste est au plus mal, car au bord de l’implosion du fait de la stratégie de rupture du président avec l’idéologie de ceux qu’il considère comme la vieille gauche archaïque.
La Martinique et plus encore la Guadeloupe seraient, dit-on, irréformables, arc-boutées toujours entre des conservatismes de tous poils, au point de ne pouvoir avancer que sous forme d’explosions de colère comme en 2009, qui elles-mêmes n’aboutissent, chaque fois, qu’à des compromis douteux, conclus dans la précipitation et la confusion… Voilà bien une idée reçue souvent portée sur les Antilles, y compris par nombre de nos compatriotes de l’hexagone.
Aux Antilles , que ce soit en Guadeloupe ou plus encore en Martinique, nous évoluons dans un environnement entouré d’incertitude : quel que soit le journal que vous saisissez, la radio que vous écoutez, la télévision que vous regardez, ce ne sont que des prévisions démenties, des reprises qui n’arrivent pas, des catastrophes et des annonces de licenciements inattendus.
Chute de la commande publique, retards de paiement, dépôt de bilan en cascade : les représentants du BTP tirent la sonnette d’alarme et envisagent bientôt de se mobiliser pour faire entendre leur voix par de nouveaux blocages de l’économie. Ce phénomène est récurrent en Guadeloupe et n’étonne plus personne s’agissant d’un secteur d’activité en déclin depuis des lustres .
Alors que le pouvoir d’achat des Guadeloupéens et des Martiniquais stagne, que le chômage ne cesse de progresser et que les problèmes économiques et sociaux s’aggravent, les exécutifs de Guadeloupe et Martinique et leurs oppositions respectives persistent dans les cancans et les invectives à propos de problèmes budgétaires, et ce alors que la Région Guadeloupe et la Collectivité de Martinique figurent parmi les plus endettées de France . Les hommes et femmes politiques de la Guadeloupe et de la Martinique ne sont pas conscients qu’ils sont dans la situation d’un alpiniste qui est sur une paroi très raide et qui ne sent pas que les prises sont en train de lâcher : ont-t-il bien pris la mesure de la crise à venir en 2017 du fait de la réduction des dotations de l’Etat et de la progression inéluctable des dépenses notamment sur le plan social ?
Tribune —De ce qui suit, il n’existe aucune statistique fiable, et on ne peut le comprendre que par ce qu’on entend, partout, où qu’on soit et à qui qu’on parle.
Dans un proche avenir ,une énorme déflagration économique et sociale nous menace , c’est celle du numérique conjuguée à la réduction de la dépense publique. Nous aurons encore beaucoup plus de temps libre pour nos loisirs, mais nettement moins de travail !!!
La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs.