Catégorie : Disparitions

Le maître de la discrétion

— Par Térèz Léotin(*) —

Qui sait, aujourd’hui, que dans la commune de Rivière-Pilote et plus précisément au quartier Josseaud, l’école élémentaire mixte Élie Scholastique possédait sa propre radio ? Qui le sait ? Pas grand monde. On ne se souvient guère que dans ce quartier une expérience innovante a permis à des élèves de découvrir la technologie nommée radio.

En effet, après que la radio du collège, initiée par le défunt professeur Fred Éginer avait fermé ses portes définitivement, le matériel récupéré ainsi que les animateurs ont été dirigés vers l’école élémentaire de Josseaud, une école de 10 classes qui comptait 250 élèves.

S’aidant notamment des fonds de la caisse de l’école et aussi en organisant une petite cagnotte, l’équipe éducative ainsi que les parents informés, tous très motivés, ont participé au frais d’installation du studio, et c’est ainsi que sous l’appellation Radio ti-manmay (RTM) la nouvelle structure voyait le jour au début des années 1990.

Au rythme de leur emploi du temps, toutes les classes de l’école ainsi que les élèves des communes avoisinantes qui le voulaient, étaient les animateurs de cette radio.

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Tony Delsham : une vie consacrée à la littérature et au journalisme martiniquais

Tony Delsham, de son vrai nom André Pétricien, est né le 4 février 1946 à Fort-de-France et est décédé le 16 juillet 2024 à Schœlcher, en Martinique. Écrivain prolifique et journaliste engagé, il a marqué la littérature et le journalisme martiniquais.

Après une enfance passée à Schœlcher, Tony Delsham devient, dès l’âge de 16 ans, l’un des plus jeunes organisateurs de spectacles publics en Martinique, produisant le groupe rock et twist Les Infidel’S. Malgré une brève incursion dans la carrière militaire après son bac, il se tourne rapidement vers le journalisme, collaborant à différents journaux locaux.

De retour en Martinique en 1970, il est frappé par l’absence de productions littéraires locales et la domination de la presse par des médias métropolitains. En 1972, il fonde les Éditions MGG (Martinique Guadeloupe Guyane) et lance l’hebdomadaire Martinique Hebdo, qui fusionne plus tard avec Le Naïf, dont il devient rédacteur en chef jusqu’en 1982. En 1990, il rejoint l’hebdomadaire Antilla comme rédacteur en chef.

Tout au long de sa carrière, Tony Delsham a écrit et publié de nombreux ouvrages, toujours dans le but de refléter la réalité martiniquaise.

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Pour Tony Delsham

— Par Patrick Chamoiseau —

Corbeau, les chemins perdus vibrent toujours des bonnes vieilles bètafé, éclats sur des songes sans paupières, sur la vieille machine à écrire partagée entre poèmes et romans policiers, sur Tartane dans ces bancs de mulets égarés par les algues, sur le secret innovant du couscous et le parasitage des matchis de la tante (j’entends la Titine qui tousse, du Saint-Esprit au morne du dimanche, continuant de rouler).

Sam, journaliste marronneur, étonnant romancier, conteur-sorcier qui, mieux que nous, parvenait à faire lire ceux qui ne lisent jamais, j’ai écrit entre tes phrases et bien souvent pesé cette science narrative qui fascinait bien des esprits (ceux qui, au porte-à-porte, vendent des textes et des petits dessins, c’est nous).

Mec, il y a des hyènes qui rôdent par là, la bosse au dos, muscles détendus, elles ne ressemblent à rien, mais leur ricanement soutient nos rires les plus anciens (je souris sur ça encore).

Tony, la vertu de tes mots à instruire la clarté, t’honore du plus vaste au plus simple, et te dégage, sans limite connue, la trace qui va, qui reste malgré tout, inaltérable.

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Bill Viola : maître de l’art vidéo et explorateur du temps

— Par Sarha Fauré —

Bill Viola, pionnier américain de l’art vidéo, est décédé paisiblement chez lui le 12 juillet 2024 à l’âge de 73 ans, après avoir souffert de la maladie d’Alzheimer depuis 2012. Né le 25 janvier 1951 à New York, Viola a transformé le paysage artistique avec ses installations vidéo monumentales et ses explorations profondes de la temporalité et de la spiritualité.

Une rencontre fondatrice avec la vidéo

Viola a découvert la vidéo au lycée, et cette rencontre a déterminé son parcours artistique. Inscrit à l’université de Syracuse, il a rapidement quitté les cours traditionnels pour intégrer l’« experimental studio » de Jack Nelson, où il a commencé à expérimenter la vidéo comme un signal électronique, plutôt qu’une simple image. Ses premières installations, utilisant des moniteurs et de grandes projections, ont vu le jour au début des années 1970, période d’effervescence pour l’art vidéo.

Influences et thématiques

Les œuvres de Viola sont marquées par une quête spirituelle profonde, influencée par les mystiques, les peintures de la Renaissance et son immersion dans le zen, après une résidence au Japon en 1980 où il rencontre le maître zen Daien Tanaka.

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Ismaïl Kadaré : disparition d’un géant des lettres albanaises, pourfendeur du totalitarisme

— Par Sarha Fauré —

L’écrivain albanais Ismaïl Kadaré, une figure monumentale de la littérature moderne, est décédé lundi matin d’une crise cardiaque à l’âge de 88 ans. Son décès, survenu à Tirana, a été confirmé par l’hôpital où il avait été transporté sans signe de vie. Les médecins ont tenté de le réanimer, mais il a été déclaré mort à 8 h 40 locales (6 h 40 GMT).

Ismaïl Kadaré, souvent comparé à Dante Alighieri et Ossip Mandelstam, était reconnu pour son exploration incisive des mythes et de l’histoire de l’Albanie, qu’il utilisait pour dénoncer les maux du totalitarisme. Son œuvre, comprenant une cinquantaine de livres traduits en une quarantaine de langues, comprend des romans, des poèmes, des mémoires, des essais et du théâtre. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Général de l’armée morte », « Le Palais des rêves », et « Le Crépuscule des dieux de la steppe ».

Né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, ville également natale du dictateur Enver Hoxha, Kadaré a grandi dans une « ville de pierres » qui a inspiré nombre de ses récits.

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Pierre-Jean Samot : un bâtisseur infatigable de la Martinique s’éteint à 89 ans

Pierre-Jean Samot, figure emblématique de la politique martiniquaise, s’est éteint le 14 juin 2024 au Lamentin, à l’âge de 89 ans. Né le 21 août 1934 à Fort-de-France, il a marqué de son empreinte la commune du Lamentin qu’il a dirigée en tant que maire de 1989 à 2018. Sa carrière politique a commencé sous la houlette de Georges Gratiant, ancien maire du Lamentin, dont il est devenu le premier adjoint en 1983. Cette collaboration a jeté les bases de son engagement politique profond et de son souci constant du bien-être des citoyens.

Après un passage en région parisienne, Samot revient en Martinique et est rapidement appelé à des responsabilités locales. Élu conseiller général en 1987, il accède à la mairie du Lamentin deux ans plus tard. Sa détermination et sa vision l’amènent à fonder en 1998 le parti « Bâtir le Pays Martinique » après des désaccords avec Georges Erichot, alors secrétaire général du Parti Communiste Martiniquais (PCM). Ce nouveau parti lui permet de continuer son combat politique avec un soutien populaire indéniable, comme en témoigne sa réélection en 1995 avec près de 85 % des voix malgré une mise en examen pour favoritisme et trafic d’influence.

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Françoise Hardy : une vie en mélodie et en étoiles

— Par Hélène Lemoine —

Une carrière éclectique et talentueuse
Après des années de lutte contre le cancer, la célèbre chanteuse Françoise Hardy s’est éteinte ce mardi à l’âge de 80 ans, a annoncé son fils Thomas Dutronc sur les réseaux sociaux. Icône yéyé et figure incontournable de la pop culture, elle a marqué de son style singulier cinquante ans de musique française.

Françoise Hardy n’aimait pas son premier album, le trouvant désuet. Pourtant, c’est avec ce disque que sa carrière décolle, grâce à la ballade « Tous les garçons et les filles », composée par elle-même, qui conquit le monde entier. Ce morceau incarne la jeune femme romantique et mélancolique, une image qui restera gravée dans les mémoires.
Des Collaborations Prestigieuses et des Expériences Musicales Variées

De Serge Gainsbourg à Patrick Modiano en passant par Michel Berger, Hardy a travaillé avec les plus grands. Elle a exploré divers genres musicaux, du rock avec des enregistrements en Angleterre aux côtés de Jimmy Page et Jeff Beck, à la bossa nova avec l’album « La Question », sans oublier le funk avec « Musique Saoule » en collaboration avec Michel Jonasz.

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Françoise Hardy (1944-2024)

Françoise Hardy, née le 17 janvier 1944 à Paris et décédée le 11 juin 2024 dans la même ville, était une autrice-compositrice-interprète et actrice française. Connue pour ses mélodies mélancoliques, ses chansons exprimaient les doutes et les interrogations suscités par les relations sentimentales et la nostalgie. Elle a chanté en français, anglais et allemand.

Enfance et adolescence

Françoise Madeleine Hardy est née pendant une alerte à la bombe sous l’occupation allemande. Elle a grandi dans le 9e arrondissement de Paris, avec sa mère, Madeleine Hardy, une aide-comptable célibataire, et sa sœur cadette Michèle. Son père, Étienne Dillard, directeur d’une fabrique de machines à calculer, était rarement présent et souvent négligent sur le plan financier.

Enfant, Françoise passait beaucoup de temps chez ses grands-parents maternels à Aulnay-sous-Bois, où elle subissait les brimades de sa grand-mère. Elle trouvait du réconfort dans la lecture et plus tard, dans les émissions de télévision. Elle a fréquenté une institution religieuse de la rue La Bruyère, qu’elle n’appréciait guère en raison de sa situation familiale et de son introversion.

Découverte de la musique

À l’adolescence, Françoise découvre le rock ‘n’ roll et la musique pop grâce à Radio Luxembourg.

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Alice Munro: une vie en mots

— Par Hélène Lemoine —

Alice Munro, cette nouvelliste de très grand talent, s’est éteinte paisiblement le 13 mai, dans sa maison de Port Hope, en Ontario, à l’âge de 92 ans. Son départ laisse un vide dans le monde littéraire, mais son héritage, lui, demeure pour toujours.

Née Alice Ann Laidlaw le 10 juillet 1931 à Wingham, dans la province de l’Ontario, Munro a su capturer l’essence même de la vie canadienne à travers ses écrits. Elle était une enfant du pays, élevée dans le comté rural de Huron, où chaque recoin semblait être une source d’inspiration inépuisable. Dans ces vastes étendues, où les silences en disaient parfois bien plus long que les mots, elle a puisé les histoires qui ont façonné son œuvre exceptionnelle.

C’est dans ce décor pittoresque, imprégné de neige et de puritanisme, que Munro a forgé son style unique. Ses récits, souvent teintés de mélancolie, dépeignent avec une précision saisissante la vie quotidienne de femmes ordinaires, mais pourtant si extraordinaires dans leur simplicité. À travers elles, elle explorait les méandres de l’âme humaine, dévoilant ses joies, ses peines, ses regrets, et parfois même ses noirceurs les plus profondes.

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Serge Chalons et Gérard Guillaume : gages d’engagement comme hommage !

— De Jean-Durosier Desrivières, écrivain, comparatiste et créoliste —

Pour dire mon affection aux esprits de Serge Chalons et de Gérard Guillaume, j’aurais aimé que mes mots soient aussi précis que concis, mais non sans poésie. Dire poésie, c’est dire densité et clarté d’une franchise, comme combinaison de mots de Saint-Aude – Clément Magloire – et d’Eluard. Oui, denses, sombres, mais clairs malgré tout, pour cœurs vibrants. La magie, au sens strict, n’est pas toujours principe premier des rencontres importantes. Mais le mystère, sans doute : mystère, au sens d’énigme, de miracle, en marge de toute confession…

De mes deux amis martiniquais partis trop tôt, sans doute, au pays sans chapeau, comme tant d’autres amis et amies chers de l’île d’Aimé – je pense fortement à feu Marius Gottin, caribéen au plus profond de son être –, Serge compte parmi les premiers. J’ai embrassé sa passion en tant que président du Comité Devoir de Mémoire Martinique, un 2 mai 2001, à la galerie André Arsenec de l’ex-Atrium, à Fort-de-France, sous l’auspice de Médecins du Monde. Cela faisait seulement deux ans depuis que j’avais foulé la terre d’Eugène Mona : il y avait colloque, organisé après création dudit comité pour le cent cinquantenaire de l’abolition de l’esclavage en Martinique (1848-1998).

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Hommage à David Sanborn : un virtuose du saxophone nous quitte

— Par Sarha Fauré —

David William Sanborn, saxophoniste américain de renom, est décédé dimanche dernier à l’âge de 78 ans des suites d’un cancer de la prostate, contre lequel il se battait depuis 2018. Né le 30 juillet 1945 à Tampa, en Floride, il a grandi à Kirkwood, dans le Missouri. Atteint de poliomyélite dans son enfance, il découvre le saxophone sur les conseils médicaux pour renforcer sa capacité pulmonaire.

Sa carrière est marquée par une polyvalence artistique remarquable. Dès ses débuts avec l’orchestre de Paul Butterfield, il dévoile un son distinctif, influencé par les sonorités électriques des années 1960. Rapidement, son talent le propulse au sommet, devenant un saxophoniste de studio très demandé.

Sanborn a laissé son empreinte musicale aux côtés de légendes telles que David Bowie, Stevie Wonder et Bruce Springsteen, collaborant sur des albums emblématiques tels que « Young Americans » et « Talking Book ». Son jeu magistral a également marqué des titres inoubliables comme « Born to Run » de Bruce Springsteen.

Au fil de ses six décennies de carrière, Sanborn a exploré une multitude de genres musicaux, du jazz fusion au blues en passant par le funk et la pop.

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Disparition du Dr. Serge Châlons : un héritage de dévouement et d’humanité

Le Dr. Serge Châlons, pédiatre émérite et humaniste engagé, s’est éteint à l’âge de 71 ans. Sa vie dévouée à soigner les enfants de la Caraïbe, en particulier ceux d’Haïti, a laissé une empreinte indélébile dans la région. Son engagement sans faille contre les injustices, son refus tenace de toutes les oppressions et son sens aigu de la solidarité ont marqué ceux qui l’ont connu et aimé.

En tant que responsable du réseau périnatal en Martinique, le Dr. Châlons a coordonné une vaste équipe de spécialistes pour venir en aide aux enfants de divers horizons, de Sainte-Lucie à Haïti. Son action ne se limitait pas aux soins médicaux, mais s’étendait à des combats essentiels pour la justice et la santé publique. Il a été un fervent défenseur de la cause des victimes de la pollution au chlordécone, militant infatigable pour la vérité, la justice et les réparations.

Son dévouement envers Haïti était profondément enraciné, et ses voyages fréquents dans le pays avec Médecins du Monde témoignent de son engagement envers les plus vulnérables. Son association, Enfants Soleil Avenir, a été un pilier de soutien pour les enfants de la région, incarnant sa vision d’une approche communautaire en santé publique.

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Van Ruymbeke : un modèle, une référence d’intégrité et d’indépendance

Dans le monde de la justice, il était une figure qui évoquait à elle seule l’indépendance et le courage. Renaud Van Ruymbeke, ancien juge d’instruction, s’est éteint à l’âge de 71 ans, laissant derrière lui un héritage de détermination et d’intégrité. Sa disparition a suscité une onde de tristesse dans les cercles judiciaires et au-delà.

Issu de l’École nationale de la magistrature en 1977, Renaud Van Ruymbeke a rapidement été confronté aux arcanes du pouvoir politique. Son premier dossier retentissant fut celui de l’« affaire Robert Boulin », une sombre affaire de vente de terrain à Ramatuelle, alors qu’il n’était encore qu’un jeune juge d’instruction à Caen. Malgré les turbulences politiques qui ont émaillé cette enquête, il a résisté avec détermination, posant ainsi les bases de sa réputation de magistrat intrépide.

Tout au long de sa carrière, il a été investi de dossiers sensibles, naviguant avec habileté à travers les eaux troubles de la corruption et du crime financier. De l’affaire Urba au scandale des frégates de Taïwan, en passant par les affaires Clearstream et Elf, son nom résonnait à travers les titres des journaux, symbolisant la lutte acharnée pour la justice.

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La mort de Paul Auster

— Hélène Lemoine —

Paul Auster, une figure incontournable de la littérature contemporaine, a laissé derrière lui un héritage littéraire aussi riche que diversifié. Né le 3 février 1947 à Newark, New Jersey, il a grandi dans un environnement imprégné de culture et de littérature, façonnant ainsi ses aspirations précoces d’écrivain. C’est à l’adolescence, après avoir été profondément touché par la lecture de « Crime et Châtiment » de Dostoïevski, qu’il découvre sa vocation pour l’écriture, une révélation qui l’accompagnera toute sa vie.

Durant ses années d’études à Columbia University dans les années 1960, Auster s’immerge dans les littératures française, anglaise et italienne, élargissant ainsi son champ de connaissances et nourrissant son esprit d’une diversité culturelle précieuse. Parallèlement, sa passion pour le baseball, héritage familial, se mêle intimement à sa vie intellectuelle, créant un équilibre entre deux univers qui, en apparence, pourraient sembler inconciliables, mais qui se rejoignent dans l’expression de sa sensibilité artistique.

Paris devient ensuite le théâtre de sa vie et de son épanouissement artistique entre 1971 et 1974. Là, il se plonge dans la traduction d’œuvres majeures de la littérature française, nourrissant son esprit de la richesse et de la profondeur des mots des grands auteurs français.

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Faith Ringgold : tisser l’histoire, peindre l’égalité

— Par Sarha Fauré —

Faith Ringgold, née Faith Willi Jones le 8 octobre 1930 à Harlem et décédée le 12 avril 2024, fut une artiste américaine prolifique, explorant divers médiums tels que la peinture, la sculpture, l’écriture et la performance. Son œuvre iconique est ancrée dans son identité afro-américaine et féministe, abordant des thèmes tels que la race, le genre et la classe sociale. À travers ses peintures, ses courtepointes narratives et ses performances, elle a transcendé les frontières artistiques et politiques, devenant une voix puissante pour les droits civiques et l’égalité.

Née dans une famille imprégnée de créativité et de résilience, Ringgold a été élevée dans le Harlem vibrant des années 1930 et 1940, entourée d’une scène artistique en plein essor. Son père, un conteur passionné, et sa mère, une créatrice de mode, ont nourri son imagination et l’ont encouragée à explorer les arts visuels dès son plus jeune âge. Malgré les défis de la Grande Dépression et du racisme omniprésent, elle a été soutenue par une famille aimante et a puisé dans ses expériences personnelles pour alimenter sa créativité.

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Maryse Condé : Un héritage littéraire et humain incommensurable

— Par Sarha Fauré —

La nuit du lundi 1er au mardi 2 avril 2024 a vu s’éteindre une étoile littéraire, Maryse Condé, à l’âge de 90 ans. Son départ laisse un vide immense dans le monde de la littérature, mais son héritage, lui, est aussi vaste que son talent. Originaire de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, Maryse Condé a consacré sa vie à l’écriture et à la lutte pour la reconnaissance des cultures africaines et antillaises.

Origines et enfance

Née le 11 février 1934 dans une famille de huit enfants, Maryse Condé a grandi dans un environnement imprégné de culture française, mais ignorant ses racines africaines. C’est cette dualité qui a marqué ses premières années et façonné sa vision du monde. Son père, Auguste Boucolon, commerçant et fondateur d’une banque, et sa mère, Jeanne Quidal, institutrice, ont élevé leurs enfants dans l’amour de la culture française, mais sans leur transmettre l’histoire et les traditions africaines.

Éducation et engagement social

C’est à l’adolescence que Maryse Condé découvre sa vocation littéraire. À 16 ans, elle intègre l’hypokhâgne du lycée Fénelon à Paris, où elle est confrontée au racisme et à la discrimination.

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Frédéric Mitterrand : Un parcours culturel en silhouette

— Par Sarha Fauré —

Frédéric Mitterrand, figure marquante du monde culturel français, s’est éteint jeudi 21 mars à l’âge de 76 ans, emporté par un cancer contre lequel il luttait depuis plusieurs mois, a annoncé sa famille à l’Agence France-Presse. Neveu de l’ancien président François Mitterrand, il a laissé derrière lui un héritage riche et varié, façonné par une vie passionnément dédiée à l’art sous ses multiples formes.

Né le 21 août 1947 dans le 16e arrondissement de Paris, Frédéric Mitterrand a rapidement embrassé le monde du cinéma, un monde qui lui a offert ses premiers pas dans la lumière à l’âge de douze ans dans le film « Fortunat ». Son parcours, fait d’une multitude de vies professionnelles et d’engagements variés, a dévoilé un homme aux multiples facettes. Cinéphile émérite, exploitant de salles de cinéma, producteur et animateur d’émissions télévisées, écrivain, réalisateur, il a exploré chaque recoin du monde de la culture avec passion et curiosité.

Sa carrière dans les médias a été marquée par des émissions emblématiques telles que « Étoiles et toiles », où il partageait sa passion pour le cinéma avec le public français.

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Philippe Bourgade : un hommage à l’œil visionnaire

Ce mardi 20 février 2024, la Martinique pleure la perte de l’éminent photographe Philippe Bourgade, décédé à l’âge de 76 ans à son domicile du quartier Batelière à Schoelcher. Sa disparition laisse un vide dans le monde de la photographie martiniquaise, marquant la fin d’une époque où son regard sensible capturait l’essence même de la vie sur l’île.

Originaire de Sainte-Marie, Philippe Bourgade a consacré sa vie à l’art de la photographie. Enseignant en histoire-géographie au collège, c’est vers l’âge de 30 ans que ce samaritain d’origine a découvert sa passion pour la photo, passion qui ne l’a plus jamais quitté. Ses clichés en noir et blanc, véritable témoignage de l’âme martiniquaise, ont marqué l’art de la photographie dans l’île.

Ses œuvres, exposées avec talent et dextérité, ont transcendé les limites du temps et de l’espace. L’exposition-rue à Sainte-Marie et son atelier de formation autour des métiers de la mer et des campagnes attestent de son engagement à transmettre son savoir et à préserver le patrimoine photographique martiniquais.

Le recueil « La Martinique des mornes » et l’ouvrage « Eau-Mémoire », paru en 2006 aux Éditions Jasor, sont autant de pièces maîtresses qui immortalisent l’héritage de Philippe Bourgade.

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Gérard Guillaume : un parcours marqué par la passion de l’audiovisuel

Ce jeudi 8 février 2024, le monde de l’audiovisuel pleure la perte d’un homme remarquable, Gérard Guillaume. Ancien responsable des programmes de la télévision publique et directeur régional à Wallis et Futuna, puis en Guyane, il a laissé un héritage marquant dans le paysage audiovisuel français.

Son parcours au sein du service public a été exemplaire, débutant en tant que chef monteur pour gravir les échelons et devenir JRI (Journaliste Reporter d’Images), responsable des programmes et de l’antenne télé, d’abord à Martinique 1ère, puis à Mayotte.

Sa passion pour la musique l’a lié d’amitié avec de nombreux artistes, notamment les membres du groupe Kassav. Le pianiste Jean-Claude Naimro, affecté par cette disparition, témoigne de l’impact de Gérard  Guillaume dans le monde artistique.

Père de deux enfants, Gérard Guillaume était reconnu non seulement pour son talent professionnel mais également pour sa personnalité attachante. Ses anciens collègues se souviennent unanimement de lui comme « un homme affable et disponible » qui a marqué le paysage audiovisuel de sa présence chaleureuse.

Son parcours à France Télévisions, débutant à la Société française de production (SFP), fut une véritable épopée.

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Michel Sardaby, les notes éternelles d’un virtuose du jazz

Michel Sardaby, figure emblématique du jazz, a clos le chapitre de sa vie le 6 décembre 2023 à Paris, laissant derrière lui un héritage musical d’une richesse exceptionnelle. Né le 4 septembre 1935 à Fort-de-France, en Martinique, il a débuté sa passion pour le piano à l’âge précoce de cinq ans, guidé par son père, Bernard Sardaby, lui-même pianiste de renom au sein de la bourgeoisie locale. Affectionné sous le surnom affectueux de « Bèbène », Michel s’est rapidement démarqué en tant que prodige musical, jouant avec une maîtrise impressionnante du boogie-woogie, imprégné d’un sens aigu du rythme.

Après des études à l’école des arts appliqués et l’obtention de son diplôme à l’École Boulle, son cœur s’est résolument tourné vers la musique. Paris devint le théâtre de ses premières performances dans des clubs prestigieux tels que « La Cigale », où il partagea la scène avec des légendes du jazz comme Benny Waters, Dexter Gordon, et Kenny Clarke. Son implication dans l’enregistrement de « Tape for Billy » en 1967, aux côtés de maîtres tels que Duke Ellington, souligne l’ampleur de son influence.

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Hommage à Henri Bangou : un homme de conviction et de transformation

Henri Bangou, né le 15 juillet 1922 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), est décédé le 21 novembre 2023 à l’âge de 101 ans. Homme politique français, médecin cardiologue de profession, il a marqué l’histoire de la Guadeloupe par son engagement politique, sa vision progressiste, et son rôle de maire de Pointe-à-Pitre pendant 46 ans.

Une enfance marquée par la séparation

Né dans une famille de la classe moyenne, la vie d’Henri Bangou a été marquée par la séparation de ses parents. Élevé par sa mère Andrée Bellevue et sa grand-mère paternelle en raison de la santé fragile de sa mère, il a hérité de valeurs socialistes et d’une forte influence catholique. Ces éléments ont façonné ses convictions et son engagement politique ultérieur.

Engagement et études en France

Après des études brillantes au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, Henri Bangou part en France pour poursuivre ses études. Initialement orienté vers la physique, il bifurque vers la philosophie à la Sorbonne, où il rencontre Marcelle Montauriol, une étudiante communiste en médecine qu’il épouse. Son engagement politique prend forme à Paris, où il milite activement au sein de plusieurs mouvements, notamment l’Association des étudiants guadeloupéens, l’UNEF, et le comité de liaison anticolonialiste.

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Hommage à Philippe Saint-Cyr : Une figure de l’éducation et de l’engagement s’éteint à 80 ans

— Par M’A —

Le monde éducatif et politique des Antilles déplore la perte de Philippe Saint-Cyr, décédé vendredi dernier à l’âge de 80 ans. Ancien avocat, professeur de droit, et président honoraire de l’Université des Antilles, Saint-Cyr a laissé une empreinte indélébile en formant des générations de juristes et en contribuant activement au développement de la Martinique.

Un pionnier de l’enseignement supérieur

Philippe Saint-Cyr, premier président de l’Université des Antilles et de la Guyane, a été salué comme l’un des pères fondateurs de l’établissement. Pascal Saffache, ancien président de l’UAG, le décrit comme un « universitaire flamboyant » et un « intellectuel inspirant ». Son héritage perdurera dans les générations d’étudiants qu’il a formées.

Engagement pour le développement

En tant que président fondateur du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Martinique, Philippe Saint-Cyr a œuvré pour offrir des opportunités de formation locales, promouvant l’alternance et l’apprentissage comme moyens d’insertion professionnelle. Son intérêt marqué pour les questions économiques et sociétales s’est reflété dans ses travaux, y compris son ouvrage de 2020 sur l’octroi de mer.

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Hommage à Auguste Plenet, dernier pilote de chasse guyanais de la Seconde Guerre Mondiale

Le 29 octobre 2023 marque la fin d’une époque pour la France et la Guyane, alors que nous disons adieu à Auguste Plenet, le dernier pilote de chasse guyanais survivant de la Seconde Guerre mondiale. Il est décédé paisiblement dans son sommeil à l’âge de 99 ans, laissant derrière lui un héritage de courage et de dévouement envers son pays. Auguste Plenet est né à Cayenne le 19 septembre 1924, et dès l’âge de 16 ans, il a pris la décision de s’engager dans la Résistance en entendant le discours du général de Gaulle par la fenêtre ouverte d’un voisin.

Lorsque le général de Gaulle a lancé son appel, Auguste Plenet n’avait que 16 ans, mais il a ressenti un appel profond pour défendre les valeurs de la France libre. Il a ainsi commencé son voyage dans l’histoire en devenant l’un des premiers Guyanais à s’engager comme pilote d’avion pour l’armée française.

Son voyage l’a conduit en octobre 1943 de la Guyane à la Martinique, en compagnie d’autres membres de la Section Impériale, un groupe de jeunes Guyanais déterminés à devenir pilotes de chasse.

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Assassinat de Dariush Mehrjui : le destin tragique du cinéaste iranien et de son épouse Vahideh Mohammadifar

L’Iran est en deuil suite au double assassinat du célèbre cinéaste Dariush Mehrjui et de son épouse, Vahideh Mohammadifar, dans leur domicile de Karaj, près de Téhéran. Cette tragédie a plongé le pays dans la perplexité, alimentant les spéculations sur les circonstances entourant leur mort. L’enquête est toujours en cours, mais les signes d’un possible meurtre politique ne peuvent être ignorés.

La vie et la carrière de Dariush Mehrjui

Dariush Mehrjui était une icône du cinéma iranien, reconnu pour ses réalisations en tant que cinéaste, producteur et scénariste, s’étalant sur six décennies. Né à Téhéran en 1939, il a étudié la philosophie aux États-Unis avant de retourner en Iran, où il a lancé une revue littéraire et a réalisé son premier film, « Diamant 33 », en 1966, une parodie des films de James Bond. Cependant, c’est « La Vache », en 1969, qui le propulsa sur la scène internationale. Ce film, pionnier de la Nouvelle Vague iranienne, remporta le prix du jury à la Mostra de Venise en 1971.

L’œuvre de Mehrjui a souvent été marquée par une forte dimension sociale, abordant des thèmes tels que la vie des villageois iraniens (« La Vache »), les problèmes sociaux (« Monsieur le naïf », « Le Cycle », « Les Locataires »), et des portraits de femmes (« Sara », « Pari », « Leila »).

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La mort de l’ancienne sénatrice de la Guadeloupe Victoire Jasmin

Victoire Jasmin, née le 23 décembre 1955 à Morne-à-l’Eau (Guadeloupe) et décédée le 6 octobre 2023, a laissé une empreinte réelle dans le paysage politique français. Originaire de Guadeloupe, elle fut une femme politique engagée au sein du Parti socialiste et a occupé le poste de sénatrice de la Guadeloupe de septembre 2017 à septembre 2023.

Son parcours de vie est marqué par une détermination sans faille. Née dans une petite ville de Guadeloupe en 1955, elle a su se distinguer par ses études, obtenant un DUT en biochimie à Créteil. Son intérêt pour la science l’a même conduite à cosigner un article sur l’hémoglobine. Mais c’est dans l’engagement associatif qu’elle a trouvé sa véritable vocation.

Victoire Jasmin a présidé l’inter-laboratoire d’analyses médicales en Guadeloupe et a dirigé la Fédération des associations de parents d’élèves de Guadeloupe (FAPEG) pendant de nombreuses années. Elle était également membre de la fédération féminine F.O.R.C.E.S., où elle a lutté en faveur des droits des femmes.

Sa carrière professionnelle l’a conduite à devenir cadre de santé au Centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre. Mais son véritable terrain de jeu était la politique.

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