— par Malik Duranty —
Au Ciel, dit-on, se trouvent ceux qui montent au stade qui dépasse nos savoirs de vivant. Oh Ciel ! Crieront ceux qui voient l’autre, lui, monter sans que la rencontre ne s’oublie et que la relation ne s’efface.
Au Pays, voir les visages avec ou sans les masques de la distorsion monumentale de la réalité, celle des îles paradis dans l’archipel et dans l’infernal entre limitation et infinité. Oh Pays ! Au tant de visages affables de rencontres et de mises en relation, telle est le paysage de la marche. Celle qui est plurielle et, est porteuse de ses Uns qui sont des pas lancés ; non pas, dans l’anéantissement, mais lancés dans le mélange du faire, des savoirs, des êtres en façon et en manière.
Aux Mers et au Soleil, vos accords dans la mélodie du Vent, emportent le souffle de nos dires libres, pour aller vibrer nos méditations, dans le coeur des autres d’autres bords, d’autres lieux et d’autres côtés. D’outres bords, d’outres lieux et d’outres côtés. Oh Mer ! Oh Soleil ! Vos harmonies dans la mélodie du Vent emportent les succulences ou les démences de nos pensées libres, méditées à la face du Monde, depuis notre en-dedans démystifié de notre blés, cette douleur créatrice à la force du cri premier.




Aussi curieux que cela puisse paraître, aucune anthologie de poésie n’avait jusqu’alors été consacrée aux territoires de l’Outre-mer français.Bien sûr, depuis des années, des livres nous permettent de découvrir les poètes de Tahiti, de la Réunion ou des Antilles, mais aucun tour du monde en poésie n’avait encore été entrepris. C’est désormais chose faite : Outremer, trois océans en poésie se veut une invitation au voyage et à la rencontre. Celle qui permettra au lecteur de découvrir les richesses insoupçonnées des contrées ultra-marines.
Alain Foix, guadeloupéen, est écrivain, docteur en philosophie, directeur artistique, documentariste et consultant. Journaliste et critique de spectacles, il est également auteur d’un grand nombre d’articles et de courts essais, notamment sur l’art et le spectacle, directeur artistique et d’établissements artistiques et culturels il a notamment dirigé la scène nationale de la Guadeloupe de 1988 à 1991. Il s’est vu décerné le Premier prix Beaumarchais/ Etc_Caraïbe d’écriture théâtrale de la Caraïbe pour Vénus et Adam (2005) et Prix de la meilleure émission créole au Festival Vues d’Afrique de Montréal (1989) etc. Fort-de-France a eu la chance d’être le lieu l’an dernier d’une création mondiale d’Antoine Bourseiller : la mise en scène de Pas de prison pour le vent une pièce écrite par Alain Foix. Il publie aujourd’hui aux Editions Galaade, Vénus et Adam.
Parce que d’habitude, … disons en règle générale, l’auteur chouchoute son lecteur, le protège…


A l’époque où la masse sombre qui domine l’embouchure du Galion s’appelait encore Fort St Charles (années 80), j’y rejoignais mon père après l’école en grimpant à travers le quartier populaire du Carmel. Cet imposant édifice militaire abritait alors l’observatoire de vulcanologie de Guadeloupe, antenne de l’Institut de Physique du Globe de Paris. J’en connais chaque pierre pour y avoir passé une partie de mon enfance. J’y ai mainte fois repoussé l’anglais à coups de canons rouillés, échappé à des fantômes aux orbites vides qui tentaient de m’agripper quand je rodais trop près des cachots. Tel Louis Delgrès, par une poterne dérobée surplombant la falaise, j’ai échappé aux troupes impériales venues rétablir l’esclavage. J’ai écrasé des amandes pour en savourer les graines. J’ai saigné des manguiers pour en récolter l’ambre, gratté la croûte des gommiers tel un indien Karib radoubant son embarcation. Mes exploits accomplis, je dévorais mon goûter avant de faire pipi sur la tombe de Richepanse. Je n’en tire aucune fierté. Ce rituel n’était pas un acte réfléchi. Il se trouve simplement que le bougre est enterré à l’endroit le plus élevé du fort, celui d’où l’on peut voir descendre le soleil sur la Mer des Caraïbes.


(La Terre, le Feu, l’Eau et les Vents, Paris, Galaade, 2010, 350 p.). par Michel Herland.


